Décider de se consacrer à ses passions : c’est peut-être la plus grande décision qu’une personne peut prendre dans sa vie.
Cela fait peur. Et si vous n’y parveniez pas ? Et si vous finissiez par vous en dégoûter ? Et si cela n’apportait rien à personne – ni à vous, ni à votre famille, ni à votre entourage ?
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Pour aider les gens à trancher, Adam Grant, l’auteur du livre Donnant, donnant, que j’ai reçu plusieurs fois dans mon podcast, a récemment suggéré sur LinkedIn de suivre la méthode suivante :
Comment savoir si une idée mérite de devenir un vrai projet :
1. Intérêt : y pensez-vous pendant votre temps libre ? En parlez-vous de manière fortuite ?
2. Importance : votre idée sera-t-elle utile aux autres ?
3. Contribution : avez-vous quelque chose de nouveau à proposer ?
Il a accompagné sa publication LinkedIn du diagramme suivant, pour appuyer son propos :
Je ne suis pas sûr, mais je crois qu’il y a autre chose à en dire. Voici mes réflexions à ce sujet.
Pour toucher juste : diversifiez vos passions !
Il est toujours utile de mener plusieurs projets en parallèle, pour voir si certains « tombent » au milieu du diagramme – puisque cela arrive si rarement.
Pour limiter les risques, je diversifie mes investissements. Je fais exactement la même chose avec mes passions.
Certains affirment qu’il faut se fixer un objectif. UN objectif !
C’est n’importe quoi. Tous les grands de ce monde, de Léonard de Vinci à Albert Einstein, nourrissaient une foule de centres d’intérêt et de passions. Ils passaient de l’un à l’autre en fonction de leurs envies du moment.
Expérimentez, pour savoir si votre idée est la bonne
Apprenez à « expérimenter », à faire des tests. Cette technique offre peu d’inconvénients et beaucoup d’avantages, et vous permettra d’avancer pas à pas jusqu’à ce que vous trouviez ce qui « marche ».
Par exemple, vous adorez cuisiner et vous voulez ouvrir un restaurant ? Commencez par créer un menu, distribuez-le à vos amis et proposez-leur de commander à manger pendant une semaine. Cela vous laisse le temps de voir comment les choses se passent.
Vous vous passionnez pour la mode et vous avez envie de lancer une collection ? Modifiez une photo d’un mannequin portant l’une de vos tenues sur Photoshop, puis faites-en une publicité Facebook. Accompagnez votre publication du texte « Cliquez ici pour acheter. Prix : 100 $ » et regardez combien de clics vous obtenez.
Oui, les utilisateurs cliquent dans le vide, mais cela n’a aucune importance. Dépensez 20 $ pour cette publicité et analysez les statistiques. Si 3% des personnes cliquent sur l’annonce, vous détenez peut-être un super produit. Si, au contraire, votre photo attire moins de 1% des utilisateurs, laissez tomber.
Il n’y a pas une seule manière de déterminer si une idée est une bonne idée.
Depuis peu, j’ai besoin d’un logiciel très particulier pour mon podcast. Je travaille dessus en ce moment même avec l’aide d’un développeur très talentueux.
Est-ce une bonne idée ? Oui, si cet outil me convient mieux que tous les autres logiciels disponibles sur le marché, alors je suis certain que ce sera une bonne idée. C’est dans ces moments-là qu’être passionné aide vraiment à prendre des décisions stratégiques : j’ai suffisamment d’expérience dans le domaine des podcasts pour savoir ce qui me sera le plus utile et ce qui ne me servira pas.
N’ayez pas peur d’abandonner
Bien souvent, on a l’impression d’avoir trouvé son « truc », mais on piétine. N’ayez pas peur d’abandonner quelque chose qui ne marche pas.
J’adore écrire. J’adore lire. J’adore les romans. Toutes sortes de romans. Tous les ans depuis dix ans, je me dis la même chose : « Cette année, j’écris un roman. » Et tous les ans, c’est pareil : je commence quelques pages… et je ne vais jamais au bout.
Cela fait-il de moi un incapable ? Oui, sans aucun doute. Je suis incapable d’écrire un roman – bien que ce soit ma passion. Mais peut-être qu’en fin de compte, je n’avais tout simplement rien à raconter d’important à travers la fiction. Ce n’était peut-être pas le support qu’il me fallait. Ou peut-être avais-je été distrait par une meilleure idée.
Par conséquent, j’ai laissé tomber. Écrire un roman me semblait moins attrayant. Cela dit… je viens d’en commencer un nouveau. On verra bien ce que cela donne.
Mettez votre cœur et votre tête au diapason
J’attends toujours que mon cœur et ma tête soient d’accord avant de m’investir pleinement dans une nouvelle activité.
Il m’est trop souvent arrivé de faire quelque chose que je n’aimais pas par cupidité ou, au contraire, de suivre mon cœur sans en tirer aucun autre bénéfice. Le cœur et la tête doivent être sur la même longueur d’onde.
Faire des tests m’a aidé à y avoir plus clair. Par exemple, je fais du stand-up 20 à 30 heures par semaine depuis cinq ans. Je n’en tire aucun revenu, mais cela m’a permis de développer des compétences utiles ailleurs : interviews (pour mon podcast), prise de parole en public, idéation (processus créatif)… Tout du moins, c’est ce que je me dis.
En revanche, quand je joue aux échecs sur Internet pendant des heures sans réfléchir (ce que j’ai tendance à faire), j’écoute mon cœur, pas ma tête. Au contraire, le jour où j’ai créé un hedge fund, je suivais ma tête – pas mon cœur. J’ai détesté chaque minute où j’ai travaillé là-bas et, en fin de compte, ce n’était pas une bonne source de revenus.
J’ai adoré écrire Choisissez-Vous (et plusieurs de mes autres livres). C’était une vraie passion et je savais qu’il plairait aux lecteurs – je m’en étais assuré en publiant quelques chapitres avant la parution du livre, pour voir l’accueil qui leur était réservé.
Le jour de la sortie du livre fut un moment magique. Mon cœur et ma tête étaient en parfaite harmonie – à tel point que la possibilité d’un échec ne m’a même pas traversé l’esprit. J’étais certain que Choisissez-Vous serait un succès, qu’il se vendrait de nombreux exemplaires et que ce livre changerait la vie d’une foule de personnes.
Ce qui nous amène à la question suivante…
Ayez une idée unique et originale
Avez-vous quelque chose d’unique à apporter ?
Cela s’applique aussi bien aux affaires qu’à l’art, à l’écriture, au leadership, au commerce et à la politique.
Andrew Yang, qui a participé aux primaires démocrates en vue des élections présidentielles américaines de 2020, m’a confié qu’il s’était porté candidat parce qu’il estimait qu’il y avait « un manque sur le marché des idées ». Son programme pour le pays était unique (que l’on soit d’accord avec lui ou non, il faut bien avouer qu’il était l’un des candidats les plus singuliers que l’on ait vus depuis longtemps), et son cœur et sa tête lui ont soufflé qu’il pouvait consacrer deux ans de sa vie à partager sa vision.
Quand John Mackey a créé Whole Foods, il n’existait aucun autre magasin bio aux États-Unis. Aucun investisseur en capital-risque ne voulait soutenir son projet ; tous pensaient que les seuls clients étaient une poignée de hippies.
Mais il est apparu que John Mackey avait une vision et une idée uniques. Il était persuadé que les Américains voulaient manger plus sainement et qu’ils étaient prêts à payer pour ça. Dix-sept ans plus tard, il a vendu cette vision pour 13 milliards de dollars.
Si vous n’avez rien d’original à proposer, quel intérêt ? Quelqu’un d’autre fait déjà la même chose.
Je regrette toujours certains aspects de la première entreprise que j’ai fondée et qui a marché. Nous créions des sites Internet pour des clients. J’imagine que nous avions aussi notre vision, modeste mais unique : nous nous efforcions d’être les plus créatifs possible, tandis que d’autres agences web mettaient l’accent sur l’ergonomie et négligeaient le design.
Toutefois, notre vision n’était pas assez originale. L’entreprise s’en sortait bien, mais nous étions au début d’une grande tendance que je trouvais passionnante et que j’aurais sans doute pu exploiter davantage, financièrement parlant. Malheureusement, je ne connaissais rien au monde des affaires. J’avais presque honte d’en faire partie, à l’époque. Il est primordial d’avoir le bon état d’esprit, et ce n’était pas mon cas.
Vous ne pouvez pas être le meilleur dans le domaine qui vous passionne si vous n’avez pas une vision unique. C’est un constat que je fais souvent aux échecs. Les seuls joueurs capables de devenir champions du monde sont ceux qui ont une vision si différente des échecs qu’elle bouleverse entièrement la façon d’apprendre à jouer.
Il en va de même pour la littérature. Même si j’ai du mal à citer l’une de ses phrases, je sais qu’Hemingway avait un style unique. Les phrases devaient être les plus simples et les plus courtes possible. Tous les mots superflus devaient disparaître. C’est ce qui lui a valu le prix Nobel.
Vous ne réussirez jamais en tant qu’humoriste si vous ne faites pas preuve d’originalité. Tout le monde monte sur scène pour raconter son dernier rendez-vous Tinder. À côté, vous avez Jim Gaffingan, qui partage sa vision très personnelle de la paternité et parle de ses enfants. David Chappelle, qui a toujours un commentaire original à faire sur les questions raciales. Jerry Seinfeld, alias l’homme capable de « trouver la chose la plus bizarre de la pièce pour la tourner en dérision ». Richard Pryor, qui a été le premier à vider son sac et à raconter sa vie sur scène. Ces humoristes n’ont rencontré le succès qu’après avoir trouvé ce qui faisait leur singularité.
En fin de compte, faites ce que vous voulez. Mais si vous souhaitez gagner de l’argent, veillez à choisir quelque chose que vous aimez vraiment et qui sera utile aux autres.