À l’âge de 19 ans, j’ai gagné de l’argent lors d’un tournoi d’échecs. Au lieu d’utiliser cette somme pour mes études, j’ai décidé de quitter l’université et d’acheter une voiture.
C’était une Honda Accord de 1982, une voiture d’occasion. J’avais été autorisé à l’essayer, alors je l’ai conduite pendant quelques heures.
Mais quand j’ai vu ma petite amie et tous les autres aller en cours, j’ai ressenti une certaine jalousie. Alors j’ai rendu la voiture, j’ai annulé mon chèque et j’ai attaqué ma seconde année d’études. A présent je le regrette.
Lorsque je dis « n’envoyez pas vos enfants à l’université », bon nombre de personnes sensées me répondent invariablement : « mais qu’est-ce qu’ils peuvent faire d’autre ? » ; je suis toujours surpris par cette réponse.
Selon moi, il est vraiment difficile de savoir ce que les jeunes de 18 à 23 ans devraient faire durant ces années où dynamisme et bonne santé sont les maîtres mots, ces années au cours desquelles on passe de l’enfance à l’âge adulte.
Je pense apporter ma pierre à l’édifice en fournissant une liste de possibilités et en essayant de gérer les critiques qui seront sans aucun doute soulevées (et avant même que ce soit le cas). Je le fais car j’ai obtenu mon diplôme à l’université, j’ai donc appris comment penser et comment engager le débat avec les personnes intelligentes.
1) Monter une entreprise
Un jeune homme ou une jeune femme peut monter toutes sortes d’entreprises, en particulier grâce à Internet. Dans un autre article, je ferai la liste des diverses options qui s’offrent à vous lorsque vous voulez monter votre première entreprise. Mais si vous suivez l’adage selon lequel il faut « acheter à bon prix et revendre plus cher », les idées commenceront à poindre.
De nombreuses personnes déclarent (à juste titre) que « tout le monde ne peut pas être entrepreneur ». De la même façon, je suis toujours étonné lorsque je repense au nombre incalculable de fois où j’ai répondu à cette question par écrit, et pourtant les gens continuent à lire les articles et à prétendre que : « Tout le monde ne peut pas être entrepreneur ».
Tout d’abord, aucune loi ne vous interdit de devenir entrepreneur ; en fait, c’est à la portée de n’importe qui. Donc, ce que les gens veulent dire, c’est plutôt : « Tout le monde ne peut pas réussir en tant qu’entrepreneur. » Et, pour autant que je sache, aucune loi ne vous interdit l’échec non plus.
Lorsqu’un joueur perd un match de tennis ou une partie d’échecs, comment peut-il s’améliorer ? Il apprend de sa défaite. Tous ceux qui sont passés maîtres dans leur domaine le savent bien : il est bien plus utile d’apprendre de ses échecs que de ses réussites.
J’ai échoué lors de mes trois premières tentatives en tant qu’entrepreneur ; j’ai finalement appris comment réussir, et je l’ai fait (j’ai créé une entreprise qui a généré des profits et je l’ai revendue).
L’échec fait partie de la vie.
Il vaut mieux l’apprendre à 18 ans qu’à 23 ou lorsque vous êtes plus vieux, lorsque vous avez vécu dans votre petit confort et que l’on vous a amené à penser que la réussite s’offrait à vous. Faites-vous baptiser dans le fleuve de l’échec en étant jeune, vous pourrez ainsi vous épanouir et profiter de tous les bienfaits de l’entrepreneuriat lorsque vous serez adulte.
Qu’apprenez-vous lorsque vous êtes jeune et que vous montez une entreprise (que vous réussissiez ou non) :
- Vous apprenez comment proposer des idées qui seront acceptées par les autres
- Vous commencez à fabriquer votre détecteur de foutaises (ce que vous ne ferez jamais si vous êtes à l’université)
- Vous apprenez comment vendre votre idée
- Vous apprenez comment reprendre une idée et la mettre en œuvre
- Vous rencontrez des gens, vous fréquentez des personnes qui font partie de votre univers. Peut-être n’ont-elles pas le même âge que vous, mais c’est comme ça quand on est adulte, on doit s’y faire. Vous venez de passer 18 ans avec des enfants de votre âge. Grandissez un peu !
- Il se pourrait même que vous appreniez à déléguer et à gérer des personnes
- Vous apprenez à aller jusqu’au bout de vos responsabilités, ce que les étudiants n’apprennent pas à faire.
2) Parcourir le monde
C’est un principe de base. Retirez quelques dollars et allez en Inde. Découvrez un monde totalement différent du vôtre. Restez-y pendant un an.
Vous rencontrerez d’autres étrangers en voyage. Vous apprendrez ce qu’est la pauvreté. Vous apprendrez ce qu’on peut faire avec un dollar. Vous vous retrouverez souvent dans des situations où vous devrez apprendre à survivre, même si les chances sont contre vous.
Si vous êtes malade, ce sera à cause de la dysenterie et non à cause d’une fête entre potes. Vous en saurez plus sur les religions orientales que sur les religions occidentales avec lesquelles vous avez grandi. Vous apprendrez que vous n’êtes pas le centre de l’univers.
3) Créer une œuvre d’art
Prenez une année pour apprendre à peindre, ou à jouer d’un instrument de musique, ou à écrire 5 romans. Apprenez à vous discipliner pour créer. La création n’est pas le fait de l’inspiration. Elle est l’enfant de la sueur, de la discipline et de la passion.
La créativité n’est pas l’œuvre de Dieu, c’est un muscle que vous devez entraîner. Pourquoi ne pas le faire lorsque votre cerveau est encore en mesure de fabriquer de nouveaux neurones à une vitesse vertigineuse au lieu d’apprendre une fois que vous serez plus âgé (et, pour beaucoup, trop tard).
4) Faire rire les autres
C’est peut-être le plus difficile. Passez une année à apprendre comment vous produire en public lors d’un spectacle comique. Cela vous permettra de savoir comment écrire, comment communiquer, comment vous vendre, comment traiter les personnes qui vous détestent, comment gérer la psychologie de l’échec au quotidien. Et, évidemment, comment faire rire les autres.
Tous ces exemples vous seront bien plus utiles plus tard que passer du temps à potasser La Philosophie pour les Nuls. Et, d’ailleurs, il se pourrait bien que l’on vous paie durant tout ce temps.
5) Écrire un livre
Croyez-moi, quel que soit le livre que vous écrivez à 18 ans, il sera probablement mauvais. Mais ne renoncez pas.
Écrivez un roman dans lequel vous décrirez tout ce que vous faites au lieu d’aller à l’université. Vous apprendrez à observer les autres.
L’écriture revient à méditer sur la vie. Vous vivrez chaque jour, vous interpréterez chaque jour, vous écrirez à propos de chaque jour. Quelle belle éducation !
6) Agir au sein d’un organisme de bienfaisance
Pas besoin de diplôme pour devenir bénévole dans ces organismes. Qu’est-ce qui vous sera le plus utile dans la vie : lire Introduction à la Littérature Américaine ou passer une année à servir des repas à des personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer ou encore à soigner le paludisme en Afrique ?
J‘ai la réponse. Peut-être que la vôtre sera différente. C’est pourquoi je ne me contente pas de vous proposer une seule alternative, mais huit. Et, d’ailleurs, si vous ne choisissez aucune de ces alternatives pendant un an, deux ans, et bien peut-être que vous pourriez aller à l’université ? Pourquoi pas ? C’est à vous de décider, votre vie vous appartient.
7) Maîtriser un jeu
Quel est votre jeu préféré ? Le tennis de table ? Les échecs ? Le poker ? Il est extrêmement compliqué de maîtriser un jeu. Commençons par le commencement :
- Il faut étudier l’histoire du jeu.
- Il faut observer les experts actuels, regarder des vidéos, lire des livres, des magazines, etc. Il faut jouer et jouer encore, essayer d’imiter les pros d’une façon ou d’une autre, ceux qui maîtrisent parfaitement le jeu.
- Il faut beaucoup jouer : avec des amis, dans des tournois, des clubs locaux, etc.
- Il faut prendre des leçons auprès de personnes qui maîtrisent parfaitement la chose. Cela vous permet d’éviter les mauvaises habitudes et les critiques au regard de vos compétences.
La maîtrise d’un jeu forge la discipline, cela vous permet de fréquenter d’autres personnes, des personnes de tous âges et de divers milieux mais qui ont une passion en commun ; cela vous aide également à développer des instincts de tueur sans avoir à commettre un quelconque meurtre. Génial !
8) Maîtriser un sport
C’est peut-être même mieux que de maîtriser un jeu car non seulement vous bénéficiez de tous les avantages déjà mentionnés, mais en plus vous restez en forme.
Si vous pensez à autre chose, n’hésitez pas à le mentionner en nous écrivant. Nous menons la vie que nous choisissons de vivre. Le plus dangereux consiste à ne rien faire, à méditer et à se dire « et si… », « et si… ».
Ce vœu est un vœu pieux, comme une volute de fumée qui tourne et tourne encore et nous emporte avec elle.
Mais en écrivant ces mots, c’est avec nostalgie que j’envisage ces alternatives et je sais que lorsque j’aurai appuyé sur « Publier », je vais m’installer tranquillement, face au soleil couchant, en me demandant « et si »…