Mon ami et confrère Marc Lichtenfeld analyse et recommande des entreprises offrant des dividendes en constante augmentation.
Il a eu de bons résultats, au fil des ans, grâce à cette approche. Mais je préfère les entreprises qui utilisent leur excédent de trésorerie pour racheter leurs propres actions.
Chaque approche a ses avantages. Mais les investisseurs ne sont pas obligés de faire un choix entre dividendes et programmes de rachat d’actions. Ils peuvent avoir les deux.
Je m’explique…
Depuis le début de l’année, le marché privilégie exactement le type d’actions que Marc recommande : des entreprises rentables dont l’évaluation est raisonnable et qui versent des dividendes substantiels.
En général, il s’agit d’actions dites « value« [NDLR : décotées par rapport à leurs fondamentaux].
En revanche, les valeurs de croissance, surtout les valeurs technologiques, se sont fait durement malmener, cette année. Et les entreprises qui affichent de la croissance mais ne sont pas rentables se font fait réellement laminer. Certaines d’entre elles, en fait, se vendent à prix cassés et offrent une opportunité incroyable.
Mais restons sur des investissements plus prudents, pour le moment.
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Pourquoi privilégier les programmes de rachat d’actions ?
Si une entreprise verse un dividende, cela veut dire qu’elle est rentable, en général, qu’elle enregistre de la croissance et a suffisamment de maturité pour offrir une marge de sécurité élevée.
Alors pourquoi privilégier plutôt les programmes de rachat d’actions ? Parce qu’ils sont fiscalement plus intéressants.
Peter Lynch, brillant investisseur, a dit que ceux qui investissent à long terme devraient poursuivre le même objectif : optimiser leur rendement total après impôts.
On oublie souvent ces derniers mots. Mais on ne devrait pas. Faire en sorte que le revenu annuel imposable de votre portefeuille d’investissements soit le plus maigre possible est un objectif important.
Gardez à l’esprit que les rachats d’actions sont mathématiquement presque identiques à des dividendes, en termes de rendement total, pour un actionnaire.
Toutes choses étant égales par ailleurs, une entreprise qui verse un dividende de 4% devrait rapporter la même chose qu’une entreprise ne versant pas de dividendes, mais qui retire 4% de ses actions en circulation. Dans le cadre d’un programme de rachat d’actions, contrairement aux dividendes, on ne distribue pas d’argent aux actionnaires. Et donc, il n’y a pas d’opération imposable.
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Prenons exemple sur Warren Buffett…
Voulez-vous savoir pourquoi Warren Buffett est l’un des hommes les plus riches du monde ?
C’est en partie parce que Berkshire Hathaway (NYSE : BRK-A) n’a jamais versé le moindre dividende. Jamais.
De plus, il a vendu très peu des actions qui constituent presque la totalité de sa fortune de plusieurs milliards de dollars. Même au sein de Berkshire, Buffett affirme que son délai de conservation préféré est celui-ci : « l’éternité ».
Pourquoi ? Parce que la fiscalité sur les gains financiers n’est pas une taxe sur les gains financiers, mais une taxe sur les transactions.
Et donc, si vous ne vendez rien, vous ne devez rien au fisc.
Sur le plan de la fiscalité, Buffett est brillant. Il sait également que certaines entreprises versent des dividendes, que certaines rachètent leurs actions et que d’autres encore pratiquent les deux.
Lorsqu’une entreprise entreprend un rachat d’actions en plus de son versement de dividende normal, cela signifie que la direction est douée pour l’allocation de son capital.
En additionnant les rendements liés aux dividendes et aux rachats d’actions d’une entreprise, vous obtenez ce que l’on appelle le « rendement offert à l’actionnaire » (« shareholder yield« ).
(Le rendement lié au programme de rachat d’actions d’une entreprise correspond à la somme qu’elle consacre à ces rachats, en pourcentage de sa valeur de marché.)
Par exemple, Apple (NASDAQ : AAPL) verse un minuscule dividende de 0,5%, seulement, mais son rendement offert aux actionnaires est de 4,5% car elle a racheté 86 Mds$ (ou 4%) de ses actions ordinaires au cours de l’année qui s’est écoulée.
Et les performances d’Apple – l’une des plus fortes participations de Berkshire – n’ont pas été médiocres.
Toutefois, d’autres entreprises offrent aux actionnaires un rendement considérablement plus élevé que celui d’Apple.
Si vous faites une recherche sur le S&P 500, par exemple, vous découvrirez que le dividende versé par Morgan Stanley (NYSE : MS) procure un rendement de 3,1% et ses rachats d’actions un revenu de 7,9%, soit un rendement offert à l’actionnaire de 11%, au total. Pas mal !
Seagate Technology (Nasdaq : STX) offre un taux de dividende de 3% et des rachats d’actions de 10,8%, soit un rendement offert à l’actionnaire de 13,8%. Encore mieux !
Et début avril, les analystes du marché actions se sont gratté la tête en se demandant pourquoi diable Berkshire venait d’investir 1 Md$ dans HP Inc. (NYSE : HPQ), une vieille entreprise technologique un peu fatiguée qui fabrique des PC et des imprimantes.
Eh bien, HP offre un dividende qui rapporte 2,5% à ses actionnaires et des rachats d’actions de 19,3%, soit un rendement offert à l’actionnaire de 21,8%. Il s’agit du plus élevé de tout le S&P 500. Aucune autre entreprise ne s’en approche.
Et Buffett vient de prendre une participation de 11,4% et devient le principal actionnaire de l’entreprise ? Comme je l’ai dit : il est brillant.
Le propriétaire de Dairy Queen sait que les dividendes et les rachats d’actions, c’est un peu comme avoir le beurre et l’argent du beurre. Alors pourquoi devrait-on choisir l’un ou l’autre et ne pas profiter des deux ?