« Détestez-vous que l’on vous présente comme un milliardaire ?
– Oui, dit-il.
– Pardonnez-moi. »
Mais je ne pouvais pas NE PAS le mentionner. Howard Marks pèse 1,9 milliard de dollars. En 2018, il était à la 374e place selon le classement Forbes des personnes les plus riches au monde. Et c’est le cofondateur d’Oaktree Capital.
Il a répondu que cela ne le dérangeait pas. « D’un côté, les gens veulent l’entendre. Et ça attire l’attention mais, d’un autre côté, on ne dit pas ‘Voici Howard Marks, le joueur de tennis’, ou ‘Howard Marks, père de deux enfants’. Je ne pense pas pouvoir être réduit à mon argent. Et je ne pense pas que l’argent soit ce qu’il y a de mieux chez moi. »
Nous voici dans le vif du sujet. Pour bon nombre de personnes, l’argent est une cause de stress. Et de souffrance. Certains pensent que l’argent est synonyme de bien-être. Et, d’une certaine façon, c’est vrai. Mais à bien des égards, ce n’est pas le cas.
Je lui ai parlé d’une théorie que j’ai.
Ce n’est pas parce que vous disposez de plusieurs milliards de dollars que votre vie est plus facile ou meilleure que si vous aviez dix millions de dollars. Ou même moins.
Lorsque je cherche des moyens de gagner de l’argent, je veux trouver des solutions pour avoir plus de liberté dans ma vie.
J’ai découvert que si l’on aime ce que l’on fait et si l’on est satisfait, il sera bien plus facile de gagner en liberté, aucun besoin d’avoir un milliard de dollars.
Howard était d’accord. « Cela ne fait aucun doute. »
Il m’a dévoilé sa citation préférée. Elle est d’un certain Christopher Morley (un écrivain anglais) :
« Il n’y a qu’une réussite : pouvoir vivre comme on l’entend. »
J’ai demandé à Howard comment il avait réussi. Comment a-t-il créé la vie qu’IL voulait ?
Voilà ce que j’ai appris.
LA RÉFLEXION DE SECOND DEGRÉ
Howard Marks écrit sur quelque chose qu’il appelle « la réflexion de second degré ».
La réflexion de second degré représente la façon dont il a maîtrisé A) les cycles du marché et B) les cycles personnels.
Il l’a décomposée pour moi. Il m’a dit ce qu’il savait. Et ce qu’il ne saura jamais.
Je vais vous expliquer.
Il m’a dit : « Dans le domaine des placements, nous savons parfois ce qui va se passer. Mais on ne sait jamais quand cela aura lieu. Il ne faut jamais agir avec une ferme conviction. Le monde est trop incertain pour s’autoriser à être certain. »
Agir sans avoir une ferme conviction, c’est la clé.
Ce qui veut dire que, plutôt que de se demander « Est-ce que cela va échouer ? » ou « Vais-je échouer ? », il réfléchit.
Il prend du recul.
NE PENSEZ PAS QUE VOUS ÊTES RATIONNEL / MAÎTRISEZ VOTRE COMPRÉHENSION
Les gens parlent toujours d’échouer rapidement. Et du risque.
Le risque exige de la réflexion.
Howard ne prend pas de risques aveuglément.
Il s’appuie sur des faits universels :
- il est impossible de prédire l’avenir ;
- personne ne peut le faire ;
- toute situation comporte une part d’inconnu.
Puis il jauge la psychologie des gens. Parce que les marchés ne sont pas gérés par l’argent. Mais par des hommes et des femmes.
Howard explique cette idée dans son livre Mastering the Market Cycle [en français, « maîtriser les cycles du marché »].
Les gens sont souvent irrationnels.
Et il ne s’agit pas seulement des « autres ». Vous aussi. J’ai besoin de savoir que je suis irrationnel. Cela m’aidera à ne pas prendre de risques qui me seront nuisibles. Cela m’aidera à faire un zoom arrière.
IL EST TOUJOURS POSSIBLE QUE VOUS AYEZ L’AIR STUPIDE
Le cycle du marché peut être décrit comme un balancier. Ainsi, lorsque le balancier se déplace dans une direction, cela entraîne de plus en plus d’énergie dans ladite direction. Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’énergie.
Et, au moment même où il semble que les choses vont continuer pour toujours, l’énergie vient à manquer.
Le balancier revient au milieu. Et cela reprend dans la direction opposée.
Howard utilise l’analogie du balancier pour décrire la psychologie des investisseurs. Puis il utilise cette psychologie pour investir.
Je vais vous donner un exemple.
La crise de 2007-2008 a été une véritable catastrophe pour des millions de personnes. Personne ne l’avait anticipée.
Et même ceux qui l’avaient vu venir comme Howard Marks n’avaient pas connaissance d’un facteur clé…
Quand elle allait survenir.
Dans son livre, Howard inclut de nombreuses citations à ce sujet, comme celle-ci par exemple de Mark Twain :
« L’histoire ne se répète pas, elle rime. »
Il s’est appuyé sur la théorie du balancier. Si tout se passait bien, cela repartirait dans l’autre sens.
Alors il s’est mis au travail. Il a levé 10 milliards de dollars. Puis, au bon moment, il l’a investi dans des actifs en difficultés.
Et comme le gouvernement est intervenu en proposant des plans de sauvetage de l’économie, le balancier s’est remis en mouvement et est reparti du bon côté assez rapidement.
Ça aurait pu prendre 100 ans. Ça aurait pu prendre 20 ans. Mais Howard Marks a eu de la chance. Il ne pouvait pas prédire À QUEL MOMENT le marché rebondirait. Mais il prévoyait que cela finirait par arriver. Et il a investi en se fondant sur cette certitude.
Maîtriser les cycles du marché est lié à la maîtrise de vos cycles personnels. Si vous savez quels mouvements vous faites en tant que balancier, vous savez de quel côté vous vous balancez. Quand vous vous sentez déprimé ou angoissé, vous êtes en mesure de prévoir que vous reviendrez « au milieu ».
J’aime cette idée consistant à étudier les cycles des marchés pour comprendre les gens. Et vice versa.
De cette façon, vous ne pensez pas de façon étriquée. Alors, vous pouvez réfléchir plus en profondeur et relier les points entre eux.
Le livre d’Howard Marks fourmille d’idées géniales. Et elles sont toutes bien expliquées. Il cite de brillants mathématiciens, écrivains, économistes, et ainsi de suite. À chaque fois que je lis une de ces citations, je me dis : « Cette citation résume parfaitement le livre. »
Et puis j’en lis une autre.
Howard a participé au podcast. Il m’a livré ses propres citations.
En voici une qui me plaît :
« Investir est un jeu qui favorise la compétition. Vous tentez de trouver les actifs bon marché. Comme tout le monde. Vous essayez de détenir plus d’actifs au bon moment et moins au mauvais moment. Comme tout le monde. Donc, dans une certaine mesure, vous devez apprendre à penser différemment des autres, et mieux. Penser différemment ne suffit pas si vous pensez moins bien que les autres. Vous devez penser différemment et mieux… »