Le financement participatif (« crowdfunding« ) fait partie des thématiques d’investissement les plus populaires à avoir décollé, l’année passée.
Pour être franc, le crowdfunding n’a rien de nouveau. En fait, il existe depuis plus de dix ans. Et des fortunes se sont bâties, au cours de cette période.
Certaines des plus grandes entreprises actuelles ont été financées par des campagnes de crowdfunding.
Voici un exemple : Uber.
Eh oui… Si vous aviez fait partie des destinataires du mail de Naval Ravikant, d’AngelList, en 2010, vous auriez eu l’opportunité d’acheter des actions du géant des VTC pour le prix de 0,009 $.
Les investisseurs de cette levée de fonds ont obtenu un rendement net époustouflant de 5 000 fois leur mise, assez pour que quelques–uns transforment un investissement de 5 000 $ en une fortune de 25 M$, lors de l’entrée en Bourse de la société.
Bon… Ça, c’est si vous aviez eu la chance de repérer un gagnant. Sur les 165 investisseurs invités à investir dans Uber à ce stade précoce, seuls 15 ont accepté à l’époque.
Voyez-vous, ce type d’investissement (« angel investing« ) relève à la fois de la compétence et de la chance.
Ce mois-ci, je vais aborder quelques-uns des points les plus importants qu’il faut avoir à l’esprit en matière de crowdfunding.
Diversifiez votre risque en réalisant de petits investissements
Oui, ce rêve d’investir toutes ses économies dans le prochain Uber peut être très tentant : 10 000 $ investis dans Uber, à ses balbutiements, auraient rapporté assez à n’importe qui pour partir à la retraite et vivre sur une île tout le reste de son existence. Et avec une telle somme, on peut même s’acheter une île privée. C’est comme gagner au loto, mais en mieux car on paye moins d’impôts.
Mais il est important de se rappeler que les chances de dénicher le prochain Uber – et d’y investir – sont très réduites. Plus de 99% des start-ups font faillite, et beaucoup de celles qui réussissent n’atteignent jamais la dimension colossale d’Uber : vous avez plus de chances de trouver une bague ornée d’un diamant de 4 carats dans la rue que de tenter de dénicher le prochain Uber et de tout miser dessus.
Alors ne le faites pas !
Au travail !
Vous devez faire vos propres recherches sur le crowdfunding pour protéger vos précieuses économies. C’est essentiel.
Je vais vous raconter quelque chose.
Il y a peu de temps, un projet de crowdfunding a été lancé sur l’une des chaînes de restaurants à croissance rapide, à New York. La nourriture était excellente, la société enregistrait une croissance phénoménale, et j’ai parlé avec beaucoup de gens qui étaient de fidèles clients. Cette opportunité m’a beaucoup intéressé.
L’un de mes amis, en revanche, s’est montré sceptique. Il n’avait pas fréquenté ce restaurant et n’était pas impressionné par la présentation. Mais il a l’esprit ouvert, alors il a accepté de s’y rendre avec moi avant de prendre une décision.
Dans sa présentation aux investisseurs, la société s’était comparée à Shake Shack [NLDR : chaîne de restauration rapide américaine, servant hamburgers, hot-dogs, frites et milkshakes], tant sur le plan de la clientèle que du potentiel de croissance. Alors j’ai trouvé la situation idéale : un samedi soir, nous sommes allés dans l’un des restaurants de cette société, dans un centre commercial populaire du New Jersey, juste en face d’un Shake Shack.
Ce que j’ai observé m’a appris tout ce que je devais savoir sur cette opportunité : malgré le grand panneau devant le restaurant annonçant « repas gratuit pour les enfants », le restaurant était pratiquement vide. De notre table, j’ai pu constater que le Shake Shack d’en face était bondé, avec une file d’attente remplie de parents accompagnés de jeunes enfants.
L’autre société – celle dans laquelle j’envisageais d’investir – ne parvenait même pas à offrir gratuitement son produit.
Trouvez un sceptique
Comme le montre cette histoire, il est important de s’engager dans un investissement en ayant les yeux grands ouverts.
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Il existe un phénomène psychologique appelé « biais de confirmation » selon lequel les gens recherchent les informations qui confortent leur conviction existante. Dans le domaine de l’investissement, le biais de confirmation est l’ennemi absolu des décisions intelligentes : il vous fait voir le bon côté des choses et ignorer les informations inquiétantes.
Il est facile de se faire embarquer dans un scénario qui a tout l’air d’être un coup gagnant. Tout semble le confirmer : l’opportunité est énorme, et peut-être que la société a déjà un excellent palmarès. Votre instinct vous dit que c’est la bonne.
Ne l’écoutez pas.
J’ai une liste interminable d’investissements qui, selon mon instinct, étaient gagnants et qui se sont révélés perdants. J’étais aveuglé par l’argumentaire, j’ai dédaigné d’importants signaux d’alarme, et j’ai laissé mon avidité prendre le dessus.
Même les plus brillants investisseurs ont vécu ce genre d’histoires. Elles sont difficiles à éviter. Voilà pourquoi je ne prends jamais une décision d’investissement sans avoir trouvé un « avocat du diable », quelqu’un qui aura un jugement moins biaisé et idéalisé.
Ne choisissez pas l’ami qui est toujours optimiste ou souvent d’accord avec vous. Trouvez quelqu’un dont vous respectez l’opinion mais avec qui vous n’êtes pas souvent d’accord. Si cette personne est souvent pessimiste, c’est encore mieux. Parlez de l’investissement et découvrez pourquoi elle le déteste. Il est important de respecter et d’écouter ce qu’elle vous dit. Si vous devenez défensif ou dédaigneux, vous passerez probablement à côté de détails importants et de questions que vous devriez vous poser.
Comme beaucoup de ces entreprises organisent des séminaires sur Internet ou des présentations destinées aux investisseurs, au cours de leurs levées de fonds, vous pouvez même poser ces questions directement aux dirigeants de l’entreprise.
Étudiez bien les conditions
Tous les investissements ne se ressemblent pas.
Vous allez peut-être dénicher une entreprise extraordinaire, avec d’extraordinaires opportunités de croissance, une excellente équipe, des produits fantastiques et un chiffre d’affaires prometteur. On a l’impression que tout concorde.
Mais dans le domaine du crowdfunding – plus que lorsqu’on investit en Bourse – il est important de lire tout ce qui est en petits caractères. Les actions vendues par l’entreprise peuvent, en fait, être un investissement calamiteux.
Je m’explique.
Parfois, les entreprises peuvent conclure des pactes d’actionnaires très compliqués, où les droits attribués à certaines actions peuvent être différents de ceux qui sont attribués à d’autres. Par exemple, certaines actions de préférence sont prioritaires en cas de liquidation. Autrement dit, il y a une hiérarchie des actionnaires.
Par ailleurs, disons que vous dénichiez le prochain Uber et que vous ayez une chance d’y investir, avec ce type de préférences. Suivant ce scénario, la société pourrait entrer en Bourse à 10 $ l’action avant que vous n’ayez gagné le moindre sou. Si la société entre en Bourse à 5 $, vous ne gagnez rien. Si la société entre en Bourse à 9,99 $, vous ne gagnez rien. Et même si la société entre en Bourse à 11 $ l’action, il se peut que vous ne gagniez que 0,25 $ par titre.
Il existe d’autres pièges cachés qu’il faut garder en tête. Dans certains cas, j’ai constaté que les dirigeants de petites entreprises percevaient des salaires hallucinants ou dépensaient sans compter en déplacements, prouvant ainsi qu’ils n’utilisaient pas l’argent des investisseurs très intelligemment.
Assurez-vous d’avoir bien compris l’ensemble des termes et conditions, avant d’envisager d’investir.