Un jour, quelqu’un a écrit un mensonge à mon propos.
J’ai détesté cette personne. Je l’ai jugée. Pourquoi avait-elle menti à mon sujet ? Pourquoi me faire du tort ?
Je l’ai jugée méchante.
Cette personne avait sélectionné deux ou trois de mes articles sur des centaines que j’avais écrits et en avait tiré des phrases hors de leur contexte pour dire pis que pendre de moi.
Pis que pendre.
Les gens qui lisaient cette personne mais ne me lisaient pas ont commencé à réagir sur l’article avec des commentaires tels que « Je tuerai James Altucher si jamais je le vois ».
J’étais terrifié et j’étais triste. Pourquoi moi ?
J’étais sur le plateau d’une émission télé populaire. Les auteurs m’avaient invité au tournage du pilote.
Vers midi, je reçus un mail me conviant à une réunion « urgente » du conseil d’administration.
Vingt minutes plus tard, après le coup de fil, j’étais choqué. J’avais perdu un important pourcentage de mon argent à cause d’un type malveillant.
Je l’ai jugé. « Méchant ! »
Je contactai mes avocats : dois-je intenter une action en justice ? Je n’ai pas l’esprit procédurier. Je n’avais jamais poursuivi quelqu’un.
Ils me répondirent : « Peut-être. Voyons ce qu’on peut faire. » À 1 600 dollars de l’heure, j’ai décliné leur proposition.
J’ai tourné la page. Et j’ai profité du reste de ma journée.
J’ai regagné mon argent mais cela m’a pris des années. Je n’ai plus jamais adressé la parole à cet homme. J’espère et je prie pour qu’il en ait fini avec ses problèmes.
Oui… « Je prie. » Pas un dieu mais parce que la prière est signe que vous avez pardonné.
Et pardonner libère de l’ocytocine, un élément neurochimique sécrété par notre cerveau et qui déclenche le bonheur.
Il est important que J’ASSUME LA RESPONSABILITÉ DE MES CHOIX.
Non seulement de mes choix mais aussi des idées qui encrassent mon cerveau, et qui empêchent ma créativité. Accuser les autres est épuisant.
Quel est le problème avec le fait d’être heureux ?
Il n’y en a aucun.
Voici neuf raisons pour lesquelles vous ne devriez pas juger les gens.
A) Votre cerveau brûle 25% des calories que vous brûlez chaque jour
Quoi qu’il arrive. Pas plus, pas moins.
C’est la partie de votre corps qui consomme le plus d’énergie. Vous CHOISISSEZ comment « dépenser » cette énergie.
Vous pouvez la dépenser en jugeant les autres puis en comptant le nombre de réussites que vous avez eues ce jour-là.
Ou vous pouvez l’utiliser à noter dix idées par jour, à en mettre à exécution quelques-unes, à prendre des nouvelles de vos amis, à écrire, à surprendre ceux que vous aimez par des cadeaux inattendus.
Dernièrement j’ai voulu convaincre ma nouvelle fiancée que la vie serait belle si elle emménageait avec moi.
J’ai réfléchi au cadeau parfait.
Je lui ai acheté une première édition, signée, du roman de Virginia Woolf Une chambre à soi.
L’idée était qu’elle sache qu’il y aurait toujours une chambre à elle dans laquelle elle pouvait être créative.
Si j’avais passé mon temps à juger les autres, je n’aurais pas pensé à ce cadeau, je n’aurais pas consacré des heures à rechercher la bonne édition et je n’aurais pas pu l’acheter.
Le livre est là, sur le bureau devant lequel elle est assise, dans sa chambre à elle, en ce moment même.
J’espère qu’elle m’aime bien.
B) Les gagnants pensent à gagner, les perdants pensent aux gagnants
Pour gagner de l’argent, remporter des succès, influer sur les autres, vous devez avoir une vision du monde qui soit la vôtre et uniquement la vôtre.
Votre « expression ».
Certaines personnes affirment qu’il n’y a pas de nouvelles idées. Ce n’est pas vrai.
Il y a des milliards d’idées dans le monde. Ajoutez-y vos expériences personnelles, uniques. À présent, vous avez une idée nouvelle. Une nouvelle vision.
Vous devez ensuite apprendre à communiquer aux autres cette vision née dans votre tête.
C’est très difficile. Il faut apprendre à transférer quelque chose de votre cerveau vers le cerveau de quelqu’un d’autre. C’est comme de la perception extra-sensorielle.
Si vous ne pensez qu’aux gens que vous jugez ou à qui vous en voulez, si vous ne parlez que d’eux, si vous ne cessez de répéter « Je n’arrive pas à croire qu’il/elle m’a fait ça ! », alors vous ferez partie de ces loosers embourbés dans leur spirale de la mort au sein du vortex de la haine et des commérages.
Tant de gens disent : « Untel [une personne riche et qui a réussi] est un idiot. »
Ou alors : « Untel a fait quelque chose de [méchant] [stupide] etc. »
Ne jugez pas. Parce qu’un jour vous serez aussi riche et aurez tout autant réussi.
Le premier pas vers un monde meilleur est d’être soi-même meilleur.
Vous pensez qu’il est justifié de juger. Le cerveau devient addict au jugement. C’est une manière de se positionner au-dessus de ceux qui réussissent.
Notre cerveau a soif de prestige.
Mais les visionnaires avancent vite et devant tout le monde.
Le prestige va à ceux qui ont de l’influence.
C) Si vous êtes une menace, alors vous serez une cible
Igor Semmelweiss était une menace.
Il essayait de comprendre pourquoi tant de bébés mourraient à l’hôpital où il travaillait.
Et il comprit. Les médecins ne se lavaient pas les mains après avoir ausculté les cadavres ; ils se rendaient immédiatement aux accouchements. C’est pourquoi les mères et les bébés mouraient.
Cela fit de lui une menace. Tous les médecins refusèrent de croire que les gens mouraient à cause de leur mauvaise hygiène.
Ils persécutèrent le jeune Igor. Comme il représentait leur plus grande menace, il fut licencié, se trouva dans l’incapacité de trouver un autre travail et finit par mourir dans un asile d’aliénés.
Le taux de mortalité des patients de l’hôpital de Vienne où il travaillait passa de 30% à moins de 1%.
Aujourd’hui que tous les « juges » sont décédés, nous nous rendons compte qu’il a créé toute la théorie selon laquelle les maladies se propagent par les germes.
Il a sauvé des milliards de vies.
Si vous êtes une menace, vous SEREZ une cible.
Et vous voudrez juger. Vous voudrez lutter.
Mais fixez-vous seulement l’objectif de devenir une plus grande menace encore.
D) Lorsque vous vous battez avec un porc dans la boue, le porc est content et vous, vous êtes sale
J’ai tweeté mon numéro de téléphone à une heure du matin.
Tant de gens disaient des choses à mon propos. J’avais mal.
Les gens m’appelaient. Après m’avoir parlé, ils ne savaient plus quoi dire. Les « juges » étaient réduits au silence. Tout ce qu’ils pouvaient dire, c’est : « Je n’arrive pas à y croire, tout ce que vous vous êtes pris. »
J’ai parlé à chacun d’entre eux. Tous ont tweeté pour s’excuser.
Tout de même… quelle perte de temps !
J’ai dormi deux heures. Je me suis réveillé et mon esprit était sali. Je me suis senti très mal toute la journée.
Je ne m’occuperai plus jamais de rendre les porcs heureux.
E) Ils cessent d’exister
Il m’aura fallu presque 20 ans pour m’en rendre compte mais cela se trouve être vrai à 100%.
Tous ceux qui ont pris le temps de m’attaquer (lorsque j’ai été une menace) ou d’en attaquer d’autres, je les googlise quelques années plus tard.
Et là, je ne trouve… rien.
Les perdants parlent des gagnants. Puis ils disparaissent.
Ils sont si prompts à accuser qu’ils oublient le premier périple dans lequel ils étaient initialement.
Les gens qui font des reproches et qui jugent cessent de créer dès qu’ils commencent à juger.
F) La colère est le paravent de la peur
Juger est une forme de colère. « Je déteste cette personne parce que… »
99 fois sur 100, la colère n’est que de la peur déguisée.
Lorsque je suis en colère contre quelqu’un, j’essaie de prendre du recul et de me dire : « Attends un peu… De quoi ai-je peur en réalité ? »
Peut-être cette personne a-t-elle un peu raison et même si elle m’insulte, je devrais essayer d’écouter les pépites de vérités au milieu des insanités qu’elle profère.
Peut-être ai-je fait quelque chose de mal.
Peut-être y a-t-il quelque chose que j’aurais pu faire mieux, ou de manière plus polie, ou que j’aurais pu mieux exprimer.
Lorsque quelqu’un me juge et que cela me met en colère, peut-être au fond de moi ai-je peur qu’il existe là une petite vérité et je veux la nier.
Comment pourrais-je m’être trompé ???
Mais c’est possible. Je me trompe souvent d’ailleurs. Peut-être ai-je dépassé une limite et le jugement irrationnel de cette personne me l’indique.
Le jugement des autres devrait me donner de quoi réfléchir pour comprendre qui je suis réellement – du moins pour comprendre ce qui me fait peur et comment je peux y remédier.
G) La colère est le paravent de la peur (2)
Lorsque quelqu’un me juge, je dois également me poser la question : de quoi cette personne a-t-elle peur ?
Je vous propose un exercice que je pratique.
J’imagine que chaque personne est ma fille. Qu’il s’agisse d’un homme, d’une femme, qu’elle soit vieille, jeune, peu importe.
Mes filles sont les seuls êtres que j’aime de manière inconditionnelle.
Et si, pendant un court instant, je peux imaginer que mes plus grands détracteurs ou mes pires ennemis sont mes propres filles, alors cela m’aide souvent à comprendre, avec beaucoup d’amour, de quoi ils ont peur.
Peut-être ont-ils peur que mes idées menacent les leurs.
Ou peut-être ont-ils peur qu’on me fasse plus confiance qu’à eux ?
Ou peut-être veulent-ils quelque chose que je possède sans que je sache de quoi il s’agit.
Je ne sais pas. Mais je n’ai pas le temps d’essayer de le découvrir.
H) Vous êtes la moyenne des cinq personnes qui occupent votre esprit
Parfois je suis obsédé par des gens qui m’ont fait perdre de l’argent.
Ou par des gens qui, selon moi, sont mauvais pour le monde.
Je juge. Toute la journée. Et j’alimente la pipe à crack du jugement lorsque je discute avec d’autres « juges ».
Mais j’ai changé mon état d’esprit. Vous n’êtes pas la moyenne des cinq personnes qui vous entourent.
Vous êtes la moyenne des cinq personnes QUI OCCUPENT VOTRE ESPRIT.
J’ai récemment eu une conversation très intéressante avec l’évêque TD Jakes, chef de l’une des plus importantes églises au monde.
J’ai également eu une conversation passionnante avec Ken Langone, qui a fondé Home Depot et a investi des centaines de millions de dollars dans la recherche médicale.
Il m’a dit : « Je ne suis pas un self-made man. J’ai été aidé par beaucoup, beaucoup de gens ces 60 dernières années. »
J’ai récemment aussi passé du temps avec la toujours inspirante Amy Morin, auteur de Treize clés pour doper sa force mentale.
Ainsi qu’avec beaucoup d’autres personnes qui m’inspirent. Je reste éveillé la nuit à réfléchir à ce qu’ils m’ont dit, à comment je peux appliquer à ma vie ce qu’ils m’ont appris.
J’aime ces gens. J’aime les gens avec qui je travaille.
Je pourrais remplir ma tête de ces pensées et des gens qui me tirent vers le haut.
Ou je peux remplir ma tête de ceux que je ne serai jamais capable de comprendre : « Pourquoi ont-ils dit cela à mon sujet ? » Ou : « Pourquoi ont-ils fait ça au monde ? »
Je dois faire le premier choix. Je me regarde dans la glace et je me dis : je dois faire le premier choix.
Comme me l’a dit TD Jakes : « Peu importe ce qui t’est arrivé auparavant. Ce qui importe, c’est ce que tu en fais aujourd’hui. »
I) C’est leur problème, pas le vôtre
Dernièrement j’ai aidé une personne sur l’énorme (et bien connu) projet sur lequel elle travaillait.
Je n’ai pas demandé à être payé. Je n’ai pas demandé à être remercié. Nous étions de grands amis.
J’étais très fier de mon travail. Et j’ai reçu de nombreux mails de remerciements de ses collaborateurs.
Et puis tout d’un coup… cet ami cessa de répondre à mes coups de fil. Il m’insulta (c’est ce que j’entendis) derrière mon dos. Il ne me recontacta plus jamais.
J’ai d’abord pensé : « Qu’ai-je bien pu faire ? » Puis je me suis rendu compte que mes communications avec lui auraient pu être meilleures. Malgré tout…
Je ne sais pas quels problèmes il rencontre dans sa vie. Ni quelles sont les colères ou les insécurités sur lesquelles s’est construite sa vie.
Mais d’une façon ou d’une autre j’ai interféré avec ces insécurités, ce qui a provoqué sa colère contre moi, il m’a jugé et je l’ai jugé.
Je ne sais pas pourquoi ni comment et je ne le saurai jamais. Il n’y aura sans doute pas de réponse à cela (il y en a rarement).
J’ai donc avancé. J’ai appris de cette expérience. Cela m’a beaucoup apporté et je lui en suis reconnaissant.
Mais j’avance. J’ai d’autres projets à mener, des projets qui m’intéressent. Et des gens avec qui faire ces projets.
Des gens avec qui je suis heureux de travailler.
Un membre de ma famille m’a écrit : « Je ne veux plus jamais te parler ni avoir aucun contact avec toi. »
Je suis passé par toutes les étapes décrites ci-dessus.
D’abord, la colère. Puis je me suis demandé pourquoi il était fâché contre moi. Ensuite j’ai réfléchi à ce que j’aurais pu mieux faire.
Après cela, j’ai retrouvé l’amour et j’ai essayé de reprendre contact (ça n’a pas marché).
Enfin, je suis passé à autre chose parce que la famille au sein de laquelle on naît n’est généralement pas la famille au sein de laquelle on meurt.
Et les amis qu’on rencontre en maternelle ne sont généralement pas les amis auprès desquels on se tient le jour de notre remise des diplômes.
Et les associés que nous choisissons au premier jour d’une nouvelle entreprise ne sont généralement pas les associés avec lesquels nous partageons l’argent lorsque l’entreprise est vendue.
Tout le monde vaut la peine d’être aimé comme on aime son enfant.
Mais même nos enfants grandissent, deviennent adultes et la vie continue.
Ne jugez pas, avancez.
Aujourd’hui, je m’entretiens avec l’un de mes héros. Ce soir, je dormirai bien.