Elections américaines en novembre, hausse des taux directeurs de la Fed en décembre : il est urgent de vous préparer et de conserver vos liquidités disponibles. A peine le nouveau président intronisé, la Fed se verra sans doute contrainte de relever ses taux directeurs au plus mauvais moment. Les taux bas ou négatifs et la répression financière nous asphyxient, mais il ne devrait plus y en avoir pour très longtemps.
Un grand chambardement est à l’horizon.
Les taux ? Quels taux ? De quoi parle-t-on?
Le terme « taux » en français est vague et ambigu. Pour être précis, on devrait écrire « taux directeur », « taux d’émission » et « taux de rendement ». Mais la finance est déjà indigeste et, là, ce serait rajouter du beurre sur le foie gras… On parle donc de taux, mais la signification de ce terme est différente selon le contexte. Les taux directeurs sont, en gros, le prix de la création monétaire qu’une banque commerciale paye à sa banque centrale.
Voyez cela comme un plancher, les autres taux s’appuient sur ce plancher. Si le plancher monte, tout monte. Le taux d’émission d’une obligation — d’un pays ou d’une entreprise — est ce qu’elle rapporte sur sa durée. Par exemple, la France a emprunté sur 10 ans au taux de 0,328% le 5 octobre.
Deux précisions :
- les grands émetteurs, dont les titres sont cotés et changent de mains, ont le privilège de rembourser le capital à échéance et non pas au fur et à mesure comme pour la majorité des prêts des particuliers ;
- le marché obligataire primaire, celui des titres à l’émission, est tenu par quelques grandes banques au statut spécial (SVT ou Spécialistes en Valeur Trésor pour la France, primary dealers pour les Etats-Unis). Par analogie avec le marché automobile, voyez-les comme de gros concessionnaires qui écoulent de nombreux véhicules neufs auprès d’une clientèle d’entreprises (autres banques et investisseurs institutionnels).
Le taux de rendement d’une obligation est déterminé par le marché secondaire qui est le marché de l’occasion. Lorsque le détenteur d’un titre veut le vendre, il va sur ce marché. S’il trouve beaucoup de preneurs, le titre va monter et donc le rendement baisser. Si, au contraire, les acheteurs se font rares, le titre va baisser et le rendement monter.
C’est exactement comme de l’immobilier occupé. Si vous vendez plus cher, le rendement locatif qu’aura votre acheteur sera moins bon que le vôtre. Si vous vendez moins cher, son rendement locatif sera meilleur. En général, le marché primaire s’aligne sur le marché secondaire.
Si Air Liquide a sur le marché secondaire une obligation qui s’échange avec un rendement de 2%, il aura du mal à émettre une obligation nouvelle au rendement de 1% seulement. Le taux réel (ou rendement réel) est le taux (ou le rendement) diminué de l’inflation.
Si j’ai une obligation qui me rapporte 1% mais que l’inflation est de 2%, mon obligation a un rendement réel négatif de 1% puisque 1-2 = -1. Les banques centrales fixent les taux directeurs. Elles influencent les taux de rendement à la baisse en achetant des titres sur le marché secondaire ou même primaire. C’est ce qu’on appelle le quantitative easing — ou assouplissement monétaire, ou OMT, ou autres sigles jargonneux.
Voilà pour les nouveaux, les rudiments du marché obligataire.
Le créditisme expliqué en trente secondes
Le créditisme est un système qui permet aux banques commerciales de prêter de l’argent qui n’existe pas et qui ne correspond à aucune épargne préexistante. Le coeur du créditisme est la fixation du taux directeur par les banques centrales ; c’est le tarif minimal auquel les banques peuvent créer du crédit adossé à rien. Pour répondre à une fausse demande créée par le créditisme, des entreprises ont emprunté à ce même système financier pour investir.
Pensez à l’immobilier, aux voitures, aux téléphones, à l’électronique… achetés à crédit avec de l’argent qui n’a pas encore été gagné. Dans mon livre, Banques vos vrais risques, vous prenez la mesure du phénomène en regardant le ratio dépôt sur crédit des banques. Aujourd’hui, heureusement, ce ratio est revenu proche de 1.
Mais, avant la crise, des ratios de 0,75 étaient fréquents. 25% des prêts accordés avec de l’argent créé. Une autre estimation peut être faite en comparant le chiffre d’affaires cumulé annuel des entreprises françaises cotées au CAC 40 et le bilan des banques. Le premier chiffre est de l’ordre de 1200 milliards d’euros (Mds euros).
Dans le même temps, le bilan cumulé des quatre grandes banques françaises (BNP Paribas, Crédit Agricole Group, BPCE Natixis et Société Générale) se monte à 6 910 Mds euros. Pour 1200 Mds euros de biens et services commercialisés, il y a 6 910 Mds euros de crédits. On pourrait faire ces mêmes calculs pour la Zone euro, la Zone dollar… les proportions ne seraient pas bouleversées.
Nous ne sommes pas dans une crise de sous-consommation mais bien dans une crise de surproduction et de surendettement. Voyez un crédit comme une promesse. Nous vivons dans une économie où on n’échange plus quelque chose contre autre chose, on échange quelque chose contre une promesse de payer un jour.
Moins de crédit → moins d’argent
- Moins d’argent → moins de demande
- Moins de demande → des prix qui baissent
- Des prix qui baissent → des investissements qui ne sont pas rentabilisés
- Des investissements qui ne sont pas rentabilisés → des prêts en défaut
- Des prêts en défaut → des difficultés dans les banques
Cette lecture économique est différente de la vulgate keynésienne diffusée par les banques centrales, les milieux politiques et financiers, les médias et la très grande majorité des économistes qui sont payés par les précédents.
[NDLR : Texte extrait du numéro de novembre de La Stratégie de Simone Wapler.
Au programme de ce mois-ci : pourquoi la hausse des taux directeurs de la Fed devient probable et l’analyse de ce qui pourrait se passer dans l’optique « espérons le meilleur mais préparons-nous au pire« . Simone fait également un point sur la crise bancaire européenne ; vous donne une perspective sur l’évolution de l’or et des minières. Recevez dès maintenant votre exemplaire de La Stratégie de Simone Wapler en cliquant ici…]