Cet article est paru dans le Wall Street Journal il y a sept ans. Pour diverses raisons, il est encore d’actualité aujourd’hui.
Au cours des dix dernières années, le nombre de personnes qui me détestent a pas mal augmenté. La liste ci-dessous n’est pas exhaustive, mais elle propose quelques motifs possibles pour lesquels vous pourriez rejoindre ces personnes.
Je vous ai fait gagner 41 millions de dollars
Un jour, un de mes lecteurs me consulta à propos de son entreprise. Il avait reçu une offre d’environ 10 millions de dollars pour la vendre et voulait savoir ce que j’en pensais. Je lui proposais alors de mettre officiellement son entreprise aux enchères. J’ai contacté une vingtaine d’entreprises pouvant être intéressées. Nous avons fini par accepter une offre pour 41 millions de dollars. Je me souviens que j’étais assis avec lui dans le bureau de l’avocat lorsque l’argent fut viré sur son compte. Sa vie changea du tout au tout à cet instant-là.
Comment vendre une entreprise ? C’est ce que j’appelle la règle 20-6-3-1 (trop de nombres pour que cela devienne une règle officielle) :
- contactez vingt acquéreurs potentiels ;
- environ six d’entre eux se montreront intéressés et voudront donner suite ;
- deux ou trois d’entre eux feront une offre ;
- un seul sera gagnant.
Je me suis ensuite engagé dans la mise en place d’un Family Office avec l’argent, lui garantissant à lui et à ses 27 enfants (j’exagère à peine) des générations de sécurité financière. Peu après, j’ai lancé mon propre fonds et cela le contraria suffisamment pour qu’il ne m’adresse plus la parole. Je ne m’étendrai pas plus sur cette histoire, mais il suffit de dire que je lui ai fait gagner 41 millions de dollars et qu’aujourd’hui, il ne me parle plus.
Je vous ai fait gagner 3 millions de dollars
Un autre de mes amis avait investi dans une société Internet en 1999. Je lui fis connaître une entreprise publique qui achetait des petites entreprises et qui finit par lui acheter sa société. Il gagna ainsi environ 3 millions de dollars. Lorsque je lui réclamai mes honoraires, il refusa : « Bienvenue dans le monde réel », me répondit-il. Depuis, je n’attends plus que l’accord soit conclu pour demander des honoraires.
J’ai écrit (et je vous ai fait gagner de l’argent)
Lorsque je publiai mon premier livre – un roman à clef qui fut un succès, Trade Like a Hedge Fund – le gestionnaire du hedge fund pour qui je travaillais me vira. Il n’avait pas apprécié mon livre. Il écrivit ensuite sur son forum que je lui avais coûté de l’argent – mais il fut par la suite obligé de se rétracter lorsque mon associé l’informa que nous détenions une copie des chèques qu’il nous avait versés pour nos commissions de performance.
J’ai conseillé un titre qui vous a fait perdre de l’argent
C’est rare mais cela peut arriver. Il y a environ un an et demi, par exemple, j’ai conseillé l’ETF sur le gaz naturel, UNG. Depuis, il a fait une chute désastreuse. Je reçois encore des mails sarcastiques me remerciant.
En revanche, je reçois rarement des mails pour me remercier d’avoir conseillé GNW (en hausse de 1 200%), CYCC, DNDN, ASTE, BIDU ou Dendreon (DNDN). En fait, un auteur anonyme sur les biotechs m’a accusé d’être payé par des hedge funds pour recommander DNDN alors que le titre était à 5 dollars (il est ensuite monté à 37 dollars). Des dizaines d’autres actions ont bien performé depuis mes recommandations.
Mais il est juste de me détester si je vous ai fait perdre de l’argent. Après tout, si vous êtes abonné aux Dossiers d’Altucher ou aux Microcaps d’Altucher, je prends sans doute pour vous la plupart de vos décisions financières et peut-être même (cela peut arriver) quelques décisions familiales et relationnelles via mes articles ici-même.
J’ai conseillé une action à vendre à découvert
Lorsque j’ai conseillé de vendre à découvert FSLR (à l’époque à 154 dollars, aujourd’hui à 72 dollars), je lisais ces commentaires sur les forums de discussion :
« Quel journaliste imbécile et lâche. »
« J’attends avec impatience le moment où je vais vous prouver à quel point vous vous êtes trompé sur le solaire en général et sur FSLR en particulier. »
« Qui vous paie cette fois-ci ? »
Je le répète, je comprends totalement. Si j’étais à l’achat sur une action et que quelqu’un conseillait de la vendre, je pourrais également le détester. Je pourrais l’accuser d’activité illégale ou l’abreuver de noms d’oiseaux. Pourquoi pas ? C’est vrai, je n’ai rien de mieux à faire de ma journée que de hurler mon mécontentement sur des forums de discussion.
Je suis laid
Lorsque je suis intervenu dans la rubrique Finance de Yahoo! pour dire que la réforme des banques proposée par Obama serait vouée à l’échec (ce qu’elle fut, soit dit en passant), un commentateur malin crut bon d’observer : « Altucher est un clown prêt à dire n’importe quoi pour que son horrible tête passe à la télé. »
Un jour, je suis passé sur CNBC et il y a eu un message sur le forum de Yahoo! qui disait : « Il y avait un type au look de SDF appelé James Altucher qui conseillait des actions sur CNBC aujourd’hui. Sympa de la part de CNBC. »
Je devrais probablement éviter de passer à la télé ou sur des vidéos, mais mes enfants aiment bien me voir sur un écran. C’est pourquoi j’essaie d’y aller aussi souvent que possible.
Quelques leçons apprises des gens qui me détestent :
- Si vous faites gagner de l’argent aux gens, assurez-vous de réclamer de gros honoraires. De cette manière, peu importe s’ils vous détestent après, puisque l’argent achète le bonheur…
- Si vous conseillez une action, essayez de vous assurer qu’elle monte immédiatement. Vous avez environ 24 heures, sinon les gens commenceront à vous détester.
- Si vous conseillez de vendre à découvert une action, assurez-vous de dire clairement que vous n’êtes payé par aucun hedge fund et que vous, personnellement, ne vendez pas à découvert l’action. Ce n’est pas pour cela qu’ils vous croiront, mais au moins vous l’aurez dit franchement, dès le départ.
- Essayez de ne pas être trop laid si vous passez à la télé. Ou alors portez un masque.
Ou comme me l’a dit Warren Buffett (ainsi qu’aux 28 000 autres personnes qui se sont rendues au Berkstock en 2003 à Omaha) : « Le meilleur moyen d’être aimé, c’est d’être aimable. »