On était en 1989, je me trouvais juste à côté de Steve Jobs et j’en étais presque à éprouver une attirance pour lui.
Le gars était incroyablement riche, assez beau pour avoir n’importe quelle fille, c’était une véritable rockstar intello qui venait de convaincre mon école d’acheter un tas de machines NeXT (qui, au passage, étaient les meilleures machines pour programmer à l’époque), et je voulais juste être lui.
Quand j’étais enfant, on m’avait offert l’Apple II+ et depuis je n’avais eu cesse de vouloir être lui. Depuis que j’avais volé Ultima II, Castle Wolfenstein et une demi-douzaine d’autres jeux que mes amis et moi nous arrachions les uns aux autres, lorsque nous faisions semblant d’être malades afin de rester chez nous et de jouer toute la journée.
Je me fiche des actions Apple. Ou des succès commerciaux de Jobs.
C’est ennuyeux.
La seule chose qui m’importe, c’est de savoir comment Steve Jobs est devenu le plus grand artiste qui ait jamais vécu. Pour devenir un artiste tel que lui, il faut créer une révolution dans votre vie, il faut commettre de terribles erreurs, des erreurs horribles, il faut faire les choses de façon si différente que les autres ne seront jamais capables de vous comprendre.
Il faut échouer, tricher, mentir, amener tout le monde à vous haïr et sortir de ce tunnel en ayant acquis un peu plus de sagesse que les autres.
Voici donc 10 choses insolites que j’ignorais à propos de Steve Jobs.
1) Nature vs. éducation
Mona Simpson est sa soeur, mais il ne l’a su qu’à l’âge adulte. C’était l’une de mes romancières préférées de la fin des années 80. Son premier roman, Anywhere But Here, traitait de sa relation avec ses parents. Qui, ironiquement, étaient les parents de Steve Jobs.
Mais comme Steve Jobs avait été adopté, ils ne savaient pas qu’ils étaient frère et soeur, jusqu’aux années 90 lorsqu’il s’est mis à sa recherche.
C’est la preuve (dans une certaine mesure) de cet argument de la nature qui prime sur l’éducation.
Deux enfants, qui ne savaient pas qu’ils étaient frère et soeur, tous deux dotés d’une sensibilité unique au regard de la vie sur cette planète, allaient faire partie des meilleurs artistes du monde dans des domaines complètement différents.
Et, pour moi, c’était génial car j’étais fan des deux personnages et je ne m’étais pas rendu compte (avant qu’ils ne s’en rendent compte eux-mêmes) qu’ils avaient un lien de parenté.
2) Son père s’appelle Abdulfattah Jandali
Si vous m’aviez demandé quel était le nom du père de Steve Job, je ne l’aurais jamais deviné, même en cherchant un million d’années. Par son père biologique, Steve Jobs était à moitié musulman d’origine syrienne.
Je ne sais pas pourquoi, mais je pensais qu’il était juif. Peut-être parce que je voulais être lui, j’avais projeté mes propres origines sur lui.
Ses parents étaient deux étudiants diplômés qui, je suppose, ne savaient pas s’ils étaient prêts à accueillir un enfant, alors ils l’ont fait adopter et, quelques années plus tard, ils ont eu un autre enfant.
Je ne savais pas qu’il avait été adopté.
La seule exigence de ses parents biologiques était qu’il soit adopté par deux personnes ayant fait des études universitaires. Mais le couple qui l’a adopté a d’abord menti et il s’est avéré qu’ils n’avaient pas fait d’études universitaires (la mère n’était pas diplômée du secondaire) ; le projet a failli échouer, jusqu’à ce qu’ils promettent d’envoyer Steve à l’université.
Une promesse qu’ils n’ont pas pu tenir.
Mais malgré tous ces mensonges et ces promesses non tenues, tout a fini par s’arranger. On pourrait s’éviter un tas d’ennuis si nos attentes n’étaient pas aussi élevées et les soucis excessivement audacieux au départ.
3) Il a créé le jeu Breakout
S’il y avait une chose que j’aimais presque autant que les jeux sur Apple II+, c’était jouer à Breakout sur ma console Atari de première génération (je ne me souviens plus, était-ce le modèle Atari 2600 ?).
Puis j’ai joué à toutes les versions de Breakout sur mon Blackberry depuis 2000.
S’il n’avait jamais rien fait d’autre dans la vie, que je l’avais rencontré et qu’il m’avait dit « Je suis le gars qui a fait Breakout », j’aurais répondu : « Tu es le plus grand génie des 100 dernières années. »
C’est drôle la tournure que prennent les choses.
Il a quitté Atari et a créé Apple. Nolan Bushnell, le fondateur d’Atari, a créé la plus grande chaîne de restaurants de l’histoire de l’humanité : Chuck E. Cheese.
4) Il a refusé d’assumer la paternité de son premier enfant…
… En prétendant qu’il était stérile. La mère a d’abord dû élever l’enfant en utilisant des allocations sociales.
Je ne porte aucun jugement.
Il est difficile d’élever des enfants. Et quand on a un enfant, on a l’impression que l’énergie et la créativité énormes que l’on a pour le monde vont se perdre dans un petit bébé. (Les parents de Jobs ont dû penser la même chose… Tel père, tel fils.)
Mais les gens changent, mûrissent, évoluent.
Et Jobs a fini par devenir un bon père. C’est ce qui compte au final. Cela aurait été bien pire si le contraire s’était produit. Je ne savais pas non plus que l’ordinateur Lisa (l’Apple III) portait le nom de son premier enfant.
5) Il était pescetarien
En d’autres termes, il mangeait du poisson mais pas de viande. Et il mangeait tout ce qu’un végétarien mange (y compris les oeufs et les produits laitiers).
Il s’avère que si vous comparez les pescetariens aux personnes qui mangent de la viande, ils ont 34% moins de risques de mourir d’une maladie cardiaque. Et si vous comparez les végétariens aux carnivores, ils n’ont que 20 % moins de risques de mourir d’une maladie cardiaque.
Je pense qu’à partir de maintenant, je vais être pescetarien, juste pour faire comme Steve Jobs. Sauf quand je suis en Argentine. En Argentine, il faut manger du steak.
Ted Danson et Mary Tyler Moore considèrent qu’ils sont pescetariens. D’une manière ou d’une autre, même le concept « pescetarien » semble avoir été inventé en Californie.
6) Il ne faisait aucun don aux associations caritatives
Et quand il est devenu PDG d’Apple, il a mis fin à tous les programmes philanthropiques qui avaient été mis en place précédemment. Il a dit : « Attendez que nous soyons rentables. »
Maintenant ils sont rentables, mais ils n’ont toujours aucun programme de mécénat.
Selon moi, Jobs était probablement le type le plus généreux de la planète.
Plutôt que de se concentrer sur l’éradication des moustiques en Afrique (Bill Gates s’y consacre déjà), Jobs a mobilisé toute son énergie à améliorer considérablement la qualité de vie des autres grâce à toutes ses inventions.
Les gens pensent que les entrepreneurs doivent « redonner » un jour ou l’autre.
Ce n’est pas vrai.
Ils ont déjà donné grâce à leur travail. Prenez l’ensemble de l’écosystème iPod/Mac/iPhone/Disney et demandez-vous combien de vies en ont bénéficié directement (grâce aux emplois) ou indirectement (amélioration de la qualité de vie grâce à ces produits).
Autant que je sache, Jobs n’a jamais fait de commentaires sur le mécénat. Tant mieux pour lui. Comme me l’a dit un jour le PDG d’une société qui fait partie du Fortune 100 quand je lui ai demandé de l’argent pour un site web caritatif : « Au diable l’altruisme ! »
7) Il a menti à Steve Wozniak
Lorsque Wozniak et Jobs ont créé Breakout pour Atari, ils devaient se partager le salaire 50-50. Atari a donné 5 000 $ à Jobs. Steve Jobs a dit à Wozniak qu’ils avaient touché 700 $, Wozniak est donc reparti avec 350 $.
Encore une fois, je ne porte aucun jugement.
Il était jeune. Si quelqu’un prétend avoir été honnête depuis sa naissance, je vous montrerai que c’est un menteur.
C’est en faisant des erreurs, en vous battant que vous savez réellement où sont se trouvent vos vraies limites dans la vie.
8) Il était adepte du bouddhisme zen
Il a même pensé à entrer dans un monastère et à devenir moine. C’est son gourou, un moine zen, a célébré son mariage.
Quand je traversais des moments difficiles, la seule chose qui me soulageait était de participer à un groupe zen. Essayer de calmer l’esprit pour faire face à l’afflux de souffrance incessante qui essayait de l’envahir.
Ce qui est intéressant dans le fait que Jobs soit un bouddhiste zen, c’est que la plupart des gens pensent que le bouddhisme sincère et le fait d’être l’une des personnes les plus riches du monde sont deux éléments antinomiques.
Le bouddhisme n’est-il pas une question d’absence d’attachement ? Bouddha lui-même n’a-t-il pas laissé ses richesses et sa famille derrière lui ?
Mais la réponse est non. Il est normal de vivre pleinement ses passions et les accomplissements qui en découlent, mais il ne faut pas trop s’y attacher. Être heureux quels que soient les résultats de ses actes.
9) Il n’est pas allé à l’université
En fait, au départ je ne le savais pas.
Bill Gates et Mark Zuckerberg sont deux génies qui ont abandonné leurs études. Apparemment Steve Jobs est allé à Reed College pendant un semestre et a ensuite quitté l’établissement.
Je suppose qu’il n’est pas nécessaire d’aller à l’université pour programmer des ordinateurs, créer des ordinateurs, lancer des entreprises, faire des films, mener des gens, etc. (Vous pouvez consulter mes autres articles qui traitent des raisons pour lesquelles les jeunes ne devraient pas aller à l’université.)
10) Les psychédéliques
Lorsqu’il était plus jeune, Steve Jobs a pris du LSD au moins une fois. En fait, il a déclaré que cette expérience était « l’une des deux ou trois choses les plus importantes qu’[il ait] faites dans [sa] vie ».
Pendant de nombreuses années, le slogan d’Apple était « Think Different ».
Peut-être que le fait d’avoir déjà testé une drogue qui l’a sorti du cadre de la réalité lui a appris à voir les problèmes d’un point de vue inédit.
Je ne pense pas que le LSD soit pour tout le monde, mais quand on le combine avec le génie naturel que possédait cet homme, sans oublier les nombreux hauts et bas qu’il a connus, le bouddhisme zen et toutes les autres choses dont je viens de parler, il est fort possible que tout cela ait permis d’aboutir aux nombreuses inventions qu’il a pu produire.
L’histoire de Steve Jobs est pleine de nuances et d’ambiguïtés.
Les gens étudient Steve Jobs en tenant compte de ses succès commerciaux directs.
Oui, il a créé Apple dans un garage.
Oui, il a créé Pixar et a failli être ruiné.
Oui, il a créé et vendu NeXT et il a été congédié en tant que PDG d’Apple. Bla bla bla.
Mais rien de tout cela n’expliquera jamais qui était l’homme qui se cachait derrière le génie. Rien de tout cela n’expliquera tous les produits qu’il a inventés et que nous utilisons aujourd’hui. Rien de tout cela ne nous parlera de l’iPad, de Toy Story, du Mac Air, de l’Apple II+, etc.
Les réussites d’un homme ne peuvent être vraiment comprises que si nous pouvons compter ses larmes. Et malheureusement, dans le cas de Steve Jobs, c’est impossible.
1 commentaire
J’ai lu cette courte biographie et cela correspond assez avec l’idée que je me fais de ce personnage hors normes. Je suis persuadée que s’il était encore parmi nous, le monde n’aurait pas sombré dans ce chaos monstrueux. Il ne devait pas être d’accord avec la tournure que cela prenait. Je suis même persuadée qu’il s’est éteint de chagrin* et qu’il a rejoint l’au delà (les anges) pour œuvrer de la haut.
* bien sûr, on admet qu’il s’est éteint des suites d’une grave maladie. Version officielle de base.