Cher Lecteur,
Voilà bien longtemps que la Grèce n’avait pas autant fait parler d’elle…
Quoi que… Souvenez-vous en décembre dernier, les élections anticipées avaient fait grincer des dents bien des spécialistes, dont une que vous connaissez bien : Simone Wapler !
Simone avait tiré le signal d’alerte, expliquant que la probable élection de Tsipras pourrait bien être le point de bascule hors de la Zone euro pour le pays.
Et nous voilà désormais un trimestre plus tard dans un contexte qui semble une fois de plus inextricable pour le pays.
Angela Merkel grince des dents, les officiels du FMI grondent et Poutine joue les invités surprises dans une crise qui dure depuis 4 ans tout juste !
Vendredi 3 avril 2015 dernier, mail laconique de Simone :
« Sources Daily Telegraph — Zerohedge, le FMI plie bagage et rapatrie tout le monde. Tsipras va voir Poutine. Rumeur comme quoi le FMI ne sera pas payé de son échéance. Les CDS piquent une petite pointe. Intéressant ! Si pb il devait y avoir ne pas oublier que ce sera le WE (comme à chaque fois) » |
Sommes-nous à l’aube du vrai, du seul, de l’unique Grexit ?
Résumé des épisodes précédents : la Grèce toujours autant endettée tente tant bien que mal de faire face à ses échéances de remboursements de prêts.
Aujourd’hui le pays va rembourser 459 millions d’euros au FMI. Le monde éco a donc retenu son souffle… et finalement le pays a confirmé sa volonté d’honorer cette créance. « Le paiement est programmé et sera effectué dans la journée », a déclaré un responsable gouvernemental à l’agence Reuters.
Oui mais voilà, dans les semaines et les mois qui viennent, c’est une avalanche de remboursements qui attend le pays ! Et Alexis Tsipras devra se démener pour trouver comment les payer…
Car au fond, ces 459 millions d’euros ne sont rien : en mai, le pays devra verser 760 millions au FMI, 320 millions d’intérêts mais aussi renouveler des bons du Trésor à hauteur de 2,8 milliards !
Un défaut en mai ? Plus d’une chance sur deux selon HSBC
Comme le rapportait le journal Le Monde : « les analystes de la banque HSBC ont indiqué qu’ils ne voyaient pas de difficultés pour le gouvernement grec jusque fin avril (y compris pour le paiement des salaires et des pensions des fonctionnaires), mais que la situation leur apparaissait plus compliquée à compter du 12 mai, date à laquelle Athènes doit rembourser 767 millions d’euros au FMI. Les analystes de la banque UBS évoquent, quant à eux, une probabilité de 50%-60% que la Grèce fasse défaut. »
Et de plus en plus de rumeurs font état d’un plan d’urgence élaboré par Athènes en cas de sortie précipitée de l’euro. Ainsi pour The Daily Telegraph ou The Independent, il ne s’agirait pas forcément d’un retour à la drachme mais une devise parallèle servant à payer les salaires.
Toujours d’après ces deux journaux citant des « sources proches du parti Syriza », Alexis Tsipras y parviendrait en « nationalisant son secteur bancaire » pour pouvoir faire marcher la planche à billets afin de régler ses factures.
Ce qu’il faut bien que vous compreniez, c’est que tout le monde se prépare à la sortie de l’euro de la Grèce… Et ce n’est plus une question de si mais de quand. Et ce quand pourrait arriver dès le mois de mai prochain.
Surtout qu’un nouvel acteur joue l’invité surprise dans cette crise : Vladimir Poutine.
Alexis Tsipras : le pompier pyromane
Lundi dernier, le ministre de l’Energie grec Panagiotis Lafazanis a fait le déplacement jusqu’à Moscou pour — officiellement — négocier une baisse du prix du gaz, et un allègement des mesures de rétorsion aux sanctions, qui chassent les produits grecs de Russie. Ces dernières 48h, c’est Alexis Tsipras qui se promène dans les couloirs du Kremlin.
Point important : juste avant cette visite, ce même ministre blâmait l’Europe pour les mesures de rétorsion infligées à la Russie pour son attitude dans le conflit avec l’Ukraine. Alexis Tsypras lui aussi multiplie les déclarations contre les sanctions européennes…
Vous suivez toujours ? Donnez-moi quelques secondes, vous allez comprendre pourquoi cette visite est si importante.
Depuis la victoire de Syriza, la Russie propose son aide financière à la Grèce. Et cet appel à l’aide de dernière minute réjouit Vladimir Poutine.
Et pour cause, les fameuses mesures de rétorsion infligées à la Russie doivent être prises à l’unanimité par l’Europe… ce qui inclut donc un vote de la Grèce ! En tendant la main à Athènes, Vladimir Poutine s’offre donc la possibilité d’un véto grec au sein même de la Zone euro lors d’un vote pour le durcissement des sanctions contre son pays…
Alexis Tsipras tente de faire plier l’Europe afin de débloquer le plan d’aide contre sa solidarité avec Bruxelles. Un jeu très dangereux !
Le bras de fer entre la Grèce, la Russie et l’Europe ne fait donc que commencer… il va falloir vous préparer car la situation peut basculer à tout moment déclenchant par ricochet une nouvelle panique sur les marchés.