Les actions dites small cap ont mauvaise réputation. Traditionnellement, les médias se focalisent sur leur aspect négatif, en affirmant qu’elles sont risquées, souvent frauduleuses et qu’elles n’ont pas la qualité que les investisseurs doivent exiger d’une société.
Mais ce sont des sujets d’inquiétude qui s’appliquent à n’importe quelle société. D’ailleurs, de grandes sociétés à forte capitalisation boursière ont également connu des problèmes de fraude interne qui ont littéralement détruit les participations des actionnaires (Enron, Worldcom).
C’est clair, la taille d’une entreprise n’est en aucun cas l’unique facteur de risque d’escroquerie pour les investisseurs. Aujourd’hui, je vais vous présenter quelques-uns des avantages et inconvénients des small caps, afin de vous aider à décider si investir dans ce genre d’actions vous convient.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, mettons au clair ce que désigne cette catégorie d’investissements. Le terme small cap fait référence aux actions ayant une modeste capitalisation, évaluée entre 250 M$ et 2 Mds$.
Les actions dont la capitalisation boursière est inférieure à 250 M$ sont, quant à elles, des micro caps, et celles dont la capitalisation est inférieure à 50 M$ sont des nano caps. Les small caps peuvent se négocier sur n’importe quelle place de marché, bien qu’elles soient essentiellement cotées sur le Nasdaq ou l’OTCBB, car les exigences relatives à l’introduction en Bourse sont plus souples.
Il est important de faire la distinction entre les small caps et ce que l’on appelle les « penny stocks » (action dont la valeur est inférieure à 1 $). Cela n’a rien à voir. Une action peut être qualifiée de small cap sans pour autant être une penny stock. En fait, il existe énormément de small caps dont la valeur de l’action est supérieure à 1 $, et qui sont plus liquides que la moyenne des penny stocks.
Pourquoi investir dans une small cap ?
Si les small caps ont certains défauts – que nous aborderons plus tard – elles comportent également un certain nombre de avantages. Voici trois bonnes raisons pour lesquelles les small caps méritent d’être présentes dans le portefeuille de nombreux investisseurs.
Un énorme potentiel de croissance
Au départ, la plupart des large caps (sociétés à forte capitalisation boursière) étaient des petites entreprises. Les small caps offrent une chance aux investisseurs individuels de se positionner dès le début sur de jeunes sociétés qui apportent de nouveaux produits et services sur le marché ou bien arrivent carrément sur de nouveaux marchés.
Tout le monde parle de découvrir les prochains Microsoft, Walmart ou Home Depot car, à un moment donné, ces sociétés ont été des small caps, ou des diamants bruts si vous préférez. Si vous aviez eu la vision d’investir dans ces sociétés dès le départ, même une mise modeste se serait transformée en jolie somme.
Comme les small caps sont simplement des sociétés faiblement valorisées, elles ont la possibilité de progresser d’une manière qui n’est tout simplement pas envisageable pour de grandes entreprises. Une grande entreprise dont la capitalisation boursière se situe entre 1 Md$ et 2 Mds$ n’a pas la même possibilité de doubler sa taille qu’une société dont la capitalisation boursière est de 500 M$. À un certain stade, vous ne pouvez plus continuer de progresser à un rythme aussi rapide, ou bien votre envergure deviendrait supérieure à celle de l’économie toute entière.
Les sociétés ayant une certaine maturité ont un rythme de croissance interne limité car elles occupent déjà une large part du marché qu’elles ciblent. Tout nouveau produit ou service représente une plus petite part de revenus que l’offre de produits bien établie. Voilà pourquoi la croissance des résultats et des flux de trésorerie (cashflow) des large caps peut être limitée, à moins qu’elles ne rachètent d’autres entreprises. Si vous recherchez des entreprises à forte croissance, il faut regarder du côté des small caps.
La plupart des fonds communs de placement n’investissent pas dans les small caps
Il n’est pas inhabituel que les fonds communs de placement investissent des centaines de millions de dollars dans une seule société. La plupart des small caps n’ont pas une capitalisation boursière leur permettant de supporter des investissements de cette envergure. Pour ouvrir une position susceptible de faire une différence sur la performance de son fonds, un gérant de fonds doit acheter plus de 20%, voire plus, d’une entreprise.
La réglementation pesante que la SEC inflige aux fonds mutuels complique la prise de telles participations. Cela offre un avantage aux petits investisseurs qui ont la possibilité de repérer des sociétés prometteuses et de se positionner avant les investisseurs institutionnels. Lorsque ces institutions entrent en jeu, elles font les choses en grand, en achetant énormément d’actions et en faisant grimper le cours.
Les small caps sont souvent sous-estimées
La troisième qualité des small caps est très importante. Souvent, elles sont peu étudiées par les analystes et qu’elles attirent peu l’attention de Wall Street.
Pour les petits investisseurs, cela veut dire que, dans la mesure où l’univers des small caps est peu relayé – voire même inconnu – il est très probable que les actions des small caps soient évaluées de façon incorrecte. Cela offre l’opportunité de profiter des inefficiences provoquées par le manque de couverture médiatique sur un secteur particulier du marché.
Investir dans les small caps : les inconvénients
Bien que les small caps présentent des atouts plus qu’attractifs, elles comportent tout de même certains inconvénients.
Le risque
Si l’on considère les catégories d’actions en fonction de la capitalisation boursière, les small caps se rangent au quatrième rang des cinq groupes les plus risqués. (Ces catégories, de la moins risquée à la plus risquée, sont les suivantes : mega caps, large caps, mid caps, small caps et micro caps.)
Fréquemment, une grande partie de la valeur d’une small cap se base sur sa propension à générer de la trésorerie. Mais pour que cela arrive, elle doit être capable de faire évoluer son business model. C’est de là que provient une grande partie du risque.
Peu d’entreprises peuvent répliquer ce que Walmart, le géant de la vente au détail, a réalisé : passer du stade de magasin familial au fin fond de l’Arkansas à une chaîne de magasin nationale comptant des milliers de points de vente. Leurs bilans plus modestes sont moins protégés des changements et mauvaises conditions économiques.
De plus, les small caps ont tendance à avoir un socle de clientèle plus réduit. Leurs perspectives sont donc plus incertaines et rattachées à une région spécifique. Par conséquent, beaucoup de small caps ne parviennent pas à surmonter les phases difficiles du cycle économique.
Les small caps sont également plus sensibles à la volatilité, simplement en raison de leur taille. Il est courant qu’une small cap fluctue de 5%, voire plus, sur une seule séance. Certains investisseurs ne le supportent pas.
Et comme ces actions sont moins liquides (rappelez-vous, les grands investisseurs institutionnels ne peuvent – ou ne veulent pas – y investir), il peut arriver que l’on ne puisse pas clôturer une position au cours du marché, probabilité encore plus forte dans le contexte d’une panique boursière.
Donc, l’argent que vous investissez dans les small caps doit être de l’argent que vous pouvez exposer à un risque supérieur à celui que présentent des « vaches à lait » solidement établies telles que les larges caps et les blue chips (valeurs de type « bon père de famille »).
Le temps
Il est difficile de trouver le temps permettant de dénicher des small caps : les investisseurs doivent être prêts à faire des recherches approfondies, ce qui peut être dissuasif. Les ratios financiers et les taux de croissance des grandes entreprises sont publiés partout, mais pas ceux des petites capitalisations.
Vous devez faire tous ces calculs vous-même, ce qui peut être fastidieux et chronophage. C’est l’autre facette du manque de couverture médiatique. Quelques analystes publient des rapports grâce auxquels vous pouvez commencer à vous faire une opinion bien étayée sur l’entreprise.
Et comme il y a une pénurie d’informations disponibles concernant les small caps, par rapport aux large caps qui sont régulièrement couvertes dans les médias, vous n’entendez rien, concernant beaucoup d’entre elles, pendant des semaines. La loi oblige ces entreprises à publier leurs résultats trimestriels, mais les investisseurs qui recherchent davantage d’informations ont du mal à en trouver.
En conclusion
Le principal avantage, quand on investit dans les small caps, est le suivant : un fort potentiel de croissance que l’on ne trouve pas dans les entreprises ayant davantage de maturité ainsi que des capitalisations importantes.
Les activités de fusion/acquisition offrent également une opportunité, pour ceux qui investissent dans les small caps. Les small caps sont plus souvent rachetées que les sociétés de plus grande envergure. De grandes sociétés peuvent souvent accéder à de nouveaux marchés, ou acquérir des éléments de propriété intellectuelle, en rachetant des entreprises plus modestes.
Traditionnellement, lorsqu’ils rachètent des sociétés génératrices de croissance, les acquéreurs achètent les actions au-dessus du prix du marché, ce qui fait grimper le cours dès que l’opération est annoncée officiellement.
C’est certainement un argument en faveur des small caps et des opportunités de croissance qu’elles offrent aux investisseurs. Toutefois, ces opportunités de croissance s’accompagnent d’un risque plus élevé. Ceux qui investissent dans les small caps sacrifient la stabilité au profit potentiel. Si vous êtes capable de prendre des risques plus élevés, alors vous devriez explorer l’univers des small caps. D’un autre côté, si vous détestez le risque, les fluctuations des small caps ne vous conviendront peut-être pas.