Micro-algue en forme de spirale (un ressort d’un quart de millimètre de longueur), la spiruline existe sur Terre depuis trois milliards d’années. Elle fait partie des micro-organismes les plus vieux de la planète. Elle pousse naturellement dans les lacs saturés de matières organiques et de soude proches de l’équateur, en Inde, au Tchad et au Mexique. Les Incas la considéraient comme un aliment à part entière. Au Tchad, on la déguste séchée, mélangée avec du mil.
Trois mille tonnes de spiruline sont consommées chaque année, la moitié venant de Chine, le premier producteur mondial à l’heure actuelle. Elle est commercialisée sous forme d’une poudre déshydratée bleu-vert, de filaments, de paillettes ou de comprimés.
Que contient-elle ?
Sa valeur nutritionnelle est exceptionnelle : elle est composée, à hauteur de 50 à 70 % de son poids, de protéines à forte proportion d’acides aminés (huit au total), que l’on retrouve dans les produits d’origine animale.
Ses autres apports intéressants sont :
- Des acides gras insaturés (oméga 6), nécessaires à l’intégrité des cellules pour le bon fonctionnement du système immunitaire.
- Des pigments tels que la chlorophylle, la phycocyanine et les caroténoïdes (vitamine B6). La chlorophylle agit positivement sur la fabrication des globules rouges et » purifie » le sang. La phycocyanine est détoxifiante, elle intervient au niveau de la moelle osseuse et purifie le sang tout en augmentant la fabrication de globules rouges. Elle stimule le système immunitaire et a une action antivirale. Les caroténoïdes sont des antioxydants majeurs qui stoppent l’apparition des tâches de vieillesse sur la peau et qui jouent un rôle protecteur contre les maladies cardiovasculaires.
- Des oligo-éléments : zinc, sélénium (antioxydant), manganèse (anti-infectieux), fer (oxygénation des muscles), cuivre, chrome.
- Des minéraux : calcium, magnésium, sodium, potassium, phosphore.
- Le SOD (superoxyde dismutase), principale enzyme de la spiruline : antioxydant qui ralentit le vieillissement de la peau, en augmente la souplesse et l’élasticité.
Contrairement aux autres algues, elle est facile à assimiler par les enfants et les personnes âgées.
Pourquoi en consommer ?
C’est un dopant naturel (fer, B12, béta-carotène), intéressant pour les sportifs et pour les coups de fatigue passagers.
Elle constitue véritablement un complément alimentaire capable de rééquilibrer un régime peu varié.
Elle se substitue parfaitement à la viande : une poignée de spiruline équivaut à 35 grammes de protéines de bœuf, à trois verres de lait pour le calcium, à trois bols d’épinards pour le fer, à 18 carottes pour les béta-carotènes, à 500 grammes de steak pour la vitamine B12 et à 3 cuillères à soupe de germe de blé pour la vitamine E.
Elle porte bien son nom de » steak de la mer » avec des utilisations aussi variées que le sont les soucis nutritionnels de notre monde.
Elle pourrait représenter une des solutions de lutte contre la malnutrition : 1 à 3 grammes par jour pendant quatre à six semaines guérit un enfant malnutri. L’exemple de l’ONG genevoise Antenna Technologies est édifiant : depuis trente ans, elle lutte contre la malnutrition en Afrique et à Madagascar avec succès, à tel point qu’elle introduit localement la production tout en transmettant le savoir-faire pour tendre à l’autonomie alimentaire des populations locales.
La spiruline offre aux végétariens et aux écologistes une alternative à la production industrielle de viande. La surface de production est 30 fois moins importante que celle du soja, 40 fois moins que le maïs, et 300 fois moins que le bœuf (à tonnage égal). Même constat pour la consommation d’eau : 3 fois moins que pour le soja, 6 fois moins que pour le maïs, et 50 fois moins que pour le bœuf. L’énergie requise est solaire et, la plupart du temps, naturelle. Point non négligeable, la productivité à l’hectare : selon l’Institut de recherche pour le développement (IRD), elle s’élève à 9 tonnes contre 1 tonne pour le blé ou le soja.
Elle s’avère particulièrement efficace pour :
- Le traitement des personnes anémiques ;
- Les femmes enceintes, qui peuvent aussi en faire des cures, mais attention, pas en période d’allaitement ;
- Les populations exposées au risque de manque de fer ainsi que les adolescents en pleine croissance ;
- La lutte contre l’obésité aux Etats-Unis.
Il n’y a pas de risque de surdosage. Aucun effet secondaire n’est connu à ce jour.
La dose conseillée est de 2 à 5 grammes par jour en complément alimentaire pour un adulte.
Où en acheter ?
Internet regorge de sites vendant de la spiruline sous toutes ses formes, mais dont l’origine est souvent inconnue et la qualité incontrôlable. Le magasin bio où j’ai l’habitude de me ravitailler propose de la spiruline importée d’Amérique du Sud…
Pour commencer, dites-vous bien que la spiruline bio, ça n’existe pas, à moins d’exploiter les sources naturelles des pays de la ceinture intertropicale et donc de priver les populations locales des richesses de leurs lacs… N’allez pas aussi loin !
Evitez les productions lointaines et estampillées » bio « , d’autant que nous disposons de producteurs » locaux » réunis pour la plupart au sein d’une association : la Fédération des spiruliniers de France. Leur site est bien détaillé avec une charte commune et l’adresse des producteurs qui commercialisent leurs produits sans intermédiaires.
Vous y trouverez l’engagement de producteurs respectueux de l’environnement, leurs adresses, leur méthode de production et des recettes.
Le prix peut sembler élevé mais rapporté à la dose quotidienne, il n’en est rien.
Les avis scientifiques sont partagés : selon l’IRD, » rien ne prouve que la spiruline ait une influence quelconque sur quelqu’un de bien nourri, mais les effets sur les enfants carencés sont probables « .
Michel Hours, docteur en microbiologie au CNRS, est l’un des rares scientifiques persuadés de l’énorme potentiel médical de la spiruline. Il soulève un point important (il effectue des recherches sur son temps libre, aucune étude n’étant financée) : la spiruline, comme tout nouveau » superaliment « , n’est pas prise au sérieux comme sujet d’études.
Pourtant, elle pourrait véritablement limiter la quantité de protéines animales dans nos repas souvent trop riches, tout en conservant les propriétés de celles-ci. Je ne dis pas de supprimer totalement les protéines animales, mais, dans un premier temps, de varier les sources d’apport en protéines dans un souci de santé.
Seules des ONG comme Antenna Technology financent quelques études sur les enfants malnutris avec comme résultats de réelles prises de poids.
J’ai adopté la spiruline depuis quelque temps : je ne mange que très peu de protéines animales, mais le fer des végétaux est beaucoup moins assimilé que le fer animal. Dans mon cas, il constitue un bon complément. Je ne souffre plus d’anémie et je passe moins de temps à calculer l’apport en protéines indispensable à un bon équilibre alimentaire.
Un seul bémol : le goût, c’est pourquoi je vous propose deux, trois trucs. Pour ceux qui n’aiment pas le goût d’algue, optez pour les gélules (vérifiez bien la composition et la teneur en spiruline). Pour les autres, vous pouvez mélanger plus facilement la spiruline sous forme de poudre à un jus de fruits pressé, à une soupe, à une sauce type vinaigrette…
N’oubliez pas qu’un régime alimentaire équilibré (accessible en Occident) ne nécessite pas de complément alimentaire. La spiruline est un aliment à part entière et ponctuellement un complément pouvant résorber des carences. Alors, comme toujours, choisissez en toute connaissance de cause et n’hésitez pas à en parler à votre médecin.
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Pour aller plus loin, je vous conseille le livre du docteur Dupire : La spiruline, un superaliment (Guy Trédaniel Editeur, 2011).