Mon problème est le suivant : même si je répète que « ça n’a pas d’importance », je veux créer quelque chose qui me survivra.
Quelque chose dont mes enfants pourront être fiers, que mes amis pourront admirer.
Qui touchera d’autres gens. Cet impact pourrait même aller au-delà des fragiles limites de ma vie – dont la durée est bien courte.
C’est stupide de vouloir cela. Ce n’est pas sensé. C’est le pire de l’égo.
Et je sais tout au fond de moi que cela n’a pas d’importance.
Mais c’est cela qui aujourd’hui me fait travailler plus dur, être plus créatif, avoir un impact plus fort.
Me projeter dans le futur – un futur qui pourrait ne pas exister ou peut-être ne pas avoir d’importance, et certainement n’existera pas à long terme pour aucun d’entre nous – me permet de me focaliser pour fournir un travail de la meilleure qualité possible.
Mais il existe d’autres facteurs.
Supposons que vous vouliez être un scientifique. Étudier la science est une bonne chose. Mais étudier l’art d’étudier la science est tout aussi important.
Quelles sont les techniques pour mieux tester les choses, pour mieux se souvenir des choses, pour mieux comprendre l’histoire des idées ?
C’est vrai pour tout – tout type d’art, de littérature, d’activité créative, de science, de sport, de jeu, de trading, etc.
Étudier un domaine est très bien. Mais étudier également les techniques pour apprendre, produire et créer des travaux de meilleure qualité est tout aussi important.
J’aime beaucoup apprendre ces choses. C’est pourquoi je recommande la lecture de quelques ouvrages…
Hit Makers: How to Succeed in an Age of Distraction
de Derek Thompson
Lorsque Cinquante nuances de Grey est sorti, j’ai lu le roman comme la plupart du reste du monde. Et je dois avouer que ça m’a bien plu.
Beaucoup d’autres personnes ne l’ont pas apprécié. À cette époque (et sans doute encore aujourd’hui, plusieurs années plus tard), les discussions allaient bon train sur ce qui faisait qu’une série qui avait commencé comme une fan fiction érotique à la Twilight pouvait être devenue un best- seller – trois fois. Et ce n’est pas que l’intrigue qui gênait les gens, c’était aussi l’écriture.
Certaines personnes ont vraiment détesté ce roman. Cela frôlait la ferveur religieuse. Et ceux qui l’ont bien aimé semblaient gênés par le fait de l’apprécier. (Selon moi, il ne faut jamais se sentir gêné d’apprécier ce qu’on lit, quel que soit le livre ; mais c’est un autre sujet.)
Un article de blog que j’ai lu à propos du livre à l’époque affirmait : « La trilogie d’E.L. James manque de personnages inoubliables. Les livres ne sont ni épiques ni classiques. Je me demande si les grands romanciers seront bientôt une espèce en voie de disparition. »
J’ai pu lire des milliers de chroniques similaires.
Je ne suis pas d’accord sur le fait que le livre manque de personnages inoubliables. Je pense que beaucoup de gens sont sans doute jaloux de son succès. Ils se sont dit : « J’aurais pu écrire quelque chose de bien meilleur » – ou peut-être pensent-ils déjà l’avoir écrit et ils n’ont juste pas réussi à trouver la formule magique secrète pour le transformer en best-seller.
Ce qui m’amène à poser cette question : quelle est la formule secrète qui fait que quelque chose devient un succès ?
Réponse : un ensemble de différents facteurs qui varient constamment. La chance est probablement le plus important. Parce qu’il faut avoir beaucoup de chance pour que tout s’aligne parfaitement juste au bon moment et que le monde soit prêt pour ce que vous avez créé – quoi que ce soit.
Ceci est encore plus difficile dans le monde super connecté dans lequel nous vivons aujourd’hui, où un quart d’heure de célébrité est réduit à quelques secondes de tweet. Il n’y a jamais eu autant de personnes qui créent des choses et les publient dans l’univers. Et la plupart des idées ne sont pas nouvelles, ce qui signifie que beaucoup de ce qui est créé n’est qu’une redite de quelque chose qui existe déjà.
Comment peut-on être unique, créatif, avoir une vision ET être remarqué ? C’est le sujet de ce livre.
How to Write Like Tolstoy: A Journey Into the Minds of Our Greatest Writers
de Richard Cohen
Je discutais avec mon ami Scott Steindorff, producteurs de films et de mini-séries.
Je lui racontais que je voulais écrire un roman.
Il me répondit : « Tu dois lire ce livre. C’est le meilleur livre sur l’écriture de tous les temps. »
J’ai donc décidé de suivre le conseil de Scott. Et je dois reconnaître qu’il avait raison. How to Write Like Tolstoy est probablement le meilleur livre sur l’écriture de fictions de tous les temps.
Cohen analyse, ouverture après ouverture et paragraphe après paragraphe, des centaines de classiques au fil des années – il ne donne pas un cours, mais il montre ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.
Il inclut également des anecdotes tirées de ses dizaines d’années d’expérience dans l’écriture, l’édition, la recherche, l’enseignement, la simple lecture, etc. Il a certainement ses 10 000 heures de pratique dans le domaine de l’écriture.
Les magiciens des hedge funds
de Jack Schwager
En 2001, j’ai lu le livre Les magiciens des marchés de Jack Schwager. Puis rapidement j’ai lu ses deux autres livres : Les secrets des grands traders et Stock Market Wizards.
Ils ont mis mon cerveau en ébullition. Je ne savais pas qu’il était possible de gagner sa vie, sans parler de créer de la richesse, juste en investissant dans les actions. En fait, j’avais de gros doutes, étant donné mes propres échecs.
Les livres de Jack Schwager m’ont donné de l’espoir.
Dans ce livre, Schwager discute avec quinze des meilleurs traders de hedge funds et leur demande comment ils ont appris à battre le marché.
L’un des traders qu’il interviewe est Edward Thorp, qui a inventé le comptage des cartes et dont je recommande vivement le livre L’Homme de tous les marchés. Il donne également ce qu’il considère comme étant les 40 leçons les plus importantes pour réussir en trading.
Winter Is Coming
de Garry Kasparov
Lorsque j’avais 17 ans, je suivais de près les championnats du monde d’échecs. Le plus vieux champion du monde de « l’establishment« , Anatoly Karpov, combattait contre un adversaire beaucoup plus jeune : Garry Kasparov, âgé de 22 ans, créatif et énergique.
J’avais déjà étudié beaucoup de parties de Garry, depuis qu’il avait 10 ans.
Kasparov était un attaquant – passant à l’offensive, jouant des mouvements surprenants et inattendus dans chaque partie.
Karpov était « positionnel ». Il cherchait à obtenir une position très légèrement meilleure que son adversaire, puis S’Y ACCROCHAIT jusqu’à l’attaque. Puis il se repositionnait lentement pour le coup gagnant.
Deux styles différents. Deux politiques différentes. Deux générations différentes.
Le match comptait six parties. Très rapidement, Kasparov fut mené 5-0. S’il perdait encore une partie, le match était terminé.
Puis il fit quelque chose d’ingénieux : au lieu de jouer pour gagner les parties, il joua pour faire match nul sur chaque partie.
J’ai oublié le chiffre exact, mais il fit match nul sur une quarantaine de parties d’affilée. Finalement, Karpov, manquant d’endurance pour continuer, s’effondra de fatigue. Le match fut annulé et reprogrammé.
Et Kasparov remporta le nouveau match. Il devint le champion du monde pendant les vingt années suivantes.
Le plus grand joueur de tous les temps se retira des échecs en 2005 – pour entrer dans la politique. Pourquoi est-il entré en politique ? Pour essayer de faire échec et mat à Vladimir Poutine.
Kasparov est un homme intéressant, aux multiples facettes. Et il raconte tout cela dans son livre.