Je parle du Bitcoin et de la blockchain à tous ceux que je croise ces derniers temps. Le plus difficile, c’est d’expliquer ce qu’est la blockchain aux gens qui ne s’y connaissent pas…
La situation était sans doute un peu la même aux débuts d’Internet : il a fallu un moment pour que le grand public comprenne l’importance énorme de cette évolution.
Heureusement, comme vous le verrez dans un instant, il y a un moyen très simple de comprendre (et d’expliquer) ce qu’est la blockchain : il suffit de parler de son fonctionnement dans un monde où la technologie n’existerait pas…
Nous y reviendrons.
Mais j’aimerais d’abord vous dire pourquoi il est important que nous comprenions ce qu’est la blockchain et comment elle finira, tôt ou tard, par révolutionner tous les 1 et tous les 0 qu’elle touche.
Évidemment, le premier secteur à être totalement balayé par les Bitcoins et la blockchain est le secteur financier. C’est donc par lui que nous allons commencer.
Pour citer le tout nouveau livre de Chris Skinner, ValueWeb :
« La blockchain, une technologie soutenue par une puissance informatique décentralisée supérieure à celle de tous les autres projets open source de l’Histoire, pourrait fondamentalement réinventer le système bancaire. Et pourtant, rares sont les banquiers qui comprennent son fonctionnement. »
Pendant un discours lors d’une conférence de banquiers, Skinner a justement provoqué un tollé en déclarant : « Le code utilisé pour les Bitcoins, la monnaie virtuelle, pourrait aussi s’avérer totalement révolutionnaire, voire même remplacer le réseau Swift pour les paiements interbancaires. »
Swift, comme vous le savez sans doute, est la colonne vertébrale du secteur financier mondial. C’est un réseau financé de manière coopérative par les banquiers qui permet de faciliter les transactions cryptées.
Dans les années 1970, au moment de sa création, il a rencontré un immense succès en reléguant au musée la machine Telex (la norme pour ce secteur en matière de transactions cryptées).
Les banquiers considèrent le système de paiement Swift comme sacrosaint. Selon Skinner, ils croient aussi en sept autres grands mythes concernant le Bitcoin et la blockchain… Ce qui pourrait les rendre obsolètes dans les années qui viennent…
« Premièrement, dit Skinner, certains pensent que l’unique vocation du Bitcoin est de réaliser des paiements. Non. En tant que protocole, le Bitcoin et d’autres cryptomonnaies sont utiles pour garder la trace d’échanges de valeurs en ligne qui peuvent prendre n’importe quelle forme, allant d’un paiement à des vœux de mariage.
Deuxièmement, certains pensent que le Bitcoin ne peut pas faire d’ombre à un service comme Swift, car Swift ne concerne pas uniquement les paiements (la moitié des activités sur le réseau sont par exemple des règlements des opérations sur titre). Faux. La technologie Bitcoin permet de garder une trace de règlements des opérations sur titre aussi facilement que d’un contrat de mariage ou d’un paiement. On le voit avec Colored Coins, un nouveau service d’investissement qui enregistre les activités d’investissement sur la blockchain.
Troisièmement, certains pensent que les nouvelles cryptomonnaies ne peuvent pas concurrencer Swift parce que ce dernier peut être utilisé à grande échelle, qu’il est sûr, résilient et que son histoire lui permet de garantir la confiance sur le réseau. Faux. Les réseaux informatiques Bitcoins ont aujourd’hui une plus grande capacité, et sont plus faciles à adapter à grande échelle que le SETI, le programme de recherche d’une intelligence extraterrestre, qui avait jusque-là le plus grand système en réseau de la planète.
Quatrièmement, certains pensent que la blockchain Bitcoin est intéressante, mais pas le Bitcoin en tant que monnaie. D’autres ne sont pas d’accord : il ne serait pas possible d’utiliser la blockchain pour les opérations bancaires sans avoir de monnaie « d’origine » – et pourquoi remplacer le Bitcoin dans ce rôle alors qu’il a nécessité cinq années de développement et des milliers d’heures de travail, un investissement conséquent ? C’est un argument intéressant, mais avec lequel je ne suis pas d’accord personnellement : on pourrait avoir une blockchain en dollars ou en euros au lieu d’une blockchain en Bitcoins… mais seul l’avenir nous dira comment les choses tourneront.
Cinquièmement, certains pensent que l’effondrement de Mt. Gox a détruit toute confiance dans le Bitcoin et son écosystème. Non. Le fait qu’un piètre système de trading s’effondre ne remet pas en question la solidité du protocole Bitcoin. C’est un peu comme l’effondrement de Northern Rock : allez-vous pour autant systématiquement refuser d’acheter des livres sterling à l’avenir ?
Sixièmement, certains pensent qu’il est difficile à utiliser. Oui, mais les choses changent très rapidement grâce à l’écosystème du Bitcoin. Des entreprises comme Circle et Ripple changent les règles du jeu. Le Bitcoin, c’est un peu Internet avant que Tim Berners-Lee ne nous ouvre le World Wide Web. Mais il devient de plus en plus simple d’utilisation et de plus en plus rapide, donc mieux vaut garder un œil sur ce domaine.
Enfin, certains pensent qu’il n’est pas pertinent car il ne s’agit que d’une cryptomonnaie. Faux. Nous parlons ici d’un protocole, d’une marchandise, d’une technologie, d’un système de contrat intelligent, d’un registre comptable, d’un système d’échange sécurisé… d’un diamant aux mille facettes. »
C’est vrai.
Et c’est bien sûr pour toutes ces raisons qu’il est important, si nous ne voulons pas nous-même être laissés de côté, de comprendre exactement de quoi il s’agit – et de réussir à l’expliquer aux autres. Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons avoir une idée plus claire de la manière dont il va changer le monde, et des secteurs où nous devons concentrer nos ressources si nous décidons d’investir.
Nous avons donc demandé l’aide de Joel Valenzuela, de CoinTelegraph, qui va nous expliquer à quoi la blockchain ressemblerait si la technologie n’existait pas. Et pourquoi elle est moins compliquée – et plus utile – que ce que vous pensez.
Voyez un peu…
La blockchain humaine : le Bitcoin expliqué sans la technologie
Joel Valenzuela
Le Bitcoin, une technologie financière dont l’adoption en est à ses tout premiers stades, peut sembler mystérieux. La blockchain (ou chaîne de blocs) est une technologie différente de tous les autres systèmes qui soutiennent aujourd’hui nos devises ; elle est donc assez mal comprise par le grand public.
Pour aider à comprendre les cryptomonnaies, je vais essayer d’expliquer le Bitcoin en le comparant à un système mis au point dans un village qui n’aurait pas encore l’électricité et qui n’utiliserait aucune technologie moderne.
Enregistrer les transactions de manière décentralisée
Notre village fictif n’a pas de monnaie centralisée, et utilise au lieu de cela un simple système de troc. Les villageois, qui en ont assez de ce système inefficace mais se méfient d’une banque centrale qui émettrait de la monnaie, décident d’opter pour un système comptable décentralisé basé sur une unité de mesure appelée VillageCoin, et enregistrent tous les transferts dans un registre public.
Les gardiens du registre
Quand un habitant souhaite transférer une quantité donnée de VillageCoins à un autre, il inscrit sa transaction sur un morceau de papier où figurent l’émetteur, le destinataire, le montant et la date, puis l’introduit dans une grande urne fermée à clé pour qu’elle soit ajoutée au registre.
Des rapporteurs bénévoles, que l’on appellera désormais les « gardiens », traitent ensuite toutes les transactions. Pour éviter toute fraude ou erreur, plusieurs gardiens doivent donner leur feu-vert avant qu’une transaction ne puisse être inscrite sur le registre. Les transactions peuvent aussi comprendre une petite quantité de VillageCoin à mettre de côté pour les gardiens. Des frais plus élevés permettent de faire en sorte que des transactions soient considérées comme prioritaires et traitées avant les autres.
Un registre public
Une fois confirmées par les gardiens, toutes les transactions sont inscrites sur des rouleaux, qui sont ensuite mis sous verre pour constituer des « blocs ». Sur le dessus de chacun de ces blocs, on grave un bref résumé des transactions qu’il contient. Ils sont ensuite enchaînés les uns aux autres et conservés dans les archives publiques du village, pour que toutes les transactions puissent toujours être consultées par tous.
Revenons-en au Bitcoin…
Le Bitcoin fonctionne plus ou moins de la même manière que le système comptable de ce village fictif. Les transactions entre les adresses contiennent un montant et une date et sont soumises sur le réseau. Au lieu d’avoir des « gardiens » en chair et en os, des systèmes informatiques appelés « miners » traitent et confirment les transactions. Des frais de transactions restreints sont demandés, et le système récupère également les nouveaux Bitcoin « minés » petit à petit dans la masse monétaire avec le temps (avec une limite fixe de 21 millions). Toutes les transactions finissent dans des blocs de données, qui sont ensuite enchaînés les uns aux autres sur la blockchain, avec un archivage public et permanent.
Les seules différences clés entre le Bitcoin et notre VillageCoin fictif sont l’utilisation d’archives numériques au lieu de physiques, le fait que les adresses de transaction ne sont pas liées à une identité physique (on ne sait pas toujours qui contrôle quelle adresse), le fait que les transactions sont instantanées et simples (elles ne nécessitent pas de matériaux physiques pour être transcrites) et le fait que le Bitcoin est une monnaie mondiale (et ne se limite pas à un petit village).
Le Bitcoin, ce n’est pas si compliqué…
Quand on le compare à un registre physique, le Bitcoin commence à paraître plus compréhensible pour la personne lambda. Le concept de la blockchain, un registre public et décentralisé, est une solution simple et évidente pour tous ceux qui souhaitent garder une trace de n’importe quelle activité humaine à long terme sans passer par un gouvernement central.
Si l’on comprenait mieux les racines simples derrière le génie technologique du Bitcoin [Toutes les informations sur ce nouvel or numérique en cliquant ici…], les monnaies contrôlées par les banques centrales auraient déjà été abandonnées.
1 commentaire
Bitcoin et Blockchain sont les deux faces de la même pièce.
Comment faire une blockchain décentralisée, opensource et aussi robuste que celle du Bitcoin, sans des bitcoins qui circulent dessus et sans contrôle d’une entité sur ce système ?
Ce n’est pas possible
La Blockchain la plus robuste du monde est celle du Bitcoin.
Elle restera pour de très nombreuses années encore.
Ses seuls concurrents sont eux aussi décentralisé et opensource, comme le Bitcoin.
Les plus connus sont Dash, Litecoin, Ethereum, Zcash,…