Rio de Janeiro, juin 2014. Après avoir déjeuné avec des clients au Fogo de Chão, l’un des restaurants les plus cossus de la ville, puis les avoir accompagnés au stade Maracanã à l’occasion du match Equateur-France, je rejoins l’un de mes amis qui habite dans la favela Ladeira dos Tabajaras, sur les hauteurs du quartier de Copacabana.
Tout au bout d’un escalier interminable, son appartement surplombe la favela ainsi que toute la zone sud de la ville, celle qui est bordée par les célèbres plages cariocas. Du haut de sa terrasse improvisée, la vue est imprenable. Mais il tient à me montrer autre chose.
Jonchée au pied du parc naturel Fonte da Saudade — lieu protégé –, cette terrasse donne un accès privilégié à un petit chemin de terre qui semble monter vers les sommets. Nous l’empruntons et parvenons jusqu’à un étroit couloir de pierre suspendu au-dessus de Rio. Cette fois-ci, la vue est incroyable.
Je m’arrête face à cette immensité. Je distingue mon appartement, loué à une amie dans le quartier chic d’Ipanema. Ce matin encore, je me levais dans le Rio des riches, au niveau de la mer, et ce soir je suis dans le Rio des pauvres sur le toit du monde. Je me pince et je pense : il faudrait que je raconte ça.
Le soir-même, comme une fois par mois depuis mon arrivée, je faisais le récit en quelques pages de mes dernières aventures brésiliennes. J’agrémentais mon texte de nombreuses photos et j’envoyais le tout à mes proches, soit une vingtaine de personnes.
J’y ai toujours pris un certain plaisir. Et à chaque fois, je me disais : « J’aurais dû en faire un blog touristique ».
Vous êtes un blogueur touristique qui s’ignore
Au fond, on a tous toujours adoré ça. Envoyer des cartes postales à nos proches, leur raconter nos voyages, montrer nos albums photos, commenter nos diaporamas… Nous aimons partager nos émotions.
Parce que nous voulons que les autres les ressentent à leur tour, mais aussi sans doute parce que nous voulons les vivre à nouveau.
Peut-être même vous est-il arrivé de tenir un carnet de voyages pour votre plaisir personnel, celui d’écrire, de se raconter, de laisser une trace de ses aventures.
Finalement, vous êtes donc un blogueur touristique qui s’ignore.
Aujourd’hui, le média Internet permet cette facilité de communication, de publication, de visibilité. En quelques clics, les récits de vos périples sont accessibles partout dans le monde. Ainsi, ils sont de plus en plus nombreux à lancer leur « blog » : un site Web utilisé pour la publication périodique et régulière d’articles, souvent succincts, parfois appelés « billets », et qui se succèdent par ordre chronologique.
Au gré de leurs voyages, certains blogueurs touristiques parviennent à fédérer autour d’eux une communauté de lecteurs assidus, qui viennent chercher une prochaine idée de séjour ou simplement quelques minutes d’évasion.
« Emmener nos lecteurs dans des endroits insolites »
Pour Nathalie et Sébastien, le déclic a eu lieu à la suite d’un voyage au Cap Vert en 2013 :
« A notre retour, il était clair pour nous que nous devions explorer le monde et nous avons commencé à nous renseigner, via des blogs. Nous avons pris beaucoup de plaisir à nous immerger dans les récits de ces nombreux voyageurs et nous avons eu un coup de coeur pour ce nouveau type de média encore très libre et peu formaté.«
Ils lancent Voyageurs sans Frontières en mars 2014. « Notre idée était de partager nos expériences de voyage, nos bons plans et d’emmener nos lecteurs dans des endroits insolites« . Un an plus tard, et après 3 790 photos publiées et 42 000 km parcourus, leur blog rassemble bien au-delà de leur cercle d’amis : ils comptent plus de 1 600 abonnés sur le réseau Twitter.
Aujourd’hui, ils estiment y consacrer en moyenne 5 heures par jour, « à côté de nos activités principales respectives ».
« Clairement, nous nous sommes découvert une nouvelle passion que nous vivons à fond dès que possible. Dès que nous avons 2 minutes, c’est écriture d’articles, réseaux sociaux ou optimisation du blog.«
Une bonne nouvelle en prévision de leur tour du monde prévu pour 2016 !
Pour Laurianne, c’est depuis longtemps une évidence : « Je suis tombée dans la marmite du blogging il y a quelques années avec un blog beauté. Par la suite, comme je voyageais de plus en plus, j’ai eu envie de raconter ça sur un blog bien spécifique. »
Les lecteurs de Un pied dans les nuages n’ont pas de profil particulier :
« Il y a aussi bien des gens qui viennent pour une destination en particulier (comme l’Islande ou la Corse par exemple) que des gens qui ont envie de ‘voyager’ tout simplement. »
Preuve de leur influence dans la « blogosphère », ces blogueurs étaient invités au dernier salon des blogueurs de voyage qui avait lieu à Ajaccio du 3 au 6 mai dernier. Un salon qui avait pour but de « mettre en relation les professionnels du tourisme et les blogueurs de voyage » selon l’organisateur de l’événement.
Des créateurs de tendances qui représentent des enjeux financiers
Car les blogueurs sont devenus de véritables créateurs de tendance dans le domaine du tourisme, et donc des acteurs majeurs qu’il faut chouchouter. Les professionnels du secteur ont bien compris leur importance et leur statut d’ambassadeurs.
C’est en toute logique que l’on voit donc émerger de plus en plus de blogueurs touristiques professionnels :
- certains se font simplement payer leurs voyages pour en parler ;
- d’autres génèrent des revenus complémentaires ;
- quelques-uns enfin en ont fait leur activité principale.
Tout dépend du nombre de lecteurs, des pages vues et de l’influence du blogueur. Si vous parvenez à rassembler une communauté conséquente, vous pourrez par exemple :
- mettre en place des publicités au clic, comme Adsense ;
- mettre en place des articles sponsorisés par des professionnels du tourisme ;
- vous faire payer des voyages par des hôtels ou des agences afin d’en parler ensuite sur votre blog ;
- vendre des espaces publicitaires sur votre blog ;
- mettre en vente vos propres e-books qui répondent à des besoins de voyageurs ou à des formations spécifiques…
Les opportunités de générer des revenus supplémentaires sont nombreuses !
Voyager gratuitement ? Vous vous y voyez déjà !
Attention cependant : il faut être patient et actif pour rendre votre blog populaire et lu par le plus grand nombre. Et il faut surtout être passionné : la monétisation ne doit pas être un but en soi !
Pour Laurianne, « on trouve toujours du temps pour ses passions, il faut juste savoir cerner ses propres priorités. Bloguer demande une certaine régularité, une implication, surtout au début. Pour ma part, c’est devenu une habitude, un rythme, qui s’intègre bien dans ma vie. »
Vous avez envie de vous lancer ?
« N’attendez pas que ‘ça se fasse’ tout seul, c’est important d’être régulier quand on se lance. Il faut aussi échanger avec la communauté des blogueurs voyage, s’intéresser vraiment à ce qu’ils font (et pas juste pour laisser un commentaire du type ‘viens voir mon blog’)… Et il faut avant tout se faire plaisir !«
Merci à Nathalie et Sébastien de Voyageurs sans Frontières.
Et à Laurianne de Un pied dans les nuages
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