Dans mes deux derniers articles (disponibles ici et ici), j’ai parlé de mon récent débat sur le market timing, lors du FreedomFest à Las Vegas, avec Mike Turner, le fondateur de Turner Capital Investments.
Le market timing est le fait de positionner votre portefeuille pour être présent sur le marché lors des reprises et marchés haussiers – et s’en tenir éloigné (ou prendre une position courte) lorsque la tendance est aux corrections et marchés baissiers. L’idée attire certains investisseurs, en particulier les plus novices d’entre eux.
Mais comme je l’ai expliqué au cours du débat – et dans mes précédents articles – c’est tout à fait irréaliste.
Invariablement, ceux qui prennent des décisions en fonction des mouvements du marché finissent par se tromper. Ils se retrouvent sur le marché pendant les corrections et passent à côté des reprises. Dommage !
En plus de se contenter de rendements inférieurs à la moyenne, les investisseurs qui agissent de cette façon s’exposent à une accumulation d’impôts sur les gains à court terme. (Ce qui, il est vrai, est généralement compensé par une autre accumulation de pertes déductibles d’impôts.)
Cependant, même si vous aviez l’intention de gérer vos allées et venues sur le marché en puisant dans votre régime de retraite admissible – avec report d’impôts des gains en capital – cela n’a toujours pas de sens. Pourquoi ? Parce que les investisseurs rationnels et intéressés intègrent immédiatement toutes les informations importantes dans les cours des actions.
Cela inclut non seulement les informations connues de tous, mais aussi les données les plus probables ou les plus attendues (les estimations de la croissance du PIB, les augmentations ou les diminutions des bénéfices des sociétés et les politiques de taux d’intérêt à court terme de la Réserve fédérale, par exemple.)
Cela devrait être un élément fondamental de la connaissance et de la compréhension de chaque investisseur : le marché de demain n’évoluera pas en fonction des données dont nous avons connaissance aujourd’hui. Ce sont les nouvelles informations – et tout particulièrement les informations inattendues – qui font grimper le cours des actions chaque jour.
Il n’est tout simplement pas possible pour une personne – y compris Mlle Cleo du Psychic Readers Network [NDLR : célèbre medium à la télé aux USA durant les années 1990-2000] – ou un quelconque système (y compris celui de Mike Turner) de connaître ou d’anticiper correctement les dernières données à l’avance.
Certains analystes prétendent avoir des informations clés sur la croissance économique, le prix de l’énergie ou le niveau futur des taux d’intérêt. Mais ces informations sont tout aussi susceptibles d’être fausses que vraies.
Même si quelqu’un était naturellement capable de comprendre les prix des matières premières, les fluctuations monétaires, le développement des affaires, la législation en cours et les perspectives de l’économie mondiale, cela n’aurait pas d’importance.
Pourquoi ? Parce que le marché boursier déraille aussi régulièrement sans prévenir.
En 1990, par exemple, les actions ont plongé après que les troupes de Saddam Hussein ont envahi et se sont emparées du Koweït. Les prix du pétrole ont grimpé alors que les investisseurs se préparaient à la guerre au Moyen-Orient. Quel système aurait pu prédire les actions de Saddam Hussein et la guerre du Golfe qui a suivi ? Aucun.
Le 11 septembre 2001, des terroristes ont fait s’écraser des avions sur le World Trade Center. Le marché boursier s’est effondré instantanément, avant de fermer ses portes pendant une semaine. Quel système aurait pu prédire le 11 septembre ? Aucun.
En 2008, deux des plus anciennes banques d’investissement de Wall Street – Bear Stearns et Shearson – se sont effondrées en raison de leur forte exposition aux titres adossés à des créances immobilières avec flux groupés. Merrill Lynch était également dans la tourmente (une chose qui aurait été impensable quelques jours plus tôt). La société s’est précipitée dans les bras de Bank of America pour éviter la faillite. Quel système aurait pu prédire cela ? Aucun.
En 2019, un nouveau coronavirus en provenance de Chine a déclenché une pandémie mondiale, entraînant des confinements généralisés, des licenciements et des faillites commerciales. Quel système aurait pu prédire cela ? Vous connaissez déjà la réponse… Aucun.
Le secret du succès en tant qu’investisseur boursier n’est pas le market timing, mais le temps passé sur le marché.
Aucune autre catégorie d’actifs – à l’exception des obligations, des liquidités, des métaux précieux, de l’immobilier ou des objets de collection – ne peut égaler la performance à long terme d’un portefeuille diversifié d’actions avec des dividendes réinvestis.
Ainsi, lorsqu’une personne qui prend des décisions en fonction des mouvements du marché vous recommande de vous intéresser au marché pendant les phases haussières et de vous en tenir éloigné pendant les épisodes baissiers, il n’y a qu’une seule réponse logique.
Scepticisme extrême. (Ou, mieux encore, dérision.)
Comme je l’ai mentionné précédemment, Mike Turner – tout en affirmant qu’il avait profité des fonds négociés en Bourse inversés cette année – n’a montré aucune preuve de prouesses passées en termes de market timing qui indiquerait le succès futur.
En fait, il a admis à l’organisateur du débat, Mark Skousen, qu’il a modifié son approche au cours des dernières années. Et soyons réalistes. Les adeptes du market timing ne changent pas leur système parce qu’il fonctionne trop bien.
Compte tenu de tous ces faits, vous serez surpris d’entendre la réponse de Turner à mes arguments à la fois pendant le débat et au cours d’un échange de courriers électroniques par la suite. J’en parlerai dans mon prochain article.