« Par Osiris, qu’on le couvre d’or ! » ordonnait Cléopâtre en désignant Numérobis, son architecte, parvenu à achever dans les temps la construction d’un palais pour César.
La culture populaire ne pourra se défaire de la métaphore : parmi les huit métaux nobles, l’or est roi ; et le plus éclatant symbole de la fortune.
Mais sur le marché des métaux, sa suprématie est contestée tandis que le palladium s’est envolé de 28% depuis le 15 août pour atteindre hier les 1 080 $ l’once. Durant la même période, l’or s’est stabilisé autour des 1 200 $.
Je concède que la perspective de se faire couvrir de palladium fait moins rêver, mais…
Dix ans de hausses successives pour le palladium
Cette semaine, le métal gris se rapproche de son plus-haut historique qui l’avait vu atteindre 1 100 $ l’once en février 2001. Mais le cours du palladium n’a jamais été linéaire : en avril 2003, il retombait à 150 $ l’once. Et après un nouveau pic à 480 $ en avril 2008, il sombrait en fin d’année à 175 $ l’once.
Depuis la phase de hausse de 2010, comme vous pouvez le constater sur le graphique ci-dessous, le cours s’est plutôt stabilisé autour de 600 $, avec une tendance à la hausse qui se confirme actuellement.
Source : Boursorama
80 % de la demande provient de l’industrie automobile
Le palladium est essentiellement utilisé dans la fabrication des pots d’échappement catalytiques des véhicules à essence et hybrides. Il permet d’accélérer la transformation des produits toxiques issus de la combustion du carburant en composés moins nocifs : CO2 et eau.
En 2017, le secteur automobile concentrait à lui seul près de 80% de la demande du métal précieux.
Il faut dire que depuis la révélation en septembre 2015 de l’affaire Volkswagen, lors de laquelle le constructeur allemand a reconnu avoir truqué les moteurs de 11 millions de véhicules pour échapper aux normes sur les émissions, la demande ne cesse de croître.
Car dans le sillage de ce clinquant « Dieselgate », les consommateurs se sont peu à peu tournés vers les voitures essence et hybrides, délaissant les voitures diesel qu’ils avaient historiquement plébiscitées. Et depuis qu’il était question de bannir les plus vieilles d’entre elles des centres-villes, les voitures diesel avaient déjà, disons… du plomb dans l’aile.
Le secteur automobile : sa force et sa faiblesse ?
Le Mondial de l’auto qui se tient actuellement et jusqu’à dimanche à Paris a pour vedettes les véhicules électriques. Et après une décennie de forte croissance, le secteur automobile, en pleine mutation, devrait se confronter à une période moins faste, sur fond de guerre commerciale.
Le cours du palladium, dont le destin semble actuellement si lié à celui du secteur automobile, y résistera-t-il ?
Oui, selon certains analystes, dont Citigroup, qui voit le prix de l’once grimper à 1 200 $ d’ici au deuxième trimestre 2019. Et d’après les prévisions de la German Mineral Resources Agency (DERA), la demande devrait même quintupler à l’horizon 2035, par rapport à ce qu’elle représentait en 2013.
Problème : cette demande est déjà trop forte actuellement, et le palladium est victime de son succès. L’offre est de plus en plus restreinte. Pire, la Commission européenne a classé ce métal comme « critique » en 2017…
Pas de quoi affoler Morgan Stanley, qui assure : « Le déficit persistant d’offre du marché du palladium en fait une histoire structurellement positive et parfaitement intacte. »
Surveillons donc attentivement ce métal précieux sur lequel les investisseurs pourraient rapidement se ruer… Mais restons vigilants : c’est un pari.
L’or demeure le seul élément qui possède ces caractéristiques qui en font une véritable réserve de valeur : la rareté, la malléabilité, le caractère inerte, la longévité et l’uniformité. Noble parmi les nobles. Pour en savoir plus…