Les gens se demandent toujours : « Combien dois-je avoir sur mon compte en banque pour prendre ma retraite ? »
Mais les interrogations qui les taraudent en réalité sont les suivantes : « Ai-je assez d’argent ? », « Aurai-je assez d’argent ? », « Vais-je survivre ? », « Serai-je heureux ? »
Toutefois, les gens ne partent plus autant à la retraite aujourd’hui que par le passé.
Ils se réinventent. Ils travaillent plus longtemps ou commencent quelque chose de nouveau. Ils trouvent un nouveau souffle.
Mais cela ne les empêche pas de se questionner sur leur retraite. Je voulais donc éclaircir les choses.
Vous voyez, lorsqu’une personne demande « Combien dois-je avoir sur mon compte en banque pour prendre ma retraite », ce qu’elle veut vraiment savoir, c’est : « Qu’est-ce que l’indépendance financière ? »
Et « Puis-je y parvenir ? »
Ce à quoi je réponds oui.
Mais il faut tout d’abord revoir l’équation. Ce n’est pas : X euros = bonheur éternel, mais X euros + valeur nette virtuelle = indépendance financière.
J’en ai également discuté lors d’un podcast avec Chip Conley, directeur Hospitalité chez Airbnb. C’était la deuxième fois que Chip participait à mon podcast.
Je l’avais déjà invité une première fois, il y a deux ans (quand je vivais dans des Airbnbs).
J’avais reçu un appel de mon hôte : « Le directeur Hospitalité d’Airbnb habite à l’étage en dessous. Voulez-vous le rencontrer ?
— Bien sûr. »
Il était venu avec une bouteille de vin (geste d’hospitalité classique). J’avais allumé mon ordinateur et enregistré notre conversation.
Chip a récemment sorti un nouveau livre intitulé Wisdom at Work (La Sagesse au travail, non traduit), je l’ai donc invité à venir en studio.
À 58 ans, il ne compte pas prendre sa retraite. Il m’a expliqué qu’il avait trouvé une nouvelle « vocation ».
Ce sont les gens qui ont un travail et une carrière qui veulent partir à la retraite.
Pas ceux qui suivent leur vocation.
Par conséquent, un moyen de « prendre sa retraite » consiste à trouver sa voie. C’est une première possibilité. Il en existe une deuxième, sur laquelle je reviendrai plus tard.
J’ai d’abord demandé à Chip comment il avait trouvé sa vocation. Voici ce qu’il m’a répondu.
1. Déterminez vos talents
« J’ai été à la tête d’une entreprise de boutique-hôtels pendant 24 ans. En 2013, les trois jeunes fondateurs d’Airbnb m’ont contacté. Ils m’ont dit qu’ils voulaient démocratiser l’hospitalité et m’ont proposé de les rejoindre dans cette aventure. »
Il a accepté.
Je dois préciser qu’il est rare de se voir présenter une telle occasion, évidemment. Être contacté par de futurs milliardaires qui vous demandent de l’aide, cela n’arrive pas tous les jours, ni à tout le monde.
Chip possédait déjà les compétences nécessaires.
Il avait passé la majorité de sa carrière à bousculer les codes du secteur de l’hôtellerie traditionnelle.
Les hôtels-boutiques n’existaient pas quand il s’est lancé.
Il a contribué à jeter les bases de leur avenir.
Imaginons que vous lisiez cet article en pensant : « Personne ne va me contacter, moi. »
Ce n’est pas grave. Faites une liste. Notez toutes vos compétences (ce que vous maîtrisez vraiment bien depuis 5, 10 ou 20 ans). Ensuite, rayez toutes celles que vous ne prenez aucun plaisir à utiliser.
- C’est l’étape A : déterminez vos talents.
- Passez ensuite à l’étape B : faites la liste des choses qui vous intriguent et vous attirent.
À présent, reliez les différents éléments de ces deux listes. Où vous voyez-vous ? Suivez aussi votre instinct. Comme l’a souligné Chip : « Vous pourrez observer de nombreux signes physiques dans votre vie, qui vous indiquent en quelque sorte que vous êtes sur la bonne voie. »
C’est la deuxième étape.
2. Déterminez ce que vous voulez faire
« Savoir ce que l’on veut est probablement l’une des choses les plus importantes dans la vie, a affirmé Chip. Étrangement, on ne fait pas grand-chose pour aider les gens à y voir plus clair à ce niveau, pendant leur éducation.
— On ne fait rien, ai-je ajouté. On ne fait rien du tout pour les aider à y voir plus clair.
— Merci !
— On se contente de leur remplir la tête d’informations qu’ils finiront par oublier. »
Et parfois, à nous efforcer de retenir toutes ces informations, nous oublions de chercher à nous comprendre nous-mêmes. Parfois, je me sens même coupable d’essayer d’y voir plus clair.
Je me dis par exemple : « Je n’ai pas le temps pour cela, j’ai un travail à rendre. »
Voici la méthode que j’applique pour faire le point : je me remets dans la peau de l’enfant de 10 ans que j’étais et j’écris la liste de toutes les choses que j’aimais à cette époque.
C’est tout. N’allez pas plus loin. N’essayez pas de faire correspondre cette liste à une fiche de poste. N’essayez pas de la transformer en entreprise.
Contentez-vous d’aller dormir.
Laissez votre esprit digérer cette réflexion.
Le matin, au réveil, je me sens moins anxieux et j’ai les idées plus claires.
3. Oubliez la personne que vous croyiez être
Chip pensait qu’il serait le mentor de Brian Chesky, le PDG d’Airbnb. Il se trompait.
« Au cours des deux premières semaines, j’ai réalisé que j’étais… le stagiaire. »
« J’avais deux fois l’âge moyen des employés de la société. Je ne comprenais pas le vocabulaire que j’entendais dans les couloirs. Je n’avais pas encore installé d’application comme Uber ou Lyft sur mon téléphone. Je n’avais jamais entendu parler de l’économie collaborative. Si j’avais été, à 25 ans, un pionnier du secteur de l’hôtellerie avec les boutique-hôtels, à 52 ans je faisais partie de l’ordre établi. »
Il aurait pu abandonner.
Il avait toutes les excuses : « Je suis trop vieux », « Je ne suis pas à ma place », « Je pensais que j’allais être un mentor », etc.
Pourtant, il est resté.
« J’ai décidé que le seul moyen de survivre dans cette entreprise était d’adopter à la fois la posture de l’élève curieux et celle du sage. »
Ainsi, il a associé ce qu’il savait à ce qu’il ignorait.
« C’est ce qui définit un senior moderne, a-t-il ajouté. Un senior moderne agit différemment des aînés traditionnels que l’on regarde avec respect et admiration pour leurs exploits passés. Le senior moderne veut être pertinent.
— Comment devient-on pertinent ?
— En appliquant cette sagesse intemporelle à des problèmes modernes. »
Par exemple, quand Chip créait des boutique-hôtels, il avait dû se battre contre le scepticisme et la méfiance d’autrui parce que ses établissements ne portaient pas le nom « Hilton ».
Alors, quand il est arrivé chez Airbnb, il a pu s’attaquer au scepticisme de front.
Il a vu que la société avait mis en place un programme Superhost.
Ce programme avait deux objectifs : rassurer les voyageurs quant au sérieux de l’hôte, mais aussi inciter les hôtes à améliorer leurs prestations.
Quand Chip a commencé à travailler pour Airbnb, on ne dénombrait que 200 Superhosts à travers le monde et aucun nouveau Superhost n’avait été ajouté depuis plus d’un an. Airbnb envisageait même de supprimer ce programme.
Mais Chip est intervenu.
Il savait que ce programme pouvait contribuer à combattre le scepticisme et à accroître la confiance des voyageurs à l’égard de leur hôte et d’Airbnb.
Cela a marché.
Aujourd’hui, on compte 700 000 Superhosts à travers le monde.
Toutefois, si Chip s’était accroché à son idée initiale — « Je ne peux pas être le stagiaire, je dois être le mentor » —, il serait parti. Et il aurait raté l’occasion d’être un senior moderne.
Bien, revenons au sujet de la retraite.
La deuxième possibilité évoquée précédemment est la suivante : renforcez votre valeur nette virtuelle.
J’ai 50 ans. Je me suis retrouvé ruiné plus d’une fois.
On me dit souvent que je ne fais pas 50 ans.
Je suis censé répondre « merci ».
Mais je ne le fais pas. Et je ne le ferai jamais.
En réalité, je suis fier d’avoir 50 ans.
Cela fait partie de ma valeur nette virtuelle.
Laissez-moi vous expliquer.
Imaginons que vous avez besoin de 10 millions d’euros pour partir à la retraite. Ce n’est qu’un exemple, j’utilise un chiffre rond pour faciliter les calculs.
Sur ces 10 millions d’euros, vous pouvez dégager, au bas mot, 4 % de revenus nets par an. On peut mener une vie très confortable avec 400 000 euros par an.
Mais il est possible d’envisager les choses sous un autre angle : si vous adorez ce que vous faites et que vous n’avez pas 10 millions d’euros sur votre compte en banque, mais que vous gagnez 400 000 d’euros par an grâce à vos multiples sources de revenus, c’est comme si, virtuellement, vous disposiez de 10 millions d’euros.
Au lieu de partir à la retraite, vous continuez de faire ce qui vous passionne.
Et vous n’avez plus besoin de vous demander tous les matins : « Ai-je assez d’argent ? », « Aurai-je assez d’argent ? », « Vais-je survivre ? », « Serai-je heureux ? »
Parce que vous l’êtes déjà.