Le cours de l’or s’est replié en début de semaine mais, globalement, le métal précieux est à la fête depuis quelques semaines (pour changer).
L’once d’or, qui valait 1 624 $ le 28 septembre, a atteint 1 701 $ le 3 octobre, ce qui représente une hausse de 4,74% après deux mois de baisse.
Il est trop tôt pour sabrer le champagne. L’or a vu son cours baisser de près de 20% par rapport au point haut qu’il avait atteint en mars et connaît l’une de ses pires années depuis 2013. Peut-être s’agit-il d’un tournant ou peut-être pas.
Mais il est également encore trop tôt pour paniquer. Le cours de l’or pourrait vraiment s’envoler. Nous verrons.
Mais aujourd’hui, j’aimerais laisser les fluctuations de cours de côté, pour me pencher sur un autre aspect important de l’investissement en or : la quantité.
J’aimerais tout particulièrement parler de la place que devrait occuper l’or au sein de votre portefeuille, en exprimant ce poids en pourcentage par rapport à l’ensemble de votre capital d’investissement.
C’est quelque chose de très important pour un investisseur digne de ce nom.
Votre portefeuille est-il vraiment diversifié ?
Le terme « capital d’investissement » a une définition bien précise. Le capital d’investissement n’inclut ni votre patrimoine immobilier ni votre entreprise.
En aucun cas il ne vous faut jouer en Bourse votre logement ou ce qui vous permet de gagner votre vie. Le capital liquide net qu’il vous reste après avoir exclu votre logement et votre entreprise constitue votre capital d’investissement.
Partant de là, il vous faut diversifier vos investissements pour que votre portefeuille puisse résister en toutes circonstances. Le terme « diversification » est souvent mal compris.
Je rencontre souvent des investisseurs qui investissent 90% de leur capital d’investissement dans des actions (notamment dans des fonds indiciels à gestion passive ou dans des ETF sectoriels) et qui pensent que leur portefeuille est diversifié.
Ils expliquent que les fonds indiciels et les ETF peuvent être composés de 50 à 500 titres répartis dans dix secteurs majeurs (voire plus) comme les technologies, le secteur minier, la distribution, la consommation durable, etc. Ils sont persuadés que leurs portefeuilles sont hautement diversifiés !
Je leur explique que ce n’est pas le cas. Peut-être détiennent-ils 50 ou 500 titres répartis dans dix secteurs, mais ces actifs appartiennent tous à la même classe : les actions.
Lorsque vous n’avez pas besoin de diversification, les actions que vous détenez en portefeuille signent des performances idiosyncrasiques qui se mélangent pour donner une performance moyenne. Lorsque vous avez grandement besoin de diversification, le comportement idiosyncrasique disparaît du jour au lendemain et tous les titres (quel que soit le secteur) s’effondrent de concert.
J’appelle cette stratégie « fausse diversification ». La diversification disparaît quand vous en avez besoin.
La vraie diversification
La vraie diversification consiste à investir dans plusieurs classes d’actifs : actions, obligations, immobilier, capital-investissement, liquidités, matières premières et… l’or. Quel que soit le contexte, certaines classes d’actifs surperforment, tandis que d’autres sous-performent.
Les liquidités réduisent la volatilité du portefeuille (à l’inverse de l’effet de levier) et offrent de l’optionalité lorsqu’il s’agit de rééquilibrer le portefeuille ou de faire de bonnes affaires lorsque les marchés s’effondrent.
Curieusement, les liquidités peuvent être la classe d’actifs la plus performante durant les périodes de déflation, lorsque la valeur réelle de chaque dollar augmente. Il convient de garder cela à l’esprit. Investir dans diverses classes d’actifs implique de faire des choix concernant le poids de chaque classe d’actifs au sein du portefeuille.
Quel pourcentage de votre capital vous faut-il allouer à chaque classe d’actifs ?
Concernant l’or, je recommande depuis longtemps une allocation de 10%. Beaucoup de gens s’en étonnent.
Je suis connu pour être un adepte de l’or. Je pense que le prix de l’once atteindra 5 000 $ dans un premier temps, avant de se hisser à 15 000 $ par la suite.
Les gens me rétorquent : « Si vous êtes aussi optimiste vis-à-vis du cours de l’or, pourquoi ne pas investir tout votre argent dedans ou, au moins, 50% de votre capital ? »
Il existe de nombreuses réponses à cette question (et à la critique implicite).
La première est que je pourrais me tromper. Le prix de l’once d’or pourrait s’effondrer à 500 $. Je ne le pense pas, mais il serait stupide d’écarter cette possibilité.
De l’importance de l’humilité
Avec une allocation de 10%, le prix de l’once d’or pourrait se replier à 500 $ sans que cela ne compromette la pérennité de votre portefeuille. Il est toujours bon de faire preuve d’humilité quand c’est votre épargne qui est en jeu.
La deuxième raison est que l’or est un investissement à profil asymétrique, à mes yeux. Le cours peut monter ou baisser, mais le potentiel haussier est bien plus grand que le risque de perte. Si tel est le cas, une allocation de 10% vous permettra de gagner de l’argent si le cours augmente et de ne pas subir de trop grosses pertes si le cours baisse.
Par exemple, imaginons que vous ayez investi 10% de votre capital dans l’or et que le prix de l’once augmente de 200%, de 1 665 $ à 5 000 $. Une hausse de 200% sur une allocation de 10% représente une plus-value de 20% pour votre portefeuille. À l’inverse, si le prix de l’once d’or baisse de 20% et se replie à 1 130 $, votre perte se limitera à 2%.
Si l’or possède un potentiel haussier supérieur au risque de perte, alors une allocation de 10% vous permet de réaliser des plus-values substantielles et vous protège contre d’éventuelles pertes importantes.
La troisième raison est que rien ne se produit de manière isolée. Le prix de l’once d’or pourrait-il se replier à 1 000 $ ? Ce n’est pas ma prédiction, mais la réponse est oui.
Mais que se passerait-il dans un monde où l’once d’or vaudrait 1 000 $ ? Nous assisterions sûrement à un épisode de déflation et, probablement, à un effondrement de l’économie. Cela signifie que les indices actions pourraient perdre 60% de leur valeur par rapport à leurs niveaux actuels.
Cela donnerait un Dow Jones Industrial Average à 11 800 points.
L’or est une réserve de valeur
Dans ce monde-là, je préférerais détenir de l’or à 1 000 $ l’once que des actions d’un Dow Jones à 11 800 points.
Toutes les classes d’actifs baisseraient, mais l’or surperformerait. C’est l’un des avantages de l’or : il s’agit d’une réserve de valeur.
Pour finir, la surconcentration au sein d’une seule et même classe d’actifs est toujours une mauvaise idée, quelle que soit la classe d’actifs concernée.
Si vous aviez fait tapis sur les valeurs Internet en 2000 ou sur les prêts subprime en 2007, vous savez de quoi je parle. De plus, quand bien même l’or signerait une bonne performance, cela ne veut pas dire que les autres classes d’actifs seraient à la traîne. Une hausse rapide du cours de l’or va généralement de pair avec une hausse des prix de l’immobilier, des œuvres d’art et des matières premières.
Une allocation de 10% à l’or durant un épisode de hausse des cours de l’or n’implique pas un coût d’opportunité élevé. Il se pourrait tout à fait que les autres classes d’actifs que vous détenez en portefeuille signent également de bonnes performances. C’est ce qui fait tout l’intérêt de la diversification.
Si vous avez investi 10% de votre capital disponible dans l’or, ne touchez à rien. Si vous ne l’avez pas encore fait, le moment est idéal pour le faire. C’est l’un des avantages quand les prix baissent : cela offre un excellent point d’entrée pour ceux qui n’ont pas encore investi dans l’or.