J’avais peur de perdre mon plus gros client et mon boulot. Alors je le laissais crier après moi sans cesse.
J’ai rencontré une amie. Elle m’a dit : « Ma grand-mère m’a dit qu’il existait deux catégories de décisions : les décisions guidées par la peur et les décisions guidées par les perspectives d’évolution. »
Par exemple, est-ce que l’on reste dans son boulot car on a peur de ne pas en trouver un autre ? Ou est-ce que l’on reste dans son boulot car on sait qu’il est susceptible de nous faire évoluer ?
Est-ce que l’on reste dans une relation car on a peur de ne pas trouver d’autre compagnon ou car on a peur que cela nuise à nos enfants, ou encore car on a peur de faire du mal à l’autre ?
Ou bien est-ce que l’on reste dans une relation car on est vraiment reconnaissant de ce que l’autre vous apporte (et, espérons-le, vice versa) ?
J’y ai réfléchi, j’ai repensé à toutes les décisions que j’avais prises dans ma vie.
- Déménager à NY pour travailler chez HBO.
- Quitter mon poste chez HBO pour créer une société.
- Me marier une première fois, une seconde fois.
- Divorcer, avoir des enfants.
- M’installer à 130 km de NY après avoir perdu ma maison et tout mon argent.
- Essayer de vendre une société avant qu’elle ne soit complètement florissante.
- Ne pas partir en voyages d’affaires car j’avais peur de ce qui se passerait si je quittais le domicile.
Etc, etc. Grand-mère avait raison !
Chaque décision que j’ai prise a été guidée par la peur ou les perspectives d’évolution.
Et cela ne concerne pas simplement les grandes décisions, mais également les plus anecdotiques.
Les décisions guidées par la peur n’ont jamais tourné à mon avantage. Lorsque mes décisions étaient guidées par la peur, je donnais toujours le pouvoir à une autre personne.
C’est le sentiment d’insécurité qui provoquait une telle décision. Ou le sentiment de pénurie. Ou le fait de devoir donner trop de pouvoir aux autres, ce qui les amenait à contrôler ma vie.
Les décisions guidées par les perspectives d’évolution ont toutes fait des miracles que je n’aurais jamais imaginés.
Avec les décisions guidées par les perspectives d’évolution, c’est tout votre corps qui réagit : votre poitrine se dilate, les idées germent dans votre esprit, le sentiment de compétence se développe, tout comme la sensation d’une plus grande liberté.
Une décision basée sur les perspectives d’évolution devient, à la longue, l’histoire de votre vie. Une décision guidée par la peur se transforme en regret.
Avec les décisions guidées par la peur, c’est votre tête qui gère ; je ferais mieux de faire ceci… SINON. J’ai laissé l’un de mes premiers patrons me crier dessus trop souvent, j’avais peur qu’il me renvoie si je répliquais.
Je ne voulais pas perdre mon boulot car j’avais ma société, et HBO (mon boulot à cette époque) était mon plus gros client. Je n’avais pas confiance en ma société.
C’est de cette façon que la peur de perdre un client m’a empêché de consacrer tout mon temps à ce qui pouvait être source de vrai développement dans ma vie.
Une fois, j’ai eu peur d’être de nouveau à sec.
Alors j’ai accepté un boulot. J’ai tenté de me convaincre qu’il s’agissait d’une décision guidée par les perspectives d’évolution. Peut-être que je pouvais me développer avec mon boulot et me créer des opportunités.
Mais, lors de mon premier jour de travail, je me suis affalé par terre sans aucune raison. Tout le monde a ri et a demandé : « Ça va ? » Je me suis relevé, j’avais honte et j’étais gêné face à tous ces gens qui me regardaient.
J’avais tellement mal à la jambe que je me suis mis à boiter.
Le lendemain, mon patron m’a dit : « Faites-moi confiance pour votre salaire. On va prendre soin de vous. »
Je n’ai pas polémiqué, j’avais peur. C’était lui le patron.
Le troisième jour, je me suis levé et je suis sorti. Je n’ai pas nettoyé mon bureau. J’ai laissé ma veste. J’ai pris l’ascenseur pour descendre les 40 étages. J’ai marché sous un soleil radieux.
Et je ne suis jamais revenu. Ils m’ont rappelé encore et encore. Le gars m’a même appelé un an plus tard, et il continue de m’appeler.
Ma vie est plus agréable que jamais. Je ne me suis jamais retourné sur le passé. J’ai quitté le bâtiment et j’ai marché jusqu’à la gare de Grand Central. J’ai pris le train pour faire 130 km. J’ai regardé les feuilles passer du vert au rouge le long de l’Hudson.
Je suis arrivé chez moi, j’ai marché un peu pour arriver jusqu’au fleuve et j’ai respiré profondément, sans savoir pourquoi. Pour la première fois depuis des mois, je ne pensais pas à l’argent.
Et puis j’ai réagi, je ne boitais pas, je n’avais plus mal à la jambe.
Tout n’a pas été rose une fois cette décision prise. Quelques malheurs me sont arrivés.
On m’a arraché le cœur plus d’une fois, mes angoisses financières ont resurgi à plusieurs reprises.
Mais cette décision avait été guidée par les perspectives d’évolution. Et petit à petit, j’ai pris de nouvelles décisions du même type. Et petit à petit, je me suis pris à aimer ma vie plus que je ne l’avais jamais aimée.
Merci à la grand-mère de mon amie.