Pour réussir financièrement, la clé consiste à comprendre que la monnaie, ce n’est plus de l’argent.
Petit à petit, la génération des Millennials s’est fermement hissée à la plus haute place, aussi bien en matière de travail que dans notre culture. Forte aux États-Unis de 75,4 millions de personnes, cette génération, dont les plus vieux atteignent à peine la quarantaine, est certainement la plus importante en nombre et la plus influente. C’est pourquoi cela vaut la peine de s’intéresser à leurs habitudes monétaires. Malheureusement, ce qu’on va découvrir n’est pas forcément pour leur plaire.
Comme le rappelle le site Refinery 29, une étude récente sur les habitudes financières des Millennials menée par Merrill Edge a montré que « 66% des participants interrogés pensaient que leurs économies leur permettraient à elles seules de vivre dans 20 ans ».
Cela signifie qu’ils préfèrent nettement économiser plutôt que d’investir. Cela signifie également que de nombreux Millennials ont une jugeote financière assez limitée et que leur connaissance de l’argent se fait encore selon des règles obsolètes et caduques. Ce qui confirme mon propos : les Millennials ont besoin d’un nouveau plan d’action financier.
Les conclusions de cette enquête me semblent très préoccupantes, car dans le nouveau monde financier, ceux qui économisent sont condamnés à être des perdants… et on ne peut pas laisser la plus importante de nos générations être des losers en économie.
C’est pourquoi j’aimerais parler un peu d’histoire monétaire en espérant que mes amis Millennials en tirent quelque leçon.
Histoire monétaire récente
Mon père pauvre croyait en l’épargne. Il disait souvent qu’un dollar économisé était un dollar gagné.
Mais, le problème c’est qu’il ne s’intéressait pas aux évolutions de la politique monétaire. Toute sa vie il a épargné, sans se rendre compte qu’après 1971, son dollar n’était plus de l’argent.
En 1971, le président Richard Nixon a changé les règles monétaires. Cette année-là, le dollar américain a cessé d’être de l’argent pour devenir une devise. Il s’agit de l’un des plus importants changements de l’histoire moderne, mais peu de gens comprennent pourquoi.
Avant 1971, le dollar américain était une véritable monnaie, liée au cours de l’or et de l’argent. Après 1971, le dollar devint un bon émis par la banque fédérale des États-Unis, une reconnaissance de dette du gouvernement américain. D’un actif, le dollar était devenu une dette. Aujourd’hui, les États-Unis sont le pays le plus débiteur au monde, et c’est en partie un résultat de cette évolution.
Un bref retour sur l’histoire monétaire moderne explique aisément l’importance de ce changement survenu en 1971.
Après la Première Guerre mondiale, le système monétaire allemand s’est écroulé. Si cette chute s’explique par de nombreux facteurs, l’un d’eux est que le gouvernement allemand était en mesure d’émettre des billets comme bon lui semblait. L’afflux d’argent provoqué entraîna une inflation incontrôlable. Il y avait davantage de marks, mais ils valaient de moins en moins cher. En 1913, une paire de chaussures coûtait 13 marks ; en 1923, la même paire de chaussures valait 32 000 milliards de marks.
Avec l’envolée de l’inflation, les économies des classes moyennes furent anéanties. Les classes moyennes qui avaient vu leurs économies disparaître exigèrent un changement à la tête du pays. Adolf Hitler fut élu chancelier en 1933, avec les résultats que l’on connaît, la Seconde Guerre mondiale et le meurtre de millions de Juifs.
Un nouveau système monétaire
Alors que la Seconde Guerre mondiale touchait à sa fin, le système de Bretton Woods fut mis en place pour stabiliser les devises internationales. Il s’agissait d’un système proche de celui de l’étalon-or, ce qui signifie que chaque monnaie était indexée sur l’or. Ce système fonctionna très bien jusqu’aux années 1960, lorsque les États-Unis se mirent à importer des Volkswagen allemandes et des Toyota japonaises. Tout à coup, les États-Unis importaient plus qu’ils n’exportaient et l’or s’enfuyait du pays.
Pour mettre fin à cette fuite d’or, Nixon mit fin au système de Bretton Woods en 1971, et le dollar américain remplaça l’or comme devise mondiale. Jamais dans l’histoire une monnaie fiduciaire nationale ne s’était trouvée en position d’être la devise de référence du monde entier.
Afin que je comprenne mieux, mon père riche m’a poussé à aller chercher les définitions suivantes dans le dictionnaire :
« Monnaie fiduciaire : monnaie que l’on ne peut convertir en argent ou en or d’une valeur équivalente. »
Je fus un peu troublé par les mots « que l’on ne peut convertir en pièces ». Alors, mon père me fit chercher la définition du mot « fiduciaire » dans le dictionnaire.
« Fiduciaire : qui est fondé sur la confiance. »
Alors, levant les yeux vers mon père, je lui demandai : « Cela veut-il dire qu’on peut fonder une monnaie uniquement sur la confiance, à partir de rien ? »
Et dans un mouvement d’acquiescement, mon papa riche répondit : « C’est ce que l’Allemagne faisait, et c’est ce que nous faisons maintenant. »
« C’est pour ça que ceux qui économisent sont des losers, ajouta-t-il. J’ai combattu en France pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est pourquoi je n’oublie jamais que c’est après que les classes moyennes ont perdu leurs économies qu’Hitler a accédé au pouvoir. Les gens agissent de façon irrationnelle quand ils perdent leur argent. »
La plupart des économistes seraient en désaccord avec la corrélation faite par mon père riche entre crise économique et arrivée d’Hitler. Ce n’est peut-être pas sa leçon la plus rigoureuse, mais elle ne m’a plus quitté ensuite.
La possible crise financière à venir
Récemment, le gouvernement américain a créé de l’argent à partir de rien, en ayant recours à un procédé appelé l’assouplissement quantitatif. Cela signifie qu’ils ont renforcé le bilan de la Fed en achetant des bons du Trésor américains afin de maintenir les taux d’intérêt à un niveau bas en espérant donner un coup de fouet à l’économie par ce procédé artificiel. C’est à peu près comme si vous et moi nous nous mettions à imprimer de l’argent pour rembourser notre dette. Et cela a marché… jusqu’à maintenant.
Comme le relate Bloomberg :
« De 2008 à 2015, la valeur nominale du stock global d’actifs à investir a augmenté d’environ 40%, passant de 350 000 milliards de dollars à plus de 500 000 milliards. Pourtant le nombre d’actifs véritables derrière ces chiffres a peu évolué, reflétant l’inflation des actifs produite par l’assouplissement quantitatif. Les effets provoqués par l’inflation des actifs sont aussi profonds que ceux, mieux connus, produits par l’inflation sur le marché de la consommation. »
L’assouplissement quantitatif a eu pour effet d’améliorer le bilan de ceux qui étaient déjà riches, tout en faisant stagner les salaires et en créant une bulle spéculative sur le marché boursier.
Cela signifie que lorsque la Bourse s’effondre et que les mouvements d’argent sur les marchés boursiers provoquent une inflation sur le marché de la consommation, ceux qui auront économisé seront les dindons de la farce. Ils n’auront pas tiré profit de la bulle spéculative, et l’inflation, qui pourrait bien devenir une hyperinflation, emportera toutes leurs économies. Pire encore, cela pourrait arriver à un moment où il leur sera impossible de récupérer cette somme avant leur retraite.
Accompagner la devise
Cela nous amène à comprendre une autre leçon importante : l’argent n’étant plus vraiment une monnaie mais une devise, il faut toujours qu’il soit en mouvement. Comme le courant électrique, une devise financière est en circulation ou s’éteint. Économiser consiste essentiellement à laisser sa devise mourir.
Les soubresauts que l’on observe à la Bourse, sur le marché de l’immobilier ou même dans le domaine des cryptomonnaies sont précisément dus à la circulation de l’argent. Les riches le comprennent bien et utilisent leurs connaissances financières pour savoir vers où va l’argent, plus tôt et plus souvent que les autres. Suivant le vieil adage, ils achètent quand ça baisse et revendent quand ça monte. En plus de cela, ils utilisent leurs gains pour acheter des actifs qui produisent de la circulation d’argent et font accroître leur richesse de façon exponentielle.
La bonne nouvelle, c’est que tout le monde peut le faire, à condition d’avoir un bon QI financier. Si vous faites partie des Millennials, je vous suggère d’aller au-delà du plan consistant à mettre son argent de côté. Apprenez comment cela fonctionne et apprenez à faire travailler votre argent pour vous. Ainsi, vous vous épargnerez bon nombre des embûches qui vous attendent.