« Vendez en mai et allez-vous-en » (en anglais : « sell in may and go away »).
C’est l’un des adages les plus connus de Wall Street. Et c’est probablement le premier que j’ai entendu dans la bouche de mon chef et mentor Bill lorsque j’ai commencé à travailler dans son hedge fund. (Il se peut que Bill l’utilisait pour justifier ses parties de chasse et de pêche estivales, mais allez savoir…)
Les statistiques semblent étayer ce dicton. Les données montrent que, depuis plus d’un siècle, les performances boursières sont nettement meilleures entre novembre et avril qu’entre mai et octobre.
Cela signifie-t-il qu’il vous faudrait vendre vos investissements et déserter les marchés pendant l’été ?
Aujourd’hui, je souhaite vous parler de la véritable origine de ce proverbe boursier pour que vous puissiez vous mettre dans les conditions idéales pour réaliser des bénéfices cet été…
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De l’origine du dicton « Vendez en mai »
Depuis des décennies, les marchés fléchissent durant la période estivale et cela est tout à fait logique.
Durant la majeure partie du XXe siècle, les gros traders institutionnels avaient pour habitude de quitter New York pendant l’été pour aller profiter de leur résidence secondaire dans les Hamptons.
Dans la mesure où le plus gros de l’activité de trading se déroulait dans l’enceinte de la Bourse de New York, l’absence de ces traders de premier plan se traduisait mécaniquement par une activité boursière moindre et des performances en retrait.
À la fin de l’été, ces investisseurs revenaient à Wall Street et les affaires reprenaient.
Ils appelaient des clients et se remettaient à promouvoir leurs recommandations d’investissement. Ces recommandations entraînaient une flopée d’ordres d’achat et les marchés repartaient fortement à la hausse.
Bien sûr, les choses étaient différentes d’une année à l’autre. La période estivale n’était pas toujours synonyme de léthargie, pas plus que l’automne n’était automatiquement synonyme de forte hausse des marchés.
Mais au fil du temps, la tendance des marchés à ralentir durant l’été et à évoluer à la hausse en automne et en hiver a donné naissance au proverbe « Vendez en mai ».
Pour éviter tout malentendu, les statistiques montrent que les marchés ne perdent pas d’argent durant la période estivale.
Cette semaine, Bespoke Investment Group a publié une étude qui montre que les marchés progressent en moyenne de 3,60% entre mai et octobre, alors qu’ils progressent en moyenne de 8,70% entre novembre et avril.
Par conséquent, si cette tendance historique se vérifie à chaque fois, il serait peu judicieux de vendre ses investissements à chaque fois qu’arrive le mois de mai. Si c’est ce que vous avez l’habitude de faire, vous renoncez à un tiers de vos gains chaque année.
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La technologie modifie les tendances saisonnières
Si le dicton « Vendez en mai » avait tout son sens auparavant, le fait est que Wall Street opère différemment désormais.
Les traders ne sont plus présents physiquement à la Bourse de New York. La majeure partie des ordres et des investissements sont désormais réalisés par voie électronique.
Grâce à Internet, les plus gros traders et fonds d’investissement savent en permanence ce qui se passe sur les marchés. Il est désormais aussi facile de placer un ordre de Bourse important depuis votre téléphone portable que depuis une plateforme de trading sur ordinateur.
Les dynamiques sociales qui expliquaient cette tendance à l’origine du dicton ont évolué.
Désormais, la quasi-totalité des grandes sociétés de trading utilisent des algorithmes informatiques intelligents pour profiter des tendances prévisibles comme celle-ci.
Si les algorithmes repèrent que les marchés se replieront probablement durant l’été ou partiront à la hausse pendant la période hivernale, les ordinateurs placent automatiquement des ordres pour profiter de ces opportunités.
Les ordres placés par ces ordinateurs alimentent mécaniquement une hausse ou une baisse des cours avant que les tendances anticipées se matérialisent.
Ces ordres algorithmiques poussent les cours des actions à la hausse ou à la baisse et annihilent les tendances saisonnières ou temporelles qui auraient pu se réaliser par le passé.
En raison des progrès technologiques et du trading informatique, le dicton « Vendez en mai », à notre époque, ne devrait donc pas être pris au pied de la lettre.
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L’année 2021 devrait déroger à la règle
À chaque fois que l’on me dit « cette fois, c’est différent », je suis immédiatement en proie au scepticisme.
Mais dans la mesure où le proverbe « Vendez en mai » est obsolète, compte tenu des dynamiques sensiblement différentes auxquelles les marchés sont désormais confrontés alors que nous commençons à sortir de la crise du coronavirus, la période estivale 2021 s’annonce vraiment différente.
Dans un contexte marqué par la réouverture de l’économie, les marchés offrent des opportunités très prometteuses qui pourraient vous permettre de faire fructifier grandement votre capital en mai et dans les mois qui suivront.
Cela fait un certain moment que nous parlons des titres « value » dans les colonnes de la lettre Investissements Personnels.
Ce terme désigne les titres d’entreprises qui réalisent des bénéfices réguliers. Ces entreprises s’échangent en Bourse à très bas prix par rapport au niveau de leurs bénéfices.
Lorsque vous investissez dans un titre « value« , vous en avez plus que pour votre argent (comme lorsque vous achetez un produit en promotion). Ces titres offrent plusieurs avantages :
- ils sont moins risqués, car vous déboursez peu pour les bénéfices qu’ils offrent ;
- ils sont plus rémunérateurs car ils versent des dividendes réguliers et s’échangent à bas prix par rapport aux revenus qu’ils offrent ;
- des performances boursières supérieures en 2021 car nous assistons à une rotation des marchés en faveur des titres « value« , qui poussé les cours à la hausse.
Ces trois facteurs sont autant de bonnes raisons de détenir des titres « value« .
Il existe des dizaines d’entreprises performantes mais sous-valorisées dans les secteurs des technologies, de l’industrie manufacturière, des matériaux, du logement, de la médecine, de l’immobilier, de la distribution et autres.
Alors que nous nous dirigeons vers une période moins faste, entre mai et octobre, ces entreprises sont de plus en plus prisées par les investisseurs et poussent les marchés à la hausse.
C’est une tendance qui devrait accélérer à la faveur de la réouverture de l’économie.
Elle pourrait vous faire gagner beaucoup d’argent si vous ignorez l’injonction populaire « Vendez en mai » et que vous conservez en portefeuille les titres de qualité qui vous ont toujours rapporté de l’argent.