Au cours de mes derniers articles, j’ai parlé de mon récent débat sur le market timing au FreedomFest à Las Vegas avec Mike Turner de Turner Capital Investments à Austin. (Si vous avez besoin d’un rappel sur la définition du market timing, mes précédents articles sont là.)
Le market timing serait une bonne chose si cela fonctionnait. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Pas tout le temps, néanmoins.
Le S&P 500 a grimpé de 517% entre janvier 2002 et décembre 2021. Mais si nous excluons les 10 meilleurs jours – seulement 10 jours en deux décennies – le rendement total ne serait que de 183%. Et devinez quoi ? Les 10 meilleurs jours ont eu lieu lors de marchés baissiers.
Ne vous méprenez pas. N’importe qui peut faire une bonne transaction et être sur le marché pendant une reprise ou pendant une correction des cours. Mais comme je l’ai expliqué dans mes trois derniers articles, il est tout simplement impossible de le faire avec précision et de manière cohérente à long terme.
Cependant, ne vous contentez pas de me croire sur parole.
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Toutes les stars de l’investissement sont d’accord…
Les plus grands investisseurs de tous les temps – dont chacun s’est imposé sur le marché grâce à une judicieuse sélection des actions, et non par pur hasard – se sont tous exprimés sur ce sujet.
Benjamin Graham – le mentor de Warren Buffett –, auteur du grand classique de l’investissement Security Analysis, a dit :
« Si j’ai remarqué quelque chose au cours de ces 60 dernières années à Wall Street, c’est qu’il est impossible de prévoir ce qui va se passer sur le marché boursier. »
Warren Buffett lui-même a déclaré :
« Nous avons longtemps estimé que le seul rôle des prévisionnistes boursiers était de mettre en valeur les diseuses de bonne aventure. Même maintenant, Charlie [Munger] et moi continuons de croire que les prévisions à court terme du marché sont toxiques et devraient être enfermées dans un endroit sûr, loin des enfants et aussi des adultes qui se comportent comme des enfants sur le marché. »
Peter Lynch, le plus grand gestionnaire de fonds d’actions de tous les temps, a affirmé :
« Les investisseurs qui se préparent aux corrections ont perdu beaucoup plus d’argent que les corrections elles-mêmes. »
Le financier Bernard Baruch – l’homme le plus riche du pays avant que John D. Rockefeller ne lui rafle le titre – a insisté sur le fait qu’un seul type d’investisseur est présent sur le marché lors des bons moments avant de se retirer quand les choses tournent mal : « Il ne peut s’agir que de menteurs. »
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Market timing ou « suivi de tendance » ?
Après avoir exposé mes arguments – et cité ces légendes de l’investissement – Mike Turner a affirmé que j’avais déformé son point de vue, qu’il n’était pas un adepte du market timing, mais plutôt « un suiveur de tendance ». Les suiveurs de tendance n’attendent pas la hausse ou la baisse. Ils suivent la tendance.
Hum. Notre sujet de débat était « Le marché peut-il être chronométré ? ». Turner avait déjà soutenu l’affirmative. Il venait de dire à l’auditoire que sa stratégie était d’être long lorsque le marché est haussier et d’être short quand ce dernier est baissier (avec des fonds négociés en Bourse inversés) et de se tourner vers des liquidités « pendant les transitions » (c’est-à-dire, le reste du temps).
Tout comme le gars qui aime boire quelques cocktails après le travail et du vin au dîner ne se considère pas comme un « consommateur d’alcool », Mike Turner ne se définit pas comme un adepte du market timing.
Dans un échange de mails après le débat, Turner s’est vanté de ses algorithmes et du système qu’il avait « développé au cours des 20 dernières années et plus ». A-t-il un bilan réel qu’il est prêt à partager ? Non.
Mais il reste confiant.
Dans un e-mail, Turner m’a écrit : « Bonne chance, Alex. Si ce marché continue à baisser, vous en aurez besoin. Aujourd’hui, le marché est en votre faveur, mais la tendance n’a pas changé… Pas pour le moment en tout cas. » Il avait tort à ce sujet, mais aussi à propos de beaucoup d’autres choses. Il a envoyé cet e-mail le 19 juillet. Pourtant, les actions avaient commencé à chuter cinq semaines plus tôt.
Il avait réprimandé l’auditoire pour s’être trouvé du mauvais côté du marché, alors que ses propres fonds négociés en Bourse inversés lui causaient déjà du tort. Maintenant, le marché s’est redressé de manière inattendue – comme il le fait souvent – et est en hausse de 16% par rapport aux niveaux les plus-bas de juin.
Ici, le problème avec le market timing – ou plutôt le « suivi de tendance » – est dévoilé au grand jour. Le marché se porte souvent bien en cas de nouvelle tendance avant que quiconque ou tout « système » ne s’en aperçoive.
Si vous passez à côté d’une partie substantielle de la hausse, prenez-vous le risque d’entrer maintenant et d’affronter de plein fouet la prochaine baisse ou décidez-vous de rester à l’écart et de passer davantage à côté de la hausse ? Aucun algorithme basé sur des données historiques ne peut répondre à cette question.
C’est pourquoi le market timing – ou « trading de tendance basé sur des règles » – ne sera probablement rien d’autre qu’une mise à l’épreuve de votre frustration.
Si les données du passé pouvaient prédire le futur comportement du marché, affirme Buffett, « les personnes les plus riches seraient les bibliothécaires ».
En bref, il existe deux types de personnes qui prennent des décisions en fonction des mouvements du marché. Celles qui ne savent pas ce qu’elles font et celles qui ne savent pas qu’elles ne savent pas ce qu’elles font.