Monsieur est content, ravi, fier… il exulte en montrant à madame son coup de cœur mûrement et longuement réfléchi : une voiture de collection. Face à la mine déconfite de madame, il s’empresse de lui vanter la valeur patrimoniale de son acquisition.
Rassurée, madame se laissera séduire, se voyant sillonner les campagnes en cabriolet avec un joli foulard protégeant ses cheveux du vent. Las, de pannes en pannes, les discussions deviennent vives. Madame – agacée mais toujours serviable – se lasse d’aider à pousser le patrimonial véhicule chez le garagiste. Monsieur constatera néanmoins que le mécanicien est une espèce en voie de disparition – on trouve surtout des concessionnaires de nos jours. Les garagistes ruraux survivants sont totalement insensibles aux charmes des MG 1922, et inaptes à commander des pièces d’origine sur le site (en anglais) des amateurs de la marque.
Après plusieurs épisodes malheureux, monsieur se résoudra, la mort dans l’âme, à vendre celle qu’il avait appelée affectueusement dans son for intérieur Marie-Gabrielle.
Il découvrira alors que les amateurs de Marie-Gabrielle 1922 ne prolifèrent pas – contrairement à ce que lui avait fait miroiter le vendeur. Honteux, après des mois de recherche, il cachera à madame la véritable valeur de revente à laquelle il aura consenti, de guerre lasse.
Ce conte anecdotique ne veut que planter le décor mais je suis sûre que même s’il ne s’agit pas de voiture, vous vous êtes déjà retrouvé dans cette situation. Art, vin, terres, horloges, mobilier… que sais-je. Patrimonial, un mot mis souvent à toutes les sauces mais qui rassure. Confusément, il sonne agréablement à vos oreilles comme » réserve de valeur « , » thésaurisation « , » achat de bon père de famille » … et fait même souvent rêver tel un » trésor » à léguer aux enfants.
Mais les années passant, cet achat » patrimonial » se révèle finalement décevant, sa revente difficile – voire impossible… en tout cas au prix souhaité. Un mirage de plus.
Alors qu’est-ce qu’un patrimoine au juste, de quoi se compose-t-il exactement et existe-t-il de vrais réservoirs de valeur aujourd’hui ? Il est important, il me semble, d’avoir les idées justes sur le sujet et sur ce que vous devez attendre de votre (futur) patrimoine. Comme c’est un sujet qui m’occupe et me préoccupe depuis longtemps, je vais pouvoir vous livrer le fruit de quelques-unes de mes propres expériences.
Chacun est évidemment à la recherche d’un réservoir de valeur, de quelque chose dont la possession soit agréable, qui dégage un rendement, que l’on peut vendre facilement avec une plus-value ou bien laisser aux enfants, heureux de leur laisser quelque chose qui vaut plus que ce qu’il nous a coûté.
Mais ce Saint Graal existe-t-il ? Historiquement, le mot » patrimoine » – qui apparaît dès 1150 en langue française – désigne l’ensemble des biens et des droits hérités du père. En ancien français, le matrimoine ou matremoingne existait aussi. L’idée de durée et de transmission d’une génération à l’autre est donc bien dans le mot.
Évidemment, une couche de taxation est passée par là et, de nos jours, l’État prélève une part de plus en plus importante via les droits de mutation ou de succession (impôt sur la mort). Ainsi, dans une optique patrimoniale, si vous envisagez d’acheter un château à 5 M€, vous avez intérêt à prévoir à côté les liquidités permettant de payer ces impôts ; à défaut, vos enfants seraient contraints de le vendre pour les acquitter.
De quoi se compose un patrimoine ?
C’est évident, me direz-vous : de foncier (terrains), d’immobilier, de mobilier (dans lequel vous intégrez les meubles meublants, les bijoux, les automobiles), de valeurs mobilières (ou actifs financiers) telles que des actions d’entreprises cotées ou non, des créances, des obligations… Certes.
Mais les titres d’emprunts russes ou les actions d’entreprises de chemin de fer en faillite qui décorent peut-être votre grenier ont un jour fait partie du » patrimoine » de votre arrière-grand-père. À part un souvenir, il n’a aucune valeur.
Quand vous réfléchissez à la valeur d’un patrimoine vous devez absolument prendre en compte trois caractéristiques :
- La liquidité, c’est-à-dire à qui on va acheter ou vendre et la profondeur du marché (beaucoup de gens ou, au contraire, très peu). Une chose n’a de valeur autre que sentimentale que si un acheteur et un vendeur peuvent se rencontrer ;
- Le rendement, c’est-à-dire ce que va vous rapporter, par rapport à sa valeur d’achat, le bien. Cette notion de temps ou de rendement est le plus souvent liée à un amortissement ou une durée. Un four à pain, de l’immobilier… s’usent. Ce n’est pas vrai d’un diamant mais ce dernier ne vous procurera pas de rendement (à moins que vous n’achetiez le Régent dans l’intention de le louer à des gens qui voudraient le porter dans les soirées du Festival de Cannes) ;
- La plus-value (ou moins-value) potentielle, c’est-à-dire le gain ou la perte au moment de la revente éventuelle. Dites-vous que la seule mesure de la valeur, même imparfaite, est le prix qui fait suite à une transaction réellement conclue.
J’ai mené mon enquête et j’y ai consacré un numéro de La Stratégie de Simone Wapler. Vous pourrez notamment découvrir la » valeur patrimoniale » de divers actifs : au travers de la liquidité et du rendement d’une part et de la liquidité et de la plus-value d’autre part. [Cliquez ici pour recevoir votre exemplaire. Analyses, conseils et recommandations vous attendent dès maintenant].