Je sais exactement ce que je vais faire. Ne le dites à personne. Je vais mettre un masque de ski, trouver où il vit, me présenter à sa porte quand il partira travailler vers six heures du matin, et le frapper à grands coups de batte de baseball. Peut-être même que je ne porterai pas de masque de ski. Je veux qu’il sache que c’est moi.
Et que m’a-t-il fait ? Dans ce cas particulier, pas grand-chose. Cela ne vaut même pas la peine d’en parler. Il m’a empêché de profiter d’une opportunité dont je n’ai plus rien à faire désormais. Mais quand même, il l’a fait. Il l’a fait pour me blesser. Et maintenant, je suis en colère.
Cette colère, quelle perte de temps. Elle se faufile dans les moments les plus étranges. Elle transforme les rêves en cauchemars. Elle transforme les cauchemars en réveils au milieu de la nuit, en respiration lourde, en transpiration.
« J’ai fait ça, ça et ça pour lui, et maintenant il ne veut même pas faire X, Y ou Z pour moi. » Je peux rester assis ici à ruminer ça toute la journée. Quel gâchis ce serait. Je peux faire une longue liste. Je peux être en colère tout le temps si je veux.
Se demander « pourquoi est-ce que je continue de porter cette colère » est le secret de la productivité et du pardon.
Mais pour aller plus loin (comme je le fais), je crois fermement en plusieurs méthodes de pardon.
1) Faire une pause
ACTUELLEMENT, je suis contrarié. Alors il faut temporiser. « J’y réfléchirai plus tard, quand je serai peut-être plus rationnel », c’est-à-dire pas à trois heures du matin en me réveillant d’un rêve dans lequel apparaissait une batte de baseball et du sang sur mes mains à minuit.
Planifiez un moment précis pour y songer. J’y réfléchirai aujourd’hui à 15 heures. Puis, regardez ce qui se passe à ce moment-là.
2) Comprendre
Quand je réfléchis à l’incident auquel je pensais ce matin, je sais pourquoi la personne est fâchée contre moi et pourquoi elle a agi de la sorte. J’ai eu deux rendez-vous avec sa femme bien avant qu’il ne la connaisse. Donc, même si je ne lui ai jamais rien fait, il ressent de la colère contre moi. Je ne peux rien y faire. Il se sent victime. Mais je n’ai pas besoin d’être une victime.
3) La technique de l’extraterrestre
J’aime bien me réveiller en faisant semblant d’être un extraterrestre. Ma mission depuis la galaxie mère consiste à atterrir dans l’Univers, dans des corps de façon aléatoire et de trouver où je suis puis de résoudre les problèmes. Aujourd’hui, je me suis réveillé dans ce corps. Bizarre, je suis en colère à propos de quelque chose.
Oh, ce n’est rien. Mieux vaut se concentrer afin que ce corps soit en forme, heureux, productif. Je suis dans ce corps pour 24 heures. Qui est cette magnifique femme allongée à côté de moi ? Quels aliments puis-je manger aujourd’hui ? Qu’est-ce que je peux faire de mieux avec ce corps ? Les injustices dont j’ai été la victime par le passé ne valent clairement pas la peine que l’on y consacre du temps. Après tout, je suis un extraterrestre et je ne suis là que pour 24 heures.
La technique de l’extraterrestre est étonnamment puissante.
4) Oublier
Quelqu’un me fait du tort. Je dis : « D’accord, je finirai par oublier tout ça. » Et c’est toujours ce qui se passe. Certains disent que l’oubli est différent du pardon. Qui s’en soucie ? Je veux juste penser à autre chose aujourd’hui. La méthode n’est pas si importante.
5) Accepter
Certains peuvent être en colère pour des choses qui n’ont rien à voir avec moi. Si quelqu’un a été battu ou mal-aimé lorsqu’il était enfant, plus tard il battra ou punira d’une manière ou d’une autre ceux qui sont autour de lui. Cela ne veut pas dire que je dois être près de cette personne. Mais le fait d’accepter qui elle est et ce qu’elle a vécu me permet de dépasser les petites futilités dans sa façon de me traiter. Malheureusement, c’est elle la vraie victime, alors que moi je vais de l’avant dans ma vie.
6) Relativiser
Ce que certaines personnes me font pourrait être justifié. Peut-être que je leur ai vraiment fait du mal par le passé, et maintenant elles veulent me punir en retour. Cela ne justifie pas vraiment ce qu’elles font, mais je peux comprendre. Peut-être aurais-je fait la même chose. Relativiser permet à la colère de s’apaiser.
7) Les aspirations
Parfois, j’attends trop des autres. La plupart des personnes sont médiocres. Elles ne peuvent pas s’en empêcher. Un grand défi nous attend dans notre vie.
Alors, que devons-nous attendre des autres ? Rien. Chaque jour, j’essaie de me concentrer sur le fait d’avoir de grandes aspirations pour moi-même. Un moyen facile d’y parvenir est de réduire les attentes que j’ai à l’égard de tous les autres et de ne pas juger leurs actions si rapidement.
8) La bonté
Souvent, je suis en mesure de pardonner aux gens en faisant preuve de bonté envers eux. On ne veut pas toujours le faire. On dirait que vous embrassez le derrière de gens qui vous bottent le vôtre. Mais souvent, si quelqu’un vous a mis en colère, un simple « bonjour » ou « travaillez bien ! » adoucira les choses. Lorsqu’elle est utilisée correctement, la bonté est l’arme la plus puissante qui a été créée pour les humains. Et lorsqu’elle est utilisée honnêtement.
9) Égoïsme
Si quelqu’un m’a fait du tort, je peux être purement et simplement égoïste. C’est pour moi l’occasion idéale de mettre en pratique les principes qui sous-tendent la gestion de personnes médiocres. Chaque fois que j’applique ces principes, je m’améliore.
Mieux je m’y prends avec les personnes qui sont mauvaises, plus je suis productif au final (moins de rêves de meurtre, par exemple…), plus je suis heureux, plus je suis capable d’aller de l’avant et de profiter d’autres choses dans ma vie. Moins je deviens médiocre.
10) Relevez la tête
Je déteste les situations dans lesquelles une personne a le pouvoir de décision sur quelque chose d’important pour moi. Qu’une entreprise que j’ai puisse être achetée ou qu’une émission de télévision que j’ai lancée soit reprise. Qu’un livre que j’écris soit publié. Ou qu’une fille que j’apprécie ne m’aime pas. Ou quoi que ce soit. Ces situations me mettent parfois en colère.
La meilleure chose à faire consiste à réduire le nombre de situations dans lesquelles une personne a ce pouvoir. Si vous voulez écrire un livre, publiez-le vous-même. Si vous voulez faire une émission de télévision ou de radio, il vous suffit de vous enregistrer et de poster l’enregistrement sur Youtube. Si vous voulez que votre entreprise soit vendue, parlez-en à 30 personnes, ne vous contentez pas d’une seule (ou continuez à faire fructifier votre entreprise). Si vous voulez une promotion, postulez pour un autre emploi. Soit vous obtiendrez votre promotion, soit vous aurez un meilleur emploi.
Quelle que soit la situation dans laquelle vous vous trouvez aujourd’hui, essayez de VOUS choisir dès que vous le pouvez. Ou bien trouvez comment vous pouvez en faire une situation dans laquelle vous vous choisissez VOUS.
En ce moment, j’ai précisément en tête quatre choses qui me mettent en colère. Peut-être cinq. Ce sont des choses insignifiantes ou importantes. Mais c’est super. Les dix éléments que je viens de citer me permettent de faire face à ces situations. Il peut se passer quelques minutes avant que je détermine quelle technique je vais utiliser pour chaque situation. Peut-être que j’appliquerai plusieurs techniques pour certaines situations.
Mais la journée a à peine commencé. Et le travail, les enfants, la nourriture, l’écriture, la lecture, le rire m’occuperont le reste des 24 heures qu’il m’est permis de rester sur cette planète. Puis je m’en irai.
Quand le vaisseau mère atterrira, je me préparerai pour ma prochaine mission extraterrestre…