Dans mon dernier article, je parlais du débat sur le market timing que j’ai eu récemment avec Mike Turner de Turner Capital Investments, lors du FreedomFest de Las Vegas.
Mike Turner a été le premier à s’exprimer, déclarant que son système exclusif de trading tendanciel (dénué de tout historique de performance) permet de gagner de l’argent lorsque les marchés évoluent à la hausse et d’éviter les pertes durant les épisodes baissiers.
Il a déclaré qu’il s’était tenu à l’écart des marchés pendant la majeure partie de l’année et qu’il avait gagné beaucoup d’argent en investissant dans des ETF inversés.
Il a fustigé les investisseurs qui ont bêtement perdu de l’argent depuis le début de l’année à cause de la baisse des cours.
Cela englobe non seulement l’immense majorité des investisseurs en actions, mais également des pontes de l’investissement comme Warren Buffett, Turner prétendant avoir signé de meilleures performances boursières que ce dernier.
(Vous comprenez maintenant pourquoi chaque prospectus indique qu’il « convient de ne pas agir sur la foi des présentations orales ».)
Lorsque ce fut à mon tour de prendre la parole, j’ai entrepris d’exposer les limites du market timing, en commençant par en donner une définition précise.
« Le market timing, ce n’est ni l’allocation de capital ni la rotation sectorielle ni la sélection de titres, ai-je rappelé à l’assistance. C’est une pratique consistant à essayer d’être actif en Bourse lorsque les choses vont bien et à en sortir lorsque la situation se corse. »
Il va de soi que c’est l’objectif de tout investisseur digne de ce nom. Mais est-ce réaliste ?
Non. L’Histoire nous montre que les investisseurs battent le marché en choisissant des titres qui signent de meilleures performances que l’indice de référence – pas en essayant de deviner si le marché s’apprête à baisser ou à monter.
J’ai dit à l’assistance que si je leur demandais de nommer le meilleur sélectionneur de titres de l’Histoire, d’aucuns mentionneraient Warren Buffett (le président de Berkshire Hathaway), Peter Lynch (l’ancien gérant du fonds Fidelity Magellan), Peter Templeton (l’ancien gérant du fonds Templeton Growth) ou d’autres analystes ayant fait leurs preuves.
En revanche, si je leur demandais de nommer le meilleur « market timer », aucun nom ne leur viendrait à l’esprit.
Pour vérifier, j’ai demandé si quelqu’un dans l’assistance connaissait un « market timer » digne de ce nom. Une seule main s’est levée. Sans surprise, il s’agissait de celle de Mike Turner (l’humilité n’est pas sa principale qualité).
Tout le monde peut prédire l’orientation du marché occasionnellement. Mais personne ne peut le faire avec précision de manière répétée.
Pourquoi ? Il y a deux raisons à cela.
La première est que les investisseurs rationnels, conscients de leurs intérêts, intègrent rapidement toutes les informations disponibles (inflation, taux d’intérêt, croissance du PIB, développement des entreprises) dans les cours de Bourse.
Comme le dit le dicton, « si c’est dans les journaux, c’est dans le prix ».
Aucun investisseur ne vendra ses actions à cause des chiffres de l’inflation ou de l’emploi. Chaque information est incorporée immédiatement dans les cours de Bourse.
La seconde raison est que la Bourse est un indicateur prospectif.
Les investisseurs anticipent continuellement les scénarios les plus probables, bons ou mauvais.
Les marchés actions et les marchés obligataires ont d’ores et déjà anticipé deux hausses de taux supplémentaires de 0,50% de la part de la Fed d’ici la fin de l’année. Par conséquent, si ces hausses ont bel et bien lieu, elles ne chambouleront pas le marché.
Ce qui perturberait le marché serait une inflation tenace qui augmenterait la probabilité d’une remontée encore plus brutale des taux d’intérêt.
À l’inverse, tout signe indiquant qu’une hausse des taux ne serait pas nécessaire provoquerait un rebond du marché.
Pourquoi ? Parce que la hausse des taux renchérit le coût d’emprunt pour les consommateurs, les entreprises et les États. Et parce que les taux d’intérêt élevés offrent une alternative attrayante aux actions.
Lorsque quelqu’un prétend avoir un système qui permet de gagner de l’argent lorsque les marchés montent et d’éviter les pertes lorsque les marchés baissent, cette personne prétend in fine posséder une boule de cristal.
Pas métaphoriquement, mais littéralement.
Or cela n’existe pas.
C’est la raison pour laquelle les « market timers » – malgré leurs bonnes intentions, leurs logiciels de pointe et leurs algorithmes exclusifs – finissent avec des performances inférieures à la moyenne et des taxes pharaoniques sur les plus-values mobilières. (N’oubliez pas que toutes vos opérations boursières sont taxées par l’administration fiscale.)
Les plus-values mobilières de court terme sont taxées au même taux que les salaires. Il faut ajouter à cela les impôts locaux.
Cela étant, il y a une raison encore plus importante pour laquelle le market timing ne fonctionne pas et vous fera perdre à coup sûr du temps et de l’argent à long terme.
Je vous en parlerai dans mon prochain article.