Avez-vous vu l’actualité de Pfizer la semaine dernière ?
Je ne parle pas de l’annonce d’un vaccin contre le COVID qui a poussé le marché à la hausse lundi dernier.
Je parle du fait que le PDG de Pfizer, Albert Bourla, a vendu 62% de ses actions immédiatement après l’annonce, empochant la coquette somme de 5,6 M$, juste avant que le marché ne corrige et efface la plus grosse partie de la soudaine hausse.
Quelle coïncidence ! Cette histoire a fait grincer des dents dans les médias.
C’est une situation très suspecte. Une entreprise fait une annonce retentissante qui fait s’envoler le cours de son action… Mais en coulisses, le plus haut dirigeant du groupe vend ses actions pour empocher des bénéfices et réduire sa participation dans l’entreprise.
Cela s’apparente fort à un conflit d’intérêts, vous ne trouvez pas ?
Aujourd’hui, je vais vous expliquer ce qu’il s’est réellement passé avec le PDG de Pfizer et sa vente d’actions.
Surtout, je veux vous aider à identifier les situations comme celle-ci et à protéger votre capital des dirigeants cupides qui se moquent de vos intérêts.
Contestable pour sûr, mais pas illégale
Lorsque les gens ont appris que Albert Bourla avait vendu une grande partie de ses actions, ils se sont demandé si la transaction était bien orthodoxe.
Après tout, le PDG du groupe a vendu la plupart de ses actions immédiatement après l’annonce d’une des plus importantes nouvelles de 2020 pour les marchés.
Clairement, il savait depuis longtemps que cette information finirait par sortir. Il a donc profité de l’annonce pour réaliser une jolie plus-value, pendant que les investisseurs digéraient à peine l’annonce du nouveau vaccin de Pfizer.
C’est peu dire qu’Albert Bourla possédait un avantage indu sur les autres investisseurs.
Cela étant, cette vente d’actions n’a rien d’illégal.
Elle a été réalisée dans le cadre d’un plan de rémunération différée dit « Rule 10b5-1 » et programmé des semaines avant l’annonce de la mise au point d’un vaccin.
D’après les documents transmis à la SEC, Albert Bourla a réalisé l’opération par l’intermédiaire d’un courtier qui avait pour instruction de vendre les actions dès que le titre PFE atteindrait un certain prix.
Ainsi, lorsque le cours de l’action a flambé à l’ouverture des marchés lundi matin, l’ordre de vente a été immédiatement exécuté.
Je n’ai absolument rien contre le fait qu’un dirigeant vende des actions de sa société, de temps à autre.
Après tout, il est logique que les dirigeants empochent des bénéfices quand ils contribuent à la réussite de leur entreprise. Or, ces dirigeants ont parfois besoin de liquidités pour financer des dépenses ou de grosses acquisitions.
Mais cette vente m’interpelle pour plusieurs raisons.
Premièrement, il ne s’agit pas d’une vente de quelques actions pour payer des vacances en famille ou l’achat d’un bien immobilier. Il s’agit d’une vente à 5,6 M$, qui représente bien plus de la moitié de la participation d’Albert Bourla.
Techniquement légale, la transaction a été clairement programmée à un moment où Bourla disposait d’informations sur les résultats potentiellement probants des essais cliniques du vaccin de Pfizer.
Il savait pertinemment que le cours du titre pouvait s’envoler et il s’agit là d’une information qui était alors inaccessible au grand public.
Enfin (et surtout), Albert Bourla a désormais considérablement réduit sa participation dans Pfizer, ce qui signifie qu’il sera moins enclin à aider l’entreprise à accroître ses activités.
J’aime investir dans des entreprises dont les intérêts des dirigeants et ceux des actionnaires convergent. Or cette vente de grande ampleur réalisée par Albert Bourla m’interpelle…
Nous pensons tous à nos seuls intérêts
Que ce soit à Wall Street ou dans le monde des entreprises, la règle du jeu est vraiment « chacun pour soi ».
En tant qu’investisseurs, il nous faut être conscients de cela et comprendre ce que cela implique.
Les dirigeants d’entreprise font tout ce qu’ils peuvent pour les actionnaires, tant que cela sert également leurs intérêts. C’est la nature humaine.
Wall Street fonctionne de la même façon.
Les investisseurs veulent tous se positionner à l’achat lorsqu’ils pensent qu’ils peuvent gagner de l’argent sous forme de plus-value ou de dividendes. En revanche, ils se positionnent tous à la vente lorsque l’action de l’entreprise concerne est survalorisée ou qu’ils décèlent de meilleures opportunités.
Il vous faut donc surveiller de près ce que font ces gens, et non pas ce qu’ils disent.
L’objectif d’Investissements Personnels est de vous aider à développer ce même état d’esprit.
Je veux que vous concentriez sur vos intérêts pour pouvoir prendre les meilleures décisions qui vous permettront de faire fructifier et de protéger votre capital.
L’action PFE me semble toujours être un bon investissement.
Après tout, l’entreprise continuera à offrir un dividende généreux. Et franchement, le vaccin contre le coronavirus ne dopera pas substantiellement le chiffre d’affaires de Pfizer.
En tant qu’investisseur, je m’intéresse davantage aux médicaments existants du groupe qui continueront à générer des profits dans les années à venir.
Par conséquent, si vous possédez des actions PFE, je vous conseille de les conserver pour le moment.
Mais nous surveillerons de près la situation du PDG du groupe et chercherons des éléments de réponse à d’autres agissements douteux.