Selon moi, les grands films sont ceux qui ont le pouvoir de changer votre vie pour le meilleur.
J’ai vu certains de ces films pour la première fois alors que je n’étais encore qu’enfant. Ils m’ont appris des choses qui ont profondément influencé ma vie et m’ont motivé à réaliser mes plus grandes ambitions.
Il s’agit parfois de scènes célèbres, d’autres fois de scènes beaucoup moins connues. Pour moi, ces films avaient quelque chose de spécial et d’unique. Cela n’avait rien à voir avec la beauté des effets spéciaux (en fait, je déteste cela).
J’aime la science-fiction depuis que je suis enfant. De nombreuses raisons expliquent cette passion : l’envie irrépressible de connaître la suite de l’histoire, l’inspiration qu’elle me procure et le plaisir d’imaginer à quoi pourrait ressembler l’avenir.
Par exemple, regarder Star Wars était aussi excitant que de fumer du crack. L’univers de la saga vous montre à quoi pourrait ressembler un jour un empire galactique. C’était le scénario à suspense parfait ainsi qu’une grande source d’inspiration.
Cette croyance a pour origine la science-fiction.
Le Cycle de Fondation, par Isaac Asimov, m’a donné l’idée (bien avant qu’elle ne soit développée par le prix Nobel d’économie Kahneman) que les comportements humains (par exemple dans le domaine de l’investissement) peuvent être modélisés (en tout cas jusqu’à un certain point) grâce aux statistiques.
Cette idée fut à la base de la stratégie d’investissement du premier fonds que j’ai créé.
J’aime la fiction sous toutes ses formes, y compris les romans d’amour. Mais la science-fiction a le pouvoir particulier de me ramener en enfance. Au cours des dernières années, j’ai interviewé dans mon podcast de nombreux écrivains de science-fiction : Hugh Howey (Wool), Andy Weir (The Martian), James Luceno (Darth Plagueis) et beaucoup d’autres.
Mais en ce qui concerne les films, j’ai des critères spécifiques en plus de ceux évoqués précédemment :
- un bon film doit être focalisé davantage sur l’histoire que sur l’action ;
- le jeu d’acteur doit être décent ;
- le film doit être au moins aussi bon que le livre sur lequel il est basé.
Et, LE PLUS IMPORTANT : il doit avoir changé ma vie. Parmi les 11 films dont je vais vous parler, 8 ont eu un tel impact.
1. Star Wars
J’inclus dans cette sélection la totalité des films la série Star Wars. Je trouve toujours amusant la façon dont les fans critiquent chaque sortie d’un nouvel épisode de la saga, mais finissent toujours par les regarder de nouveau.
Alors que penser de Jar Jar Binks !? Ҫa n’a pas d’importance, nous avons toujours maître Yoda (je suis très heureux d’avoir pu interviewer dans mon podcast Frank Oz, qui fait la voix de maître Yoda).
Et que penser des prequels ? Grâce à eux, nous avons eu plus d’informations concernant La Force que dans la série d’origine.
Prenez par exemple Star Wars, épisode VIII : Les Derniers Jedi, dans lequel on découvre que les parents de Rey ne possèdent pas La Force. Il nous permet de comprendre que quiconque dans l’univers peut accéder à cette philosophie extraordinaire qu’est La Force.
« La peur est le chemin vers le côté obscur : la peur mène à la colère, la colère mène à la haine, la haine… mène à la souffrance » – Yoda
2. Blade Runner
La musique à elle seule est exceptionnelle.
Le film se déroule dans les rues d’une ville dystopique inspirée de Tokyo, l’univers cinématographique est celui du mouvement cyberpunk qui n’en était encore qu’à ses débuts.
Le personnage joué par Harrison Ford y exprime un profond mépris pour la vie, et désire pourtant réussir à créer une vie qui mérite d’être vécue.
Le jeu d’Edward James Olmos est extraordinaire.
La scène finale avec Rutger Hauer est probablement l’une des plus belles de l’histoire du cinéma.
Même si vous ne regardez pas le film en entier, regardez cette scène. Elle me donne chaque fois les larmes aux yeux.
Il s’agit de la première tentative (qui sera suivie par de nombreuses autres) de comprendre comment serait un monde dans lequel plusieurs espèces d’êtres humains devraient coexister, certaines issues de l’évolution, d’autres issues de modifications génétiques.
3. Matrix
J’étais fasciné par ce film, notamment parce que l’entreprise que je dirigeais à l’époque, Reset, avait pour mission de concevoir le site Internet promotionnel du film pour Warner Brothers. Alors je l’ai regardé des millions de fois, j’ai lu et relu le script, j’ai aidé à la réalisation de la version en bande dessinée, et j’ai même créé plusieurs versions de jeux vidéo en lignes basés sur l’univers de Matrix.
Le concept du choix cornélien entre la pilule rouge et la pilule bleue est au cœur de la philosophie de mon livre intitulé Choose Yourself. Allez-vous accepter de suivre la route tracée pour vous par la société, vos parents, vos professeurs, votre patron, vos collègues, votre épouse, vos amis ou bien allez-vous prendre en main votre propre destin et choisir vous-même la personne que vous voulez devenir ?
Quand vous laissez aux autres le pouvoir de décider pour vous, les conséquences qui en découlent ne sont jamais aussi bénéfiques que si vous aviez décidé par vous-même. Vous seul pouvez prendre la « pilule rouge » et choisir la personne que vous voulez devenir. Ce concept fondamental a été introduit par le film Matrix.
Et bien sûr, Laurence Fishburne est un acteur incroyable.
« C’est là ta dernière chance… Tu ne pourras plus faire marche arrière. Choisis la pilule bleue et tout s’arrête, après tu pourras faire de beaux rêves et penser ce que tu as envie. Choisis la pilule rouge… Tu restes au pays des merveilles et on descend avec le lapin blanc au fond du gouffre. » – Morpheus
4. La Planète des singes (adaptée par Charlton Heston)
Quel scénario brillant. Le parcours du héros est fascinant. La scène d’ouverture (un atterrissage en catastrophe du vaisseau spatial), les obstacles toujours plus grands à surmonter (la planète est dominée par des singes ! les héros sont emprisonnés ! ils réussissent à s’évader ! il y a la statue de la Liberté !).
Au cours de ses aventures, le personnage principal est secouru par des singes et se lie d’amitié avec eux (je dois avouer que j’avais un faible pour la guenon, le Dr Zira). Le film navigue entre le futur et le passé d’une façon sophistiquée pour expliquer comment les singes ont pris le contrôle de la planète.
J’ai également lu le livre original de Pierre Boulle.
Il explore ce que cela signifie d’être une personne authentique (comme l’illustre le personnage de Charlton Heston) dans une société dominée par les faux-semblants, comment notre situation économique actuelle pourrait mener à un désastre dans le futur, et il permet même aux lecteurs de comprendre les bases de la théorie de la relativité.
5. District 9
J’aime tellement ce film que j’ai décidé de l’inclure dans la liste. Cependant, je dois admettre qu’il n’a en rien changé ma vie.
Il traite sous un angle particulièrement novateur le problème du racisme, un problème fondamental dans la société d’aujourd’hui, alors que nous sommes face à un choix historique entre le mondialisme et le nationalisme.
Par conséquent, je préfère le garder dans cette liste même s’il n’a pas eu d’impact significatif sur mon existence.
6. Minority Report
Le futur que prédit Minority Report est déjà en train de se réaliser.
Une société nommée Palantir (dans laquelle je regrette de ne pas avoir investi lorsque j’en ai eu l’opportunité) surveille et analyse l’ensemble des flux de données (par exemple les transactions bancaires, les recherches Google, etc.), afin d’identifier des cas potentiels de fraude ou des risques terroristes avant même qu’ils ne se réalisent.
C’est du pur génie. Cette société est à la pointe de l’intelligence artificielle (une combinaison sophistiquée entre l’utilisation des statistiques et l’analyse de bases de données à très grande échelle). Nous nous rapprochons rapidement du jour où la technologie nous permettra, comme dans Minority Report, de prédire des crimes qui sont sur le point de se dérouler.
Le monde décrit dans Minority Report pourrait déjà exister, seules des questions d’éthique nous empêchent de franchir la dernière étape. Je parle de « questions » car de mon point de vue, il est très difficile de déterminer avec certitude s’il serait souhaitable ou non d’arrêter un crime qui ne s’est pas encore produit, mais dont l’intelligence artificielle est capable de prédire qu’il va se réaliser.
Une scène du film est particulièrement intéressante. Au moment où la police trouve sur la scène du crime une abondance de preuves contre l’auteur probable du crime, le détective déclare : « C’est ce que l’on appelle une orgie de preuves. Vous savez quand est-ce que j’ai vu pour la dernière fois une orgie de preuve ? » Son collègue lui demande : « Quand ? » Et il répond alors : « Jamais ! »
Si quelque chose semble trop beau pour être vrai, alors c’est probablement le cas. Ce principe résume à lui seul ma stratégie en tant qu’investisseur.
Les gens m’appellent en permanence pour me proposer « une opportunité EXTRAORDINAIRE ». Mais personne ne s’est jamais réveillé un matin en pensant « je dois absolument offrir à James Altucher, et à personne d’autre, la meilleure opportunité de tous les temps ».
C’est impossible. Une « orgie de preuve » ne se présentera jamais à aucun moment de votre vie.
7. Her
La première raison de voir ce film, c’est Scarlett Johannsson. J’ai l’impression qu’elle a joué chaque rôle d’être humain augmenté technologiquement (ou dans le cas de ce film, le rôle d’une intelligence artificielle) au cours de la dernière décennie.
Mais ce film a la particularité d’être avant tout une histoire d’amour, non pas entre Joaquin Phoenix et Scarlett, mais entre le réalisateur, Spike Jonze, et son ex-femme, Sofia Coppola.
Sofia Coppola a réalisé Lost in Translation (dans lequel Scarlett Johannsson joue également aux cotés de Bill Murray), au travers duquel elle présente sa propre interprétation de son histoire avec Spike Jonze et des raisons pour lesquelles leur mariage a échoué. Spike Jonze poursuit la même démarche pour donner son propre point de vue au travers de son film Her.
Pour certains, l’Art est véritablement un moyen de comprendre et de guérir les origines de leurs douleurs, pour d’autres, c’est une source de divertissement et de plaisir.
Je ne pense pas que le scénario de Her puisse se réaliser un jour. L’intelligence artificielle ne va probablement pas « se réveiller » et devenir consciente, de même qu’un poste de TV ne sera jamais conscient de sa propre existence.
Mais j’aime la façon dont ce film (à l’opposé d’un autre film similaire, Ex Machina) décrit comment une telle forme de conscience serait capable d’évoluer bien au-delà de ce que l’esprit humain est capable de comprendre.
C’est ainsi que je vois les choses. Si une autre forme de vie possède une conscience, organique ou même technologique, alors celle-ci doit être radicalement différente de la nôtre, pour la simple raison que nos cerveaux sont structurés différemment, de la même façon que la conscience d’une fourmi diffère.
(Her VS Lost in Translation – l’interprétation d’une même histoire d’amour au travers de deux films.)
8. Mad Max 2 : Le Défi
J’étais encore un enfant quand je l’ai vu pour la première fois, et ce film était pour moi absolument TERRIFIANT.
Ce fut probablement le premier film dystopique que j’ai vu. Il fut à l’origine de tous les autres.
Que ferais-je si j’étais plongé dans un monde si effrayant, dévasté par les guerres ?
Sur le même thème, mais plus intéressant encore, je vous recommande de lire La Route par Cormac McCarthy. Il s’agit de l’un des meilleurs livres jamais écrits.
Ce film a-t-il changé ma vie ? Pas vraiment. Mais il m’a permis d’envisager l’idée d’un futur dystopique et de comprendre que dans un tel monde, le respect des principes éthiques fondamentaux est loin d’être garanti.
(J’étais terrifié par ce personnage.)
9. Un jour sans lendemain
Voici un autre film dont le héros est interprété par Tom Cruise (qui joue également le personnage principal dans Minority Report).
Le film repose sur un concept génial. À nouveau, il illustre l’idée selon laquelle une conscience extraterrestre serait nécessairement radicalement différente de la nôtre.
Tellement différente qu’elle pourrait affecter notre propre perception du temps et de l’espace. Le personnage de Tom Cruise en fait l’expérience lorsqu’il est condamné à revivre encore et encore la même bataille.
Encore une fois, c’est le scénario parfait. Le héros doit surmonter une série d’obstacles afin de réussir à détruire l’ennemi de l’Humanité, avec l’aide de l’héroïne du film.
Ce film a-t-il changé ma vie ? Tout comme Un jour sans fin (peut-être le meilleur film proche de la science-fiction jamais réalisé, mais un peu trop éloigné de la science-fiction pour faire partie de cette liste), il me donne de l’espoir. J’aimerais pouvoir revivre ma vie encore et encore et avoir ainsi la possibilité de m’améliorer un peu plus à chaque fois.
Étant donné que cela ne semble pas réalisable (ou peut-être que si ?), je dois vivre dans le moment présent et faire de mon mieux à chaque instant.
Je dois vivre ma vie non pas comme si aujourd’hui était mon dernier jour, mais comme si aujourd’hui POURRAIT être le dernier.
10. Looper
J’aime les paradoxes posés par le voyage à travers le temps. Ce film n’a pas changé ma vie. Cependant, je me souviens avoir pensé en quittant le cinéma : « C’était génial. J’aimerais le voir de nouveau. » Peut-être que je vais le revoir ce soir et réécrire cet article pour expliquer comment il a changé ma vie.
11. Premier contact
Premier contact est une œuvre magnifique sur le plan cinématographique et musical.
Ici encore, il développe l’idée qu’une intelligence extraterrestre (en l’occurrence, des extraterrestres visitent la terre et le personnage joué par Amy Adams doit comprendre comment communiquer avec eux) pourrait être radicalement différente de la nôtre, tellement éloignée qu’il serait impossible pour nous de la comprendre. Le film tout entier est consacré à la recherche d’un moyen pour se comprendre mutuellement.
À l’opposé de la saga Star Trek dans laquelle, par miracle, les extraterrestres parlent tous un anglais irréprochable, dans Premier contact, les extraterrestres parlent un langage en quatre dimensions, y compris le temps.
En explorant ce langage, Amy Adams voit sa vision du monde chamboulée et elle est la première à commencer à comprendre le mode de pensée des extraterrestres.
(Comment communiquer avec des extraterrestres ?)
J’aime l’idée qu’un changement dans la façon dont nous utilisons les mots peut en réalité modifier notre vision du monde.
Dans Premier contact, la façon dont Amy Adams voit le monde devient interconnectée avec la perception spécifique du temps qu’elle partage avec les extraterrestres, avec l’exploration de son futur et des peines qu’elle devra endurer.
Le film met ainsi en évidence que les mots que nous utilisons, notre langage, façonnent nos pensées.
C’est une œuvre magnifique.