Sans Michael Ovitz, mes films préférés n’existeraient pas : Jurassic Park, Ghostbusters, La Liste de Schindler…
Lorsque je l’ai rencontré, il m’a expliqué pourquoi l’industrie du spectacle était « le secteur le plus impitoyable et le plus compétitif du monde », mais aussi comment il s’était accroché et, surtout, l’avait entièrement transformé.
« Honnêtement, a-t-il déclaré, au bout du compte, il y a une chose que tout le monde oublie… C’est un univers indescriptible. »
Il voulait dire par là que le monde du cinéma est très différent de ce que l’on voit dans les films.
J’ai dû lui poser une centaine de questions pour découvrir l’envers du décor. Littéralement.
« Rien n’est réglementé. Tout tourne autour des êtres humains et de leurs idées. L’argent provient de sources complexes. Les idées viennent de personnes compliquées. Et si vous mettez ensemble deux personnes compliquées, vous atteignez un degré de complexité extrême. Tout le monde est en concurrence avec tout le monde de façon très brutale. Franchement, nous sommes arrivés et avons juste fait mieux que les autres. »
Voici les dix leçons que je lui dois.
1. « Les beaux projets finissent toujours par faire surface… »
J’essayais de pousser Michael à m’avouer qu’il était l’une des personnes qui avaient le plus influencé Hollywood, à tel point que l’on peut dire qu’il existe une période pré-Michael Ovitz et une période post-Michael Ovitz.
Mais il ne voulait rien admettre.
« Les beaux projets finissent toujours par faire surface », a-t-il déclaré.
« D’accord, c’est ce que vous dites, mais votre livre reflète bien les efforts que vous avez déployés pour permettre à des films auxquels personne ne croyait de voir le jour. »
J’essayais de faire en sorte qu’il s’attribue le mérite de films tels que Ghostbusters, Rain Man, Jurassic Park, La Liste de Schindler, etc.
À la place, il a salué le talent des réalisateurs et des scénaristes.
Je comprends sa démarche, car reconnaître le mérite des autres est une bonne chose. Toutefois, il faut posséder un véritable savoir-faire pour être capable de déceler le talent d’autrui avant tout le monde. Et ce savoir-faire, Michael Ovitz l’avait.
2. « Personne n’était jamais content »
Michael subissait constamment des pressions extérieures venant de tous les côtés : acteurs, réalisateurs, studios, etc.
Mais cela ne semblait pas le perturber.
« Peu importe le tact dont nous faisions preuve, cela n’allait jamais, a-t-il expliqué. Au bout du compte, quelqu’un finissait toujours par être déçu. »
Il m’a donné un exemple.
« Prenez Jurassic Park. On a chargé Steven Spielberg de la réalisation de ce film, mais cinquante autres réalisateurs estimaient qu’ils auraient davantage mérité d’être à sa place. Et quand Universal Studios a obtenu la distribution du film, sept autres sociétés ont considéré que cela aurait dû leur revenir. Personne n’était jamais content.
— Qu’est-ce que vous répondiez à ces personnes ?
— Il n’y avait pas grand-chose à leur répondre. »
Il ne perdait pas de temps à calmer des gens qui ne pouvaient pas se calmer. Il faisait des films. Le succès de ces films a permis à d’autres productions de voir le jour, ce qui a donné à plus de réalisateurs et de sociétés de production la possibilité de participer à ce rêve.
3. Investissez dans votre secteur
« Je me souviens de l’époque où le cours de l’action Universal a commencé à chuter autour des 20 dollars, a raconté Michael. Beaucoup d’évaluateurs new-yorkais prenaient position sur ces actions. Et c’était vraiment dangereux pour nous.
— Pourquoi ?
— Parce qu’à cette époque, un cours à 20 dollars représentait une capitalisation d’environ 2 milliards de dollars pour l’entreprise. C’était à peu près la valeur de ses biens immobiliers, et probablement celle de sa bibliothèque. »
Universal Studios était sous-évalué. Et si les agences de notation prenaient le contrôle, elles allaient briser l’entreprise. Ce qui aurait été extrêmement dommageable pour l’agence Creative Artists Agency (CAA) et Michael Ovitz.
La CAA avait besoin que le secteur se porte bien. Si la société perdait Universal, elle perdait un acheteur.
« Les studios étaient nos partenaires. Sans eux, il n’y avait pas de films. »
Michael Ovitz a donc commencé à investir dans les studios de production. Ce qui nous amène à la leçon no4.
4. Concentrez-vous d’abord sur une idée centrale
Michael n’a pas toujours eu une vision aussi globale. Il a commencé sa carrière au service courrier de la célèbre agence artistique William Morris Agency, où il a découvert un moyen de bouleverser le secteur.
« Notre objectif était de créer des idées et des “packages”. »
Dans les années 1970, c’était quelque chose de nouveau.
Cela a marché.
Mais il ne s’est pas arrêté là. Un domaine d’activité mène à un autre, et finalement, à tout Hollywood.
« Je pensais que nous pouvions élargir notre activité centrale à d’autres activités essentielles. Et c’est exactement ce que nous avons fait, tant que cela restait bénéfique pour l’activité initiale. »
5. Ne vous limitez pas à une seule chose
Michael Ovitz a créé la CAA dans un seul but : fonder une agence artistique. Mais il ne s’en est pas tenu là et a exploré beaucoup d’autres domaines.
« Je suis persuadé que tout le monde a les moyens de faire plus d’une seule chose », a-t-il déclaré.
Il a diversifié les activités de la CAA en créant une agence de publicité pour des entreprises comme Coca-Cola. Il a déniché de nouveaux talents. Il a investi dans des studios. Il ne refusait aucune opportunité.
Je lui ai donc demandé : « Comment les gens peuvent-ils faire de même à l’échelle de leur vie ? »
Il m’a répondu : « Élargissez votre perspective. »
C’est ce que j’essaie de faire tous les jours avec ce podcast.
Si je m’en étais tenu à un simple podcast, ma créativité aurait été réduite à néant, ce qui aurait entraîné chez moi une mort émotionnelle, puis une mort physique.
J’ai donc transformé mon podcast en une chaîne YouTube, puis en une chaîne IGTV. J’ai regroupé tout ce que j’ai appris de mes invités dans des livres. Je me suis associé avec un animateur. J’ai créé un groupe Facebook. Et bien d’autres choses encore.
6. Ne prenez pas votre retraite : réinventez-vous
Il existe des centaines de manières de se réinventer.
Voici les deux méthodes principales :
- essayer quelque chose d’entièrement nouveau ;
- améliorer ses compétences.
Et puis, il y a la stratégie de Michael Ovitz : réutiliser un savoir-faire que vous possédez déjà dans un autre secteur.
Par exemple, imaginons que vous êtes comptable dans une banque. Vous aimeriez travailler dans l’industrie aérospatiale : il se trouve que la NASA a besoin de comptables.
Michael est expert en recherche de talents et possède 40 ans d’expérience dans ce domaine. Il est donc en train de transférer les compétences qu’il a acquises dans l’industrie du spectacle à la Silicon Valley.
7. Suivez votre instinct
Michael Ovitz est passé maître dans l’art de dénicher des talents dans tous les secteurs d’activité.
Paul Newman, Robert Redford, Martin Scorsese, et bien d’autres. Je voulais comprendre comment il était devenu aussi bon dans ce domaine.
« Ce n’est pas une science, m’a-t-il répondu, c’est un art. Une bonne partie du travail consiste à s’asseoir en face de quelqu’un et à écouter cette personne parler, afin de comprendre d’où elle vient, ses idées, sa vision des choses. »
Il a expliqué que le secret était de faire un pas en arrière pour avoir une vue d’ensemble.
À présent, il travaille dans la Silicon Valley, où il recherche des talents dans lesquels investir.
Je lui ai donc posé de nouveau la question : « Mais comment savez-vous ? »
Sa réponse était simple.
« Quand ma tête et mon instinct sont d’accord, je fais le bon choix. »
8. Trouvez ce qui vous motive et travaillez dur
Quand Michael voulait un client, il frappait de tous les côtés. Il passait 400 appels par jour. Il se rendait dans le bureau de la personne en question pour bavarder. Il offrait des cadeaux à sa femme. Et parfois, cela pouvait prendre des années.
« Honnêtement, je n’arrive pas à m’imaginer travailler aussi dur », ai-je dit.
Il m’a répondu : « La peur est un moteur phénoménal. Je ne voulais pas revenir en arrière. Je ne voulais pas vivre de la manière dont on m’avait élevé – qui n’était pas mauvaise, cela dit. Je voulais une vie meilleure. J’étais donc très motivé à travailler. »
9. Parfois, il faut savoir partir
Michael Ovitz a été le numéro 2 de Disney, mais il savait que cela ne marcherait pas. Il l’avait compris avant même son premier jour.
Il se trouvait chez Michael Eisner (qui était le PDG de Disney, à l’époque). Le directeur financier et le directeur juridique avaient décrété qu’ils ne rendraient pas de compte à Michael. Ils l’avaient annoncé ouvertement. Point final.
Le PDG était simplement resté assis. « À cet instant, j’ai compris que c’était fichu. C’était terminé. »
« Regrettez-vous ce que vous avez fait ? Auriez-vous pu claquer la porte et commencer autre chose ?
— C’était trop tard. »
Il avait déjà signé son contrat et laissé la CAA entre les mains de neuf autres personnes.
Il s’est donc engagé auprès de Disney.
« Naïvement, je pensais que je pourrais changer les choses. Je me disais qu’après tout, personne ne travaillait autant que moi. Malheureusement, plus je travaillais dur et plus la situation empirait. »
10. Redevenez novice
Il m’a révélé ce qui lui manquait le plus à propos de la CAA.
« L’aspect humain me manque beaucoup.
— De quoi avez-vous hâte, maintenant ?
— J’adore explorer la Silicon Valley. J’ai l’impression d’être à nouveau novice ; j’apprends tant de nouvelles choses. »
Si quelqu’un m’avait demandé « De quoi avez-vous hâte ? », la réponse que j’aurais donnée il y a six semaines aurait été bien différente de celle d’aujourd’hui.
Cette question sous-entend qu’une chose positive va se produire. C’est pour cela que j’aime la poser.
Les gens sont sur la réserve quand on évoque leurs objectifs. Affirmer « Je veux ceci dans ma vie », cela fait peur. Réaliser ses rêves aussi.
Mais dire que l’on a hâte que quelque chose se produise n’a rien d’effrayant.
Je peux dire : « J’ai hâte de réaliser les cent prochains podcasts. » Michael peut dire qu’il a hâte d’en apprendre davantage sur les sciences biologiques et les biotechnologies.
Personne ne peut répondre « non » à une telle affirmation.
Et quand bien même ce serait le cas, souvenez-vous des mots de Michael…
« Les beaux projets finissent toujours par faire surface. »