Steve Martin en avait assez.
Il se produisait dans des stades bondés, mais personne ne voulait de lui et personne ne se souvenait de lui.
Pourquoi ? Eh bien parce qu’il faisait les premières parties d’autres artistes. Les Carpenters, Toto et bien d’autres. Il devait attendre QU’ILS LE CHOISISSENT.
Les personnes dans les stades venaient pour EUX. Les autres. LEUR public attendait patiemment que Martin termine sa prestation. Et c’était ce même public qui s’empressait de l’oublier.
Mais… les stades étaient bondés !
Ce n’est pas grave. C’est un bon « exercice », mais qu’il y ait du monde ou non, cela ne changeait rien pour lui. Cela ne faisait pas augmenter le nombre de ses followers (pour reprendre le langage actuel des réseaux sociaux).
Alors, il s’est choisi LUI.
La vedette, ce serait LUI et il ne se contenterait plus d’être celui qui fait les premières parties.
Comment ?
Il s’est mis à louer des sites de plus petite taille et à les remplir grâce à des fans toujours plus nombreux.
Ses compétences se sont améliorées encore plus vite, il s’est nourri des commentaires d’un public qui l’appréciait et a commencé à se produire dans des lieux de plus en plus grands.
RAPIDEMENT il a loué des stades et les a remplis. Et le public n’était là que pour Steve Martin.
Puis il a tout arrêté.
Ce n’était pas un nouveau caprice :
- Shakespeare possédait une partie de la société de théâtre qui produisait la quasi-totalité de ses pièces ;
- Charlie Chaplin a monté une société cinématographique, United Artists (1919), pour avoir un contrôle total sur ses films ;
- Lucille Ball a refusé la demande que lui avait faite CBS de faire appel à un autre acteur que son mari, Desi Arnaz, pour jouer le rôle de son époux dans « I Love Lucy ». Selon CBS, les américains ne voudraient pas que le personnage principal soit d’origine cubaine.
Alors Lucille et son mari ont pris la route pour présenter leur programme, ils ont eu un énorme succès aux États-Unis et CBS a cédé. Dans l’histoire des sitcoms, « I Love Lucy » est celle qui a eu le plus d’influence sur le public.
Lucille et son mari sont allés plus loin : ils ont créé DesilLu Productions afin de mettre en scène leurs propres idées. L’une d’elles était la suivante : une émission courte bien connue à l’époque appelée « Star Trek ».
J’ai menti.
J’ai dit que Steve Martin avait arrêté. Ce que je voulais dire, c’est qu’il avait arrêté de se produire en public. Il voulait écrire, devenir acteur et continuer d’apprendre, ce que nous devrions tous faire.
Mais personne ne lui a proposé de tenir le premier rôle dans un quelconque film. Personne !
Alors il a écrit un scénario, « The Jerk », et il a décidé qu’il serait produit uniquement si le premier rôle LUI était confié. Il n’a pas attendu de passer une audition quelconque pour avoir un rôle dans le film de quelqu’un d’autre. Il a écrit le film LUI-MÊME !
Paramount a refusé, en partie à cause de ça. Universal a accepté, Carl Reiner l’a dirigé et maintenant ce film est considéré comme l’un des plus drôles jamais réalisés.
Lorsqu’il a écrit le script, l’objectif de Steve Martin était de provoquer le rire au moins une fois par page.
Il n’a pas abandonné. Il s’est choisi LUI de façon encore plus importante.
Je ne suis pas Steve Martin, ni Shakespeare ni qui que ce soit d’autre. Parfois, je me dis que je ne suis pas capable de faire grand-chose. Mais lorsque j’ai une idée, je m’enflamme.
Et lorsque je sens que quelque chose se met en travers de ma route, trouver un moyen de contourner cet obstacle devient une obsession.
Cela ne veut pas dire que vous devez posséder votre propre studio (YouTube peut tout aussi bien servir de studio). Cela ne veut pas dire que vous devez posséder votre propre salle de spectacle (voir ci-dessous). Cela ne veut pas dire que vous devez partir sur les routes à la rencontre de votre public. Mais cela pourrait bien vouloir dire toutes ces choses à la fois.
Je voulais publier un livre, celui qui ne serait publié par personne d’autre ; alors j’ai créé une maison d’édition.
En 2009, j’ai proposé d’écrire des newsletters, mais le Wall St Journal a refusé ; alors j’ai créé ma propre société de publications en 2015.
Je voulais me produire en public trois à six soirs par semaine. Alors j’ai… (je réserve cela pour un autre article).
Le processus, c’est la technique.
Obtenir « une émission de télévision » ou gagner « un million de dollars » est le résultat. Mais le processus est le point le plus important de la technique et de la réussite. Les obstacles ne peuvent rien contre votre réussite. Vous seul êtes le garant de votre réussite.
L’année dernière a été l’année la plus agréable de toute ma vie. Et j’espère que cette année sera excellente, pour vous comme pour moi. Vous et moi, nous sommes pareils.
Lorsque nous sommes coincés, eh bien il suffit de nous décoincer.
Mes recommandations de lecture :
- « Ma vie de comique » par Steve Martin ;
- « Conversations with Steve Martin » en anglais ;
- « Histoire de ma vie » par Charlie Chaplin.