L’intelligence financière est la solution pour transformer un mauvais en bon investissement
Mon père riche disait que l’un des problèmes de l’école est qu’on apprend aux enfants à vivre dans un monde manichéen. Cette approche n’est ni réaliste ni intelligente. Dans le monde de l’investissement – comme dans la vraie vie – il existe souvent plusieurs réponses ou solutions aux questions ou aux problèmes.
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À l’école, il n’existe qu’une seule bonne réponse pour chaque question. Les enseignants, en corrigeant les évaluations, recherchent les bonnes réponses.
À l’école, vous êtes intelligent si vos bonnes réponses concordent avec celles de votre professeur. Cela fait de vous un bon élève.
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Cette idée qu’il n’existe qu’une seule bonne réponse est le fondement de l’éducation académique.
Dans la vraie vie, vous avez en fait le choix entre plusieurs bonnes réponses.
Par exemple, quand j’ai demandé à mon père pauvre le résultat de l’addition 1 +1, sa réponse fut 2. La réponse de mon père riche à cette même question fut différente. Il répondit 11.
Cela illustre bien pourquoi l’un d’eux était pauvre et l’autre riche.
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Bon investissement ou bon investisseur ?
Il n’y a pas de bons ou de mauvais investissements – juste de bons ou de mauvais investisseurs. En d’autres termes, la qualité de votre investissement dépend de vos compétences en tant qu’investisseur.
Cette citation de F. Scott Fitzgerald vient appuyer cela :
La marque d’une intelligence de premier ordre, c’est la capacité d’avoir deux idées opposées présentes à l’esprit, en même temps, et de ne pas cesser de fonctionner pour autant.
Discuter des deux aspects d’un même problème n’a rien de nouveau. J’offre une autre interprétation, en avançant que toutes les pièces ont trois faces : le côté pile, le côté face et la tranche.
Selon F. Scott Fitzgerald, les personnes les plus intelligentes se positionnent sur la tranche, et sont donc capables de voir les deux faces de la pièce.
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Beaucoup d’élèves quittent l’école en croyant qu’il n’existe qu’une seule bonne réponse. Plutôt que de développer l’ouverture d’esprit des élèves, l’éducation traditionnelle la rend plus étroite. Les enfants quittent l’école en croyant à un monde régi par le bien et le mal, le noir et le blanc, les intelligents et les stupides.
C’est la principale raison pour laquelle tant de gens n’aiment pas l’école, y compris de nombreux bons élèves. Si un élève n’arrive jamais à se positionner sur la tranche (le point de vue d’où il peut voir les deux côtés d’une situation), il n’en verra toujours qu’un seul. Une seule réponse, un seul point de vue, une seule perspective.
L’intelligence financière est la capacité à observer les questions liées à l’argent depuis la tranche de la pièce et à avoir ainsi plusieurs points de vue.
Fitzgerald parle de « la capacité d’avoir deux idées opposées présentes à l’esprit, en même temps » comme étant la marque d’une « intelligence de premier ordre ». En d’autres termes, l’idée du bien contre le mal – qui est enseignée à l’école – n’a rien d’intelligent. En fait, c’est une idée qui promeut l’ignorance, car le « bien contre le mal » ignore l’autre côté de la pièce au lieu de l’explorer.
Selon moi, l’idée du bien contre le mal est à l’origine de tous les désaccords, disputes, divorces, malheurs, agressions, violences et guerres.
Les bons investisseurs comprennent les positions longues (et courtes)
Le monde de la finance est rempli de concepts opposés : revenus et dépenses, actifs et passifs, marchés haussiers et baissiers. Souvent, nous qualifions à tort ces contraires de bons et de mauvais. J’aime beaucoup dire : « Vous n’avez pas une vraie main et une main fausse, vous avez une main droite et une main gauche. »
Pour vous permettre de mieux comprendre ce dont je parle et comment cela s’applique à l’investissement, j’ai demandé à mon conseiller en Bourse, Andy Tanner, de partager son génie.
Bill, Jane et le prix du pétrole
Prenons un exemple d’opportunité d’investissement qui parle à tout le monde et qui illustre bien mon propos. Voici deux personnes : Bill et Jane. Bill a un travail auquel il se rend tous les jours en voiture. Comme tout le monde, il a des revenus et des dépenses dans sa vie. Loin de chez Bill, le prix du pétrole augmente. Il ignore tout des forces qui entraînent la hausse du prix du pétrole, mais le lendemain, lorsqu’il se rend à la station-service, il constate que le prix de l’essence a augmenté. C’est un problème pour Bill, car une augmentation du prix de l’essence représente une dépense supplémentaire. Sans que ce soit sa faute, Bill devra absorber cette augmentation des coûts par une réduction de sa trésorerie mensuelle.
Examinons maintenant la situation de Jane. Il y a quelques années, Jane a investi dans un puits de pétrole. Lorsque le prix du pétrole a augmenté pour Bill, il a également augmenté pour Jane. Cependant, au lieu de réduire sa trésorerie, les chèques mensuels de Jane provenant du puits de pétrole ont, pour leur part, augmenté, et elle n’a même pas eu à lever le petit doigt.
Ce seul événement présente deux aspects opposés. Le fait que cet événement (l’augmentation du prix du pétrole) soit une bonne ou une mauvaise nouvelle dépend de votre position. Il est très important de comprendre cela quand il est question du marché boursier. Les personnes qui ont investi une grande partie de leur argent dans un plan tel qu’un 401(k) ou un compte individuel d’épargne retraite sont mécontentes lorsque le marché baisse, et heureuses lorsque le marché monte.
Rappelez-vous que nous souhaitons arrêter de considérer les investissements comme bons ou mauvais. Nous devrions plutôt prendre conscience qu’ils sont simplement les opposés l’un de l’autre. Une fois que nous avons compris cela, nous pouvons tirer profit des deux côtés.
Nous ne pouvons pas forcer les marchés à évoluer à la hausse ou à la baisse en fonction de nos besoins, mais que se passerait-il si nous pouvions augmenter notre colonne d’actifs lorsque le marché baisse, nous positionner de manière à profiter d’une telle baisse ?
Le téléphone de John, le bon investisseur
Voici un autre exemple d’intelligence financière expliqué par des positions courtes et longues.
Une société de téléphonie mobile populaire va bientôt sortir un tout nouveau téléphone, le modèle Z9, convoité par des millions de personnes. Pour le moment cependant, la société en question vend le modèle Z8 et, tous les jours, des gens l’achètent pour 600 dollars.
Lorsque John entend parler du nouveau téléphone, il se rend compte qu’à la sortie du modèle Z9, le modèle Z8 deviendra presque obsolète. Même s’il vaut actuellement 600 dollars, John pense qu’il se vendra pour la moitié de ce prix lorsque le nouveau modèle sera disponible.
En tenant compte de cette connaissance de l’avenir associée à son désir d’investir sans argent, voyons comment John peut tirer profit de ce scénario. Tout d’abord, John parle à Sally, qui a un téléphone Z8 mais n’en a plus besoin. Sally accepte de le prêter à John pour quelques mois. John ne paie pas Sally pour cela, il accepte simplement de lui donner un téléphone Z8 dans un avenir proche. Ainsi, le téléphone que John emprunte figure désormais dans sa colonne d’actifs, mais il figure également dans sa colonne de passifs, car il le doit toujours à Sally.
La prochaine étape pour John est de mettre ce téléphone Z8 en vente pour 600 dollars. En quelques jours, il trouve un acheteur et il expédie le téléphone en échange de 600 dollars. Maintenant, il n’y a plus de téléphone dans la colonne des actifs de John. Il dispose à la place des 600 dollars qu’il vient de gagner en vendant le bien. Dans sa colonne de passifs, il doit toujours un téléphone à Sally.
Comme John l’avait prédit, le nouveau téléphone Z9 sort peu de temps après et le prix du téléphone Z8 baisse. Il est désormais disponible sur eBay pour seulement 300 dollars. John l’achète donc pour cette somme et rend le téléphone Z8 à Sally. Sally est heureuse, car John a rempli sa part du contrat et ce dernier a gagné 300 dollars sans investissement initial.
Les positions longues et courtes
Lorsque nous pensons que le prix d’un bien va potentiellement augmenter, nous voulons l’acheter et le posséder pour en tirer profit lorsque cette prédiction se réalisera. En revanche, lorsque nous prévoyons que le prix d’un bien va baisser, nous ne souhaitons pas le posséder, nous voulons l’emprunter. Cela nous place en position d’avantage au moment de la réduction du prix.
En étudiant de près ce que John a fait avec le téléphone, vous remarquerez qu’il a acheté à bas prix et vendu au prix fort. Cette méthode traditionnelle (acheter à bas prix et vendre au prix fort) s’appelle une « position longue ». Notre exemple de transaction est semblable à cette méthode, mais comme nous avons emprunté, puis vendu, puis acheté, puis rendu, cela devient une « position courte ».
L’avantage des positions courtes est qu’elles vous donnent le pouvoir de générer des profits, quelle que soit la situation du marché. Le bon sens traditionnel nous conseille de nous désendetter et d’économiser de l’argent. Mais comme nous l’avons vu dans cette section, il n’est pas judicieux de posséder quelque chose si l’on pense que sa valeur va baisser. Lorsque nous savons que la valeur d’un bien va diminuer, nous ne souhaitons pas la posséder, il vaut plutôt mieux l’emprunter.
Qu’est-ce que l’intelligence ?
L’intelligence a de nombreuses définitions et significations. Pour les besoins de cet article, nous retiendrons la définition selon laquelle l’intelligence est la capacité à sortir du piège d’une vision manichéenne du monde encouragée par nos écoles, et à regarder le monde de l’argent sous le plus grand nombre d’aspects et de perspectives possible.
La hausse de la Bourse n’est ni bonne ni mauvaise. L’effondrement du marché immobilier n’est ni bon ni mauvais.
C’est vous, le bon investisseur, qui déterminez la nature positive ou négative de vos investissements. C’est vous qui avez le contrôle. Si vous êtes éduqué, vous avez beaucoup plus de contrôle. Si vous avez choisi de ne pas vous instruire et de vivre dans un monde où le dogme oppose le bien au mal, le contrôle n’est plus vôtre et appartient alors à quelqu’un d’autre.
Comme Abraham Maslow l’a décrit dans sa pyramide des besoins, le cinquième niveau – le plus haut niveau de besoin de l’existence humaine – est celui de l’accomplissement de soi. L’accomplissement de soi est le niveau auquel une personne est capable d’affronter le monde « sans préjugés » et en « acceptant les faits ». Un de ces faits pourrait être : il n’y a pas qu’une seule bonne réponse.
La réalisation de soi en tant que bon investisseur signifie également qu’une personne est généreuse, qu’elle donne en retour plutôt que d’être un preneur. Je crois que la raison pour laquelle tant de gens sont avides est que les écoles ne préparent pas les gens pour le niveau deux de la pyramide de Maslow : la sécurité. Lorsque les gens vivent dans la peur, lorsqu’ils ne se sentent pas en sécurité, il est dans la nature humaine de devenir preneur plutôt que donneur.
La leçon à en tirer est la suivante : si votre esprit est ouvert aux idées opposées, votre intelligence augmentera. Si votre esprit est fermé aux idées opposées, votre ignorance garde le contrôle.
Intelligence ou ignorance ? Votre capacité à garder un esprit ouvert et à apprécier de multiples points de vue est un choix conscient. Un choix qui peut élargir votre monde et façonner votre avenir.
La prochaine fois que vous aurez une opportunité devant vous, pensez à ce que ferait un bon investisseur. Si vous ne le savez pas, il est peut-être temps d’améliorer votre éducation financière.