J’étais si heureux… en 1995.
C’était avant la période des ambitions. J’arrivais au bureau vers 10h du matin, j’en repartais vers 16h.
Je logeais dans une chambre avec pour unique meuble un matelas en mousse.
C’était l’été et je n’avais pas de climatiseur. Je n’avais pas de drap pour recouvrir mon matelas et la mousse absorbait jour après jour toute la sueur de la nuit.
Si je me levais en pleine nuit pour me rendre aux toilettes, les cafards détalaient devant moi, j’entendais le clic-clic-clic de leurs pattes quand ils couraient sur le plancher.
À 16h, lorsque je quittais le boulot, je me rendais chez Steinway Billiards à Astoria pour jouer au tric-trac avec mes amis.
J’étais dingue d’une des serveuses. Je lui écrivais des mots doux sur les billets de 2 dollars avec lesquels je payais mon repas. J’étais un peu flippant, elle n’a jamais donné suite.
Ce fut la meilleure époque de ma vie. Je n’ai plus jamais revu ces gens.
J’ai créé une entreprise. J’ai commencé à vendre mon amitié au plus offrant. Mes clients.
Pour les clients, peu importe votre produit ou vos services. Ils ne peuvent faire la différence entre vous et vos concurrents. Tous les clients de ma première entreprise, je les ai trouvés en vendant mon amitié.
Et par corruption. Mais c’est une autre histoire.
J’étais tout le temps angoissé.
Que se passerait-il si je n’arrivais à payer mes salariés ? Si nos plus gros clients se rendaient compte que j’étais une pure escroquerie et me plantaient ? Si mes employés les plus essentiels me quittaient ? Si mes associés parlaient de moi derrière mon dos ?
Je n’avais aucune confiance en moi. Je pensais devoir tromper tout le monde tout le temps afin d’être aimé.
Je me suis mis à consacrer moins de temps à ce que j’aimais et plus à ce que je détestais.
Il n’y a rien de pire.
Deuxième pire chose : vendre son amitié en échange d’argent.
Toutes mes amitiés étaient fondées sur l’argent. Tous mes succès, je les devais à mon manque de confiance.
Ce n’est pas un bon départ.
Par la suite, j’ai gagné des dizaines de millions de dollars. Cash. Puis je les ai perdus. Puis les ai regagnés. Les ai reperdus. Les ai regagnés. J’ai divorcé, j’ai perdu ma maison, mon argent. L’ai regagné. L’ai reperdu.
J’ai beaucoup appris. Trop. J’aurais aimé ne pas avoir tant appris.
J’ai passé vingt ans à faire faillite, encore et encore. J’espère ne plus jamais revivre cela. Je ne pourrais plus le supporter.
Voici ce qui m’a continuellement ruiné.
LE GUIDE ULTIME POUR FAIRE FAILLITE
CROIRE QUE VOUS ÊTES INTELLIGENT
Chaque matin au réveil, je me dis : « Je suis stupide. »
Certains appellent cela « l’esprit du débutant », comme pour se duper eux-mêmes.
Mais moi je connais la vérité. Lorsque je pense être intelligent, je perds de l’argent.
Lorsque je pense être stupide, je deviens curieux, je suis aidé, j’aide les autres, je gagne de l’argent.
La stupidité est un super-pouvoir lorsqu’elle est utilisée à bon escient.
VALEUR
Ne pas comprendre comment évaluer quelque chose. Étudier des affaires similaires, des ventes similaires, etc. Tout a une valeur, même si c’est intangible. Trouvez une formule pour valoriser les choses. Même le temps.
VOLATILITÉ
Ne pas comprendre la volatilité des flux de revenus. Même un salaire stable ne l’est pas vraiment.
Les revenus d’une entreprise ou d’un investissement comportent un tas d’incertitudes.
L’amour et l’amitié peuvent également être volatiles.
LES CHOSES INUTILES QUI POMPENT VOS RESSOURCES
Mauvaises fréquentations, alcool, addictions, besoin de validation, etc. Tout cela coûte toujours plus de temps et d’argent qu’on ne le pense.
Chaque jour, aujourd’hui, je dois être conscient de tout ce qui puise inutilement dans mes ressources.
EGO
Le meilleur moyen de gagner de l’argent, d’en économiser et d’être une bonne personne est de commencer sa journée en se disant : « Je suis stupide. Je ne sais rien. »
ILLUSION
Ne pas savoir où est votre argent ni où il va (mettre de côté pour les impôts, etc.).
DÉPENSES
Si vous avez un million de dollars et pouvez gagner sans risque 5% en le plaçant, pourquoi en perdre 10% dans une voiture alors que vous pouvez n’en dépenser que 0,5% en courses Uber par an ?
Les gens font de grosses dépenses (maisons, études supérieures, voitures, etc.) puis ils essaient d’économiser en n’allant pas chez Starbucks.
Ne laissez pas les mythes de la société régenter vos dépenses.
NE PAS COMPRENDRE LE RISQUE
Dans chaque investissement, chaque pari, il y a un avantage déloyal [NDR : élément de différenciation que la concurrence ne détient pas, qui n’est pas facile à dupliquer ou à obtenir].
Même Buffett refuse de parier un dollar sur une partie de golf. Comme il le dit : « Je ne veux pas déroger à ma discipline. »
Les bons investisseurs et les bons entrepreneurs ne prennent pas de risque. Ils le limitent.
Réussir, c’est aller là où les autres PERҪOIVENT le risque mais où vous apprenez à le réduire.
MANQUE DE DIVERSIFICATION
Diversifiez non seulement vos actions mais aussi tous vos investissements : actions, opérations privées, prêts, etc. Diversifiez même la façon dont vous investissez votre temps (évitez le « tout pour le travail, pas de loisirs »).
SE COMPORTER COMME UN ABRUTI
Chaque jour, aidez les autres à gagner de l’argent ou à atteindre leurs objectifs.
Ne serait-ce qu’une ou deux « aides » par jour. En retour, beaucoup de gens voudront vous donner un avantage déloyal lorsque vous en aurez besoin.
IGNORER LE PIRE SCÉNARIO
Divorce. Maladie. Dépression. Échecs. Cycles économiques. Une affaire d’un an peut se transformer en une affaire de cinq ans. Une tendance peut ne pas aboutir. Etc.
Le pire scénario se réalise 80% du temps. Il faut y faire face.
TAILLE DES POSITIONS
Les gens ne me croient pas lorsque je dis cela : moins on investit, plus on gagne.
Bien dormir, avec moins d’anxiété, est le meilleur investissement que vous puissiez faire.
Personnellement, moins j’investis, moins je dois penser à un investissement. Ce qui signifie que je peux le laisser faire son chemin. La clé pour s’enrichir, c’est de laisser les bons investissements se dérouler pendant des années.
Mais vous ne pouvez faire cela que si vous commencez très, très petit.
AGIR EN LOUP SOLITAIRE
Les loups solitaires enchaînent les échecs.
Ile ne faut pas se dire : « Si je fais cette affaire tout seul, sans la partager avec d’autres, je gagnerai plus. » Il faut TOUJOURS investir avec d’autres, en particulier avec des gens plus intelligents que vous.
TRAVAILLER AVEC DES « PERDANTS »
Il m’a fallu 20 ans d’essais et d’erreurs pour apprendre la différence entre « perdants » et « gagnants ».
J’en suis à 90% mais j’apprends encore chaque jour.
Voici une règle importante : les « perdants » ne gagneront JAMAIS d’argent ni ne proposeront JAMAIS de bonnes affaires.
Les « gagnants » gagnent de l’argent à long terme. Ne travaillez qu’avec eux. Les pires sont les mauvais perdants.
Un « perdant » est quelqu’un qui rejette la faute sur les autres. Il est une « victime », blâme l’économie ou un associé. Il a beaucoup de mauvaises fréquentations, laisse percevoir son peu d’intégrité (parce que cela finira par aller contre vous), lance des rumeurs sur les autres (et sur vous, dans votre dos), ne sait pas évaluer les risques (au contraire, il pense qu’entreprendre c’est prendre des risques), a beaucoup « d’accidents » (accidents de voitures, agressions, il arrive en retard aux réunions à cause des embouteillages, etc.). Il ne rappelle jamais.
Un « perdant » peut-il changer ? Oui.
J’ai toujours eu en moi certaines des caractéristiques du « gagnant » et BEAUCOUP des caractéristiques du « perdant ». J’ai dû travailler sur chacune d’elles et je continue à le faire. J’essaie de me rattraper en aidant autant de personnes que possible et ainsi j’apprends à fournir de la valeur.
Alors oui, les « perdants » peuvent changer mais vous ne pouvez pas changer un « perdant ».
Il faut privilégier la sélection de votre entourage, non son extension.
SE FOCALISER SUR LES RÉSULTATS EST LE PLUS COURT CHEMIN VERS L’ÉCHEC
« Choisis un objectif et fonce. » Voilà un conseil stupide.
À mesure que vous vous améliorez dans un domaine, à mesure que votre méthode s’améliore, vous apprenez plus.
Ce qui signifie que les objectifs et les résultats évoluent.
Il faut s’attacher à s’améliorer de 1% chaque jour. Alors les résultats arriveront.
JALOUSIE
Admirez le succès afin d’en apprendre le vocabulaire.
Lorsqu’on se compare, on désespère.
Je peux vous citer dix personnes dont j’étais proche et qui aujourd’hui me détestent.
Cela m’ennuie qu’elles me détestent. Je me demande pourquoi. Je les ai toujours aidées et aujourd’hui elles me détestent.
Cette angoisse que je ressens est presque aussi mauvaise que la jalousie. Elle est comme l’inverse de la jalousie. Je dois arrêter. J’y travaille. J’ai trop besoin que tout le monde m’aime.
PEUR ET CROISSANCE
Prendre des décisions sur la PEUR plutôt que pour la CROISSANCE, c’est-à-dire accepter quelque chose que vous ne voulez pas faire parce que vous avez peur de perdre une opportunité si vous refusez.
Et pour finir…
NE PAS ACHETER LA PAIX
Les gens affirment que l’argent achète la liberté mais plus ils ont d’argent, plus ils sont stressés.
Assurez-vous lorsque vous aurez de l’argent de le respecter. Prenez le temps de vous arrêter, vous l’avez bien gagné. Admirez le ciel et respirez profondément. Ne pensez plus à rien.
Si vous ne respectez pas l’argent, il ne vous respectera pas.
Je n’ai plus été heureux depuis 1995. Jusqu’à aujourd’hui.
Nous sommes en 2019. Je suis à nouveau heureux – en majeure partie.
C’est une bataille de chaque jour. Je ne peux pas m’empêcher d’être humain.