J’en ai marre de me retrouver à écrire encore sur ce sujet. En avez-vous parfois marre de vous-même ? Moi, c’est le cas.
Mais il ne se passe pas un jour sans que je voie toujours plus de propagande pour le rêve américain : être propriétaire de sa maison.
J’identifie les codes que ce secteur de 15 000 milliards de dollars utilise pour hypnotiser ses disciples et les faire CROIRE.
Consacrez-y votre argent durement gagné, votre vie, vos amours et vos dettes et CROYEZ-Y !
Je vais toutefois modérer mes propos : si vous voulez posséder une maison, eh bien faites-le ! Il n’y a pas de jugement à avoir. Qui suis-je pour juger ? J’ai été propriétaire de deux maisons… et j’en ai perdu deux.
Si je devais écrire mon autobiographie, je l’intitulerais : Ma vie – 10 moments malheureux. Être propriétaire d’une maison serait l’un d’eux.
Je n’écrirai jamais ce livre parce que j’ai connu trop de moments de plaisir et c’est sur ceux-là que je veux me focaliser.
Mais je vais vous expliquer les raisons pour lesquelles plus jamais je ne serai propriétaire.
Ce n’est pas un investissement
Tout le monde a une histoire. Nous l’aimons et voyons la vie qui nous entoure au travers du prisme de cette histoire.
Voici donc une histoire : Papa et Maman ont acheté une maison, disons en 1965, pour 30 000 dollars. Ils l’ont vendue en 2005 pour 1,5 million de dollars et ont pris leur retraite.
C’est une jolie histoire. Elle me plaît. Ce n’est pas celle de mes parents. Pour moi, c’est l’exact opposé qui a eu lieu. Mais, pour certains, j’espère que cela s’est passé ainsi.
Peut-être Papa et Maman ont-ils connu leur lot d’ennuis, des soucis de santé, des problèmes de couple. Peut-être tous les deux ont-ils aimé une autre personne mais ils ont aimé leur maison.
Voici un fait : l’immobilier a, en moyenne, augmenté de 0,2% par an au cours du dernier siècle.
Ce n’est que sur de courtes périodes que les prix de l’immobilier ont réellement grimpé et généralement juste après, ils sont retombés.
Le meilleur investisseur au monde, Warren Buffett, n’est pas assez bon pour investir dans l’immobilier. Il en rit même et raconte qu’il a perdu de l’argent à chaque décision sur l’immobilier qu’il a prise.
Mais c’est également un menteur. Donc je ne sais pas. En tout cas, c’est ce qu’il raconte.
Il y a environ 15 000 milliards de dollars en créances hypothécaires aux États-Unis. C’est là la SEULE manière pour les banques de gagner de l’argent.
Elles veulent que vous vous endettiez. Sinon, elles feront faillite et beaucoup de gens perdront leur emploi.
Elles vous vantent donc le « rêve américain ». Comme les agents immobiliers. Comme les magasins d’ameublement. Comme vos voisins.
Mais un pays rêve-t-il ? Les 320 millions d’Américains partagent-ils tous le même rêve ?
Que pourrions-nous faire, en tant que société, si nous récupérions nos 15 000 milliards de dollars ? Si les banques prêtaient de l’argent pour aider les gens à construire des entreprises, à faire de nouvelles découvertes et à embaucher des gens ?
L’immobilier n’est pas un investissement, partie II
Voici les qualités d’un bon investissement.
A) Il ne représente pas l’essentiel de votre avoir net
Les bons investissements sont généralement une partie d’un ensemble diversifié d’investissements que vous faites dans votre vie – y compris l’investissement que vous faites sur vous-même (acquérir plus de compétences, plus d’expériences, etc.).
B) Il ne nécessite pas un fort endettement
Voir ci-dessus, sur les 15 000 000 000 000 dollars.
C) Vous pouvez récupérer votre argent dès que vous en avez besoin
J’en ai fait la dure expérience lorsque j’ai eu un besoin urgent d’argent et que je n’arrivais pas à vendre ma maison.
Et la banque, qui a été si prompte à me prêter de l’argent, s’est mise à m’appeler à peine 12 heures après pour recevoir son chèque. Puis elle m’a traîné devant les tribunaux.
En général, lorsque je fais un investissement, je ne suis pas celui qui est poursuivi en justice. Sauf lorsque j’achète une maison.
Louer est-ce comme jeter de l’argent par les fenêtres ?
Non. Louer, c’est comme gagner de l’argent. Je vais vous expliquer pourquoi.
Admettons que vous vouliez acheter une maison à 500 000 dollars à un taux d’emprunt de 6%.
Vous versez 200 000 dollars.
La maison se loue à environ 2 500 dollars. En un seul chèque, vous donnez donc à la banque 80 mois, soit presque huit ans de loyers.
Allez-vous récupérer cet argent un jour ?
Non, parce qu’après le prêt immobilier (dont la plus grande partie ne peut être déduite des impôts), les travaux, les taxes (qui augmentent avec l’inflation et ne sont presque jamais prises en compte dans le prix de la maison), les frais associés à l’achat, l’assurance de titre de propriété, les rénovations, etc., le propriétaire peut dépenser près d’un million de dollars sur la durée de vie de la maison. Voire le double.
Par conséquent, au lieu de dépenser 200 000 dollars en un jour (au lieu d’étaler cette somme sur huit ans et que ce soit le propriétaire qui soit responsable de tout l’entretien, des impôts, etc., et que vous n’ayez pas à vous en occuper), vous pourriez investir en vous.
Pouvez-vous gagner plus que 0,2% par an en investissant en vous ?
Je l’espère. Un exemple simple : si vous prenez deux ou trois cours par mois sur WordPress, vous pouvez vous lancer dans un boulot en freelance qui vous fera gagner 5 000 dollars par mois.
Je connais des jeunes de 14 ans qui font cela. Illustration, écriture, animation 3D sont d’autres compétences que vous pouvez apprendre, et il y en a beaucoup d’autres. Il existe mille manières d’en acquérir plus.
Combien ces cours coûtent-ils ? Souvent pas grand-chose – en tout cas, certainement moins qu’un emprunt immobilier.
Chaque investissement dans le monde est jugé par sa SÉCURITE EN COMPARAISON AVEC SES ALTERNATIVES. Un investissement immobilier n’est pas sûr si on le compare avec les alternatives.
Propriétaire immobilier : il est bon d’avoir des racines
En moyenne, un propriétaire immobilier garde sa maison pendant 4 ans et demi. Certains la gardent beaucoup plus longtemps, d’autres moins. Ce n’est là qu’une moyenne.
Quatre ans et demi, ce n’est pas ce que j’appelle des « racines ».
Pourquoi les gens déménagent-ils ? Parce que les emplois ne sont plus aussi stables qu’ils l’étaient autrefois.
En outre, on ne les trouve plus dans une ou deux villes, mais dans tout le pays ou dans le monde entier.
Par conséquent, les raisons initiales pour posséder une maison (un trajet quotidien facile et garanti dans une zone urbaine où se trouvent les emplois) ne sont plus valables, comme le démontre la durée de possession de plus en plus courte d’une maison.
C’est là une tendance qui ne cesse de croître.
Le coût d’opportunité
Un jour, la plomberie était bouchée. Comment est-ce possible ? Parce que des cheveux tombent dans la douche, des choses sont jetées dans les toilettes alors qu’elles ne devraient pas l’être, des aliments se retrouvent coincés dans les tuyaux de l’évier et des millions d’autres choses.
Ma maison a 150 ans. Autrefois, c’était un hôtel. Tout s’use. Les tuyaux s’effritent sous les doigts du plombier.
J’avais donc envoyé un mail au propriétaire, qui avait appelé un plombier, qui avait apporté de nouveaux tuyaux payés par le propriétaire. Ce dernier ne s’attendait pas à cette dépense mais il y a bien été obligé.
Pendant ce temps, moi, je suis resté à bouquiner dans la chambre à côté.
Même chose lorsque l’ouragan Sandy a tout dévasté sur son passage. Les gens circulaient en barque devant chez moi. L’eau a rempli la maison jusqu’à 60 cm de hauteur.
« C’est la première fois en cent ans que l’eau monte aussi haut », m’avait dit le propriétaire. Il a arraché le plancher, nettoyé la boue, réparé les meubles et s’est occupé de tout.
Cette fois-ci, j’étais en haut à lire mon livre.
Flexibilité
Certaines personnes aiment savoir où elles seront dans trente ans. Cela les rassure.
Lorsque vous louez, vous ne savez jamais si vous ne serez pas un jour mis à la porte ou si la maison sera vendue et vous devrez alors partir.
Je ne porte donc aucun jugement. Mais j’apprécie la flexibilité dans ma vie. J’apprécie de savoir que je peux déménager. Et dans mon quartier, il y a beaucoup de maisons à vendre, je sais donc que je pourrai toujours trouver à louer.
Et avec tant de maisons à vendre, je sais que ces propriétaires sont coincés tandis que moi je ne le suis pas.
En sera-t-il toujours ainsi ? Non. Tout est cycle. Mais aux États-Unis on a tendance à trop construire. Du coup, les gens achètent trop. Et il y a donc beaucoup de maisons à louer.
Je regarde toujours les locations. En ce moment même, on peut trouver à louer des maisons plus belles que la mienne, à moins d’un kilomètre de chez moi, pour moins cher. Mais j’aime bien mon propriétaire et ma maison, je préfère donc rester où je suis.
Je vis au bord du fleuve et de chez moi je peux voir les feuilles des arbres pousser. En été, on organise des fêtes géantes dans le parc à proximité.
En plus, tous les dimanches soir sont programmées des séances de cinéma en plein air où se retrouve toute la ville. C’est ainsi que j’ai vu Bladerunner.
Mais je veux toujours avoir la possibilité de prendre mes affaires et de m’en aller dès que je le voudrai. La liberté me rend heureux.
Le droit à la propriété est la base de l’Amérique
Beaucoup de gens aiment posséder des biens immobiliers du fait de cet aspect concret que cela apporte. Un bien immobilier semble plus concret que l’argent.
Ou que les actions. Ou que les obligations.
Je peux le comprendre. En Amérique, personne ne peut vous prendre votre terre si vous en êtes le propriétaire.
Mais peu de gens possèdent leur terre. C’est la banque qui la possède. D’où l’endettement de 15 000 milliards de dollars.
Et les gens ne la possèderont jamais (cf. la moyenne de 4 ans et demi).
Mais, à nouveau, ce n’est que mon point de vue.
J’aime savoir que je peux vivre avec simplement un sac d’affaires. J’ai fait cela toute ma vie.
Lorsque je suis arrivé à New York, tout ce que je possédais tenait dans un sac poubelle. Avant de me marier, je vivais dans un hôtel bas de gamme. Après mon divorce, je suis retourné vivre dans ce même hôtel.
J’aime à penser que je pourrais tout perdre et malgré cela survivre. C’est peut-être pour cela que j’ai parfois tout perdu. Mais c’est aussi de cette manière que j’arrive à survivre et à continuer à apprendre toujours plus chaque jour.
Je sais que ça paraît un peu bateau, vous pouvez passer au paragraphe suivant. Mais le droit à la propriété n’est pas concret.
Aimer qui vous êtes, où vous êtes et ce que vous faites, voilà la seule chose concrète.
Habitez votre coeur, pas votre maison et vous ne vous sentirez jamais seul ni n’aurez besoin de vous enraciner.
Partagez cet amour avec ceux qui vous entourent. Alors, à leur tour, ils auront moins besoin de racines.
C’est là le meilleur investissement. Le meilleur retour sur investissement. La meilleure maison dans laquelle vivre.
Le rêve américain nous a enchaînés à la terre afin qu’on puisse nous gaver de dette comme des oies, nous lier avec des emplois dans des usines et dans des bureaux auxquels nous ne pouvons pas échapper parce qu’il est très difficile de bouger (jusqu’à ce qu’on nous éjecte avec deux semaines d’indemnités), avec des amis imposés dans notre voisinage, avec de soi-disant racines pour nos enfants – même si les statistiques montrent que ces racines sont un mensonge.
La liberté vaut plus qu’un rêve.
Tout le monde raconte cette histoire. Qu’ils ont acheté et vendu trois maisons et gagné de l’argent à chaque vente.
Je les crois. Peut-être beaucoup de gens sont des investisseurs extraordinaires.
D’autres vivent dans un quartier agréable et sûr et ils veulent que leurs enfants y grandissent.
Je crois aussi ceux qui me disent cela. Mais j’ai également vu la douleur qu’ils endurent lorsque les emplois et les mariages ne sont pas aussi stables qu’ils le pensaient et que cet argent aurait été à ce moment mieux entre leurs mains au lieu d’être aux mains de la banque.
Nous avons besoin d’un peu de marge de manoeuvre afin de survivre lorsqu’on nous passe la corde au cou.
Que faire alors ?
Vous pouvez louer. Tout comme certaines maisons sont mieux que d’autres, certains propriétaires sont meilleurs que d’autres. Comme pour toute décision importante dans la vie, il faut faire des recherches.
Vous pouvez établir des racines avec un bon propriétaire. Vous pouvez même peindre la maison et faire tomber les murs pour faire ce que vous voulez.
Si vous croyez que l’immobilier est un bon investissement, il existe des entreprises qui possèdent des biens immobiliers et dans lesquelles vous pouvez investir sur le marché boursier. [C’est justement une des 36 stratégies que Yann Boutaric et Zach Scheidt explorent dans La Bible des Revenus. En savoir plus…]
Vous avez ainsi tous les bénéfices d’un investissement à long terme dans l’immobilier et pouvez récupérer votre argent en moins de cinq secondes en cas de besoin.
Mais que faire de tout cet argent que vous avez en surplus si vous ne possédez pas de maison ?
Peut-être rien. Avoir du cash est une bonne chose. Cela réduit le stress.
Mais vous pouvez aussi investir en vous-même ou dans des entreprises en croissance.
(Lire aussi : Mon antisèche ultime pour investir)
Si les entreprises ne se développent pas, je peux vous assurer que les prix immobiliers baisseront. Parce que ces derniers dépendent de la stabilité de l’emploi.
Par conséquent, par définition, les entreprises croîtront dans l’ensemble toujours plus rapidement que l’immobilier.
Le revenu moyen des personnes entre 18 et 35 ans est passé de 36 000 dollars à 33 000 dollars au cours des vingt dernières années. Pendant ce temps, la dette a été multipliée par 100. Ce n’est pas une bonne chose.
Pourquoi les gens sont-ils toujours en faveur de la propriété immobilière ?
Il y a quelque chose qu’on appelle le « biais d’investissement ». Votre cerveau pense : « Je viens de faire le plus gros investissement de ma vie, il doit donc être bon. »
Votre cerveau vous aime. Il ne veut pas que vous pensiez qu’il a pris une mauvaise décision pour vous. Il a peur que vous ne l’utilisiez plus.
Donc il vous dit : « Ce versement de 200 000 dollars était la meilleure décision que tu aies jamais prise. Tout le reste, c’est comme jeter l’argent par les fenêtres, ou n’avoir aucune racine, ou pas de stabilité ! » Il est donc difficile d’envisager les alternatives.
Cela demande également beaucoup de travail de posséder une maison. N’avez-vous jamais perdu du temps dans l’Étoile de la Mort – je veux dire chez Home Depot [NDR : chaîne américaine de magasins de bricolage] ? Cet endroit est gigantesque. Et je n’ai besoin que d’une couleur spéciale de peinture.
Mais où peut-elle bien se trouver ? Les soldats de l’Empire chez Home Depot ne sont jamais là quand vous avez besoin d’eux.
Et ce furet pour déboucher mes toilettes ? Où est-il ? Et comment dois-je l’utiliser ? Est-ce compliqué à faire ? Pourquoi appelle-t-on cela un furet ?
Pas étonnant que plombier soit l’un des métiers les mieux payés des États-Unis.
Combien de temps faut-il pour peindre une maison ? À qui dois-je m’adresser ? Me fera-t-on payer beaucoup plus cher si je demande en plus le dallage de l’allée ?
Ai-je pris en compte cela dans mon calcul du coût total que représente l’achat d’une maison ?
J’aime m’asseoir au rayon jardinage de Home Depot. Il y a des milliers de fleurs et de plantes et cela sent la terre.
Pour être honnête, c’est ce qui s’apparente le plus à une randonnée dans ce que j’ai fait jusqu’ici : m’asseoir dans le rayon jardinerie de Home Depot.
Je suis pathétique. Et je jette mon argent par les fenêtres en loyers. Et je n’ai pas de racine. Et je refuse de réparer mes toilettes, de daller mon allée ou de m’occuper de mon sous-sol inondé. Tout ce que j’aime faire, c’est lire.
Et un jour je déménagerai. Peut-être près de l’océan. Et je me promènerai le long de la plage. La semaine dernière, un ami m’a dit que le soleil se couche à l’ouest.
Peut-être un jour m’installerai-je en Californie. Encore un an jusqu’à ce que ma petite dernière passe son bac.
Je m’installerai sur la véranda et regarderai le soleil se coucher et j’aurai du cash à la banque (j’espère) tandis que quelqu’un réparera mes toilettes.
Ce jour-là, lorsqu’il ne restera plus que 15 minutes au soleil avant qu’il ne sombre, peut-être tomberai-je amoureux.
2 commentaires
Bonjour, MERCI pour cet article, les milliardaires ne sont pas propriétaires de leur maison ? Sérieux ? Même pas en SCI ou un autre genre d’investissement ? Pour les impôts …
MDR.
« Admettons que vous vouliez acheter une maison à 500 000 dollars à un taux d’emprunt de 6%. »
Forcément en partant d’un postulat pareil, ça risque pas d’être intéressant !
Maintenant la réalité est plutôt 150-200k€ à 1,5%.