Rich Roll, l’auteur de L’ultra marathon pour la vie, a eu une crise cardiaque dans ses escaliers. Il était obèse. Il détestait son travail. Il était malheureux.
Quelques années plus tard, à l’âge de 45 ans, il a parcouru environ 1 130 km en sept jours en courant, en nageant et à vélo.
À 40 ans, il avait un travail qui ne le satisfaisait pas, mais il essayait toujours de vivre conformément au rêve américain : deux voitures, une magnifique famille, un poste d’associé dans un cabinet d’avocats.
« Dans mes escaliers je me suis dit, tu fais une crise cardiaque, dit-il. J’avais 25 kg de trop. Je travaillais 80 heures par semaine. Je n’étais pas heureux. J’allais mourir. »
Ce moment dans les escaliers fut l’un des trois ou quatre tournants de la vie de Rich Roll qui l’ont obligé à dire : « On me propose une petite opportunité de changer pour le mieux. » Et c’est ce qu’il a fait.
Mais ce qui m’intéresse, c’est que Rich Roll est un drogué. Je suis un drogué. Beaucoup de gens que je connais sont accros. Bon nombre de dépendances sont mauvaises pour vous. Quand j’étais plus jeune, j’étais accro à tout ou presque de ce qui pouvait être nocif pour moi.
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À l’âge de 31 ans, alors que c’était un avocat dont les conseils se vendaient à prix d’or, Rich Roll a dû intégrer un centre de désintoxication pendant 100 jours après avoir conduit à contresens dans une rue à sens unique, en état d’ébriété.
Alors qu’il était en centre de désintoxication, il a remarqué quelque chose d’intéressant. « Au début, c’était vraiment horrible, puis la douleur s’est atténuée. »
À 40 ans, il ne buvait plus, mais il a basculé dans une NOUVELLE addiction malsaine.
« Je m’alimentais à base de tout ce qu’on peut récupérer dans des drive. Comme trois cheeseburgers chez McDonald’s. »
Il a adopté le style de vie d’un grand avocat, 80 heures de travail par semaine, manger tout et n’importe quoi. Mais à ce moment-là, dans les escaliers, il s’est rendu compte que son mode de vie était à risque, d’autant que, dans sa famille, il avait des antécédents de maladies cardiaques.
Il a donc entamé une purification pendant sept jours. Toutes sortes de jus.
« Au cours des trois premiers jours, je me sentais mal mais je savais, grâce à mon séjour passé dans le centre de désintoxication, que ça irait beaucoup mieux ensuite. »
Et c’est ce qui s’est passé. Une fois tous ces jus avalés, il a ressenti une incroyable énergie et s’est senti purifié.
C’était sa troisième addiction. « J’avais tellement d’énergie que je bougeais constamment sans pouvoir m’arrêter. Même assis et au repos, je tapais en permanence sur ma jambe. »
Un jour, il a décidé d’aller courir. Il a couru près de 40 km. Avant cela, il n’avait jamais couru plus de 13 km. Et c’était 22 ans plus tôt. (Désolé Rich, si je me trompe légèrement sur les chiffres.)
Après cela, il s’est rendu compte qu’il s’agissait d’une capacité latente qu’il suffisait simplement de pratiquer et il a commencé à s’entraîner.
Il s’est entraîné tous les jours. Il a commencé à courir dans les compétitions Ironman, ou « Homme de fer » en français [NDR : course multi-disciplinaire enchaînant 3,8 km de natation, 180,2 km de cyclisme et 42 km de course à pied]. Puis les compétitions sont devenues de plus en plus difficiles.
C’était sa quatrième addiction.
Il a été nommé l’un des 50 hommes les plus en forme au monde.
Mais il était encore avocat à temps partiel et s’entraînait le reste du temps.
Il a écrit un livre sur son style de vie. Il a commencé à donner des conférences gratuitement. À assister lui-même à des conférences.
À répandre dans le monde son expérience de ce mode de vie sain qui avait changé sa vie, revigoré ses relations et fait de lui l’une des personnes les plus saines au monde.
C’était sa cinquième addiction. Il n’arrêtait pas de parler de ce qui lui était arrivé.
« C’était dur au début, dit-il. Je n’étais pas payé et je voyageais partout. » Peu à peu, il a commencé à gagner sa vie grâce à sa nouvelle carrière et il a abandonné son emploi d’avocat.
Rich et moi avons un an d’écart. Même si j’essaie d’avoir un mode de vie sain, je ne suis même pas capable de faire le tour du quartier en courant.
Les gens diabolisent toujours la dépendance. C’est mauvais ! Ne deviens pas accro !
Mais il existe des addictions positives.
Le « bien-être », c’est être accro à trois choses : compétences, relations positives, autonomie. Et peut-être une chose encore : une évolution quotidienne dans ces trois domaines.
Si vous faites tout cela, je peux vous assurer que vous ressentirez un bien-être dès aujourd’hui, peu importe ce qui se passe dans votre vie.
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Les premiers jours, les premières semaines ou les premiers mois sont très durs et, comme le dit Rich, « soudain, ça va mieux ».
J’ai interviewé Rich pour mon podcast, il utilisait souvent le même langage pour décrire une dépendance néfaste et une dépendance positive.
- « J’ai remarqué que je devais changer. »
- « Au début, c’était dur de passer par-dessus, mais je savais que ça allait s’améliorer. »
- Pour lui c’était dévorant et, de toute évidence, qu’il soit mauvais ou sain, il aimait son style de vie.
- Sa famille et ses amis le soutenaient de toutes leurs forces et ce sont eux qui l’ont motivé.
- Quand il est passé de quelque chose de négatif à quelque chose de positif dans sa vie, il est aussi passé soudainement de la poursuite de l’AMBITION à la quête de SENS.
Récemment, beaucoup de bons livres ont été écrits sur le développement d’habitudes positives. Une habitude positive peut être de se brosser les dents deux fois par jour, ou bien de faire son lit le matin.
Quelle est la différence entre une habitude et une addiction ? En gros, je pense que vous pouvez contrôler une habitude. Une addiction semble hors de votre contrôle.
Je parie que si Rich ne faisait pas d’exercice pendant une semaine, il se sentirait physiquement malade. Je parie que l’exercice et la santé sont des addictions pour lui.
Qu’est-il arrivé à Rich Roll ?
Il m’a dit que, pendant son séjour en centre de désintoxication, quelqu’un lui avait demandé : « Êtes-vous un être humain en train de vivre une expérience spirituelle ou un être spirituel en train de vivre une expérience humaine ? »
Il a dit que la question l’avait déconcerté. Il n’avait jamais pensé en ces termes auparavant.
Le chemin était tout tracé : école, faculté de droit, avocat, devenir associé de son cabinet, famille, garage pour deux voitures, retraite.
Qu’est-ce que cette question signifie ?
La vérité, c’est qu’elle n’a pas besoin de signifier quoi que ce soit. Il faut juste que ça vous fasse réfléchir. Ça doit provoquer une petite bosse sur la ligne droite déjà toute tracée.
Pour vous déchirer un peu à l’intérieur et que vous réalisiez qu’il y a un monde à l’extérieur de celui dans lequel vous vivez.
J’essaie d’activer mon addiction intérieure chaque jour. J’observe ce que je fais et j’essaie d’être compétent, d’avoir de bonnes relations et la liberté de faire ce que je veux. Ou d’évoluer vers ces choses.
Peut-être que cela veut dire rencontrer de nouvelles personnes. Ou être créatif d’une manière ou d’une autre. Ou essayer de m’améliorer à quelque chose. Ou commencer à dire davantage « non » aux gens qui tentent de diriger ma vie d’une manière qui est bonne pour eux mais pas pour moi.
Si je fais cela, je sais que je vais m’enflammer et que mon addiction intérieure va s’activer. Et, pour chacun d’entre nous, l’addiction intérieure est différente. Je ne courrai JAMAIS 160 km. Ou même un kilomètre et demi.
Mais, tous les six mois, ma vie change presque à 100%.
C’est un processus graduel. Vous ne pouvez pas être un « dépendant positif » du jour au lendemain.
Mais quand vous investissez en vous-même, comme Rich m’a dit l’avoir fait, l’univers conspire pour vous aider à trouver les bonnes réponses aux questions qui n’ont aucun sens.
Je suis un accro et j’en suis fier.