Quel revirement !
Il y a un peu plus d’une semaine, tout le monde parlait de GameStop.
L’enseigne de magasins de jeux vidéo avait vu le cours de son action passer d’une poignée de dollars à un sommet de 483 $ en l’espace de quelques mois. Et la majeure partie de la hausse a eu lieu en l’espace de deux semaines seulement.
Bien sûr, lorsqu’une bulle spéculative comme celle-ci survient, ce n’est qu’une question de temps avant qu’elle éclate.
La fumée n’est pas encore totalement retombée (le titre compte encore de nombreux adeptes) mais le cours de l’action, après avoir atteint un sommet de 483 $, se replie depuis plusieurs séances et ressortait à 63 $ en clôture de séance, vendredi.
Je pense que la baisse est loin d’être finie.
Les mouvements spéculatifs faisant les gros titres comme celui-ci sont toujours des histoires qui commencent bien et finissent mal.
Si vous avez suivi l’histoire depuis le début, vous savez que certains spéculateurs ont gagné des millions : leurs positions risquées se sont révélées payantes et leur ont permis de gagner des sommes qu’ils n’auraient pas pu imaginer, même dans leurs rêves les plus fous.
En revanche, on parle moins des boursicoteurs, pourtant plus nombreux, qui ont acheté des actions GME quand le cours était au plus haut et qui ont perdu des sommes considérables quand le cours est redescendu à un niveau plus raisonnable.
De la même manière, de nombreux investisseurs ont connu de véritables montagnes russes émotionnelles – gagnant des millions en quelques jours, avant de tout perdre tout aussi rapidement.
J’ai du mal à éprouver de la compassion pour ces personnes car tout le monde savait que les actions GME étaient volatiles et risquées.
Par conséquent, ceux qui ont pris ce risque ne devraient pas être surpris outre mesure de voir le cours baisser.
Mais je souhaite vous parler d’une autre frénésie boursière… Vous y avez peut-être participé sans même le savoir.
C’est une frénésie qui pourrait détruire l’épargne de nombreux retraités, en bien plus grand nombre que ne l’a fait la saga GameStop.
Je ne veux pas que vous tombiez dans le panneau. C’est la raison pour laquelle je souhaite vous parler des risques liés à ce placement de plus en plus répandu.
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Le placement de retraite le plus prisé
Les conseils des gérants de portefeuille peuvent se révéler extrêmement dangereux à l’heure actuelle.
Je suis persuadé que ces conseillers financiers ont de bonnes intentions.
Et j’ose espérer qu’ils ont à cœur de servir au mieux vos intérêts. Je suis certain que certains sont dans le milieu uniquement pour gagner de l’argent et ne se soucient pas vraiment de leurs clients.
Mais je digresse.
Depuis un certain temps maintenant, des professionnels de l’investissement recommandent aux retraités d’utiliser la règle de l’âge pour déterminer comment répartir leurs actifs.
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La règle de l’âge stipule simplement qu’il faut retrancher votre âge au nombre 100 pour obtenir le pourcentage de votre capital qu’il convient d’investir dans des actions. Selon cette même règle, il conviendrait d’investir le reste dans des obligations (principalement dans des obligations du Trésor).
Par conséquent, si vous avez 50 ans, la plupart des conseillers financiers vous recommandent d’investir la moitié de votre capital dans des actions et l’autre moitié dans des obligations.
Suivant cette logique, si vous avez 70 ans, il vous faudrait investir seulement 30% dans des actions et le reste dans des obligations du Trésor.
Cette technique était pertinente il y a vingt ans lorsque les investisseurs pouvaient percevoir un rendement avoisinant les 6% sur lesdites obligations du Trésor. Mais dans le contexte actuel, cela revient à foncer droit dans le mur !
Comme je l’ai déjà expliqué, les obligations du Trésor sont des bombes à retardement pour nombre d’investisseurs.
Incités à investir la moitié, les deux tiers ou plus encore de leur capital dans ces obligations risquées, les retraités détenant des obligations du Trésor pourraient subir des pertes nettement plus importantes que les pertes subies par les boursicoteurs dans l’affaire GameStop.
Je ne pourrais pas me regarder dans un miroir si je ne vous prévenais pas de ce danger. C’est la raison pour laquelle, aujourd’hui, je souhaite vous expliquer pourquoi ces placements « sûrs » sont un piège pour de nombreux investisseurs.
Que se passe-t-il quand les taux d’intérêt augmentent ?
Vous avez sûrement entendu des gens dire que la valeur d’une obligation diminue quand les taux d’intérêt augmentent. Il est important de comprendre les raisons de ce mécanisme et de savoir jusqu’où les prix des obligations pourraient tomber.
Chaque obligation du Trésor offre aux investisseurs un « coupon » semestriel à taux fixe. Le coupon est la rémunération que vous percevez et elle reste la même durant toute la période de détention de l’obligation.
De plus, chaque détenteur d’une obligation du Trésor perçoit la valeur faciale (le principal) de l’obligation, soit 1 000 $, lorsque celle-ci arrive à échéance.
Dans la mesure où ces paiements sont garantis par le gouvernement américain (qui peut imprimer de l’argent pour payer ses obligations), les obligations du Trésor sont considérées comme garanties à 100%.
C’est la bonne nouvelle.
La mauvaise nouvelle est que lorsque les taux d’intérêt augmentent, le prix des obligations du Trésor déjà émises doit être ajusté.
Imaginons qu’une obligation offre un coupon de 2% par an et que le taux d’intérêt soit également de 2%. L’obligation a un principal (une valeur faciale) de 1 000 $.
Ce prix de 1 000 $ est logique car si vous détenez cette obligation, vous percevrez un rendement de 2% chaque année et vous récupèrerez votre argent lorsque l’obligation arrivera à échéance.
Mais si le taux d’intérêt passe à 4%, le prix de l’obligation doit baisser.
Car les acheteurs n’achèteront l’obligation que s’ils peuvent percevoir un rendement annualisé de 4% tout au long de la période de détention de l’obligation en question.
Or, comme l’obligation offre un coupon de 2% seulement, son prix doit baisser pour pouvoir offrir un rendement de 4%.
Ainsi, un acheteur qui achète l’obligation à un prix inférieur profite à la fois du coupon de 2% et de l’augmentation progressive du prix de l’obligation.
Par conséquent, il percevra un rendement annuel de 4% jusqu’à l’échéance de l’obligation, 10 ans ou 30 ans plus tard, date à laquelle il récupèrera ses 1 000 $.
Les mathématiques et la logique relatives à ce type d’investissement peuvent être source de confusion.
Mais au final, la seule chose à retenir est que le prix d’une obligation baisse lorsque les taux d’intérêt augmentent. C’est très inquiétant pour les retraités qui détiennent beaucoup d’obligations du Trésor.
Le pire scénario envisageable
Nous avons expliqué que la politique du gouvernement démocrate pourrait provoquer une poussée d’inflation. (Retrouvez mon article en cliquant ici.)
Lorsque l’inflation accélère, l’outil principal qu’utilise la Fed pour stabiliser les prix est d’augmenter son taux directeur.
Or, les taux d’intérêt commencent déjà à augmenter en prévision de la réorientation de la politique américaine.
Le graphique des obligations du Trésor à 10 ans nous montre que les taux sont historiquement très bas, mais qu’ils ont commencé à augmenter ces derniers mois.
Le graphique ci-dessus montre que le taux à 10 ans est de 1,19%. Comme vous pouvez le voir, il était bien plus élevé par le passé.
Avant la crise financière de 2008, le taux à 10 ans avoisinait les 5%. En 2000/2001, le taux à 10 ans dépassait les 6%.
On pourrait penser que c’est de l’histoire ancienne.
Mais cela fait un moment que nous traversons une période de très faible inflation globale, ce qui a contribué à maintenir les taux d’intérêt à des niveaux anormalement bas.
En cas d’accélération de l’inflation, les taux d’intérêt pourraient s’envoler très rapidement.
La mauvaise nouvelle pour les retraités concerne la vitesse à laquelle le prix des obligations pourrait chuter.
Statistiquement, les obligations du Trésor à 10 ans ont une duration de 9,3. Le terme « duration » est un terme technique qui désigne la sensibilité du prix d’une obligation aux variations de taux d’intérêt.
Cela signifie que la valeur d’une obligation du Trésor baisserait de 9,1% si le taux d’intérêt applicable venait à augmenter de 1%.
Imaginez un peu ce qui se passerait si les taux venaient à atteindre 5%, comme c’était le cas il n’y pas si longtemps que cela. Les obligations que vous détenez en portefeuille pourraient perdre plus de 30% de leur valeur !
Vous comprenez pourquoi ce changement de cap politique m’inquiète ?
Et la situation est encore plus préoccupante pour les obligations du Trésor à 30 ans. Je vous invite d’abord à regarder le graphique ci-dessous.
Le taux à 30 ans est actuellement d’environ 1,93%. Or, le taux à 30 ans avoisinait les 5% avant la crise financière.
On pourrait penser que le risque est moindre car l’écart entre le taux actuel et le taux à 30 ans d’avant crise n’est que de 3%.
Mais du fait de la maturité plus longue de ces obligations, les prix sont plus sensibles aux variations de taux d’intérêt.
La duration d’une obligation à 30 ans est d’environ 23. Cela signifie qu’une obligation à 30 ans perdrait 30% de sa valeur en cas de hausse de 1% des taux d’intérêt.
C’est effrayant !
Heureusement, vous me connaissez assez bien pour savoir que je ne vous donne pas ces chiffres pour vous faire peur.
Au sein d’Investissements Personnels, notre objectif est de vous aider à planifier votre retraite pour que vous puissiez avoir l’esprit tranquille et vous concentrer sur les choses qui comptent vraiment dans la vie !
Mais pour ce faire, vous devez comprendre les risques liés à vos investissements et investir de manière à réduire autant que possible les risques auxquels vous êtes exposés.
Si ça n’est pas déjà fait, je vous invite à consulter votre compte pour vous assurer que vous ne détenez pas d’obligations du Trésor à long terme ou de parts de fonds investissant dans ce type d’obligations.
Si c’est le cas, je vous invite à les vendre avant que les taux d’intérêt commencent à augmenter.
Une fois que cela sera fait, nous vous aiderons à investir dans des actions versant des dividendes qui vous permettront de percevoir des revenus, de faire fructifier votre capital et de vivre la retraite prospère que vous méritez.