S’appuyer sur le Triangle B-I en tant qu’entrepreneur et investisseur pour réussir
Quibi. En avez-vous entendu parler ? Cela vous dit peut-être quelque chose, mais vous ne savez pas d’où ça vient. Un gros titre dans la presse peut-être ?
Et si je vous disais que cela aurait dû être la prochaine révolution de la vidéo en ligne, soutenue par 1,75 milliard de dollars d’investissements de certaines des plus grosses entreprises de la Silicon Valley et d’Hollywood, ainsi que de grandes marques publicitaires comme Pepsi, Taco Bell, Anheuser-Busch et Walmart ?
Comment avez-vous pu passer à côté ?
Le fiasco retentissant de Quibi
En fait, Quibi devait rivaliser avec Netflix, mais en adoptant un format différent qui devait prendre d’assaut le marché : des contenus vidéo courts, axés sur les célébrités.
Comme le rapporte The Guardian :
« Le service a offert un tsunami de programmes mettant en scène des célébrités, segmentés en ‘quick bites’ [NDR : signifiant ‘bouchées rapides’, ce qui a donné ‘qui-bi’] de10 minutes ou moins : un talk-show de Joe Jonas, un documentaire sur l’école I Promise de LeBron James, un film avec Sophie Turner de Game of Thrones survivant à un accident d’avion, le tout directement sur votre téléphone. »
Depuis son lancement en avril 2020, la plateforme n’a pas tenu ses promesses.
Adrian Horton du Guardian poursuit :
« Depuis son lancement, Quibi a été frappé par une série de mauvaises nouvelles. Selon le Wall Street Journal, l’application s’est rapidement effondrée, a été retirée du top 50 des téléchargements les plus importants une semaine après son lancement et n’avait attiré qu’environ 1,5 million d’utilisateurs actifs à la fin du mois de mai. Une goutte d’eau dans l’océan par rapport aux 50 millions d’abonnés attirés par Disney+, lancé en décembre 2019 aux États-Unis, et aux 183 millions d’utilisateurs mondiaux de Netflix (Quibi n’est disponible qu’aux États-Unis et au Canada). La plupart de ses utilisateurs ont participé à l’essai gratuit proposé par le service, qui se termine ce mois-ci (un abonnement à Quibi coûte 4,99 dollars par mois avec publicité et 7,99 dollars par mois sans publicité). L’entreprise prévoit de ne compter que 2 millions de clients payants d’ici la fin de l’année, soit moins de 30% de son objectif de 7,4 millions d’abonnés pour la première année. »
Quelle est la cause de cet échec à première vue colossal ? Comment un produit bénéficiant d’investissements aussi importants peut-il subir un tel fiasco ?
Il s’est avéré qu’il s’agissait d’un dysfonctionnement du système d’entreprise. Plusieurs rapports peu flatteurs ont dépeint des conflits internes en coulisses.
Le Wall Street Journal a décrit des frictions de longue date au sein des relations professionnelles entre Jeffrey Katzenberg, le fondateur de l’application, et Meg Whitman, sa directrice générale.
La responsable du marketing de marque, Megan Imbres, est partie en avril : un autre départ d’exécutif de haut niveau faisant suite à ceux de Janice Min, responsable du contenu quotidien, et de Tim Connolly, responsable des partenariats et de la publicité, l’année dernière.
Selon Page Six, les employés auraient été furieux d’apprendre que Reese Witherspoon a touché un salaire de 6 millions de dollars pour son travail de voix off dans des épisodes de six minutes pour le documentaire animalier Fierce Queens, alors que les mauvaises performances de Quibi menaçaient de provoquer des licenciements (le mari de Reese Witherspoon, Jim Toth, est le responsable talent acquisition et contenu de la société).
La technologie turnstyle de Quibi, qui permet de passer facilement du mode portrait au mode paysage et inversement sur le téléphone, fait l’objet d’un procès en matière de brevet avec un fonds spéculatif très bien garni.
Alors que les investisseurs et les fondateurs de Quibi considèrent la pandémie de COVID-19 comme responsable de la faiblesse de l’audience, tous ces facteurs montrent clairement que leur système d’entreprise est fragile dans un certain nombre de domaines, notamment au niveau de l’équipe, du leadership, des aspects juridiques et de la trésorerie, pour n’en citer que quelques-uns.
En observant le Triangle B-I de mon père riche (dont nous parlerons plus loin dans cet article), vous verrez que tous ces éléments sont la clé du succès et aucun d’entre eux n’est facultatif.
Qu’est-ce qui aurait pu permettre à Quibi de mieux réussir ? Se concentrer davantage sur un meilleur système d’entreprise, et moins sur le produit.
Un meilleur système d’entreprise ne se résume pas au produit
De nombreuses personnes viennent me voir, enthousiastes à l’idée d’un nouveau produit qu’elles jugent réellement innovant et dans lequel il vaut la peine d’investir. Je leur réponds que le monde est rempli de produits fabuleux.
Beaucoup de gens viennent aussi me voir en pensant que leur produit est le meilleur, meilleur que tout autre produit existant sur le marché. C’est certainement ce qu’ont pensé les fondateurs et les investisseurs de Quibi. Ils pensent également que c’est une bonne raison d’investir. Ma réponse est la suivante : seuls ceux qui se situent dans les catégories E (Employés) et S (Travailleurs indépendants) du Quadrant du CASHFLOW, pour lesquels il est primordial d’avoir la meilleure ou la plus haute qualité pour réussir, pensent que la priorité est d’avoir le meilleur produit.
Dans les parties B (Propriétaires d’entreprises) et I (Investisseurs), en revanche, le plus important est le système qui se trouve derrière le produit ou l’idée. Par exemple, la majorité d’entre nous est capable de préparer un meilleur hamburger que McDonald’s, mais nous sommes peu nombreux à savoir ériger un meilleur système que celui de McDonald’s.
Mon père riche disait : « Le produit est l’élément le moins important à inspecter lors de l’évaluation d’une entreprise. »
Le Triangle B-I, huit piliers des meilleurs systèmes
Mon père riche considérait qu’une entreprise vraiment prospère reposait sur des systèmes et que le produit n’avait pas besoin d’être le meilleur si les systèmes étaient perfectionnés. Il doit toujours être bon, mais pas le meilleur.
C’est pourquoi il a toujours placé le Produit (« Product« ) dans la plus petite partie du Triangle B-I, son modèle pour construire les entreprises les plus prospères.
Le Triangle B-I dans son ensemble constitue un solide système de systèmes, il est pris en charge par une équipe et un leader, tous travaillant à une mission commune. Il est constitué de huit composantes (ou piliers) vitales, chacune d’entre elles étant essentielle à la réussite : les bases les plus importantes étant la mission, le leadership et l’équipe.
Lire aussi : Comment devenir un propriétaire d’entreprise prospère ?
La trésorerie suit toujours la gestion
Si l’une des fonctions de gestion des cinq niveaux internes du Triangle B-I (trésorerie, communication, systèmes, aspect juridique et produit) est faible, l’entreprise le sera aussi. Si vous rencontrez personnellement des difficultés financières, ou si vous n’avez pas l’excédent de trésorerie que vous souhaiteriez avoir, vous pouvez souvent trouver les points faibles en analysant chaque niveau. Une fois que vous avez identifié vos points faibles, vous pouvez alors envisager d’en faire votre force ou d’embaucher quelqu’un d’autre ayant cette force.
Dans le cas de Quibi, il est clair que les luttes de pouvoir au niveau du leadership constituent un problème majeur. En outre, cela peut avoir conduit à la sortie de certains talents essentiels, ce qui constitue une faiblesse dans l’équipe. Leur technologie sous-jacente fait l’objet d’une bataille juridique en matière de brevets (faiblesse liée à l’aspect juridique et aux systèmes). Et ils dépensent de l’argent sans compter, ce qui constitue une faiblesse au niveau de la trésorerie.
N’importe laquelle de ces faiblesses du système d’entreprise suffirait à faire couler les sociétés moins bien financées. Toutes ont très probablement conduit à ce lancement médiocre pour un produit très médiatisé.
Certains des meilleurs investissements et entreprises sont ceux que vous abandonnez
Si l’un des cinq niveaux du Triangle B-I est faible et que la direction n’est pas prête à le renforcer, il est préférable de renoncer à l’investissement.
Il m’est trop souvent arrivé de discuter des cinq niveaux du Triangle B-I avec des équipes de direction avec lesquelles j’envisageais d’investir, et je n’entendais que des arguments, aucune discussion. Lorsque les propriétaires d’entreprises ou les équipes de direction présentent une faiblesse à l’un des cinq niveaux, ils sont davantage sur la défensive et moins réceptifs aux questions. S’ils sont sur la défensive au lieu d’être enthousiaste à l’idée d’identifier et de corriger une faiblesse, je préfère généralement fuir.
Si j’avais été invité à investir dans Quibi et que j’avais remarqué les faiblesses de leur système d’entreprise, j’en aurais fait de même.
L’ère du numérique rend le Triangle B-I accessible à tous
La bonne nouvelle, c’est que vous pouvez tirer les leçons des erreurs colossales de Quibi pour votre entreprise déjà existante ou une entreprise que vous souhaitez créer.
Il n’a jamais été aussi facile d’accéder à la richesse qu’à notre époque. À l’ère industrielle, il fallait des millions de dollars pour construire une usine automobile. Aujourd’hui, avec un ordinateur d’occasion, de l’intelligence, un téléphone et un peu d’éducation dans chacun des huit piliers du Triangle B-I, le monde peut être à vous.
Si vous voulez construire votre propre entreprise, il n’y a jamais eu de meilleur moment pour réussir. J’ai récemment rencontré un jeune homme qui a vendu sa petite entreprise Internet à un grand fabricant de logiciels pour 28 millions de dollars. Tout ce qu’il m’a dit, c’est : « J’ai gagné 28 millions de dollars à l’âge de 28 ans. Combien vais-je gagner quand j’en aurai 48 ? »
Vous souhaitez être un entrepreneur ou une entrepreneuse prospère, créateur ou créatrice d’entreprises florissantes ? Ou simplement investir dans celles-ci ? Il suffit que l’ensemble du Triangle B-I soit solide et interdépendant. Ainsi, vos entreprises se développeront et prospéreront.
La bonne nouvelle, c’est que si vous avez l’esprit d’équipe, vous n’avez pas besoin d’être un expert à tous les niveaux. Il suffit de faire partie d’une équipe gagnante avec une vision claire, une mission bien définie et des nerfs d’acier. Trouvez cela, et vous serez sur la voie du succès.
