Je suis découragée, piégée… La conductrice que je suis n’a plus que deux points sur son permis de conduire. Deux points, l’heure de l’inscription au stage de récupération de points a sonné. « La grande punition », rapporte un courtier en assurance qui a été contraint comme beaucoup d’entre nous aujourd’hui à rester assis pendant deux jours dans une salle de classe pour écouter les élucubrations d’un psychologue et d’un spécialiste de la sécurité routière. « Une réelle perte de temps. »
Si le stage s’impose…
La grande punition me pend au nez. D’ailleurs, le chef du service du fichier national des permis de conduire vient de me le signaler par un courrier officiel. « Vous pouvez obtenir une récupération de points en suivant un stage de sensibilisation ». Et de me prévenir, « Un permis de conduire dont le solde de point est égal à zéro perd sa validité ». Renseignement pris, il apparaît, dans ce cas, que le retrait soit suivi d’une période d’invalidité de six mois, durée pendant laquelle il est impossible de repasser son permis de conduire ou seulement son code.
En ce domaine, j’ai de la chance : titulaire du papier rose depuis plus de 3 ans, je n’écoperai pas de la peine maximale consistant à repasser, après le délai de 6 mois, code et permis. Je ne serai soumise qu’au passage de tests psychotechniques et à celui du code, m’informe-t-on dans une auto-école.
Bon, alors que faire ? Espérer remonter la pente en récupérant un point tous les six mois si je ne commets aucun délit ? (il faudra au moins 3 ans d’attente si la faute commise vous a délesté de 4 points et plus). Ou bien prévenir le pire, et dépenser environ 200 euros dans un stage qui me rapportera au maximum 4 points par an ?
La première solution est forcément la plus raisonnable. Suite au retrait de permis, le seul test psychotechnique vous coûte une centaine d’euros. Le tarif des deux heures de code excède 10 euros, et le passage du code est environ de 60 euros.
- Si tout se passe bien, je débourse 170 euros, et mon permis m’est retiré pendant 6 mois. Qui plus est, je ne récupère qu’un permis de débutant, doté de seulement 6 points.
- Si rien ne va plus, je reste plusieurs mois sans permis, je passe et repasse mon code et la facture s’envole.
… Jouez la montre
Pour autant, pas de précipitation. Vous pouvez profiter du délai existant entre la verbalisation et la perte officielle de points notifiée quelques jours plus tard par voie postale pour vous inscrire en urgence à un stage. « Il nous est même arrivé de faire traîner la procédure plus de deux ans, afin de laisser à l’automobiliste la possibilité de récupérer les huit points manquant via deux stages, un par année « , précise l’avocat Eric Decaumont.
Alors que les procédures se complexifient et que les pièges se multiplient, la prudence de l’automobiliste est plus que jamais requise. Et se battre contre la perte de points devient indispensable.
« Mais nous ne pouvons intervenir que si l’automobiliste a contesté l’infraction et n’a pas payé cette amende, poursuit notre avocat. Ne réglez rien, ne reconnaissez jamais ce qui vous est reproché même s’il y a plusieurs policiers. » Car si vous payez, vous reconnaissez irrévocablement l’infraction et vous vous privez de toute possibilité de contestation et de recours.
Mieux vaut prévenir que guérir
Ne jamais donc reconnaître sa faute dans la joie et la bonne humeur, histoire de se débarrasser du dossier. Les points retirés ne reviennent jamais ou tellement lentement. Cette année, j’en ai perdu 7. D’abord, en allant porter un bouquet de lauriers à une amie. J’emprunte la rue principale de la ville et je me fais arrêter en plein dimanche après-midi par un policier qui m’explique que soudainement et pour des raisons souterraines, le sens des priorités a changé.
L’axe important n’a plus la priorité sur les petites rues adjacentes ; c’est désormais l’inverse.
Devant mon sombre regard, l’officier me montre sa seule et ultime preuve : un panneau « STOP » sauvagement planté là. « Il n’y a pas de lignes blanches au sol ? » je fais remarquer. « Pas encore, mais il y a le panneau stop ». De bien mauvaise humeur, je fais les photos de l’endroit, mettant bien en valeur qu’il n’y a pas de ligne au sol, et que le nouveau sens de priorité n’est pas indiqué. »
Je repasse devant le gendarme qui en avait déjà piégés bien d’autres depuis moi (un véritable guet-apens)… Et sur le registre duquel j’avais fait l’erreur d’apposer ma signature. Ma demande clémente a été purement et simplement rejetée. « A défaut de cette signature qui s’assimile à une reconnaissance de faute, il aurait été possible d’agir pour éviter la perte des quatre points ; les juges n’apprécient pas la mise en place de piège et ils se font rarement caution de ce type de racket », avance notre avocat. Voilà qui m’invite à devenir plus méfiante et perspicace.
Quid de l’assurance perte de points ?
S’il faut toujours avoir un avocat dans sa poche, quel budget prévoir ? Les réponses sont très floues… « Le tarif peut aller de 1 à 10. Et les frais sont très très rarement remboursés par l’Etat même si vous êtes innocent ! », ironise l’un d’eux.
Il devient alors de plus en plus fréquent de souscrire, en même temps que son assurance automobile, une assurance protection juridique – laquelle peut rembourser le stage de récupération de points et les frais d’avocat. « Une des meilleures dans le domaine est celle de Swiss Life qui couvre les frais liés au stage jusqu’à 300 euros », avance Fabrice Brette, expert chez Ooreka. Le coût de ces couvertures oscille entre 30 et 70 euros selon les assureurs mais seuls les conducteurs ayant au moins 6 points sur leur permis profiteront de ces éventuels bienfaits…
Enfin, comment choisir l’organisme assurant le stage de récupération de points ? Dans la mesure du possible, trouvez un stage à côté de chez vous ou de votre lieu de travail. En effet, en cas de retard et d’absentéisme, votre participation sera contestée. « Vous devez être présent tout au long de ces deux journées, même si vous dormez au fond de la salle », précise un professionnel. Enfin, assurez-vous du sérieux de l’organisme auprès de la préfecture la plus proche.
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1 commentaire
Bonjour Anne !
Je travaille dans le permis à points (portail sur Internet) depuis 5 ans et votre article ne me laisse pas indifférente 🙂 Je ne reviendrai pas sur les modalités de votre arrestation, n’ayant aucune compétence dans le domaine.
En revanche, je voudrais revenir sur deux choses :
– le prix : 200 euros ? Il y en a de beaucoup moins chers. Les premiers prix tournent autour de 120 euros (chez nous ou ailleurs d’ailleurs !).
– le stage en lui-même : évidemment, on préfère éviter et partir en weekend à la place. En revanche, vous parlez des « élucubrations d’un psychologue et d’un spécialiste de la sécurité routière » ? Avez-vous déjà assisté à un stage ? Que ce soit sur mon site ou ailleurs, lisez les témoignages des stagiaires ! C’est tout le contraire… De très nombreux stagiaires (y allant comme tous à reculons) nous disent : ce devrait être obligatoire pour tout le monde, en plus du permis ! C’est pas moi qui l’invente… On nous ouvre les yeux sur des choses qu’on ne soupçonnait même pas.
Bref, avant de travailler dans ce secteur j’avais les même a priori que tout le monde, mais la vérité est surprenante. Venez faire un tour dans nos stages, je vous invite ! En observatrice bien-sûr (sinon il faudra payer, je ne voudrais pas être accusée de tentative de corruption !).
A bientôt j’espère !
Elise