Dans mes dernières chroniques, nous avons tenté de déterminer quel est le principal facteur de la réussite économique : la chance, la compétence, ou une combinaison des deux ?
Aujourd’hui, nous allons aborder cette question dans le cadre du marché boursier. La réussite des investisseurs est-elle une question de chance ou de compétence ?
Lire aussi : En Bourse, comment faire pour avoir le beurre et l’argent du beurre ?
Réussir en Bourse : chance ou pas ?
Pour les non-investisseurs et ceux qui ont très peu d’expérience, la réponse est facile : c’est une question de chance.
Les novices disent cela parce qu’ils considèrent que le marché boursier n’est rien d’autre qu’un casino, où les actions montent et descendent follement sans raison ou presque.
Et vous savez quoi ? À court terme, ils ont raison.
Il n’y a pas de corrélation directe, d’heure en heure ou de jour en jour, entre l’évolution du cours de l’action d’une entreprise et la croissance de ses bénéfices.
C’est pourquoi le day trading est un jeu d’argent. Et une véritable perte de temps.
Comme l’a dit le grand investisseur Benjamin Graham : « À court terme, le marché est une machine de vote, mais à long terme, c’est une machine de pesage ».
Et ce qu’elle pèse, ce sont les bénéfices.
Lire aussi : Comment investir, à court et à long terme, face à l’incertitude du marché ?
L’hypothèse des marchés efficients
Je vous mets au défi de remonter dans l’Histoire et de trouver une seule entreprise qui a augmenté ses bénéfices trimestre après trimestre, année après année, sans que l’action ne suive.
Cela n’arrive jamais. Le cours des actions est lié aux bénéfices.
Cependant, certaines personnes très bien informées (y compris la plupart des universitaires) insistent également sur le fait que la surperformance des investissements est une question de chance, mais pour une raison totalement différente.
Ils adhèrent à « l’hypothèse des marchés financiers efficients ».
Il s’agit de la théorie selon laquelle les investisseurs rationnels et intéressés prennent en compte chaque information publique importante et l’intègrent immédiatement dans le prix des actions.
Puisque toutes les bonnes et les mauvaises nouvelles sont instantanément intégrées aux actions, il est tout simplement impossible de se montrer plus rusé que le marché sur le long terme.
Ceux qui y parviennent sont « simplement chanceux ».
Nombre de ces analystes, y compris de célèbres défenseurs des investisseurs comme Jack Bogle et Burton Malkiel, ont insisté sur le fait que vous devriez investir exclusivement dans des fonds indiciels.
Je ne suis pas d’accord avec ces gens. En tout cas, pas totalement.
Lire aussi : Pourquoi vous ne devriez pas investir dans des fonds indiels ?
Fonds indiciels : la solution miracle ?
À mon avis, la base du portefeuille de tout investisseur devrait être constituée de fonds indiciels. [NDLR : c’est d’ailleurs ce que je fais dans mon service The Oxford Communiqué avec mon portefeuille Gone Fishin’, pour en savoir plus, cliquez ici…]
Les fonds indiciels vous offrent une large diversification, des coûts réduits et une grande efficacité fiscale.
Mais cela ne signifie pas que vous ne pouvez pas gagner contre le marché en sélectionnant des actions individuelles.
Il y a une grande différence entre affirmer que le marché boursier est efficient et prétendre que chaque action est parfaitement valorisée en permanence.
La valeur des actions technologiques était-elle parfaite à la fin des années 90, pendant la grande bulle Internet ?
La valeur des actions était-elle rationnelle au plus bas du marché, il y a 13 ans, lorsque la plupart d’entre elles affichaient des rendements élevés et des ratios cours/bénéfice (C/B) à un chiffre ?
Bien sûr que non ! Les gens ne sont pas complètement rationnels 100 % du temps et il en va de même pour les cours des actions.
L’information n’est pas parfaitement diffusée. C’est particulièrement vrai pour les actions à petite capitalisation et les marchés étrangers, deux domaines qui offrent de belles opportunités aux sélectionneurs d’actions individuelles.
Les nouvelles technologies et les candidats médicaments sont souvent mal compris.
Et les émotions, comme la peur, l’avidité et l’anxiété, interfèrent souvent avec la valorisation rationnelle des actions.
Lire aussi : Avoir les bonnes informations est indispensable pour investir
Warren Buffett : un investisseur simplement chanceux ?
Warren Buffett a un jour plaisanté en disant qu’il devrait créer une chaire dans une grande université pour enseigner la « théorie des marchés efficients ».
Pourquoi ? Parce que si tout le monde arrêtait d’essayer d’identifier les actions sous-évaluées, cela lui faciliterait beaucoup les choses.
Et en parlant de Buffett, pensez-vous vraiment que sa valeur nette de 112 Mds$ peut être imputée à une simple histoire de chance ?
Si vous aviez investi 10 000 $ dans le S&P 500 en mai 1965, lorsque Buffett a pris la tête de Berkshire Hathaway (BMG0450A1053 – NYSE : BRK.B), et que vous aviez réinvesti les dividendes, cette somme aurait valu environ 3 M$ au début de cette année.
Pas mal. Mais si vous aviez investi le même montant dans Berkshire elle-même, vos 10 000 $ auraient atteint plus de 364,1 M$.
Et cette différence de 361,1 M$ serait uniquement due à la chance ?
Si c’était le cas, Buffett serait un homme ordinaire qui ne comprendrait pas grand-chose aux bilans, aux comptes de résultat, à la gouvernance d’entreprise ou à la valorisation des actions.
Pourtant, il en sait autant sur ces sujets que n’importe qui d’autre.
Dès lors, comment pourrait-on imputer sa surperformance, ou celle de quiconque sur plusieurs décennies, à une simple histoire de chance ?
Avoir le dessus sur le marché n’est pas chose facile. Mais cela est certainement possible.