Rien de plus facile que de se faire détester par de parfaits inconnus – autrement dit, d’attirer les détracteurs. Il suffit d’avoir un avis, d’être créatif ou tout simplement d’être soi-même.
Vous pouvez vous attirer l’animosité de n’importe qui. D’un proche, d’un ami, d’un collègue, d’un professeur, d’un supérieur ou d’un inconnu croisé dans la rue ou sur Internet. Des amis de toujours peuvent subitement vous détester. Il est INDISPENSABLE que vous sachiez comment réagir face à ce type de situation.
C’est toujours triste et ce n’est jamais quelque chose que je prends à la légère.
Parfois, ce sont des personnes que j’avais envie d’apprécier. Une amitié de 20 ans. Des amis qui, je le croyais, seraient restés à mes côtés pour toujours. Aujourd’hui disparus.
La plupart des détracteurs sont invisibles et anonymes. Ils essaient juste de vous déstabiliser, car c’est LEUR manière un peu particulière d’entretenir des rapports avec autrui.
Par exemple, quelqu’un a écrit un commentaire sur mon livre audio l’autre jour :
« TOUT SIMPLEMENT HORRIBLE… l’auteur ne doit plus JAMAIS lire ses propres livres. Il marmonne et parle d’une voix nonchalante, ce qui empêche de le trouver crédible d’entrée de jeu. Il avait l’air un peu indifférent, comme si ça l’ennuyait de devoir transmettre ce précieux savoir à nous autres, pauvres et misérables auditeurs. »
Je ne cours pas après les compliments. Certains aiment mes livres audios, d’autres non. Cela me rappelle la cinquième. Nous avions un cours dans lequel nous devions lire à tour de rôle un passage d’un livre.
Qui aurait cru que ce cours me permettrait d’acquérir les compétences fondamentales qui m’ont aidé à créer des entreprises et à établir des relations constructives plus tard dans ma vie ?
Eh bien, pas moi, et j’avais raison. Je n’y ai rien appris.
Le seul bon moment que j’ai vécu pendant ce cours est la fois où la plus jolie fille de l’école a couru jusqu’à moi pour me demander : « Vite, dis-moi : comment s’appelle le psy qui parle tout le temps de sexe ? » Je lui ai répondu : « Freud », et elle est repartie en courant pour discuter longuement avec le professeur, qui avait vingt ans de plus qu’elle.
Je ne me souviens absolument pas de ce que nous lisions dans notre « manuel » ce jour-là, mais quand mon tour est arrivé, Christine a soupiré : « Oh, non, pas encore SA voix. »
Peut-être que la personne qui n’a pas aimé mon livre audio a raison. Peut-être qu’en fait, c’est Christine qui a laissé ce commentaire. Quel bel exemple de synchronicité ! (Merci, Jung.)
Peu importe ce que nous faisons dans la vie, il y aura toujours des gens pour nous détester, se moquer de nous, dire du mal de nous, nous poignarder dans le dos, nous prendre de l’argent, essayer de ruiner notre réputation, nous menacer, nous ennuyer, nous effrayer.
ALORS, LISEZ ATTENTIVEMENT CE QUI SUIT : voici les règles à suivre pour faire face aux détracteurs – les anonymes, les agressifs, ceux que vous rencontrez au travail, ceux que vous ne pouvez pas éviter, les membres de votre famille et les personnes que vous aimez.
Ces règles sont difficiles à appliquer. Parfois, je n’y arrive pas, mais je progresse peu à peu et je constate alors que ma vie s’améliore. J’espère que ce sera votre cas, à vous aussi.
I) C’EST LEUR PROBLÈME
C’est un peu cliché, mais c’est la vérité. Chaque réaction de colère cache un sentiment de peur.
Quiconque éprouve de la haine est aussi effrayé. L’idée n’est pas de se dire « le pauvre, il a juste peur », mais c’est intéressant de le savoir.
Par exemple, la personne qui a laissé le commentaire précédent parle de « pauvres et misérables auditeurs ». Elle a peut-être peur d’être pauvre et misérable et, par conséquent, elle a l’impression que c’est ce que tout le monde lui dit, quelle que soit la personne qui parle. C’est son problème actuellement.
J’entends souvent dire : « Ne t’inquiète pas, c’est simplement de la jalousie. » Peut-être, ou peut-être pas. On ne peut pas lire dans les pensées d’autrui.
Et après tout, cela ne me regarde pas : je n’ai pas à savoir pourquoi untel pense ceci de moi.
Mais il se passe quelque chose dans la vie de ces personnes qui éveille chez elles un sentiment de peur, qu’elles combattent en manifestant de la colère contre vous. En projetant leur propre peur sur vous. Pendant quelques instants, vous devenez le monstre qui se cache au plus profond d’elles.
La colère est juste un moyen de soulager la peur.
II) MAIS C’EST AUSSI LE VÔTRE
Je ne prête pas la moindre attention à la plupart des personnes qui me détestent. Mais parfois, certaines d’entre elles appuient là où ça fait mal.
Certains détracteurs découvrent par hasard comment vous taper sur les nerfs. D’autres, en revanche, en sont parfaitement conscients, comme ce proche qui vous déteste et sait EXACTEMENT sur quels boutons appuyer (« tu ne te laves jamais », etc.).
Quand une personne appuie sur l’un de ces boutons, je m’énerve et je me mets peut-être même sur la défensive. Néanmoins, je ne réagis PAS ainsi parce que cette personne a dit quelque chose d’horrible.
Je m’emporte parce que, derrière cet accès de colère, j’ai peur qu’elle ait raison.
Je ne me l’avoue pas forcément. Après tout, ce sont les autres qui me poignardent ; je peux donc les accuser. Sauf qu’en réalité, je suis peut-être celui qui retourne le couteau dans la plaie.
Reprenons l’exemple de tout à l’heure. Parmi la centaine d’anecdotes que j’aurais pu utiliser pour illustrer mes propos, j’ai choisi celle-là. Pas parce que cette remarque était particulièrement méchante, mais parce que je viens de réaliser que je vous l’ai racontée juste après une mésaventure qui m’est arrivée quand j’étais en cinquième et qu’une fille s’est moquée de ma voix.
Par conséquent, peut-être ai-je vraiment peur d’avoir une voix bizarre. Je ne sais pas. C’est juste intéressant de m’en faire la remarque.
Quand vous vous faites simplement « la remarque » de quelque chose, cela vous permet au moins d’extraire cette chose du flot de pensées qui déferle en permanence dans votre tête. Vous pouvez l’identifier et la ranger dans une boîte spéciale. Il sera ainsi plus facile de la repérer et d’y faire face par la suite. Vous pourriez même en apprendre plus sur vous.
III) LA RÈGLE DES 24 HEURES
Si vous êtes attaqué d’une manière ou d’une autre, il est possible que vous vous sentiez mal. S’il s’agit d’une attaque publique, les autres risquent de mal réagir aussi. Les gens diront : « D’après Marie, Pierre est comme ceci, il doit donc être idiot. »
Vous pouvez également subir des attaques au bureau ou dans vos relations personnelles.
La règle des 24 heures fonctionne dans presque tous les cas. Si vous ne répondez pas à l’attaque initiale, elle disparaît en 24 heures. En revanche, si vous répliquez ne serait-ce qu’UNE SEULE FOIS, le chronomètre se réinitialise : il faut attendre de nouveau 24 heures pour que l’attaque retombe, après s’être répandue à travers la toile des interactions humaines.
C’est la raison pour laquelle certaines batailles durent des années. Tout le monde continue de répondre et l’attaque se poursuit jusqu’à ce que quelqu’un meure – auquel cas, comme l’affirme le journal parodique The Onion, le taux de mortalité mondial reste de 100 %.
IV) LA RÈGLE 30/30/30
J’ai illustré plusieurs articles avec la même image d’une femme faisant du yoga sur une plage – image qui ne m’appartenait pas. J’ai reçu des critiques parce que j’utilisais toujours des photos de femmes sexy, et parce que je publiais des images sans citer leur propriétaire.
Un jour, la femme figurant sur les photos m’a écrit. Je lui ai fait part des critiques que j’avais reçues.
Elle m’a raconté son histoire, qui est très belle et que j’ai rapportée dans l’un de mes livres. Et surtout, elle m’a expliqué que chaque fois que l’on faisait preuve de créativité, un tiers des gens nous adorait, un tiers nous détestait et un tiers s’en moquait.
Conclusion : faites ce que vous aimez. Faites de votre mieux. Essayez de faire des choses qui vous aideront à vous améliorer au quotidien. Et si jamais vous recevez des remarques désagréables, rangez-les dans le tiers auquel elles appartiennent.
V) ÉLIMINEZ LES REMARQUES HAINEUSES
Je suis toujours content qu’on ne partage pas mon avis. Cela ne me pose aucun problème.
Mais souvent, les gens sont incapables d’exprimer leur désaccord sans se montrer odieux ou haineux.
Quand c’est possible, je supprime ces remarques. Je pourrais écrire « supprimer » entre guillemets, car parfois, je n’ai pas affaire à un commentaire désagréable sur mon blog, mais à une personne hostile dans la vie réelle. Je « supprime » ses propos aussi. Je ne parle pas aux personnes qui me font du mal.
Comment faire quand il s’agit d’un supérieur hiérarchique ou de quelqu’un à qui l’on est obligé de parler ? Eh bien, je n’entretiens pas de relation avec ces personnes. Je les laisse vaquer à leurs occupations. Je leur dis bonjour d’un signe de tête dans les couloirs, mais je refuse de cirer les pompes de qui que ce soit pour être apprécié – pas même celles de mes filles. Tout le monde peut aller faire un tour dans la case « oubliettes ». Ceux qui s’y trouvent peuvent finir par en sortir s’ils se comportent bien.
Comment réagir face à quelqu’un qui nous crie dessus au téléphone ? Il suffit de répondre : « Je dois y aller. » Je l’ai appris à mes dépens, en particulier quand j’étais plus jeune et que j’avais davantage envie de crier. « Pourquoi ME FAIS-TU CELA, À MOI !? »
C’était très douloureux, mais je me suis mieux comporté la fois suivante.
VI) LA HAINE EST COMMUNICATIVE
Il y a quelque temps, un type a tweeté : « James Altucher = #déchethumain ». Je ne savais pas de qui il s’agissait ni pourquoi il écrivait cela, mais je me suis énervé pendant une seconde. Je n’ai suivi aucune des règles précédentes.
Je me suis renseigné sur ce type. Il travaillait chez AOL. J’ai essayé de trouver un moyen de le faire licencier. Le seul et unique tweet qu’il avait écrit avait engendré peut-être un millier de pensées dans ma tête.
La pire chose que vous puissiez vous infliger est un coup de poignard contre vous-même. La colère est un coup de couteau émotionnel. Certaines religions affirment qu’il faut faire preuve de compassion à l’égard de ses ennemis. Je ne sais pas. C’est un principe vraiment difficile à appliquer.
La meilleure chose que je puisse faire est d’admettre que je ne connais pas cette personne et que chaque pensée supplémentaire est un autre moyen de me poignarder. L’infection finit alors par se propager en moi et par me consumer.
Je n’aime pas me poignarder.
VII) VOUS NE SAUREZ JAMAIS
J’aurais pu contacter le type en question et lui demander : « Pourquoi pensez-vous que je suis un déchet humain ? J’ai juste besoin de savoir. »
Mais est-ce une question que l’on se pose sur son lit de mort ?
Non, vraiment, personne ne s’est jamais dit avant de mourir : « Je suis ravi d’avoir compris pourquoi cet illustre inconnu m’avait traité de déchet humain. »
Vous n’avez pas besoin de savoir. Et même si vous l’appreniez… vous constateriez systématiquement qu’il n’y avait aucune raison valable de vous faire cette remarque.
VIII) TOUTE RÉSISTANCE EST INUTILE
Imaginons qu’une personne ait une bonne raison de vous détester, et qu’il soit facile de répliquer. Par exemple, imaginez qu’on vous déteste parce que vous venez du Rhode Island, alors qu’en réalité vous êtes originaire du Canada. Vous pouvez répondre : « Mais je viens du Canada » et l’on vous rétorquera : « Pff, c’est encore pire. »
Personne ne change jamais d’avis. Tout changement est difficile. Par exemple, il est très dur d’arrêter de fumer ; c’est presque impossible pour beaucoup de personnes.
La haine est encore plus addictive, alors vous vous doutez bien qu’il est extrêmement difficile de faire changer quelqu’un d’avis. Les faits importent peu, et vous défendre empire les choses (voir la règle des 24 heures).
Même une amitié de plusieurs années ne peut rien y faire. Vous aurez beau dire : « Nous sommes amis depuis 20 ans. Tu comptes vraiment laisser ceci se dresser entre nous ? »
Et l’on vous répondra : « Oui. » Parce que ces personnes ne peuvent pas s’en empêcher. Parce qu’elles ont peur, parce que vous avez peur, et que ces deux sentiments sont inconciliables.
IX) ILS ONT L’AIR STUPIDES QUAND ILS S’ENVOIENT EN L’AIR
C’est la seule chose que vous devez vraiment savoir sur vos détracteurs. Ils grognent, bavent et ont l’air stupides.
Si vous parvenez à appliquer cette règle quand vous vous trouvez face à quelqu’un qui vous déteste, vous pouvez ignorer toutes les autres.
X) LE TEMPS GUÉRIT TOUTES LES BLESSURES
La haine n’est pas éternelle. Elle finit souvent par se muer en un léger frémissement. Le soleil qui était si aveuglant à midi se décline en un dégradé de violets et d’orangés au crépuscule.
Cela ne veut pas dire pour autant que votre détracteur et vous devenez amis, mais simplement que la blessure finit par se refermer avec le temps. Elle laisse une légère cicatrice, comme un souvenir, mais rien de plus – peu importe que vous ayez subi une trahison ou que vous ayez eu affaire à un ancien partenaire, à un ancien amant, ou à un lecteur de votre blog.
L’astuce, c’est d’accélérer ce processus de guérison.
Pour ce faire, suivez les neuf règles précédentes et entretenez tous les jours votre santé physique, émotionnelle, mentale et spirituelle.
Suivez ces conseils et vous verrez que la haine ne fera que vous effleurer. Il est difficile d’éviter toutes les personnes qui vous veulent du mal. Elles sont parfois juste devant vous. Mais cette méthode peut vous aider.
Certaines personnes laissent la haine, la colère, l’amertume et le regret les submerger pendant des années. Il faut parfois plus d’une vie pour refermer une blessure.
C’est du gâchis, mais après tout c’est votre droit. Personne ne vous oblige à mener une existence épanouissante. Vous pouvez tout à fait choisir de gâcher votre vie.
Et puisque de nombreuses personnes vous détesteront à mesure que vous arrêterez de faire l’autruche (comme je l’espère), vous aurez beaucoup d’occasions de gâcher votre vie. Profitez-en bien.
Parfois (mais pas toujours), plus le nombre de personnes qui vous détestent est élevé, plus cela veut dire que vous sortez de votre zone de confort. Vous faites preuve de créativité et vous mûrissez.
Avec un peu de chance, vos plaies guérissent de plus en plus vite. Je dis « vos », mais en réalité je parle de moi. J’espère que mes blessures se referment chaque jour un peu plus vite que la veille. En fait, j’ai écrit cet article pour moi.
Quand un détracteur tente de s’en prendre à moi, j’essaie d’appliquer toutes ces techniques. Cela me permettra, peut-être, d’en apprendre un peu plus sur moi. Même si je n’apprends pas grand-chose, ce sera toujours cela de pris.
Et si je n’apprends rien du tout, j’essaierai au moins de ne pas me rendre malade.
Dans ce cas, j’essaierai d’être reconnaissant et de passer à autre chose. De trouver un endroit propice à l’amour, à la créativité et à l’épanouissement.