En 2016, l’ancien PDG de Google, Eric Schmidt, se préparait à intervenir devant un public de plusieurs milliers de personnes lors de la conférence du Milken Institute, groupe de réflexion économique indépendant basé à Santa Monica.
Tandis que les équipes préparaient la scène, les participants à la conférence s’entassaient dans la salle de bal internationale du Hilton de Beverly Hills, tentant de trouver un siège afin d’assister à ce qui serait l’une des interventions les plus surveillées de la journée.
Quelques minutes plus tard, il a pris le micro pour prononcer son discours inaugural sur les futures tendances technologiques les plus importantes. Comme il a été PDG de Google, lorsque Schmidt parle, les gens l’écoutent.
La plupart des gens pensaient que le numéro un de Google allait se concentrer sur des éléments comme l’intelligence artificielle (IA), la génomique, l’automatisation ou les voitures autonomes…
Quasiment personne n’était prêt à entendre ce dont Schmidt a parlé à la place : le bétail.
De toutes les évolutions majeures que nous examinons au quotidien, c’est de loin la plus délicieuse…
L’avenir de l’alimentation
Schmidt parlait de la tendance « geeks contre bétail » – la révolution de la « viande sans viande ». Si vous ne connaissez pas encore, il s’agit du passage imminent aux alternatives végétales, par opposition aux produits animaux traditionnels.
Schmidt a souligné que les vaches représentaient « jusqu’à 15% du réchauffement climatique ». Il a également expliqué qu’en passant à des alternatives végétales, nous pouvions avoir un effet positif sur certains problèmes liés au changement climatique, et réduire radicalement le coût de l’alimentation au niveau mondial.
Ces dernières années, les aliments basés sur les plantes ont gagné énormément de terrain.
En tête de cette tendance, on trouve les ventes de protéines végétales, qui ont augmenté de 268% rien que sur l’année passée – représentant aux États-Unis désormais 2% du marché de la viande, lequel pèse 270 Mds$.
L’opportunité majeure, ici, se trouve dans la marge de croissance.
Entrez dans n’importe quel grand magasin d’alimentation aux États-Unis (ou ailleurs), et vous serez instantanément bombardé d’alternatives végétales aux œufs, au lait, au yaourt, au fromage et, de plus en plus, à la viande elle-même.
Durant les quelque trente années qui se sont écoulées depuis l’introduction d’alternatives végétales au lait (lait de soja, lait d’amande et, plus récemment, lait d’avoine), ces produits en sont venus à représenter la part impressionnante de 15% du marché du lait.
Si l’on part du principe que les alternatives à la viande connaîtront une trajectoire similaire, cela suggère que la viande végétale pourrait atteindre la somme stupéfiante de 40 Mds$ de ventes annuelles dans les dix années qui viennent, soit dix fois la taille du marché actuel.
Les ventes hors États-Unis pourraient être encore plus importantes : en effet, les consommateurs européens, soucieux de leur santé, recherchent aussi des alternatives plus propres et plus écologiques à une industrie de la viande mal réglementée.
Avec toutes les inquiétudes liées au cancer, au cholestérol et autres problèmes de santé associés à la viande, il n’est pas surprenant que les carnivores eux-mêmes changent leurs habitudes.
Enfin, la demande d’une population mondiale en hausse et la simple inefficacité de la production de viande augmenteront encore l’attrait des aliments basés sur les plantes.
Réfléchissez à cela : la production de viande aux États-Unis représente environ 50% de l’utilisation des terres agricoles, mais seulement 3% de la production calorique.
Alors que la population mondiale devrait augmenter de 27% pour atteindre 9,8 milliards de personnes d’ici 2050, la production annuelle de viande devrait quasiment doubler, passant à 470 millions de tonnes, contre 200 millions de tonnes actuellement.
Ce n’est clairement pas viable. Des alternatives seront donc nécessaires, dont le passage à la « viande sans viande » fait partie. Plusieurs entreprises se positionnent déjà sur cette tendance de fond.
La course aux profits végétaux
Le leader actuel de la viande sans viande est incontestablement Beyond Meat.
Cette entreprise basée à Los Angeles a été fondée en 2009, mais elle a atteint des niveaux stratosphériques ces dernières années.
Beyond Meat fabrique une série d’alternatives végétales au poulet, au porc, aux saucisses et aux burgers ; elles sont conçues pour se cuisiner comme de la viande traditionnelle, et en ont le goût et même l’aspect.
Du point de vue de l’investisseur, l’entreprise a eu une année couronnée de succès.
Beyond Meat a été introduite en Bourse en mai 2019 lors de l’une des IPO les plus réussies de l’année. Elle est passée d’un prix d’introduction de 25 $ à un pic de plus de 235 $ l’action, avant de revenir au niveau bien plus raisonnable autour des 95 $ ces derniers jours.
Pas moins de 93% des clients de Beyond Meat sont des « flexitariens » – des gens qui mangent généralement de la viande mais ne sont pas contre réduire leur consommation et manger un petit burger de protéines de pois de temps en temps.
Les dirigeants de l’entreprise soulignent que le taux de rachat de leurs produits est de 45%, un chiffre étonnant pour n’importe quel nouveau produit alimentaire.
L’enthousiasme pour les actions de Beyond Meat (et ses burgers sans viande) cette année représente une demande croissante de choix alimentaires sains et écologiques de la part des consommateurs informés d’aujourd’hui.
Évidemment, Beyond Meat n’est pas la seule société basée sur les plantes qui progresse dans le secteur.
Plusieurs start-up végétales prennent de la vitesse…
Beyond Meat est confrontée à la concurrence d’Impossible Foods, une société privée qui fabrique un produit carné génétiquement modifié, conçu pour avoir le goût de la viande naturelle (il peut même « saigner » comme elle). Jusqu’à très récemment, Impossible Food travaillait avec le géant de l’alimentation Dave & Buster’s pour commercialiser l’Impossible Burger. Mi-octobre 2019, Dave & Buster’s a annoncé un nouveau partenariat avec la société canadienne Maple Leaf Foods, pour produire un burger sous leur marque Lightlife.
Avec autant de publicité et de potentiel de profit entourant la viande végétale, les plus grands fabricants alimentaires commencent à s’y intéresser.
Rien que sur les douze derniers mois, des chaînes allant de White Castle à Dunkin’ Donuts, en passant par Burger King, ont ajouté des alternatives végétales à leurs menus.
À mesure que d’autres sociétés comme Impossible Foods et leurs fournisseurs entreront en Bourse dans les années qui viennent, les investisseurs auront selon moi de nombreuses occasions de capitaliser sur l’avenir de l’alimentation.
Cela fait partie des tendances d’investissement très prometteuses que je garde à l’oeil dans le cadre de mon service Les Dossiers d’Altucher et son volet financier, Les Investissements d’Altucher. Pour nous rejoindre, cliquez ici.