La première fois où je suis parti en randonnée, je me suis perdu. Puis il s’est mis à pleuvoir. C’était le jour de mon anniversaire. C’était il y a 19 ans. Je suis tombé et je me suis tordu la cheville.
Environ une heure plus tard, je suis arrivé sur une route. J’étais trempé. Je suis allé dans un restaurant et je me suis assis près du feu. J’ai ensuite pris le train pour rentrer chez moi. Je boitais.
Cette nuit-là, j’ai dû travailler.
Je suis allé à l’université pour étudier l’informatique. Puis j’ai décroché un emploi en tant que programmeur informatique. Puis un autre, et encore un autre…
Pendant tout ce temps, j’étais sur la mauvaise voie.
Mon beau-frère risquait de faire faillite. Il avait une entreprise de fabrication de CD-ROM. (Quoi ?) Je l’ai initié à Internet. Je lui ai montré comment débuter et faire des sites web pour d’autres personnes.
Pendant que je faisais ça, je lançais également une émission de télévision pour HBO. Je m’endors tôt, c’est pourquoi je me suis toujours demandé : qui sont ces gens qui sont dehors à 3 heures du matin ? J’ai donc commencé toutes sortes d’individus qui traînaient dehors à cette heure-là.
Avec mon beau-frère, nous avons commencé à facturer de grosses sommes d’argent pour faire des sites web. Comme 75 000 $ pour créer un site web de 3 pages sur Dennis Miller. C’était ridicule.
Et HBO m’a donné de l’argent pour tourner un pilote qu’ils ont finalement rejeté.
Mon beau-frère et moi avons donc créé une entreprise, Reset, qui faisait des sites web ((découvrez mon antisèche sur la création d’entreprises, dans mon ouvrage Choisissez-Vous, disponible ici). Nous avons fait les sites des films Scream et Matrix.
Nous avons fait le site du groupe Wu-Tang Clan. De Miramax Films. Celui de New Line Films. Celui de la Time Warner. Celui de la Bad Boy Records. Celui d’Interscope Records.
On a fait des centaines de sites web.
Mais j’étais sur la mauvaise voie.
Je détestais que des clients m’appelaient au milieu de la nuit et me criaient dessus. Qui étaient-ils ? Qui étaient-ils pour me crier dessus quand je travaillais si dur ?
Nous avons vendu l’entreprise.
J’ai lancé une société de logiciels sans fil. Ma pub était la suivante : au début, il y avait Internet, maintenant il y a « Internet sans fil ». J’avais raison… Mais dix ans trop tôt.
Beaucoup d’investisseurs sont venus à nous. Trente millions de dollars. Puis 30 millions de dollars de plus. Yasser Arafat (sans rien dire à personne, je ne l’ai su qu’à sa mort) a investi. Bon nombre d’investisseurs célèbres nous ont rejoints.
Mais j’étais sur la mauvaise voie.
J’ai été viré de mon poste de PDG. Puis on m’a pris mes parts. J’ai fait une dépression pendant deux ans, je ne suis pas sorti de la maison.
J’ai décidé de suivre ma propre voie. Je n’avais besoin de personne d’autre. J’ai lu des centaines de livres sur l’investissement. J’ai créé un logiciel pour modéliser le marché boursier.
Je négociais tous les jours et je gagnais de l’argent. D’autres personnes m’ont confié de l’argent à des fins d’investissement. J’écrivais des centaines de courriels tous les jours à des gens pour les supplier d’investir.
Au bout d’un certain temps, j’ai acquis une bonne expérience et beaucoup de gens ont commencé à investir.
J’ai créé un hedge fund de bonne qualité. Puis un « fonds de hedge funds« . Pour que les gens puissent investir avec moi et que je les aide à trouver d’autres fonds dans lesquels investir. Je me débrouillais bien.
Mais j’étais sur la mauvaise voie.
Dès 2006, les marchés ont commencé à s’effondrer. Le marché pouvait soudainement chuter de 30% puis remonter. Le stress était énorme, et je ne le supportais pas. Alors j’ai tout stoppé.
Puis j’ai décidé de revenir à mes racines. Le World Wide Web !
J’ai créé une société du secteur Internet appelée Stockpickr. Je l’ai surnommée « le MySpace de la finance ». Et c’était le cas !
On drainait des millions d’utilisateurs par mois. On avait vendu tout l’espace publicitaire. Nous étions rentables surtout parce que nous n’étions que deux.
Nous avons vendu quatre mois seulement après notre lancement officiel. Je pensais que j’avais RÉUSSI.
J’ai tout perdu. Le marché financier s’est effondré au moment même où j’ai acheté une maison. C’est ce que l’on appelle maintenant un « cocktail Altucher » que vous servez aux gens pour qu’ils finissent ruinés.
Mais j’étais sur la mauvaise voie.
J’ai écrit 18 ouvrages. J’ai écrit de la fiction, des ouvrages d’affaires, des livres de développement personnel, des ouvrages humoristiques. En 2016, j’ai même sorti un livre pour enfants.
J’ai proposé des émissions télévisées, des émissions de télé-réalité. J’ai rédigé des scripts pour des émissions.
J’ai dirigé des fonds de capital-risque. Des hedge funds. J’ai travaillé pour des banques d’investissement. J’ai vendu des entreprises à d’autres entreprises de nombreuses fois.
Mais j’étais sur la mauvaise voie.
Je me suis marié. J’ai divorcé. Je me suis marié. J’ai divorcé.
J’ai jeté tout ce que je possédais. J’ai adoré ça.
On se perd facilement en parcourant de grandes étendues sauvages. Les chemins possibles sont nombreux. Les nuits de vent, on entend des hurlements et je suis probablement plus effrayé que de raison.
Dans la journée, j’explore, mais j’ai parfois l’impression d’être totalement invisible.
Quand je suis au milieu de quelque chose, je me dis : « C’est peut-être la bonne voie, j’adore ça. » Mais souvent, c’est la mauvaise voie.
Je m’amuse comme un fou. Comme d’habitude. Je vis comme un vagabond.
À tort ou à raison, je ne saurai jamais si la voie est bonne. La voie du vagabond consiste à explorer, sans savoir à l’avance ce qui est bien ou mal. Le vagabond est enthousiaste à l’idée de vivre la prochaine aventure.
Aujourd’hui, je vais tracer ma propre voie.