Un jour, un ami m’a dit : « Si tu ne changes pas, je parie que dans onze mois, tu seras soit mort, soit en prison. Je penche pour la prison. »
En fait, en y repensant, trois amis différents m’ont tenu exactement le même discours à trois reprises.
Une fois, j’étais dans une relation toxique. J’ai frôlé la mort au moins une fois. Les autres fois, je risquais fortement d’être emprisonné. En grande partie parce que j’essayais de me faire du mal.
Un jour, j’ai perdu beaucoup d’argent, ce qui m’a beaucoup déprimé car j’avais deux enfants à élever. J’avais décidé de me suicider, mais… j’ai toujours repoussé l’échéance au lendemain. Heureusement.
Une autre fois, j’ai mis une femme enceinte. Je parvenais à peine à m’occuper de moi, alors deux autres personnes, n’en parlons pas.
Chaque fois, j’ai dû me ressaisir et changer ma vie.
Il est difficile de se réinventer.
La première étape est une bonne purge. Je ne parle pas d’une détox à base de jus de légumes. Il s’agit plutôt de faire le ménage dans votre vie.
Ensuite, vous serez en mesure de réinventer votre existence. Mais tout d’abord, voici trois habitudes à prendre sans tarder.
1) CESSEZ DE VOUS TENIR « INFORMÉ »
J’avais l’habitude de lire quatre journaux chaque matin. Je lisais également une douzaine de magazines par mois environ.
Je pensais que j’avais besoin de me tenir « informé ».
N’importe quoi.
Un jour, j’ai assisté au tournage d’un journal télévisé. J’avais été invité sur le plateau à de nombreuses reprises et le réalisateur m’avait proposé de venir voir comment les choses se déroulaient en coulisses.
C’était un journal télévisé on ne peut plus classique : les nouvelles du jour, une poignée de « spécialistes », un présentateur ou deux pour animer l’émission.
À un moment donné, un assistant réalisateur a murmuré dans le micro de l’un des invités : « C’est le moment de réagir. » Cela m’était également arrivé un nombre incalculable de fois.
Le réalisateur s’est alors penché vers moi et m’a dit : « On essaie juste de combler les trous entre les publicités. »
Voilà à quoi ressemble un journal télévisé.
Par ailleurs, j’ai beaucoup écrit pour la presse. Le matin en réunion, le rédacteur en chef demande : « Bon, comment pouvons-nous faire peur aux gens aujourd’hui ? »
Voilà à quoi ressemble la presse écrite.
Je ne jette pas la pierre aux journalistes ou aux réalisateurs. Une vidéo diffusée sur Facebook peut obtenir 20 millions de vues en une journée, tandis que le journal d’une chaîne de télévision locale rassemble environ 50 000 téléspectateurs par jour.
Les chiffres sont en baisse et les journalistes doivent donc verser de plus en plus dans le sensationnalisme pour continuer d’attirer le public.
Et que dire des bons journalistes ? Ils s’en vont.
Un jour, je discutais avec le rédacteur en chef de l’un des quatre grands journaux américains.
Il m’a dit : « J’ai un gros problème. Mes meilleurs journalistes ont énormément d’abonnés sur les réseaux sociaux, et ils veulent une augmentation. J’ai dû les renvoyer parce que c’est l’esprit d’équipe qui devrait compter le plus. Personne ne devrait faire cavalier seul pour devenir sa propre marque. »
Il a donc viré ses meilleurs journalistes. Ensuite, c’est lui qui a été mis à la porte.
C’est la tournure que prend la bonne presse. Elle n’informe plus ; elle verse dans le sensationnalisme. Elle n’est plus impartiale ; elle essaie de persuader les lecteurs. Même la qualité de l’écriture diminue, car les articles doivent paraître toujours plus vite.
Sans oublier que le type d’annonceurs détermine le type de contenu publié…
L’heure que je passais à lire la presse chaque jour, je la consacre à présent à lire de bons livres.
Je commence ma journée en lisant de la bonne fiction, des ouvrages de non-fiction de qualité, et généralement un livre sur un jeu.
Je lis de la bonne fiction parce que c’est là où le style est le meilleur. Quand je lis un livre qui est bien écrit, je deviens moi-même un meilleur écrivain et un meilleur communicant.
Je lis des ouvrages de non-fiction de qualité pour apprendre des choses. (Souvent, les auteurs de non-fiction ne sont pas ceux qui écrivent le mieux, parce qu’ils consacrent leur vie à être des spécialistes du sujet sur lequel ils écrivent.)
Par ailleurs, les livres de non-fiction me permettent vraiment de me tenir informé. Par exemple, si les informations du jour concernent les droits de douane, j’ai bien plus intérêt à lire un livre sur l’histoire des barrières douanières au cours des 500 dernières années pour me faire mon propre avis sur le sujet.
Si les informations du jour concernent les suppressions d’emplois causées par l’intelligence artificielle, je préfère lire un livre qui examine les tendances liées à l’intelligence artificielle ainsi que les précédentes tentatives de mettre en place un revenu universel, et les conséquences qui en ont découlé.
Si les informations du jour concernent Kim Kardashian (ce qui arrive souvent) ou le dernier tweet de Donald Trump, je lis plutôt la biographie d’une personne que j’admire pour découvrir les habitudes qui se cachent derrière la vraie réussite.
Enfin, je lis un livre sur un jeu (les échecs, le go, le poker, etc.) parce que j’adore ça et que j’aime améliorer mes compétences dans un domaine difficile.
La lecture me permet de devenir meilleur. Je me « tiens informé » quand je surprends des conversations dans le métro.
2) ÉCRIVEZ DIX IDÉES PAR JOUR
Un jour, j’ai lu que Stephen King avait eu un accident de vélo qui l’avait cloué au lit plusieurs semaines.
Avant de se remettre à marcher, il avait dû suivre un traitement parce que les muscles de ses jambes s’étaient atrophiés (cela arrive si vite).
Pire encore, il ne pouvait plus écrire. Après deux semaines d’inactivité seulement, son « muscle de l’écriture » s’était atrophié. Il devait prendre la plume tous les jours pour le reconstruire. Et je parle là de Stephen King, l’un des plus grands écrivains de tous les temps – et l’un des plus prolifiques, aussi.
C’est la même chose avec les idées. Chacun d’entre nous possède un « muscle à idées ».
Il s’atrophie très vite si nous ne l’utilisons pas. En tout cas, c’est mon cas. Je deviens ennuyeux et je ne parviens plus à imaginer quoi que ce soit ou à faire preuve de créativité.
Je note dix idées chaque jour depuis 2002, l’année où je me suis trouvé au plus bas sur le plan financier.
Je dois avouer que je n’ai pas été assidu tous les jours depuis. Mais chaque fois que j’ai dérogé à cette pratique, j’ai perdu de l’argent, j’ai brisé des relations, je ne me suis pas amélioré, je suis passé à côté d’opportunités et, dans l’ensemble, j’étais un vrai loser.
Voici quelques exemples d’idées :
- Des idées d’entreprises que je pourrais créer. (Stockpickr.com a commencé de cette manière.)
- Des idées de livres que je pourrais écrire. (Tous mes livres ont commencé de cette manière.)
- Des idées de chapitres de livres.
- Des idées d’applications que je pourrais développer.
- Des idées d’émissions que je pourrais réaliser.
- Des idées visant à aider d’AUTRES personnes à développer leur business.
Par exemple, j’ai un jour écrit à tous les investisseurs que j’admirais : Warren Buffett, Georges Soros et bien d’autres.
Je leur ai demandé : « Puis-je vous offrir un café ? »
Je n’ai reçu aucune réponse. AUCUNE ! Évidemment, Warren Buffett n’allait pas se dire : « Arrêtez tout, James Altucher veut m’offrir un café ! »
Par la suite, j’ai donc fait des recherches approfondies sur chacune des personnes que je voulais contacter (en lisant des livres, des biographies, etc.), puis j’ai trouvé pour chacune d’entre elles dix idées d’amélioration de leur business.
J’ai écrit à 20 personnes.
J’ai reçu trois réponses.
- J’ai proposé dix idées d’articles à un auteur. Il m’a répondu : « C’est super ! Pourquoi tu ne les rédigerais pas pour nous ? » C’est ainsi que j’ai trouvé ma première mission rémunérée en tant qu’écrivain.
- J’ai présenté à un gestionnaire de hedge fund dix logiciels de mon cru permettant de faire des prédictions sur les marchés. Je lui ai également envoyé les résultats que j’avais obtenus en les utilisant. Il a fini par me confier de l’argent, et c’est ainsi que je me suis lancé dans le secteur des hedge funds.
- J’ai soumis dix idées que j’ai oubliées depuis à un autre individu. Il m’avait répondu et proposé d’aller déjeuner. Je lui ai répondu 12 ans plus tard et je l’ai invité dans mon podcast – le seul auquel il ait jamais participé.
Grâce à cette liste d’idées, j’ai pu visiter Google, Amazon, LinkedIn et de nombreuses autres sociétés. J’ai vendu des entreprises. J’ai écrit des livres.
Cela a changé ma vie.
Combien de temps faut-il pour développer son muscle et devenir une machine à idées ?
Comptez trois à six mois. Mais votre muscle s’atrophiera en une semaine si vous vous arrêtez, alors soyez régulier.
Vous vous demandez si je garde une trace de mes idées ? Non, absolument pas. L’unique objectif est d’exercer mon muscle à idées. En fait, 99,9% des idées sont mauvaises. Mais si vous vous entraînez, vous finirez par en trouver des bonnes. Toutefois, quand je note mes idées, je m’attends à ce que la plupart soient nulles.
Pourtant… il en suffit d’une pour changer votre vie.
[Mes dix idées du jour : 10 masterclass que je pourrais proposer. Encore une fois, le but n’est pas de trouver de BONNES idées, mais de noter toutes celles qui vous viennent à l’esprit. Qui sait ? Peut-être que l’une d’entre elles fera son chemin à long terme.]
J’ai gagné des millions de dollars grâce à cette seule habitude.
3) NE SOUS-TRAITEZ PAS L’ESTIME QUE VOUS AVEZ DE VOUS-MÊME
Je l’avoue : j’accorde de l’importance à ce que les gens pensent de moi. Beaucoup trop d’importance !
Le « développement personnel » incite si souvent à ignorer l’opinion des autres. Tracez votre propre route ! Sortez des sentiers battus ! Soyez unique !
Mais ma cervelle n’est pas d’accord. Je veux être aimé. Quand j’étais gamin, j’étais très impopulaire. Il est difficile de se débarrasser du besoin d’être apprécié.
J’avais de l’acné, un appareil dentaire, les cheveux bouclés. Je passais mon temps à jouer aux échecs. J’avais un bon ami, mais la plupart des gens ne m’aimaient pas.
J’étais timide. Je séchais souvent les cours parce que je haïssais tout le monde. Parfois, je me faisais frapper. Je détestais l’école. Je détestais grandir.
J’ai beau avoir 50 ans, un petit garçon de 13 ans détesté de tous continue de souffler au fond de moi que personne ne m’aimera jamais.
Quand une femme veut sortir avec moi, je n’arrive pas à y croire. Quand une entreprise veut travailler avec moi, j’ai l’impression d’être un imposteur.
Je fais tout mon possible pour être apprécié des autres. J’écris des livres (pour qu’on m’aime à travers mes mots). Je fais du stand-up (pour que les gens rient de mes blagues au lieu de rire de moi). Je crée et je vends des entreprises. (Si je suis assez riche, peut-être que les gens m’aimeront ? Toutefois, ce n’est jamais suffisant et c’est la pire des façons de se faire apprécier des autres. Je finis généralement ruiné, dans ces cas-là.)
Je dois sans cesse me rappeler que je ne suis plus la même personne à 50 ans qu’à 13 ans. Parce que j’ai fait telles et telles choses, et ainsi de suite.
Quand je commence à fréquenter une femme, je sens que je remets mon estime de moi entre ses mains (je choisis cet exemple car c’est la manière la plus simple de l’expliquer, mais c’est aussi valable dans ma vie professionnelle, avec mes amis, etc.).
Je m’accorde autant de valeur qu’elle m’en accorde. Je lui donne les clés de ma propre estime.
Laissez-moi vous dire une chose : personne ne veut gérer cela. Personne ne veut de cette responsabilité. C’est déjà assez difficile pour elles de gérer l’estime qu’elles ont d’elles-mêmes, alors la mienne, n’en parlons pas.
Je le fais malgré tout.
C’est une lutte permanente. Je crois que je suis en train de gagner ce combat, mais voici ce qui m’a aidé :
- prendre conscience des moments où cela se produit ;
- identifier le garçon de 13 ans qui me pousse à agir ainsi ;
- me souvenir des choses que j’ai accomplies ;
- m’efforcer activement de déstresser si je suis angoissé à propos de ce qu’une personne pense de moi.
NE VOUS TIREZ PAS UNE BALLE DANS LE PIED
Si vous êtes angoissé à propos de ce que l’autre pense de vous (une personne que vous fréquentez, votre patron, un collègue, votre partenaire, etc.), il est possible que vous vous tiriez une balle dans le pied. En tout cas, c’est ce que je fais.
Dès que quelque chose de positif est sur le point de m’arriver, je jette des obstacles en travers de ma route. Par exemple, je deviens trop timide pour me rendre à un rendez-vous, ou j’essaie d’impressionner l’autre de manière exagérée. Ou alors, je choisis un mauvais accord au cours d’une négociation…
Il est donc essentiel de prendre conscience de ce comportement pour arrêter de se tirer une balle dans le pied. Je peux ensuite me concentrer de nouveau sur les moyens d’améliorer mon existence (noter dix idées par jour, m’entourer de personnes positives, ne pas mentir, être en bonne santé, respecter la vie d’autrui, etc.).
Nous n’avons qu’une seule vie pour y parvenir.
Mais cela veut dire que nous devons agir AUJOURD’HUI.
Nous ne savons pas ce qui nous attend demain.
Ne vivez pas votre vie comme si c’était le dernier jour. Vivez-la comme si c’était PEUT-ÊTRE le dernier jour.
Le changement me fait peur.
Et ces trois habitudes ne sont qu’un début.
Quand je les oublie, cela fait mal. Je finis généralement dans la rue, complètement ivre. Ou bien dans un motel, où la police m’a enfermé pour la nuit. Ou alors seul, sans personne à qui parler. Ou bien complètement ruiné. Ou tout cela à la fois.
Mais je devais me lancer.
Ces habitudes sont nécessaires pour que la vie vaille la peine d’être vécue. Pour avoir un impact. Pour garantir mon bien-être.
Aujourd’hui est peut-être le dernier jour de ma vie. Je vais donc chérir les personnes qui m’entourent.