Aux États-Unis, le prix du gaz naturel augmente.
En fait, les prix du gaz naturel ont atteint un plus-haut sur 29 mois, et nous ne sommes que fin juin, au moment où je rédige ces lignes.
Au fil du temps, cela va avoir un impact notable sur votre porte-monnaie ou votre chéquier, mais sous un certain angle, vous pourriez également en bénéficier.
Alors creusons un peu et observons ce qu’il se passe afin de voir ce que cela signifie pour vous.
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Les prix du gaz naturel sont en forte hausse
D’abord, que se passe-t-il vraiment avec le gaz naturel ?
Après tout, nous sommes en été. L’hiver est loin derrière nous et personne ne chauffe sa maison, en ce moment. Et puis vous avez probablement remarqué qu’il fait chaud dans tout le pays.
Oui. Il fait chaud, et c’est bien le problème. En fait, il fait trop chaud en ce moment, et c’est la raison pour laquelle le gaz augmente. Les contrats à terme sur le gaz ont bondi et atteint en juin leur prix le plus élevé depuis janvier 2019.
Voici un graphique retraçant les prix, aux États-Unis, au cours de l’année qui s’est écoulée :
Les prix ont plus que doublé sur 12 mois, et beaucoup de choses se dissimulent, derrière ce graphique.
Généralement, l’économie s’est renforcée ces six derniers mois, dans un contexte où les blocages liés au COVID se sont dissipés. Les gens font plus de choses, utilisent plus d’électricité. Et bien entendu, en termes de consommation de gaz, il y a eu la saison de chauffage hivernal jusqu’en avril, environ.
La climatisation est l’une des principales raisons expliquant la récente hausse des prix du gaz. Non, les gens ne font pas brûler du gaz pour rafraîchir leurs maisons et les immeubles de bureaux. Du moins pas comme vous pourriez l’imaginer.
Mais nous subissons une vague de chaleur nationale, aux États-Unis. Si vous suivez les informations, vous savez que les températures battent des records dans le nord-ouest Pacifique, qu’elles sont élevées et assortie d’une sècheresse dans l’ouest, et chaudes dans le sud et le centre du pays, jusqu’au nord-est de la Nouvelle-Angleterre.
Voici une carte récente :
Il n’est pas surprenant que partout aux États-Unis, les gens fassent fonctionner la climatisation, ce qui exige de l’électricité. À tel point, en fait, que la demande dépasse de loin la puissance constante (« baseload« ) habituelle, même pour un été classique.
D’où vient l’électricité américaine ?
À présent, la discussion va prendre une tournure industrielle, car il est important de comprendre qu’au cours des 15 dernières années, une grande partie des capacités électriques supplémentaires ayant intégré le réseau américain sont venues des centrales à gaz.
Retenez bien cela.
Vous avez peut-être vu l’une de ces monstrueuses centrales au charbon – ou même plusieurs – avec ses immenses cheminées, comme à Homer City, en Pennsylvanie.
Centrale au charbon de Homer City, Pennsylvanie
Construite au début des années 1960, Homer City brûle littéralement des trains entiers de charbon bitumineux, et elle produit plus de 2 gigawatts. La cheminée de gauche fait 370 mètres de haut. C’est la troisième plus grande cheminée du monde. Cette centrale est un véritable complexe énergétique, à de nombreux égards.
Mais l’époque des grandes centrales au charbon comme celle-ci est révolue. Sur le plan énergétique, le pays est en train d’opérer une « transition » vers tout ce qui va suivre, quoi que ce soit. Et franchement, personne ne sait trop comment cela va se passer.
Pour le meilleur ou pour le pire, les États-Unis sont à la traîne, en matière de développement de l’énergie nucléaire, et ce pour des raisons que j’expliquerai dans un instant.
En attendant, les énergies renouvelables, comme l’éolien et le solaire, ne font que démarrer sérieusement, aux États-Unis, et nous examinerons également quelques chiffres dans un instant.
Mais pour l’instant, ce qu’il faut retenir, c’est qu’aux États-Unis, une grande partie des capacités électriques supplémentaires récentes viennent de centrales fonctionnant au gaz naturel.
Examinons d’où vient l’électricité américaine, précisément.
Voici un graphique publié par l’EIA et qui couvre les 70 dernières années. Et il en dit long…
Comme vous pouvez le constater, le charbon représentait une bonne partie de la production d’électricité jusqu’à la fin des années 2000. Mais au cours de ces 15 dernières années, il a perdu des parts de marché considérables. C’est surtout dû aux importantes émissions de carbone (suie, cendres et dioxyde de carbone) générées en le brûlant. Le charbon a tendance à être un combustible sale et le nettoyage revient cher.
Au début des années 2010, le gaz a pris en grande partie le relais du charbon, à mesure que les centrales au charbon fermaient. Et heureusement, d’ailleurs. Le pays a eu de la chance, en termes de ressources énergétiques, car de plus en plus de gaz a surgi, sur les sites de fracturation.
Dans le même temps, le graphique indique la progression sur 20 ans du nucléaire. Récemment, le nucléaire a perdu des parts de marché, en fait, en faveur du gaz et des énergies renouvelables, dans un contexte où les anciennes centrales nucléaires ont fermé ou réduit leur production face à l’opposition politique concernant le renouvellement des autorisations et les niveaux de capacités.
Et c’est ce qui nous amène aux énergies renouvelables, un secteur où beaucoup de monde fait croire beaucoup de choses.
Mais regardons les véritables chiffres et tendances, également fournis par l’EIA.
Regardez à nouveau le graphique précédent retraçant la production d’électricité totale, aux États-Unis, puis regardez la part de l’énergie renouvelable dans la totalité du mix électrique. Et maintenant, regardez comment ce bloc des énergies renouvelables se répartit, entre ses différents segments (cf. ci-dessus).
De toute évidence, une grande partie de l’énergie renouvelable provient de l’hydroélectricité. Il n’y a rien de mal à ça, mais il faut souligner que les plus grands barrages américains se situent dans l’ouest, sur les fleuves Colorado et Columbia. Or ces barrages – ainsi que beaucoup d’autres, dans tout le pays – datent des années 1930-1960. Et dans les années 1970, les États-Unis ont cessé d’avancer sur ce type de projet énergétique national.
Ensuite, vous voyez la biomasse, qui a l’air de représenter un volume assez faible. À cet égard, il est à noter qu’une grande partie de cette énergie provient de scieries qui brûlent des déchets de bois, et que la plupart de cette production sert à faire fonctionner lesdites scieries.
Dans le même temps, l’éolien s’est développé, ces dix dernières années. On le voit lorsque l’on traverse le pays en voiture ou en avion (en regardant par le hublot). On voit un certain nombre de nouvelles éoliennes, qui tournent par intermittence, lorsque le climat le permet.
Parallèlement, l’énergie solaire s’est également développée, mais pas autant que l’on pourrait le croire quand on circule en voiture et que, sur tout le territoire, on voit apparaître des panneaux solaires sur les toits des maisons ou dans les champs.
Qu’on le veuille ou non, l’énergie solaire est également intermittente, et une application de niche qui convient mieux sous certaines latitudes et dans certaines conditions climatiques.
En attendant, lorsque l’on mesure la production d’électricité réelle à partir de l’éolien et du solaire, les chiffres reflètent un certain nombre de biais et truquages d’ordre politique.
Dès le départ, les calculs sont faussés par les importantes subventions gouvernementales, notamment les allègements fiscaux.
Et la production d’énergie ne prend souvent pas en compte les frais supplémentaires nécessaires aux systèmes de stockage et à une alimentation de secours en cas de mauvaises conditions climatiques ou (surprise !) quand il fait nuit.
Comment jouer la carte du gaz naturel ?
Et c’est ce qui nous ramène au gaz naturel.
Il demeure le moyen incontournable permettant de générer de grandes quantités d’électricité très fiable, en plus de la puissance constante qui permet au pays de fonctionner. Et le gaz naturel est particulièrement important en ce moment, alors qu’il fait chaud et que les climatiseurs pompent de l’électricité sur le réseau américain.
Et lorsque les fournisseurs d’électricité brûlent du gaz pour produire de l’électricité cet été, ils ne le stockent pas pour l’hiver à venir.
Selon l’EIA, le stockage de gaz est en baisse de 15%, par rapport au niveau qu’il devrait enregistrer à ce moment de l’année, et cette statistique ne prend même pas en compte le pic d’utilisation du gaz actuel en raison des températures élevées constatées au cours du mois qui s’est écoulé. Autrement dit, les choses vont s’aggraver au fil de l’été.
Et donc, on doit s’attendre à une tension, sur le marché du gaz, à l’automne et jusque dans le courant de l’année 2022, ce qui devrait fermement établir un prix plancher, pour le gaz naturel en sortie de production.
En attendant, cette situation ne concerne pas que les États-Unis : elle est mondiale, aussi bien en termes de gaz naturel que de gaz naturel liquéfié (GNL). Pour faire bref, l’offre de gaz est tendue de l’Europe à la Chine et, partout ailleurs dans le monde, les pipelines tournent à fond et le GNL est promptement expédié et déchargé.
Ces tensions mondiales sur l’approvisionnement en gaz signifient que les prix sont relativement élevés, en ce moment, tant au niveau national qu’international, et ils pourraient augmenter encore plus au cours des mois à venir.
Nous pourrions discuter des subtilités du prix du gaz toute la journée. Mais ce qu’il faut retenir, c’est que cette vigueur des prix du gaz naturel, en ce moment, n’est pas un phénomène temporaire.
Certes, nous pourrions voir baisser les températures d’un jour – ou d’une semaine – à l’autre, aux États-Unis, et les climatiseurs seront alors moins intensifs. Dans ce cas, les prix pourraient baisser un peu.
Mais, aux États-Unis, dans toute l’Amérique du Nord et même dans le monde entier, la situation du gaz est la suivante : l’offre est tendue et les prix seront élevés jusque dans le courant de l’année 2022.
Il existe de nombreuses façons de jouer cette carte : cela va des grands producteurs de gaz aux opérateurs de pipeline, en passant par des fournisseurs bien gérés et des sociétés de transport de GNL.
Mais à moins de vouloir vous lancer dans la sélection d’actions, je pense qu’il faut trouver un fonds solide qui couvre le secteur du gaz et offre une gestion professionnelle.
Et c’est à quoi correspond l’ETF First Trust Natural Gas (FCG).
Cet ETF détient 300 M$ d’actifs, notamment une liste d’acteurs nord-américains du secteur des hydrocarbures, tels que Hess Corp., ConocoPhillips, Devon Energy, entre autres.
Actuellement, l’action cote aux alentours de 13 $ et verse un dividende de 2,23%.
Il y a environ un an, au plus fort du désastre économique du COVID, l’action a chuté vers les 6 $. First Trust a donc fortement progressé, à ce jour.
Mais nous envisageons une hausse des prix du gaz, à l’avenir, pour les raisons qui précèdent.
Alors ce cours actuel de 16 $ présente un potentiel de baisse limité, en période de hausse des prix du gaz, et un solide potentiel de hausse, dans un contexte où l’approvisionnement se contracterait et les prix augmenteraient encore.
Pas plus tard qu’en 2018, période où les prix du gaz ont augmenté, l’action a coté 23 $. Et en 2017, pendant une autre phase de hausse des prix du gaz, l’action de First Trust a culminé à 27 $.
Si vous souhaitez vous positionner sur ce fonds, je vous suggérerai d’acheter le titre au prix maximum de 17,50 $. Mais je précise qu’il ne s’agit pas d’une recommandation officielle.
En résumé…
L’offre de gaz est tendue, aux États-Unis, cet été, en raison de la vague de chaleur. Les prix grimpent. Les fournisseurs d’électricité sont à la traîne, en termes de stockage, ce qui va également compliquer les choses au cours de l’hiver prochain. Et tout cela sur fond de tension et d’augmentation des prix au niveau mondial.
En attendant, vérifiez l’isolation de votre maison. Restez au frais cet été et au chaud cet hiver.