Hier, un anonyme, appelons-le « Franck », a commenté un article que j’avais écrit : « Chaque fois qu’Altucher ouvre la bouche ou publie un commentaire, c’est l’ensemble du savoir humain qui se voit réduit ».
Franck a tout à fait raison et je le félicite d’avoir mis ce point en exergue. Lorsque je parle, en effet, c’est l’ensemble du savoir humain qui se voit réduit. Je ne suis pas humain. Je pourchasse les humains. Puis je prends le contrôle. Peut-être que Franck a peur que je lui enlève une grande partie du savoir qu’il a mis 40 ou 70 ans à maîtriser. Pas de problème, Franck. Votre savoir est en sécurité, je ne vous le prendrai pas. Vous pouvez rentrer chez vous maintenant.
Nous sommes devenus l’image de ces animaux dans les zoos qui attendent que leur soigneur les nourrisse. Nos soigneurs sont nos chefs, le gouvernement, les actionnaires des grandes sociétés, les médias qui nous nourrissent en remplissant la cuillère de peur et de voracité. Les banques qui nous pressent comme des citrons lorsque nous tentons de nous défaire de nos chaînes.
La vie a une autre saveur lorsque vous prenez le contrôle. Lorsque vous vous battez pour ce que vous gagnez et que quelqu’un vous paie en fonction du service que vous avez proposé, de l’idée que vous avez générée, de votre capacité à la mettre en œuvre et de sa capacité à l’utiliser à son avantage.
L’autre jour, quelqu’un m’a demandé : « Que veux-tu dire par je prends le contrôle ? »
Eh bien, cela signifie que la plus grande source de plaisir consiste à plonger dans cette jungle et être capable de chasser et survivre sans l’aide d’un quelconque soigneur prétendant uniquement veiller à votre sécurité. Que vous soyez entrepreneur, employé, étudiant, au foyer ou encore écrivain, il est temps d’oublier tout ce que le monde a mis en place pour garantir votre sécurité et votre confort.
Le savoir acquis par l’être humain a déchiré nos familles, détruit nos comptes bancaires et nous a bercé d’un sentiment bizarre de stabilité à la Disney. J’ai un très bon ami, il vient d’être licencié de son boulot après dix ans de bons et loyaux services. On lui a envoyé un e-mail lui demandant de ne pas se présenter à son poste le reste de la semaine et de nettoyer son bureau le samedi suivant. Tout le savoir de l’être humain dans un e-mail. Dix années de travail. Il est temps de réduire la facture. « Qu’est-ce que je vais faire maintenant ? » m’a-t-il demandé.
Comment prendre le contrôle ?
- Ne dépendez pas d’un chef, d’un client de votre société, d’un produit ou d’un service que vous proposez, etc. Diversifiez-vous le plus possible. Lorsque j’ai créé Stockpickr, j’ai tenté de créer 9 autres sociétés en même temps et, outre tout cela, je gérais un fonds de hedge fund. Lorsque j’ai voulu vendre Stockpickr, les négociations sérieuses se sont engagées avec 5 autres sociétés. Lorsque j’écris des articles, c’est sur 5 sites différents. Lorsque j’ai été ruiné et sur le point de perdre ma maison, j’ai écrit à plus de 100 personnes différentes pour tenter de renforcer mon réseau. Lorsque je travaillais pour HBO, j’ai tenté d’apporter de la valeur dans chaque service, j’ai préparé ma sortie en planifiant le succès de ma première startup.
- Devenez un expert. Lisez chaque livre, blog ou site Internet qui concerne le domaine dans lequel vous voulez être expert. Quand j’ai commencé à investir dans des hedge funds, j’ai lu plus de 100 livres sur le trading et l’investissement, puis j’ai écrit plus de 1 000 programmes testant différents modèles de trading. J’ai ensuite passé des années à faire du trading avant de réaliser que je n’avais pas fait assez de bénéfices pour en retirer de l’argent. Et c’est à ce moment que les hedge funds ont commencé à m’embaucher.
- Créez des liens entre les gens. Si vous présentez une personne A à une personne B et que la personne B est capable de gommer un point sensible dans sa vie, alors la relation que vous avez créée est la bonne. Chaque lien est une nouvelle maille dans le filet serré que vous tissez, qui vous rattrapera lorsque vous tomberez ou qui vous propulsera à une hauteur jamais atteinte. Puis vous tomberez. Ne pensez pas que vous serez épargné.
- Travaillez votre sortie. Peu importe où vous êtes : que vous ayez un emploi, que vous soyez dans une startup, que ce soit votre startup, que vos rédigiez une petite rubrique dans un journal local ou que vous travailliez chez McDonald’s, veillez à toujours diversifier vos options de sortie et commencez immédiatement à travailler dessus. Votre sortie n’est pas nécessairement fixée à demain, mais n’oubliez jamais que vous pouvez recevoir ce courriel disant que vous devez nettoyer votre bureau d’ici samedi. Développez votre propre marque personnelle, faites des contacts de votre patron vos propres contacts, passez des appels, envoyez des courriels, envoyez des réponses sur les blogs, trouvez des idées qui sortent du cadre de la description de votre poste.
- Ne dites jamais quoi que ce soit contre qui que ce soit. Ne trahissez personne. Ne poignardez jamais qui que ce soit dans le dos et ne marchez sur les pieds de personne. Ne vous livrez pas aux potins. Cela pourrait entrer en conflit avec l’idée « de prendre le contrôle », mais poignarder quelqu’un dans le dos afin d’alimenter des rumeurs souligne « l’insuffisance » de votre mentalité. Cela ne suffira jamais et vous serez obligé de poignarder quelqu’un d’autre pour obtenir ce que vous voulez. Laissez-moi vous dire quelque chose : vous comme moi, nous n’en aurons jamais assez. Votre ennemi, ce ne sont pas les autres mais les moments que vous détruisez, la malveillance que vous créez, les connaissances que vous négligez d’acquérir, les liens que vous ne parvenez pas à bâtir, la santé que vous sacrifiez en route, votre incapacité à générer des idées, les gens autour de vous qui ne soutiennent pas et n’apprécient pas vos efforts, et le Dieu quelconque sur qui vous rejetez la responsabilité de votre mauvaise fortune. Évitez tout cela et vous éviterez l’opposition. Ne faites jamais de mal à qui que ce soit.
- N’ayez que faire de ce que pensent les autres. Si vous passez votre temps à pourchasser les autres, on vous détestera, qu’il s’agisse de votre patron, de vos collègues, partenaires, investisseurs, de votre famille au sens large. Mais ils n’ont pas à nourrir votre famille. Vous, oui. Si vous faites cas de ce que pensent les autres, c’est perdu. Vous devez construire les mêmes barrières pour vous-même que celles que construisent les autres pour eux-mêmes. Ils sont plus petits que vous et vivent dans des carcans. C’est facile de tuer quelqu’un qui est prisonnier de quelque chose. Ne faites pas partie de ces gens-là.
- Provoquez la chance. La chance n’est pas le fait de Dieu et elle n’apparaît pas comme par magie. Quand un coureur gagne une course d’un dixième de seconde, c’est probablement car il s’est mieux préparé, qu’il a observé ses adversaires, que son régime alimentaire était bien meilleur, qu’il était plus reposé ou mentalement en forme, etc. Une fois que vous avez coché toutes les cases de votre préparation, devinez quoi, la chance viendra à vous. Par exemple, pour beaucoup de monde Mark Cuban est devenu millionnaire grâce à un coup de chance. Je discute cette question dans cet article.
- La récompense n’est pas proportionnelle au risque pris. Les gens prétendent que « sans risque aucune récompense n’est possible ». Ce n’est pas vrai. Je n’aime pas prendre des risques. J’ai une famille à nourrir. Ne prenez pas de risques avec vos enfants. La diversification ne consiste pas à diversifier vos placements en espèces, mais à diversifier toutes les sources qui, dans votre vie, peuvent générer une certaine abondance : opportunités, connaissances, amis, réseaux, investissements, risques, santé (physique, émotionnelle, mentale, spirituelle). Pour prendre le contrôle, minimisez le risque afin de ne pas laisser votre peau dans la bagarre. Vous pouvez y arriver en diversifiant chaque domaine de votre vie. Le résultat : si vous avez oublié de prendre votre couteau, vous aurez toujours votre fusil. Si vous avez oublié d’imposer vos idées, vous aurez toujours votre réseau, si vous perdez des plumes après avoir pris un risque, il vous en restera neuf autres. C’est là que se situe la récompense.
- Assumez la responsabilité de tous vos échecs. Si vous avez faim, c’est de votre faute. Dans son ouvrage intitulé One hundred selected games (Cent parties sélectionnées, ndlr), l’ex-champion du monde d’échecs, Mikhail Botvinnik a écrit que la seule façon de réussir au plus haut niveau consiste à développer sa capacité à questionner ses propres échecs. Remarquez l’emploi du terme « SEULE ». Par exemple, Botvinnik avait pour habitude de s’entraîner contre des adversaires qui lui envoyaient de la fumée de cigarette au visage afin de savoir gérer des situations de jeu difficiles. Il est resté champion du monde pendant 15 ans.
- Patience. C’est le plus important. Un enfant de trois ans peut être honnête, mais cela ne veut rien dire. De temps en temps, il fait encore dans sa culotte. Vous devez grandir. Vous devez cocher toutes les cases dont je viens de parler. Vous devez pratiquer quotidiennement pour rester en bonne forme mentale, physique, émotionnelle et spirituelle. Vous devez éviter de fréquenter des personnes médiocres, vous devez être honnête, assumer vos responsabilités, etc. Le fait de se mettre en chasse de quelque chose est très décourageant. Parfois vous devez traverser de longs moments de désillusion, où vous n’avez rien à vous mettre sous la dent pour prendre le contrôle. Pour être honnête, je vis cette situation depuis quatre ans. Je cherche ma prochaine proie et je vais la trouver. Au cours de ces périodes, il est difficile de rester équilibré et de ne pas sombrer dans la folie ; j’ai sorti pas mal de personnes d’une mauvaise passe, dont moi-même. Dans ces moments-là, le plus important est de se trouver uniquement avec des personnes qui vous aiment, d’éviter celles qui peuvent être néfastes, c’est-à-dire celles qui vous entraînent dans leur propre cercle infernal. Vous ne voulez pas aller en enfer. À la fin de la journée, la patience est la vertu qui vous permet d’atteindre le paradis.
Ne vous inquiétez pas de savoir si l’ensemble du savoir humain se trouve réduit ou augmenté par votre participation. Le savoir n’est jamais assez étendu. Ne vous contentez pas d’être humain, soyez mieux que cela.