Je ne sais pas du tout par où commencer. Aujourd’hui, je suis confronté au syndrome de la page blanche. Mais je dois écrire quelque chose et cela fait déjà suffisamment longtemps que je remets cette tâche à plus tard.
Pour beaucoup, le syndrome de la page blanche est un mythe.
Mais ils ont tort. En tant qu’auteur, je ressens une sorte de blocage. C’est une sensation. Un mélange d’anxiété, de frustration, d’apitoiement sur soi et de haine de soi.
Je n’ai plus d’idées. Je n’ai plus rien à dire. Je n’ai plus d’histoires à raconter. Je suis un imposteur. Je ne suis pas intelligent. Je ne suis pas assez bon.
Bien sûr, rien de tout cela n’a jamais été vrai – cela ne l’a jamais été à chaque fois où j’ai ressenti le syndrome de la page blanche. Je commence toujours en écrivant. Parfois, ce que j’écris n’a aucun sens. Mais cela n’a pas d’importance.
En règle générale, lorsque je commence, il m’est impossible de m’arrêter. Toutes les idées me reviennent. Cette impression qu’une intervention divine me murmure les idées au creux de l’oreille.
Voici les techniques que j’ai développées, au fil des années, pour m’aider à surmonter le syndrome de la page blanche. Elles sont fondamentalement à l’origine de chaque mot que j’ai couché sur le papier. Cela vous sera-t-il utile ? Je l’ignore. Appliquez ces techniques et indiquez-moi si vous les jugez utiles. Ou essayez autre chose et nous en discuterons également.
1. Rentrez dans le vif du sujet.
Vous souhaitez rédiger le paragraphe d’introduction, mais les mots vous font défaut ? Oubliez cette étape, pour le moment. De toute façon, vous auriez très probablement réécrit la première version de votre paragraphe d’introduction.
Par exemple, imaginons que je souhaite rédiger un article sur « La manière de sauver les États-Unis ». Je dois rédiger le paragraphe d’introduction, mais l’inspiration me manque.
C’est tout à fait normal. Je décide donc de rentrer dans le vif du sujet. J’ai 10 solutions. Je vais commencer par : Vendre toutes les routes fédérales et utiliser les fonds pour rembourser la dette.
Maintenant c’est facile. Je peux justifier mes dires et préciser mon raisonnement. J’ai maintenant rédigé un ou deux paragraphes.
Ensuite, je continue : Assurer le retrait des troupes des 130 pays au sein desquels nos forces armées sont présentes, etc.
Je peux finalement rédiger mes paragraphes d’introduction et de conclusion. Et voilà ! Le syndrome de la page blanche appartient désormais au passé.
2. Inspirez-vous de vos auteurs préférés.
J’ai toujours lu avant d’écrire. J’apprécie William Vollmann (un essai qu’il a écrit au sujet de l’écriture), certains écrits de Bukowski, certains travaux de Miranda July (vous tomberez irrémédiablement « sous le charme » de son style d’écriture), et Michael Hemmingson (qui a écrit au sujet de William Vollmann).
Je m’inspire, au fil de mes lectures, d’idées qui serviront mes écrits. Aucune idée n’est totalement nouvelle. Donc si un écrivain a vécu un événement que j’ai moi-même vécu ou qui me fait penser à un événement que j’ai vécu, je peux m’en inspirer et en parler de manière unique, avec mes propres mots.
3. Faites appel, en premier lieu, aux sentiments.
Si vous souhaitez créer un lien solide avec vos lecteurs, vous devez faire preuve d’humanité.
Parlez de vos échecs. De vos erreurs. De vos plus grands regrets. D’expériences où vous avez eu le cœur brisé.
Personne n’est parfait. Nous faisons tous de notre mieux. Montrez à vos lecteurs que vous faites des efforts, que vous faites de votre mieux, jour après jour. Personne ne s’attend à ce que vous soyez un super-héros.
4. Endossez le costume du mauvais garçon.
Si j’écris au sujet de l’amour de ma vie, je peux écrire : « J’ai rompu avec elle par téléphone, avec un simple SMS ».
Ou si vous écrivez sur la façon de gagner de l’argent, vous pouvez commencer par : « Ce que j’ai fait de pire dans ma vie ? Voler de l’argent à mes parents ». Puis cela vous amène à évoquer les raisons pour lesquelles vous avez volé de l’argent, la somme qui fut dérobée et la manière dont vous avez utilisé cet argent. Vous expliquerez alors avoir trouvé sept façons plus honnêtes de gagner de l’argent, que vous présenterez ensuite plus en détail. Voilà ! Une publication !
5. Résolvez un problème.
Prenons un exemple : « Je suis en colère ». Je dispose de deux sujets d’écriture qui me permettront de rédiger un article complet.
1) Pour quelles raisons suis-je en colère ?
2) Quelles sont les méthodes que j’applique pour gérer la colère ?
Cela résout non seulement mon problème, mais cela me permet également de partager avec mes lecteurs quelques-uns de mes conseils quant à la manière de faire face aux accès de colère.
6. Ayez des opinions arrêtées.
La plupart des personnes que je connais ont des opinions arrêtées sur au moins un ou deux sujets… écrivez à propos de cela. Personne ne se soucie de toutes ces choses pour lesquelles vous n’avez aucun avis.
Barry Ritholz m’a dit une fois qu’il ne commençait jamais à écrire avant qu’il n’éprouve de la colère envers quelque chose.
7. Analysez ce que tout le monde pense et envisagez le contraire.
Ne contestez pas le fait d’être simplement en désaccord avec leur point de vue. Mais explorez. Allez à l’encontre des autres. Et devinez quoi ? Le monde est peuplé d’individus tous différents les uns des autres. Vous trouverez, très fréquemment, de la valeur là où personne d’autre ne le fait.
8. N’ayez pas peur de ce que pensent les autres.
Le syndrome de la page blanche découle principalement de la peur. Elle vous empêche d’avancer, à chaque fois.
Déduisez 1% de la qualité de votre écriture pour chaque individu qui vous préoccupe.
Tout le monde se soucie du regard de l’autre. Je dois, dès le départ, déduire environ 10% de la qualité de mon écriture, car il y a environ 10 personnes qui me préoccupent. Certaines de ces personnes sont méchantes. Certaines d’entre elles sont des personnes que je ne souhaite pas offenser.
De ce fait, la qualité de mon écriture n’est que de 90% environ, par rapport à ce qu’elle pourrait être si je ne me souciais guère de ces personnes. Je pense, néanmoins, que pour la plupart des individus qui écrivent, le niveau de qualité de l’écriture n’est que de 20% environ, voire pour d’autres personnes de 0%, celles-ci étant touchées par le syndrome de la page blanche.
Croyez-le ou non, vos clients, amis ou proches vous aimeront plus si vous êtes honnête avec eux. Nous avons tous nos limites. Mais essayez ceci : écrivez 10 choses que personne ne sait sur vous.
9. Prenez des risques.
Notez que bon nombre de ces règles concernent la perception de nos propres limites. Il est difficile, pour la plupart d’entre nous, de sortir de notre zone de confort, nos craintes nous empêchant d’aller de l’avant. Il devient difficile de coucher les mots sur le papier.
Lorsque vous prenez vraiment des risques et que le lecteur le ressent (et sachez qu’il LE ressent), alors vous savez que vous allez dans la bonne direction. Si après avoir publié quelque chose, un lecteur sur Twitter publie en réponse « Incroyable ! », je suis alors certain d’être sur la bonne voie.
10. Faites preuve d’honnêteté.
Assurez-vous que vous n’essayez pas de vous protéger. Il est important de protéger les autres. De ne pas les blesser. Mais si vous racontez une histoire, il n’est pas nécessaire que vous en soyez le héros ou l’héroïne.
Par exemple, l’une de mes publications les plus populaires était « Comment ai-je fait perdre 2 millions de dollars à Yasser Arafat ».
L’histoire parle d’elle-même. Mais j’étais arrogant et stupide, incarnant à la perfection mon rôle de mauvais garçon, et au moins à ce moment-là, je n’avais aucune idée de ce que je faisais.
Si j’avais essayé de me protéger au moment d’écrire, il n’y aurait pas eu d’histoire.
11. Ne parlez JAMAIS de ce que vous allez écrire.
Lorsque vous avez une idée, une piste d’écriture ancrée au fond de vous, cela ressemble, plus ou moins, à un bébé qui grandit. Ce bébé se nourrit de votre vitalité, de vos pensées, de votre force émotionnelle et, avec le temps, il grandit. En parler s’apparenterait à donner naissance à un bébé prématuré. Sera-t-il en bonne santé ? Quelqu’un vous dira-t-il qu’il est laid ?
L’écriture est la première étape de la vie de cet enfant. Vous ne pourrez alors en parler que lorsqu’il aura suffisamment grandit.
12. Écrivez tous les jours.
C’est primordial. L’écriture est une pratique spirituelle. Elle vous permet d’explorer votre identité profonde et de vous libérer des éléments toxiques. Votre capacité à écrire n’en sera que réduite sans cet exercice quotidien. Écrire chaque jour vous permettra de découvrir où se cachent tous ces éléments toxiques et vous pourrez, alors, commencer à vous en débarrasser.
Cordialement,
James Altucher