Une tendance est à l’oeuvre et nous concerne tous ; elle commence à devenir réalité pour certains d’entre nous. Soyez-en conscient. Mieux, préparez-vous y.
Je lisais récemment le Handelsblatt (l’équivalent du Financial Times en Allemagne). L’ancien banquier central britannique Charles Goodhart y prônait la mort des billets de 500 euros et 1 000 francs suisses. Rien de nouveau : ces coupures feraient le bonheur des trafiquants en tout genre…
Mais Goodhart a surtout dégainé un autre argument : la disparition de ces coupures permettrait de faire baisser les taux d’intérêt !
Les banques centrales pourraient ainsi pratiquer des taux d’intérêt négatifs.
Andrew Haldane, chef économique de la Banque d’Angleterre, lui emboîte le pas en ajoutant la nécessité de faire disparaitre l’argent cash.
Pourquoi ?
Parce que les banques centrales ont atteint leurs « limites » avec les taux zéro
Comment aller plus loin dans leur politique ultra-laxiste si le taux plancher est atteint ?
Elles sont aujourd’hui coincées et doivent trouver une solution pour « aller plus loin ». Car s’il y a bien une chose dont nos amis banquiers centraux restent convaincus, c’est qu’une politique laxiste de taux zéro (voire de taux négatifs) est bonne pour vous cher lecteur ; elle relance la croissance économique.
Bien entendu, nous n’en croyons pas un mot. La Fed, la BCE, les banques centrales du Japon, d’Angleterre, de Suisse… toutes ont pratiqué les taux zéro, les QE, les rachats massifs d’actifs… cette débauche de moyens n’a pas réussi à faire repartir la croissance en Occident malgré les milliers de milliards injectés sous toutes les formes possibles et imaginables dans le système depuis des années. Pourquoi cela changerait-il aujourd’hui ?
Mais fermons cette parenthèse. Car pour le système bancaire et monétaire en place, convaincu du bien-fondé de sa politique, la seule question est :
Comment aller « sous le plancher du taux zéro » ?
La réponse est simple : en instaurant des taux négatifs. Taxer les dépôts bancaires pousserait les gens à dépenser leur argent (donc à consommer), car s’ils laissaient leur argent en banque, ils seraient taxés (taux négatif oblige).
Mais voilà… tant qu’il y aura de l’argent cash, la politique de taux négatif ne sera pas efficace car les administrés sont rusés… Ils retireront leur argent de la banque pour éviter la taxe et le garderont chez eux. En cash.
D’où la machiavélique idée de supprimer le cash
Si l’argent devient 100% numérique, vous n’avez plus de solution de repli.
Vous aurez le choix entre :
- consommer ;
- ou vous faire taxer par votre banque (via le taux négatif appliqué à votre compte courant).
Rogoff, ex-économiste en chef du FMI, ne cesse de dire et répéter que la société sans cash est un enjeu majeur dans le prestigieux Financial Times.
C’est donc cela l’idée… Il faut supprimer le cash, instaurer des taux négatifs pour redonner du pouvoir aux banquiers centraux embourbés dans leur propre impuissance…
Evidemment, les banquiers, à l’image du chef économiste de Citigroup Willem Buiter, soutiennent l’initiative. Et pour cause : c’est tout bénéfice pour leurs marges ! Il y a là un véritable lobbying à l’oeuvre…
Soyez conscient d’une chose cher lecteur : ces idées dont je vous parle font leur chemin. Elles mûrissent. Inimaginables il y a encore quelques mois, elles deviennent de plus en plus acceptables, voire acceptées.
Fleurissent en une des plus grands journaux économiques et financiers. On les évoque de plus en plus sur les radios spécialisées type BFM Business… Il ne manquera bientôt plus que « l’occasion » pour subrepticement les imposer.
Certaines banques ont déjà pris les devants
Les banques exsangues allemandes comme la Commerzbank ont mis en place des taux négatifs sur les comptes courants des grosses entreprises dès 2014. Idem pour la Deutsche Skatbank, qui prélève 0,25% sur les comptes courants présentant un dépôt supérieur à 3 M euros.
« C’est pour les gros poissons » me direz-vous…
Pas du tout cher lecteur. Là aussi, les choses évoluent très vite. Voyez plutôt :
Coup de tonnerre ce week-end en Suisse
Pour la première fois, une banque suisse (Alternative Bank Schweiz) taxe les comptes courants des particuliers, et ce dès le premier euro déposé en banque, à hauteur de 0,125%.
Le taux d’intérêt négatif appliqué est donc de 0,125%. Et pour les dépôts supérieurs à 100 000 FS, le taux négatif sera de 0,75%. Bim ! Eh oui… c’est le taux directeur pratiqué par la banque centrale suisse.
Grand seigneur, la banque recommande à ses clients d’investir l’argent en dépôt dans des obligations d’état ou sur des comptes d’épargne.
Mieux : d’appeler leur conseiller financier…
Les Suisses sont donc les premières victimes des taux négatifs. D’autres suivront.
Il est donc nécessaire en tant que particulier et investisseur, de réfléchir à cette situation pour savoir comment réagir… au cas où.