Au sein de la communauté scientifique et de la population, la question de l’obligation vaccinale fait débat.
Un peu d’Histoire
La vaccination apparaît en 1796 avec Edward Jenner, un médecin anglais qui immunise un enfant contre la variole à partir de pus prélevé sur une pustule de patiente atteinte de variole bovine. En 1882, Robert Koch, médecin allemand, isole le bacille de la tuberculose (ou bacille de Koch). En 1885, Louis Pasteur vaccine contre la rage. En 1890, Shitasaburo Kitasano, bactériologiste japonais, et Emil von Behring, médecin allemand, produisent des antitoxines de la diphtérie et du tétanos.
La France se distingue très vite du reste du monde en rendant obligatoire la vaccination contre la variole (1902), la diphtérie (1938), le tétanos (1940) et la poliomyélite (1964). Tous les autres vaccins sont considérés comme facultatifs, recommandés mais pas obligatoires. Seule l’Italie propose le même type de politique sanitaire.
Du 25 au 30 avril, s’est tenue la 10e édition de la semaine européenne de la vaccination, coordonnée par le ministère de la Santé et l’Inpes (Institut national de prévention et d’éducation pour la santé) et pilotée en régions par les ARS (les Agences régionales de la santé). Dans la continuité de la simplification du calendrier de la vaccination de 2013, le thème de l’obligation a occupé les débats, d’autant qu’aucun vaccin n’a été rendu obligatoire depuis 1964 et que les controverses gonflent quant à la poursuite de ce type de santé publique.
La cote des vaccins en baisse
Alors qu’en 2005, 90% des Français en avaient une opinion favorable, en 2010, ils n’étaient plus que 61,5% selon deux enquêtes de l’Inpes. Aujourd’hui, la confiance semble regagner du terrain mais sans atteindre celle des années 2000. D’où vient cette désaffection ? Trois éléments entrent en compte : la critique de l’efficacité des vaccins, les risques et le manque d’informations.
Une autre enquête de l’Inpes révèle que 40% de la population avoue ne pas savoir comment agit un vaccin… Une ignorance qui fait le lit de la méfiance !
Comment ça marche ?
Les principes d’action de la vaccination reposent sur la notion d’immunisation : quand une personne est atteinte d’une maladie infectieuse et qu’elle guérit, elle est immunisée, c’est-à-dire qu’elle est dorénavant protégée contre une nouvelle infection.
Elle ne développera plus la maladie ou alors sous une forme atténuée. C’est cet effet protecteur que la vaccination essaie de reproduire : immuniser mais sans rendre le sujet malade. Le vaccin va leurrer le système immunitaire en lui faisant croire qu’il est atteint d’une infection : pour cela, le vaccin doit contenir des éléments du microbe, les antigènes microbiens. Le système immunitaire va produire des cellules tueuses qui vont détruire les corps étrangers et une faible proportion de microbes va demeurer dans le corps pour former ce qu’on appelle la mémoire immunitaire. Si l’agent pathogène réapparaît, ces cellules rescapées le reconnaîtront et activeront le système immunitaire pour combattre l’infection.
Il existe plusieurs manières d’induire cette mémoire et chacune a des avantages et des inconvénients : les vaccins sont des médicaments et, comme les médicaments, ils ont des effets secondaires (le plus souvent, des douleurs au point d’injection et de la fièvre) et des contre-indications.
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Les vaccins dits « vivants atténués » (BCG contre la tuberculose) offrent une protection rapide et de longue durée, mais peuvent présenter un risque infectieux : ils sont donc déconseillés pour les personnes affaiblies immunitairement (infection au VIH, leucémie…). Les vaccins dits « inactivés » (contre la poliomyélite, par exemple), quant à eux, peuvent provoquer des effets secondaires. Les vaccins dits « anatoxiques » (tétanos et diphtérie), comme les vaccins dits « sous-unitaires » (rougeole) sont souvent mieux supportés mais moins immunogènes : pour accroître leur pouvoir d’immunisation, on y intègre des adjuvants. Ces mêmes adjuvants permettent de diminuer le nombre d’injections nécessaires pour le maintien à long terme d’une bonne immunisation.
Depuis une vingtaine d’années, les controverses augmentent, malgré un processus d’élaboration long (au moins une dizaine d’années), contrôlé par l’EMA (l’Agence européenne du médicament) et par l’ANSM (l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé).
Le vaccin n’est pas un médicament comme les autres
Le caractère obligatoire de la vaccination contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite alors même que d’autres vaccins ne sont que recommandés et donc considérées comme facultatifs, pose question. Daniel Foret, président du comité chargé d’élaborer le calendrier vaccinal, avance qu’en France, « on risque bien plus de mourir d’une méningite à pneumocoque que de diphtérie ». Peut-on alors encore parler de santé publique lorsque les vaccins obligatoires ne prennent pas en compte l’éradication de certaines infections et le développement d’autres ?
Aujourd’hui, un vaccin est destiné soit à une même classe d’âge (seniors pour la grippe), soit à une population atteinte d’une même pathologie chronique (asthmatiques pour la grippe), ou encore à une population professionnelle fortement exposée au risque (santé, enfance) ou à des catégories défavorisées (BCG pour les plus démunis). Ces vaccins recommandés font l’objet d’une politique de ciblage qui risque d’oublier des malades sur le bord du chemin et d’accentuer le désintérêt des populations « non ciblées » pour la vaccination en général. Le ciblage n’a de sens que pour deux maladies : la tuberculose et la grippe.
Le vaccin est administré à des personnes en bonne santé. L’idée d’introduire un corps étranger dans un organisme sain pour le protéger peut en rebuter plus d’un. Patrick Zylberman, historien et chercheur Inserm à l’université Paris-Descartes, assure que « la défiance envers les vaccins est aussi vieille que la vaccination ». Du désintérêt, on passe vite à la méfiance.
Les controverses explosent
Dès 1993, on a accusé le vaccin de l’hépatite B (VHB) de déclencher la sclérose en plaques. La gestion catastrophique de la controverse par les pouvoirs publics (campagne de vaccination généralisée puis retrait pour les adolescents par Kouchner contre l’avis des experts et maintien juste pour les nourrissons…), très relayée par les médias, n’a fait qu’accentuer l’effondrement de la couverture vaccinale du VHB alors qu’aucune étude ne permettait de statuer de façon claire et définitive.
A la même époque, en Angleterre, on soupçonnait que le ROR (rougeole, oreillons, rubéole) entraînait l’autisme régressif (forme rare qui apparaît subitement chez des enfants dont le développement semblait normal) et des troubles gastro-intestinaux. Les retentissements furent énormes aux Etats-Unis aussi, alors que l’étude publiée dans la revue The Lancet en 1998 fut critiquée.
Plus récemment, ce sont les vaccins contre le papillomavirus humain (HPV) qui ont été très critiqués. Censés protéger contre le cancer du col de l’utérus, ces vaccins, mis sur le marché en 2006 et 2007, se sont attirés de nombreux reproches : trop chers, peu efficaces et ne présentant que peu d’intérêts en termes de santé publique, le dépistage le plus efficace restant sans nul doute le fameux frottis cervico-vaginal régulier. Difficile d’estimer l’efficacité de ces vaccins quand on considère qu’ils s’adressent aux jeunes filles de 11 à 14 ans, alors que ce cancer ne se déclare que beaucoup plus tard dans la vie (45-50 ans). Ceci étant, plusieurs études ont démontré une baisse significative du taux d’infections par le virus susceptibles de déclencher des lésions cancéreuses plus tard. Accusé aussi de déclencher des scléroses en plaques, ces vaccins ont donné lieu en 2013 à des plaintes, alors même que la dernière étude en date n’a pas établi de lien (étude sur un échantillon de 4 millions de femmes scandinaves).
Le cas du virus A /H1N1 est celui qui a le plus entamé la confiance des Français entre 2009 et 2010. Il a cristallisé les peurs et les interrogations posées par les adjuvants.
Des questions se posent sur l’innocuité des adjuvants à base de sels d’aluminium : utilisés depuis les années 1920, ils sont mis en cause dans l’apparition de la myofasciite macrophage (MFM). C’est une maladie rare caractérisée par une fatigue chronique, des douleurs musculaires et des troubles cognitifs. Jusqu’ici, la communauté scientifique considérait que les sels s’éliminaient dans les urines, mais il semblerait que, chez certaines personnes, l’aluminium serait biopersitant pendant de nombreuses années et migrerait dans le corps. Son accumulation dans le cerveau occasionnerait alors une toxicité neurologique qui pourrait expliquer une partie des symptômes constatés.
Malheureusement pour ces patients, il n’y a pas de consensus et leur nombre réduit par rapport au nombre de personnes vaccinées n’encouragerait pas le financement de la recherche. La confusion est d’autant plus grande qu’on sait que, pour une même infection, il existe des vaccins avec et sans adjuvants. Les « sans adjuvants » sont à ce jour réservés aux patients à risques, comme les femmes enceintes. Cela pose la question de la restriction du principe de précaution : pourquoi ne pas étendre le principe à l’ensemble de la population ?
Dès 2010, des chercheurs de plusieurs pays ont observé plusieurs cas de narcolepsie (accès de sommeil brutaux et incontrôlables) suite à la vaccination anti-H1N1 aux sels d’aluminium, couplés à une cataplexie (perte soudaine de tonus musculaire). En France, environ 60 personnes sont concernées sur 6 millions de vaccinés : le risque est donc faible.
On voit que la communication et l’information ont un rôle à jouer dans la vaccination : le cas du H1N1 est édifiant, avec la mise à l’écart des généralistes de la campagne de vaccination. L’achat en masse de vaccins a aussi donné lieu à des soupçons de conflits d’intérêts avec les laboratoires pharmaceutiques. On a parlé d’expérimentations à grande échelle, de vaccins insuffisamment contrôlés.
Entre la rumeur, la croyance irrationnelle amplifiée par les réseaux sociaux et les faisceaux de preuves scientifiques troublantes, difficile de garder la tête froide : à peine devenus parents, on nous impose de vacciner notre nourrisson, notre enfant, puis notre adolescent sous peine de ne pas avoir accès à la collectivité, sans compter le regard réprobateur de votre praticien lorsque vous lui posez des questions sur les vaccins. C’est tout ou rien : les nouvelles formules ne vous laissent plus le choix.
Tandis que le DTPolio classique a été retiré du marché, vous vous retrouvez à devoir vacciner votre bébé de deux mois contre la diphtérie, le tétanos, la polio, l’hépatite B, le pneumocoque et l’Haemophilus avec comme adjuvants l’aluminium, le mercure et le formaldéhyde (strictement interdit dans les jouets de vos bambins) sans être correctement informé, sans que l’on vous pose la moindre question sur les antécédents familiaux, sans tenir compte des terrains allergiques possibles, sans avoir le temps d’évaluer le bénéfice/risque.
Quand votre généraliste insiste pour que vous vacciniez votre fils avec le BCG nouvelle formule parce que vous habitez en région parisienne (zone où la tuberculose n’est pas éradiquée), vous l’écoutez, vous lui faites confiance. Quand vous revenez à son cabinet, catastrophé par la plaie béante et purulente sur le bras de votre enfant et que votre généraliste vous signifie que ce n’est rien, vous lui faites encore confiance… Mais quand, après des semaines de soins, la plaie suinte toujours… Oui, c’est du vécu et, pour le coup, je n’ai jamais pu me résoudre à vacciner mes deux autres enfants de peur de revivre ces mois d’angoisse à courir de généralistes en spécialistes qui feignent d’ignorer la « bécégite » que votre fils a contractée. Je peux lui raconter aujourd’hui le pourquoi de sa cicatrice, mais ce qui est dommage, c‘est que je conserve une forme de crainte de vacciner les plus jeunes par peur de la réaction allergique induite (connue et reconnue) par les adjuvants et une appréhension tout aussi pénible lorsque je lis des articles sur la persistance de la tuberculose en région parisienne où je réside.
N’oublions pas les maladies éradiquées
L’OMS estime que les vaccins évitent chaque année le décès de 2 à 3 millions de personnes. Les vaccins ont contribué (avec les antibiotiques et l’amélioration de l’hygiène) à faire reculer, voire à faire disparaître certaines maladies infectieuses graves : éradication de la variole, diminution de 90 à 99% de maladies telles que la poliomyélite, le tétanos et la diphtérie dans les pays développés.
Il ne faudrait pas l’oublier trop vite, d’autant que certaines maladies ressurgissent comme la coqueluche aux Etats-Unis (depuis 2011) ou la rougeole en Europe (en 2008 et en 2013).
Ce ne sont pas des maladies bénignes ! Je m’en tiens aux vaccins obligatoires, mais je pourrais évoquer le cas du méningocoque C qui, comme l’hépatite B, présente une couverture vaccinale faible.
La vaccination est un acte altruiste pour protéger ses proches et la population en général, y compris les personnes pour qui la vaccination est difficile d’accès ou contre-indiquée.
Il faut impérativement restaurer la confiance
C’est l’objectif que se sont fixé les Sesstim (Sciences économiques et sociales de la santé et traitement de l’information médicale) qui regroupent des médecins, des sociologues, des économistes et des épidémiologistes. Les messages sanitaires ne sont pas efficaces, trop alarmistes, trop anxiogènes, trop culpabilisants.
Rappelez-vous l’emballement médiatique de 1994 au sujet de l’hépatite B. En quatre ans, plus de 20 millions de personnes ont été vaccinées, avec une campagne sans précédent chez les collégiens, plus que jamais concernés parce que le virus « passait par la salive » (par le verre du voisin ou le premier petit baiser donné à son amoureux…). La France n’était pas un pays en voie de développement, mais la crainte s’était emparée de tous : pouvoirs publics, parents, enfants…
Il faut remettre le généraliste au centre de la discussion : la tâche est d’autant plus ardue que les rumeurs vont bon train sur les réseaux sociaux. A l’ère d’Internet, la communication des laboratoires et des médecins est insuffisante et reste souvent trop péremptoire. Les gens qui posent des questions ne sont pas des anti-vaccins. Il y a et il y aura toujours des opposants, il serait malhonnête de les réduire à des illuminés incapables de comprendre une politique de santé publique pour peu qu’elle soit transparente. Deux catégories sociodémographiques se distinguent : des personnes à faible revenu et peu éduquées, mal informées d’un côté, et de l’autre, des classes moyennes éduquées s’investissant beaucoup dans leur santé en cherchant l’information tout en se méfiant des autorités sanitaires et de la médecine dominante.
Il y a clairement trois points de blocage : la réaction du corps médical très peu formé aux symptômes et aux réactions allergiques vaccinaux, l’industrie pharmaceutique peu encline à substituer les adjuvants mis en cause et les autorités sanitaires telles que l’Afssaps qui peinent à transmettre toutes les informations sur, par exemple, les personnes ayant développé une maladie auto-immune. C’est un barrage idéologique : « ça ne peut pas faire de mal », les vaccins… Pourtant, dans le Vidal, dès 1995, sont répertoriés les effets secondaires possibles d’un vaccin administré à nos bambins, l’Engerix : allergie, névrite, sclérose en plaques, arthrite, vascularite… Vous avez le droit de savoir ce qu’on vous injecte au même titre que vous devez être informé des dégâts causés par les maladies infectieuses.
Les autorités de la santé ont trop pris l’habitude au même titre que les laboratoires pharmaceutiques d’ignorer les critiques, voire de les dénigrer : les effets secondaires et les risques existent comme pour tout médicament. Plutôt que de jouer la carte de la communication et du marketing, il faudrait développer la recherche sur ces cas de maladies et ces allergies qui apparaissent suite à certaines vaccinations, avec ces adjuvants dont on connaît la toxicité. Il est urgent de garantir une bonne surveillance et une bonne prise en compte des effets secondaires des vaccins. Changer la composition des vaccins représenterait un coût certainement colossal pour la puissante industrie pharmaceutique mais il en va de notre santé, qui, elle, n’a pas de prix. Les conflits d’intérêts existent au sein même des institutions de la santé, le lobbying aussi.
Gardez un esprit de dialogue avec votre médecin, et si celui-ci rechigne à répondre à vos interrogations, vous trouverez comme moi un médecin qui ne vous infantilisera pas : il est tout à fait légitime de se poser des questions sur la composition des vaccins et les effets secondaires. Cela ne fait pas de vous un anti-vaccination.
3 commentaires
Restaurer la confiance ?
C’est mal parti lorsque dès la première phrase on relève une grossière erreur : ce n’est pas en 1769 que Jenner a vacciné pour la première fois, mais en 1796 !
On n’a pas envie de lire la suite, qui n’est qu’un ramassis des lieux communs et autres semi-vérités propagandistes.
Bonjour,
Merci pour votre réflexion. Il s’agit d’une faute de frappe. (le 6 et le 9 ayant été inversés). Nous avons corrigé.
Pour ma part je trouve que c’est un bel article bien documenté, précis et à jour. Clair à tout néophyte.
Article neutre, ouvert, optimiste et invitant au débat.
Je l’ai lu d’un trait.
Je m’intéresse au sujet et, en tant que jeune papa, me pose des questions.