Si vous voulez rapidement faire fortune à Wall Street, lancez-vous dans l’univers des fusions/acquisitions de haut vol.
Avec quelques bonnes opérations seulement, vous pourriez être à l’abri jusqu’à la fin de vos jours.
Inutile d’être PDG, d’évoluer dans l’univers de la banque d’investissement ni même d’en être salarié pour réaliser des gains. Il suffit de suivre leur exemple.
Un bonus de 2,7 M$
En 2017, une société appelée NeuroDerm n’était encore qu’une petite biotech travaillant sur un traitement prometteur destiné aux personnes atteintes de la maladie de Parkinson.
Ceux qui détenaient ses actions espéraient simplement que la société exercerait assez longtemps pour que son produit franchisse les étapes des essais.
Et puis le 24 juillet 2017, un laboratoire pharmaceutique japonais a soudain annoncé qu’il rachetait NeuroDerm pour la somme de 1,1 Mds$.
Ce fut une excellente nouvelle pour toutes les personnes concernées.
Normalement, avec ce type d’opération, et pour demeurer au conseil d’administration, l’équipe dirigeante de la société rachetée reçoit un bonus représentant 25% de son salaire de base. L’employé le moins bien payé peut s’attendre à une prime allant jusqu’à 10% de son salaire.
Les banquiers d’investissement qui contribuent à monter ces opérations sont bien récompensés eux aussi. Ils sont incités à décrocher l’offre de rachat la plus élevée possible, dans la mesure où ils empochent traditionnellement un bonus représentant 0,25% du montant final de l’opération.
Autrement dit, ceux qui ont contribué à boucler le rachat de NeuroDerm ont empoché 2,7 M$ de bonus.
Les investisseurs ont profité de l’opération, eux aussi… mais probablement pas autant que vous ne l’imaginez. L’offre de la société japonaise représentait une prime de 27% par rapport au prix de l’action NeuroDerm, à l’époque.
C’est… correct. Mais je parie que les investisseurs auraient préféré gagner une somme semblable à celle que tous les autres ont empochée dans le cadre de cette opération.
Il se trouve qu’ils auraient pu. Il aurait suffi d’agir avant que l’opération soit annoncée. C’est quelque chose que je sais depuis le temps où je travaillais dans des hedge funds…
Les signes distinctifs d’un gagnant
J’ai fait mes débuts en tant que directeur des investissements dans un hedge fund gérant plusieurs millions de dollars. Au sommet de ma carrière, je gérais plus de 20 M$ de comptes individuels.
Je n’ai pas tardé à découvrir les sommes que mes clients pouvaient gagner sur une simple annonce de fusion. Et comme j’avais un bonus basé sur les bonnes performances de mes clients, cela m’incitait à surveiller de près les activités liées aux acquisitions.
C’est ainsi que j’ai remarqué que les annonces de rachat les plus surprenantes suivent un schéma bien distinct. Et en creusant un peu, j’ai découvert que c’est parce que les sociétés qui font l’objet de rachats ont souvent beaucoup de caractéristiques en commun.
Fort de cette information, j’ai créé une méthode permettant de trier les sociétés mûres pour un rachat.
Par exemple, j’ai recherché des tendances à la consolidation dans un secteur. En gros, lorsqu’une société rachète un rival plus modeste et double son envergure du jour au lendemain, le reste du secteur doit réagir. Pour que ses concurrents restent dans la course, ils doivent, eux aussi, racheter des entreprises plus modestes.
En me focalisant sur les secteurs qui traversaient une phase de consolidation rapide, j’ai pu isoler des cibles dont la probabilité de rachat était élevée.
Bien entendu, l’acquisition doit augmenter la valeur de l’entreprise la plus importante des deux. Alors il faut rechercher des sociétés ayant peu de dettes… d’excellents actifs… des activités en plein essor… de nouveaux produits… un vaste réseau… etc.
Tous ces facteurs peuvent se résumer à de simples chiffres. En triant, on laisse de côté les brebis galeuses et on ne garde que les entreprises solides n’ayant pas besoin d’une offre de rachat pour réussir. Elles sont assez solides pour tenir debout toutes seules.
Mais mon système avait une faille : il était trop passif. Il fallait attendre en espérant qu’une grande entreprise identifierait les mêmes choses que moi. On ne pouvait savoir quand – ni même si – une grande entreprise allait mordre à l’hameçon.
Il me fallait quelque chose de plus dynamique, pour identifier les cibles des acquisitions. Or la meilleure méthode consiste à entrer dans la tête des gens qui négocient l’opération avant qu’elle ne soit annoncée publiquement.
Les initiés savent toujours
La SEC est assez stricte à propos des informations qu’une société a le droit de divulguer, et du moment où elle peut le faire. L’État ne veut pas que quelqu’un profite d’informations qui ne sont pas connues du public.
En fait, investir en se basant sur des informations inconnues du public est considéré comme un délit d’initié : c’est illégal.
Alors tout doit être annoncé à tout le monde simultanément. Voilà pourquoi beaucoup d’annonces d’acquisitions surprennent tout le monde.
Mais il faut qu’un grand nombre de personnes ait gardé le silence.
Songez au nombre d’employés concernés, avant que l’opération ne soit signée.
Les comptables moulinent les chiffres… les juristes étudient les documents… On dit aux employés qui sont en contact avec la clientèle d’être exemplaires. Même les réceptionnistes en savent plus que le grand public, simplement en accueillant les visiteurs et en transmettant les appels.
Et ces gens ont de la famille et des amis… à qui ils parlent tous les jours. Il est facile de laisser passer une information confidentielle, accidentellement, sans même s’en rendre compte.
Et il faut tenir compte des gens qui entendent certaines de ces conversations et en déduisent toute l’histoire.
Ce que je veux dire, c’est qu’au moment où une société annonce qu’elle a accepté une offre de rachat, un grand nombre de personnes sont déjà au courant. Certaines d’entre elles ont peut-être même agi en apprenant ces informations, et se sont préparées à réaliser d’énormes gains alors que le reste du monde ignore tout.
Et il est très probable que, pour éviter de « refiler le tuyau », elles aient recours aux options.
La preuve que les initiés ont une longueur d’avance
Les options ont tendance à intimider bon nombre d’investisseurs, mais c’est le secteur idéal pour réaliser des trades en toute discrétion.
Elles s’achètent et se vendent sur les principales places de marché. Leur valeur est rattachée au cours de l’action d’une société spécifique.
À chaque société cotée correspondent des milliers d’options, et des millions de contrats qui changent de mains chaque jour.
Le potentiel de gain qu’offrent les options est énorme. Les gains réalisés sur un seul contrat peuvent être très supérieurs aux gains réalisés sur un grand nombre d’actions. Alors un initié n’a pas besoin d’acheter trop de contrats pour réaliser un énorme gain grâce à ses informations.
Si les régulateurs peuvent remarquer qu’un individu a soudain réalisé des transactions sur un bloc d’actions, ils peuvent facilement passer à côté de petits blocs d’options qui s’échangent.
Et toutes les études indiquent que c’est exactement ce qui se passe.
Il semblerait que des transactions sur options se produisent « pile » avant qu’une société annonce une grande nouvelle, comme une offre de rachat, par exemple. Une équipe ayant réalisé une étude a même déclaré que les résultats « correspondaient à des stratégies rapportant des rendements anormaux aux investisseurs disposant d’informations confidentielles ».
Autrement dit, certaines personnes réalisent des transactions comme si elles disposaient d’informations d’initiés… et elles en tirent de jolis profits !
Alors si l’on découvrait ce que font ces initiés, on pourrait faire comme eux.
C’est à ce moment-là que j’ai commencé à me renseigner discrètement… et que j’ai découvert quelque chose de sidérant.
Un système affichant un taux de réussite de 95,2%
Dans le cadre de mes recherches, j’ai appris qu’une société avait développé un logiciel de trading « propriétaire » conçu pour identifier des pics d’activité subtils sur le marché des options.
Par exemple, si en temps normal, une option spécifique change de mains 4 000 fois par jour, et qu’un jour cela passe brutalement à 6 000, le système le repère.
Ce logiciel est loué à des hedge funds pesant des milliards de dollars. Mais j’ai pensé qu’il pourrait m’aider à identifier de grandes annonces de rachats. Alors je l’ai testé.
D’abord, j’ai examiné 42 des plus grandes opérations de rachat réalisées sur trois ans. À ma grande surprise, le système en avait repéré 40 avant que le rachat soit annoncé.
Cela représente un ratio d’exactitude de 95,2% !
Pour NeuroDerm, le signal est apparu le 14 juillet 2017, soit 10 jours avant que l’opération soit rendue publique. Cela a fait bondir l’action de 27%.
Puis il y a eu le cas de Medivation. En 2016, l’action du groupe pharmaceutique a chuté lorsque les politiciens ont fait pression pour qu’il baisse le prix de ses médicaments.
Les investisseurs se débarrassaient de leurs actions à droite et à gauche, pourtant, l’indicateur a repéré autre chose. L’action a enregistré un pic le 16 août 2016, six jours avant que Pfizer n’annonce qu’il rachetait son rival assailli de toutes parts pour la somme de 14 Mds$. Sidérant !
Dans chaque cas, les données ont révélé une « Zone de rachat » distincte : une période d’activité inhabituelle juste avant que l’opération ne soit annoncée.