L’obsolescence programmée par les industriels, sanctionnée par une loi depuis 2015, n’est un secret pour personne. Mais saviez-vous que 70% des appareils déposés dans les décharges étaient réparables ?
Plutôt que de jeter votre grille-pain, qui ne semble plus fonctionner, et en racheter un neuf en vous disant, qu’après tout, ce n’est pas bien cher, donnez encore une chance à celui qui a doré vos tartines matin après matin !
Des initiatives émergent ici et là dans le but de sensibiliser les citoyens, les extraire d’une habitude de surconsommation, les inciter à réparer ce qu’ils possèdent déjà et ainsi réduire leurs déchets. Parmi elles, le Repair Café.
Les premiers Repair Cafés en Hollande
Le Repair Café a été lancé par Martine Postma, en 2009, à Amsterdam. « Ce n’était pas un concept nouveau, les ateliers de réparation participatifs existant depuis longtemps, notamment pour les vélos, explique David Bourguignon, président de l’association Repair Café Marseille. Mais le génie de Martine Postma a été de faire de ce concept une marque reconnaissable et d’associer la réparation à la convivialité d’un lieu comme le café. Les Nordiques sont très tournés vers le partage, la recherche de moments chaleureux autour d’une boisson chaude et d’un bon gâteau. » Souvenez-vous, cher lecteur, de l’article sur le Hygge !
Comme l’indique la charte des Repair Cafés, « les réparations et activités dans un Repair Café sont effectuées gratuitement par des réparateurs bénévoles ».
« Pour Martine Postma, le but des Repair Cafés n’est pas de faire de la réparation gratuite mais bien de recréer l’économie de la réparation« , analyse David Bourguignon.
Les Repair Cafés sont depuis devenus un mouvement international, à la tête duquel se trouve la Repair Café Foundation (aux Pays-Bas). Il en existe dans de nombreux pays d’Europe et du monde, parmi lesquels la Belgique, le Chili, le Japon… et la France.
Les Repair Cafés français
Consultant indépendant, spécialisé dans les technologies de l’information pour le développement durable, David Bourguignon travaille notamment sur des projets cofinancés par la région PACA. « Pour le dernier projet, nous souhaitions développer des solutions dans le cadre de la transition énergétique, impliquant la population, raconte-t-il. Je me suis aperçu que Marseille ne proposait pas de Repair Café – or, réparer les objets a un impact massif sur notre consommation d’énergie et de ressources ! – et y organiser des ateliers de réparation participatifs m’a donc semblé être une première étape très intéressante. »
Les ateliers sont dispensés le plus souvent en soirée, durant deux heures. Chaque participant doit s’inscrire au préalable et les groupes sont composés au maximum de cinq personnes. Si le temps imparti et la nature des espaces ne laissent pas vraiment place au partage de douceurs et de pâtisseries, les bonnes ondes sont toujours au rendez-vous ! « Chacun s’assoit autour d’une même table, avec le réparateur, décrit David Bourguignon. C’est un vrai moment de partage à plusieurs et bien souvent, les participants s’entraident sans forcément attendre l’intervention du réparateur. »
Pas question de rester de simples spectateurs. « Les participants effectuent autant que possible eux-mêmes les réparations, si nécessaire avec l’aide des réparateurs présents », précise la charte des Repair Cafés.
L’impact des déchets
Les objets qui ont une faible valeur marchande (grille-pain, bouilloire…) sont trop souvent jetés avant toute tentative de réparation, le consommateur estimant pouvoir les racheter facilement. Or, l’impact de la multiplication des déchets sur l’environnement et l’économie est très lourd.
D’après l’ADEME, l’ensemble des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) est évalué à 1,5 million de tonnes, dont 1,3 million de tonnes de DEEE ménagers, et ce chiffre augmente, année après année.
« L’économie du réparable a été remplacée depuis une cinquantaine d’années par une économie de la mauvaise qualité et du jetable, regrette profondément David Bourguignon. D’après l’association Zero Waste France, la France est le pays en Europe qui a le plus de supermarchés et d’incinérateurs par habitant ! Il faut aujourd’hui faire tourner le commerce de la grande distribution et pour cela, attirer le client avec des promesses de prix bas. » Et qui dit prix bas dit bien souvent mauvaise qualité.
Pour moins jeter, renouez avec la qualité
Vous avez les cartes en mains pour changer les choses, en apprenant à réparer.
Mais avant toute chose, changez votre manière d’acheter. Pour durer, un petit appareil électroménager doit être de qualité. Et la qualité a un prix.
Privilégiez les fabricants proposant le niveau de service le plus élevé, les garanties les plus longues et la disponibilité à long terme des pièces détachées. Miele (Allemagne) fabrique des machines à laver qui attendent 25 ans avant de connaître leur première panne… et que l’on peut réparer, bien sûr ! En France, Seb s’est récemment engagé à fournir des pièces détachées pendant 10 ans pour chaque appareil.
Pensez durable et prenez soin de vos appareils afin qu’ils vous accompagnent aussi longtemps que possible.
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1 commentaire
Bonjour,
merci pour cet article.
Il est souvent simple de réparer ou changer une pièce détachée sur un appareil électroménager de la maison. Entre l’achat d’un appareil de qualité, donc durable, et la réparation par soi-même, nous pouvons influer énormément sur le monde qui nous entoure.
Cela reste difficile pour un client de savoir si l’appareil neuf qu’il achète pourra encore être réparé dans 5 ans ou 10 ans. Il faut surtout éviter les premiers prix car le taux de « réparabilité » est quasi nul.
Quant aux repair café, ils ne sont pas assez connus. Mais cela pourrait se développer dans les prochaines années !