Peu après avoir remporté le titre de « Most Valuable Player » (meilleur joueur) de la saison 1999-2000, Shaquille O’Neal – « Shaq » – a repris une citation attribuée à Aristote et s’est autoproclamé « Le Grand Aristote ».
« L’excellence n’est pas un acte mais une habitude. Vous êtes ce que vous faites de façon répétée. »
Même si vous n’êtes pas fan de sports, vous savez probablement que Shaq est entré au panthéon du basketball américain. L’excellence est inscrite dans son ADN.
Mais voici quelque chose que vous ne savez peut-être pas…
Shaq possède 17 points de vente Auntie Anne [NDLR : vente de bretzels et boissons, entre autres], 1 point de vente sous franchise Krispy Kreme [NDLR : fabrication et vente de beignets] et 9 pizzerias sous franchise Papa John.
À un moment donné, il a fait partie d’un groupe qui détenait 155 restaurants de l’enseigne de restauration rapide Five Guys. Il possède également sa propre marque de bijoux, chaussures et vêtements.
Et pour couronner le tout, Shaq a décroché des contrats d’ambassadeur avec les marques suivantes : IcyHot, VitaminWater, Burger King, Kraft Foods, Comcast, Radio Shack, Taco Bell et Ring.
Shaquille O’Neal et Bob Byrne
Inutile de le préciser : Shaq gagne désormais plus d’argent, chaque année, que lorsqu’il était basketteur professionnel. Et est-ce que j’ai signalé qu’il a également décroché un doctorat en éducation à la Barry University (Floride) ?
J’ai eu l’opportunité de l’interviewer, il y a quelques semaines.
Au cours de cet entretien, j’ai découvert que Shaq est bien plus qu’un basketteur de classe internationale. C’est un homme d’affaires aguerri, qui partage volontiers ses opinions et son expérience avec ceux qui veulent bien l’écouter.
Voici la transcription de cette interview ; j’espère que vous aurez autant de plaisir à la lire que moi à la réaliser.
Bob Byrne :
Une première question, Shaq. Comment vos associés vous décriraient-ils, en affaire ?
Shaquille O’Neal :
Sympathique, amical. Un type drôle.
Bob Byrne :
Et vos coéquipiers, dans le domaine sportif ?
Shaquille O’Neal :
La même chose.
Bob Byrne :
La même chose ?
Shaquille O’Neal :
Ouais. Les gens me posent toujours cette question : « Qu’aimeriez-vous que l’on retienne de vous ? »
Je m’en fiche du basket. Je me fiche des quantités d’argent que je gagne. J’aimerais qu’ils retiennent que Shaq était un type bien : un point c’est tout.
Voilà ce qui compte le plus, pour moi.
Oublions « il a fait ceci et cela ». Cela n’a pas d’importance.
Est-ce que c’était un type bien ? Je connais beaucoup d’individus qui sont dans ma situation et qui ne sont pas des gens biens. Je ne veux pas faire partie de ces gens-là.
Je veux que l’on dise de moi : « Hé, on l’a vu dans la rue. On lui a demandé de faire une photo avec nous et il l’a fait. » Ou : « Une dame était au centre commercial, dans la section des achats à paiement différé, et Shaq a saisi son ticket et lui a dit ‘oubliez ça, prenez tout ce qu’il vous faut pour vous et votre fille’. »
Voilà dans quelle catégorie je veux être rangé.
Bob Byrne :
J’ai lu que vous étiez loyal envers tous ceux qui l’étaient envers vous, en affaires. Vous pouvez développer ? Comment les entreprises se montrent-elles loyales ?
Shaquille O’Neal :
En offrant quelque chose qui fonctionne vraiment, en respectant leurs engagements auxquels je crois.
Prenons IcyHot [NLDR : crème analgésique], par exemple. Un jour, j’ai été blessé pendant un match. J’ai essayé cette crème, cela m’a fait du bien et j’ai fait une excellente performance. Alors quand j’ai rencontré les dirigeants d’IcyHot, je leur ai dit : « Ça marche. Je l’ai essayé. Et ça marche. »
Prenons une autre entreprise, Ring, qui propose des solutions de sécurité abordables pour la maison. J’ai voulu acheter des caméras de sécurité. Le premier devis s’élevait à 50 000 $ et le deuxième à 60 000 $ ; pas question !
J’ai remarqué la société Ring. J’ai installé l’une de leurs caméras. Et me voilà en Chine, je reçois une alerte quand quelqu’un sonne à ma porte : « Salut Shaq, tu es là ? – Non, il n’est pas à la maison. » Et là, j’ai su que ça marchait. Ensuite, je suis allé acheter toutes les autres caméras, et donc ma maison est protégée par Ring. Cela m’a coûté 5 000 $ pour une maison de 900 m².
Personne n’est venu avec des câbles et de longs discours. J’ai installé presque toutes les caméras moi-même, et ça marche.
Alors voilà ce que je considère comme de la loyauté à mon égard. Vous avez dit que ça marchait. J’ai essayé. J’y ai cru, et c’était bien le cas.
Bob Byrne :
Concernant Alkaline Water Company [NLDR : société spécialisée dans l’eau dite « fonctionnelle », c’est-à-dire enrichie ou infusée avec des vitamines ou des minéraux], dont êtes ambassadeur, comment cette entreprise se montre-t-elle loyale envers vous ?
Shaquille O’Neal :
Eh bien, un jour, je conduisais et j’étais déshydraté.
Comme je suis dans la santé et le bien-être, à présent, cela fait un moment que je m’intéresse aux eaux à pH 7, 8, 9. Mais c’est le pH de 8 qui serait plutôt recommandé, c’est un médecin qui me l’a dit.
Les gens comme moi – je ne suis pas le type le plus intelligent sur Terre – quand ils sont déshydratés, ils boivent des litres pour se remettre sur les rails.
A priori, je n’appréciais pas cette société. Distillation à la vapeur ? Mais c’est quoi, ce truc ?
J’ai jeté un coup d’œil et remarqué cet élément important : « alcaline ».
Alors je l’ai testée : on retrouve une sensation de pureté, comme quand j’étais enfant et que je buvais l’eau du robinet et des tuyaux d’arrosage. Elle était froide et pure. Or Alkaline m’a redonné cette sensation. Et donc, je m’y suis intéressé.
Et je me suis dit qu’il fallait que je discute avec cette entreprise, à mon avis, les gens ne savaient pas à quel point cette eau était bonne.
Alors j’ai appelé Aaron Keay, le PDG de la société. Il a pris mon appel et m’a dit : « Shaq, nous avons des amis communs. » Il se trouve que l’un de ses coachs sportifs est un gars qui m’a aidé à remporter le championnat, alors il savait déjà que j’étais quelqu’un de bien, de très respectueux. Il savait que j’étais un homme d’affaires.
Devanture du restaurant Shaquille’s à Los Angeles
Nous avons eu un excellent contact !
Et je lui ai fait part de mes opinions et de ma vision. Je lui ai dit que je m’associais aux entreprises auxquelles je croyais, que j’investissais dans des choses qui allaient changer la vie des gens. Et c’est ainsi que l’accord est intervenu.
Mais c’est une très bonne eau. Même si je ne faisais pas tout ça, c’est ce que je bois en ce moment. Maintenant, si je vais dans un magasin qui ne propose pas cette eau, je ne bois pas.
Mais en tant qu’homme d’affaires, on doit bosser, alors je contacte Alkaline et je leur dis : « Je suis allé dans tel magasin. Il n’y avait pas vos eaux. » On me répond : « Oui, on a essayé. On n’arrive pas à décrocher un rendez-vous. »
Et c’est là que j’interviens. Je suis assez apprécié pour qu’au moins, quand j’appelle, on me réponde. La réponse n’est pas toujours à mon goût, mais je cherche qui est le PDG, je le contacte, et je lui dis : « Eh, monsieur le propriétaire du magasin, c’est Shaq. Je suis avec mon meilleur ami. On aimerait bien venir discuter avec vous. »
Voilà, je ne suis pas qu’une belle gueule placardée sur une canette. Je bosse, aussi.
Bob Byrne :
J’ai entendu dire que votre marque était tout, pour vous. Selon vous, de quelle façon votre partenariat avec les eaux Alkaline améliore-t-il votre marque ?
Shaquille O’Neal :
Je ne considère pas qu’il améliore ma marque.
Je sais que je suis l’ambassadeur du « fun », alors tout ce dont je fais la promotion doit être « fun », amusant, divertissant. Tout ce dont je fais la promotion est lié au fait d’être réel. Et c’est quelque chose que j’ai volé quand j’étais à l’université…
Revenons un instant à mes années de lycée… Comme j’étais un délinquant juvénile moyen, j’étais souvent puni. Cela m’a permis de rêver : « Ma mère est en colère, mon père est en colère. Et si je rêvais à quelque chose qui ne les mettrait pas en colère : je serai star de cinéma. Je serai basketteur professionnel. Je serai avocat. » Je m’asseyais quelque part et je rêvais.
Lorsque ma carrière de basketteur a commencé à se profiler, j’ai vu que Magic Johnson faisait de la publicité. Je voulais une publicité. Et me voilà en cours de marketing, où j’ai tout de suite décroché des « A », car je voulais savoir comment cela marchait.
Alors j’ai étudié, et le professeur nous a dit que, pour notre tout dernier projet, on devait apporter un produit qui, selon nous, pourrait se vendre à l’avenir. À l’époque, j’étais l’un des meilleurs joueurs de l’université d’État de Louisiane. Alors j’ai sorti des chaussures, des sous-vêtements et de l’eau portant la marque Shaq, des étiquettes, mon logo. Michael Jordan avait pris le « Jump Man« , alors j’ai pris le « Dunk Man« . J’ai déposé le modèle dans 50 États. C’était tout ce que je pouvais me payer, à l’époque. J’ai tout intégré dans le projet et mon professeur m’a collé la honte en classe. « Ah ! Voilà qui est bien pensé, M. O’Neal. Vous avez juste collé ‘Shaq’ partout. » Tout le monde a éclaté de rire et il m’a dit que ce n’était pas acceptable, que je devais faire autre chose.
Il m’a donné la possibilité de tout refaire, au lieu de rater l’épreuve, alors j’ai dû faire autre chose.
Mais dans ma chambre, je me suis dit : « Il a raison car Magic Johnson et Larry Bird sont les seuls à faire de la publicité. Il a voulu dire que les grands ne vendaient pas. » Et je me suis dit qu’il avait raison. J’étais assis dans ma chambre et j’ai vu ce chien débile, dans une, deux puis quatre, cinq publicités. Je n’y ai pas trop fait attention. Et me voilà parti pour le supermarché. Et là je constate que ce chien est sur des tasses, des casquettes, des cuillères, des serviettes. En rentrant, je regarde ses publicités. Il répand de la joie et du « fun ». Ah ! Voilà ! Si jamais j’ai la chance d’être face à l’une de ces caméras, il faudra que je répande de la joie et du « fun ».
Et cela a marché, pour moi !
Lorsque l’on vend des produits, on aime faire une publicité amusante pour expliquer quel produit on va vendre. Avec Alkaline Water, hier, on a tourné une publicité très drôle. Eux, ils en ont écrit la moitié, et moi l’autre. Lorsque vous faites un partenariat avec une société dans laquelle vous croyez, toutes les conversations sont géniales.
Bob Byrne :
Alors vous pouvez vous amuser en vendant de l’eau ?
Shaquille O’Neal :
Oui, vraiment.
Bob Byrne :
Et vous venez de révéler ce qu’il faut faire pour que Shaq adoube un produit ?
Shaquille O’Neal :
Oui. Je suis l’ambassadeur du « fun ». Je ne fais que promouvoir le « fun ». Le « fun » et l’accessibilité. Parlons de ce terme.
Bob Byrne :
L’accessibilité ? C’est très important, pour vous ?
Shaquille O’Neal :
Oui, car nous sommes en 2021 et les temps sont durs.
Ce qui m’a fait le plus de mal – à part le COVID – l’été dernier, c’est que 40 millions de personnes ont été licenciées. Cela m’a bouleversé. Et quand cela arrive, je n’ai pas envie d’être le type qui fait payer trop cher. Les gens doivent régler le loyer, l’école, ceci et cela. Je ne veux pas être celui qui vous fait plonger dans le rouge sous prétexte qu’il essaie de vous vendre quelque chose.
Je veux que ce soit bien et abordable.
Bob Byrne :
Selon vous, quelles sont les qualités que doivent détenir une marque ou une société, pour réussir ?
Shaquille O’Neal :
S’il s’agit d’une marque bien établie, je regarde toujours les engagements de la société, la qualité et le produit.
Le produit est très important. Dans notre cas, il s’agit d’une eau qui est super bonne. Et, voilà, j’ai 47 ans. Je les ai toutes essayées. Vous pouvez me croire ! Je les ai toutes essayées. Et c’est vraiment une eau super bonne.
Pour me baigner, je vais aux Bahamas. J’ai besoin de nager dans une eau pure et propre. Une eau fraîche. Et pour boire de l’eau, j’ai besoin d’avaler une eau fraîche. Je ne veux ni distillation, ni vapeur, ni additifs, ni conservateurs. Je n’en veux pas dans l’eau que je bois.
Or, lorsque j’ai bu cette eau après un long trajet, elle m’a donné envie d’en boire des litres.
Lorsque je m’associe à des entreprises, elles doivent respecter leur parole. Cette société avait déjà réussi sans moi, et elle fera de grandes choses, même sans moi.
Bob Byrne :
Vous vous êtes associé à beaucoup d’excellentes sociétés.
Cette newsletter est destinée à beaucoup d’investisseurs, et ils veulent toujours savoir ce qui va avoir de l’importance à l’avenir. Y a-t-il une entreprise ou un secteur – dans lesquels vous n’êtes pas impliqué – qui vous semblent intéressants ?
Shaquille O’Neal :
Je ne peux pas répondre immédiatement à cette question car, premièrement, je dois y croire et, deuxièmement, si c’est quelque chose qui va changer la vie des gens, je suis en train de l’observer.
Bob Byrne :
Alors vous voulez essayer chaque produit avant de le défendre ?
Shaquille O’Neal :
Oh oui ! Résolument.
Mon père était sergent instructeur. L’honnêteté, c’est important, dans ma famille. Je ne peux pas vous serrer la main et vous regarder en face tout en vous prenant votre argent.
Je reçois beaucoup d’offres, des propositions qui représentent beaucoup d’argent. « Faites ceci, faites cela. Hé ! Faites un tweet là-dessus. » Moi, je ne peux pas. Si je n’ai pas la moindre idée de ce que c’est, désolé mais je ne peux pas. Par respect, je ne peux pas le faire.
L’équipe d’Alkaline Water Company ne m’a pas contacté. Je les ai appelés. J’ai appelé ce monsieur et, grâce à Dieu, il connaissait quelqu’un que je connaissais et qui s’est porté garant pour moi.
Je n’aime pas que les gens pensent que je suis un dieu de l’investissement. Je ne le suis pas. J’ai connu énormément d’échecs.
Mais ma nouvelle stratégie a fonctionné, pour moi. Et tout cela grâce à l’excellent Jeff Bezos. Voici ce qu’il a dit : « Vous investissez dans des choses qui vont changer la vie des gens. » Une fois que j’ai copié sa stratégie, cela m’a été bénéfique. Mais je n’aime pas me vanter. Je ne sais rien.
Mais si je sais qu’il s’agit d’une société dans laquelle je crois, alors je veux bien m’y associer.